BADASS : comment profiter des voeux pour (enfin) devenir une queen du réseautage ?

Publié dans BADASS

05 janv. 2021

5min

BADASS : comment profiter des voeux pour (enfin) devenir une queen du réseautage ?
auteur.e
Lucile QuilletExpert du Lab

Journaliste, conférencière et autrice spécialiste de la vie professionnelle des femmes

BADASS - Vous vous sentez illégitimes, désemparées, impostrices ou juste « pas assez » au travail ? Mesdames, vous êtes (tristement) loin d'être seules. Dans cette série, notre experte du Lab et autrice Lucile Quillet décortique pour vous comment sortir de la posture de la « bonne élève » qui arrange tout le monde (sauf elle), et enfin rayonner, asseoir votre valeur et obtenir ce que vous méritez vraiment.

Quand on vous dit « voeux de bonne année », vous visualisez de suite cette carte ni belle, ni drôle, ni ridicool mais juste ringarde, conçue par un graphiste désabusé, avec deux flûtes de champagne entrelacées qui vous donne déjà envie d’être au 31 décembre prochain ? Quand ce n’est pas la terrifiante carte virtuelle institutionnelle de votre boîte (celle qui met 5 minutes à charger) du service RH qui rejaillit dans votre esprit ? Dommage, car la nouvelle année marque une occasion en or de réseauter…

Sans réseautage, l’oubli

Vous savez, ce truc capital qui aide à entretenir vos relations actuelles et vous en créer (enfin) de nouvelles mais que vous rechignez de faire car ça fait opportuniste, lourde, fake, intéressée, prétentieuse, ou bien impudente. Pour vous, le réseau, c’est un peu la faux-cul party de ceux qui se sont crus dans House of Cards mais en costume Célio.

En vrai, vous êtes trop modeste, trop timide, trop gênée ou trop fière pour réellement lâcher prise et vous jeter dans le bain. Quand j’ai demandé à mes abonnées Instagram pourquoi elles n’envoyaient pas de carte de vœux, elles m’ont répondu “se sentir trop junior”, “je n’ai pas la posture”, “je n’ose pas”, “je ne prends pas le temps”. Vous craignez peut-être le ridicule, mais n’empêche que la carte avec un lutin bourré envoyée par votre collègue Benoît est toujours mieux que votre silence et son inéluctable conséquence : l’oubli.

Votre avenir, c’est les autres

Pour changer de rapport au réseautage, il faut déjà changer de vision. Ce n’est pas vendre son âme au diable et manipuler les autres en jouant l’hypocrite, ni les contacter quand vous avez besoin, ni crier vos réussites de but en blanc.

Construire votre réseau, c’est construire votre entourage, votre galaxie, celle des gens que vous avez rencontrés, avec lesquels vous travaillez et espérez collaborer un jour. Le dénominateur commun : vous les trouvez intéressants, vous avez de l’estime ou de la curiosité pour leur travail et leur expertise (sinon pourquoi stalker tout ce beau monde sur Instagram, Linkedin ou Facebook en cachette ?) Vous voulez grandir professionnellement avec eux. Vous êtes prête à les aider et vous pensez qu’ils pourront aussi vous aider un jour. Vous ne pensez plus juste au présent : vous donnez du relief à vos relations passées et vous construisez celles du futur. Bref, votre carrière passe en 3D.

Du moment où vous envisagez le réseau comme cette toile de potentialités humaines, tout devient plus facile et efficace. Vous devenez plus ouverte, plus curieuse, plus au fait des actualités de votre secteur, des bonnes pratiques, des opportunités du moment. Votre circuit est dépoussiéré, les infos circulent.

Surtout, vous continuez d’exister dans le champ professionnel des autres (ils ont la mémoire courte, n’oubliez jamais). Le jour où les planètes s’alignent comme par magie pour vous, vous comprenez que c’est aussi parce que vous vous êtes maintenue en orbite tout ce temps.

OK, mais comment élargir et entretenir son réseau ?

1. L’enthousiasme, meilleure technique d’abordage

Alors, comment aborder des gens que vous ne connaissez ni d’Eve ni d’Adam ? Grâce à votre enthousiasme, saupoudré d’une touche de curiosité. Qu’on soit juniorJ’ai suivi votre parcours que je trouve très inspirant•e et j’aimerais vous poser quelques questions ») ou seniorJe vois que nous partageons la même passion/ambition depuis longtemps, j’aimerais beaucoup faire votre connaissance et croiser nos visions du secteur/métier autour d’un café »). Les gens adorent parler d’eux. Aussi, personne ne vous reprochera votre enthousiasme, surtout s’il s’agit de leur parcours. Bon nombre sauteront volontiers sur ce petit booster d’ego, surtout en période de crise. Distance ou pas, on tente le coup sur LinkedIn et on n’hésite pas à relancer.

Vous sortez ainsi d’une vision très balisée et scolaire (« n’adresse la parole au maître/à la maîtresse que s’il/elle te l’a donnée ») des rencontres professionnelles. Vous n’avez pas besoin d’avoir une raison légitime ni même de relation en commun pour vous frayer un chemin vers l’autre (même si c’est un bonus sur lequel on ne crache pas) : c’est l’intérêt et vos points communs (secteur, métier, ambitions, parcours, écoles…) qui vous relient. D’où l’importance d’avoir une démarche sincère.

Ce même enthousiasme et cette même curiosité seront vos moteurs pour entretenir les relations que vous avez déjà. On vient aux nouvelles (« Je repensais à notre déjeuner de l’an dernier, comment vas-tu ? »), on félicite (« Bravo pour ta nomination »), on commente un article ou un post LinkedInMerci pour ce partage, je me demandais aussi si… ») C’est également par la joie et l’envie de partager que vous glissez les bonnes infos sur vous sans avoir l’air de vous la raconter : « Je suis ravie, je viens enfin de décrocher le contrat que je chasse depuis deux ans ! »

Si ça ne va pas fort, ne vous plaignez pas : les réactions risquent fort d’être de la gêne ou de l’agacement. Faites passer le message, mais toujours avec une lueur au bout du tunnel et un peu d’entrain (« Je ne me projette plus dans cette boîte, j’ai compris que je devais partir, j’ai hâte d’attaquer un nouveau chapitre »). Pour votre carte de vœux (non, je ne vous lâcherai pas), le “2020 m’a appris…” vous permet de faire un bilan avec une issue heureuse, même après une année pourrie.

2. La réciprocité, condition sine qua non

Un truc imparable pour ne pas vous sentir en position de dépendance ni de demande vis-à-vis des autres : rendez service. Imaginez le réseautage comme un système de courte échelle géante où vous et vos contacts grimpez ensemble les échelons, où vos succès sont leur succès, et vice-versa.

À vous de créer ce lien de solidarité. Partagez un article intéressant qui vous a fait penser à votre dernière conversation, faites tourner un CV, connectez deux personnes lors d’un déjeuner (virtuel), faites des recommandations sur LinkedIn… Ou tout simplement, proposez à votre contact dans le besoin : « En quoi puis-je t’aider ? » Vous provoquez vous-même des crédits de redevabilité.

Vous verrez, rendre service est très plaisant : vous sentez que vous avez du pouvoir. Ça vous décomplexe d’autant plus pour demander un coup de main à votre tour le jour-J.

3. Un beau bouquet garni

Votre réseau doit ressembler à un beau bouquet de fleurs : harmonieux mais diversifié. Veillez à avoir des contacts transhiérachiques (du stagiaire qui grandira au N+3 de votre boîte) pour avoir la “big picture”, des sponsors (vos anciens managers ou mentors pour vous recommander), un recruteur dans le tas (toujours très utile pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs), des alliés internes, des pairs en externe.

Avec l’isolement dû au Covid, on peut aussi se raccrocher aux wagons des réseaux déjà constitués, remplis de personnes qui ne demandent qu’à vous connaître : les réseaux de secteurs d’activité, les réseaux d’Alumni, les associations et réseaux féminins (GEF, PWN Paris, BPW France, SISTA, FCE, WIL Europe, Les Premières, Force femmes, Action’Elles, GFI, Cercle Inter’Elles, Elles Bougent, Prenons la Une, Financielles, Femmes Ici et Ailleurs…) et leur programme en ligne de conférences, networking, ateliers etc.

4. On arrose régulièrement

Le réseautage, c’est comme le jardinage : il faut être patient, arroser ses plantes sans s’attendre à les voir donner des fruits immédiatement. Vous devez cultiver vos contacts (ceux pour lesquels vous avez un intérêt sincère, rappelez-vous) régulièrement. Pour certains, une fois tous les six mois ou par an suffit. Mais pas n’importe comment ! Les réseaux sociaux génèrent des interactions faciles (via un commentaire ou un like), mais ne se substituent jamais aux échanges en one-to-one. Un café, un appel, quelques messages ou mails échangés vous demandent peu de temps mais produisent des pousses plus solides à terme.

Quoi qu’il en soit, tous méritent de recevoir cette magnifique carte de vœux, où vous partagez le bilan de votre année, vos perspectives et demandez de leurs nouvelles en retour (évidemment). Une carte papier en cette période de tout-écran serait sans doute plus appréciable. Rappelez-vous : plus un mot est personnalisé, moins il est évident de le jeter à la poubelle, plus il reste. Vous l’avez compris : l’art du réseautage est un art du subliminal pour être toujours là, l’air de rien.