Survivre dans la jungle du travail : les conseils de Laurent de Koh Lanta

14 déc. 2021

6min

Survivre dans la jungle du travail : les conseils de Laurent de Koh Lanta
auteur.e
Anais Koopman

Journaliste indépendante

Si on surnomme le monde du travail “la jungle de l’emploi”, ça n’est pas pour rien : au bureau comme sur une île déserte, que cela soit pour conserver de bonnes relations avec ses collègues, surmonter les difficultés ou sortir de sa zone de confort et évoluer dans sa carrière, avoir quelques conseils de survie en tête peut toujours servir… Du coup, on s’est dit que le meilleur moyen de s’inspirer d’un·e aventurier·e était de se tourner vers l’un des participants phares de l’odyssée du moment : Laurent de Koh Lanta. Celui qui a participé trois fois à l’émission, où il a toujours été en finale et une fois gagnant, a accepté de nous livrer ses plus précieux conseils… Que vous soyez au bureau, ou sur un radeau, accrochez-vous : ça peut secouer !

Conseil n°1 : Surmonter les challenges avec le sourire

Imaginez. Vous êtes au boulot, en train de faire la queue pour la photocopieuse et un·e collègue pressé·e, visiblement submergé·e par le stress, vous double sans vergogne. Vous avez deux options : soit vous mettre à sa place - il.elle n’a pas l’air de passer sa meilleure journée… -, mettre votre égo de côté, esquisser un sourire, voire caler une petite blague, quitte à lui en toucher deux mots plus tard, soit vous énerver et défendre votre bout de gras, “question de principe”. Laurent, lui, est convaincu que « au boulot, être capable de garder le sourire est une force. Car cela permet presque toujours d’éviter les conflits ou de résoudre les problèmes »

Il a lui-même joué la carte de l’humour dans l’ensemble de sa vie professionnelle… Koh Lanta compris ! Une fois, alors qu’il avait un avantage stratégique sur le reste de son équipe, il n’a pas hésité à user et abuser de blagues du type « faites attention à ce que vous faites désormais… ». Le but : bien leur faire comprendre qu’il ne se prenait pas trop au sérieux. Et, par la même occasion, ça l’a aidé à « se détendre » face à ses nouvelles responsabilités ! Il a ainsi pu constater que vis-à-vis des autres comme pour soi-même, la good mood attitude, ça aide. Comme cette fois où, lors de l’émission Fort Boyard, il s’est retrouvé dans un pièce remplie d’insectes : « au lieu de partir en courant, je l’ai pris à la rigolade… Et bien ça m’a aidé à me surpasser ! » Avec le second degré, on peut « faire des choses qui nous auraient semblé impossibles si on avait fait la gueule ! », conclue-t-il.

Quant au pessimisme, il conseille de n’en faire qu’une bouchée, car même avec la meilleure préparation et tous les efforts du monde, il peut suffir à ralentir, voire à impacter sérieusement le bon déroulement d’un projet. « Sur Koh Lanta, quand j’entendais un·e membre des équipes adverses répéter qu’il·elle était nul·le, en apnée par exemple, avant même le début de l’épreuve, j’étais sûr qu’il·elle allait se louper ! Et je me trompais rarement » De son côté, il n’avait cesse de conseiller les membre de son équipe de se convaincre qu’ils·elles étaient forte·s, de faire comme si ça faisait des mois voire années qu’ils·elles étaient au fin fond de la jungle ou sous l’eau, et il l’assure : cela a boosté leur confiance en eux·elles et… leurs prestations !

Conseil n°2 : Être à l’écoute et rester honnête

Pour le candidat, que cela soit entouré de lianes ou en plein open space, l’union fait la force. Et bien souvent, « d’une petite idée naît une grande et belle solution. » Alors autant mettre toutes les chances de son côté, non ? Pour cela, plus l’on est nombreux·ses à donner son point de vue… plus on augmente ses chances de résoudre une problématique ! C’est mathématique.
Quant au risque de conflit, il sera évité, si un modérateur s’assure que « chacun·e puisse avoir le même temps de parole et que personne n’empiète sur celui des autres. » Attention quand même à « ne pas forcer les gens à parler », nuance-t-il avant d’ajouter « mais ne jamais oublier de demander si quelqu’un a quelque chose à demander ou à exprimer, pour éviter toute frustration. »

Et pour dire les choses et faire passer des messages sans blesser ni vexer, il conseille de faire des remarques qui soient les plus constructives possible et de ne « jamais rabaisser les gens », même si, il l’avoue, ses mots ont déjà dépassé sa pensée au bout d’un certain temps passé sur une île. « Un peu d’honnêteté - et un bon coup de gueule - permettent aussi de faire avancer les choses ! », lance-t-il en riant.

Conseil n°3 : Favoriser la cohésion de groupe

Laurent se définit comme un fédérateur. Il préfère les épreuves d’équipes aux épreuves individuelles : tout seul, il en est sûr, il « ne serait jamais allé aussi loin dans la compétition. » Il est donc convaincu que s’il a toujours été en finale de Koh Lanta, c’est parce qu’il a su bien s’entourer… et miser sur la cohésion de groupe : « lorsqu’un projet est mené en équipe, plus un groupe est soudé et à même de s’enrichir des idées des un·e·s des autres, plus le projet est susceptible d’aller loin. »

Mais comment être un bon fédérateur ? Il suffit selon lui d’un ingrédient magique : la confiance réciproque. Pour l’aventurier, « si on veut que les autres aient confiance en nous, il faut avoir confiance en eux. » C’est aussi simple que ça. Pour ce faire, il faut créer et conserver un climat avec le moins de tension possible, favoriser la communication, encore et toujours, et bien sûr, faire « des petites blagues qui détendent l’atmosphère », sans oublier de rassurer ses coéquipier·ère·s (comprendre : ses collègues) en cas de coup de mou, de panique ou de doute.

Conseils n°4 : Prendre des risques

Laurent a toujours su prendre des risques. D’ailleurs, pour lui, c’est très clair : « on ne peut pas aller au bout des choses, ni évoluer sans dépasser ses peurs ! Sans tenter le salto arrière… on ne risque pas de le rentrer un jour ! » soutient-il. Pas faux… Mais plus sérieusement, pour notre compétiteur qui aime quand l’adrénaline monte, même lorsqu’il « perd des kilos, porte des poids lourds et manie des machettes », ne pas prendre de risques signifie surtout s’ennuyer. C’est pourquoi, *il nous encourage à mettre nos doutes de côté au moment d’acquérir une nouvelle compétence, ou de nous lancer dans un projet ambitieux et excitant, mais seulement s’il a du sens pour nous.

Car la question du sens est primordiale pour lui. Sans celui-ci, aucun risque ne mérite d’être pris. « J’ai refusé tout un tas d’émissions de téléréalité qui étaient bien payées, parce qu’elles n’avaient aucun sens pour moi, ne me faisaient pas évoluer et ne stimulaient pas la passion de l’aventure. » Il aurait pourtant pu être beaucoup plus connu s’il avait accepté lesdites propositions qu’il qualifie de « faciles », mais non sans de mûres réflexions préalables, il n’a jamais cédé à faire des choses qui ne lui correspondaient pas.

Conseil n°5 : Remettre le travail à sa place

Travailler, pour cet audacieux aux multiples cordes à son arc, reste « le seul moyen d’obtenir un résultat ». Même pour ceux·celles qui ont plus de chances à la naissance, qui sont doués ou qui ont un talent particulier, le travail est un pré-requis : « Il faut savoir capitaliser sur ses atouts et les développer, mais jamais se reposer sur ses lauriers. » Le tout est donc se donner à fond pour que, même en cas d’échec, on n’ait « aucun regret ». Et c’est ainsi que, sans le savoir, il nous rappelle l’un des quatre accords toltèques (à conclure avec soi-même pour une vie plus harmonieuse selon le fameux livre du même nom) : “toujours faire de son mieux.

Mais c’est aussi car Lolo se définit lui-même comme un joueur. Et conscient qu’en-dehors de la jungle de Koh Lanta, « jouer au travail » peut être délicat, il reste convaincu que prendre du plaisir, même au boulot, est une façon de ne pas prendre la vie trop au sérieux… et de trouver une forme d’épanouissement. Non, vraiment, Laurent ne pourrait pas imaginer une vie où il ne prendrait aucun plaisir au travail : il n’y survivrait pas. Et tous ceux qui cherchent encore leur voie et peuvent vivre mal cette situation, il les invite à tester des choses, même les plus folles, et de s’investir dans une ou plusieurs activités extra-professionnelles « comme la danse, le dessin ou la musique » pour s’éclater, trouver un certain équilibre… et encore une fois, « ne pas avoir de regrets ».

Alors, marécages ou pas, à en croire Laurent, l’important est d’apprendre à garder le sourire en - presque - toutes les circonstances, à ouvrir grand ses oreilles - et sa bouche, quand il le faut - et de savoir bien s’entourer. Et on retiendra que selon l’aventurier prendre des risques est toujours plus intéressant que de rester dans sa zone de confort, et que pour survivre jusqu’à la retraite, il vaut mieux prendre du plaisir au travail ou à côté, c’est bon pour le moral !

Article édité par Eléa Foucher-Créteau
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