Comment justifier habilement le "trou de 2020" en process de recrutement ?

26 janv. 2021

5min

Comment justifier habilement le "trou de 2020" en process de recrutement ?
auteur.e
Sherina Berreby

Journaliste

Qui dit nouvelle année, dit nouveau départ. Le vôtre, ce sera de vous extirper de la torpeur de 2020, après de longs mois de chômage à faire les cent pas dans votre maison ou votre chambre de bonne.

À la délicate question : « Et en 2020, qu’avez-vous fait ? », vous n’allez ni déclencher de crise d’urticaire, ni vous mettre à courir vers la fenêtre, et encore moins hausser les épaules en lançant un désinvolte : « Oh ben ma foi, vous savez, c’était la crise : donc pas grand chose ! »

Pour relancer votre carrière, ne laissez rien au hasard. Ce trou béant à la ligne “2020” de votre CV, pas question de le contourner. Au contraire, profitez-en pour prouver au recruteur qu’à l’heure où tout était à l’arrêt, vous n’êtes pas resté les bras croisés à vous empiffrer de sucreries, zappant d’une chaîne à l’autre entre deux reportages complotistes à base de 5G et de pangolins. En tout cas, pas que !

Durant cette profusion de temps libre, vous avez appris beaucoup plus que ne vous le laisse croire votre curriculum vitae en berne. Il vous suffit de savoir le dire, et on va vous aider.

Un temps de réflexion privilégié

Comme le disait Socrate : « Connais-toi toi-même. » Plutôt que de pester contre la vacuité professionnelle des derniers mois, pourquoi ne pas partager au recruteur ce que cette parenthèse vous a appris sur vos désirs ? Dans un monde où les décisions vont à cent à l’heure, cette pause dans le routinier cycle “métro, boulot, dodo” était idéale pour gagner en connaissances sur ce que vous voulez vraiment, tant concernant votre carrière que votre vie personnelle. La coach professionnelle & Consultante RH Emmanuelle Gouras, est d’avis qu’un recruteur ne pourra qu’apprécier découvrir les réflexions amenées par cette mise en suspens : « C’est une preuve de maturité que de prendre de la hauteur dans une période floue. » Par exemple, racontez durant l’entretien en quoi cette crise a su renforcer votre envie de vous engager auprès d’une association, de trouver un meilleur équilibre vie privée/vie personnelle, ou tout simplement de rejoindre une entreprise en accord avec vos valeurs. Un potentiel collaborateur ayant pris du recul sur lui-même et sur ses projets partira avec une longueur d’avance - cela démontre qu’il ne postule pas par hasard.

Lumière sur vos atouts et lacunes

Quoi de mieux que l’aide d’un conseiller en insertion professionnelle ou d’un coach pour dessiner au plus juste votre projet de carrière ? Ce trop-plein de temps vous a peut-être permis de vous pencher sur vos capacités ; celles où ça pêche encore, et celles où vous excellez. Mettez-le en avant ! De cette façon, le recruteur se rendra compte que votre projet est le fruit d’une construction solide et réaliste. « Si vous avez effectué un bilan de compétences ou avez été coaché sur le plan professionnel ou personnel, cela prouve que vous avez profité de la situation pour entrer dans une démarche d’amélioration continue », ajoute Emmanuelle Goulas. Vous êtes au chômage, certes, mais loin d’être à la dérive, faites-le savoir au recruteur dans votre lettre de motivation ou s’il vous sonde sur votre année 2020 à l’entretien d’embauche. « Que ce soit dans le cadre d’un accompagnement dans votre recherche d’emploi ou afin de regagner confiance en vous, l’initiative doit être valorisée », insiste la RH. L’expérience vous tente ? Il n’est pas trop tard pour vous lancer. Un demandeur d’emploi, indemnisé ou non, peut à tout moment demander à son conseiller Pôle emploi de réaliser un bilan de compétences sur simple demande. Et bonne nouvelle : c’est gratuit.

Une aubaine pour étoffer vos compétences techniques

Rien de ce que vous avez appris cette année n’est à mettre de côté… Hormis le fait que vous préférez nettement rester en pyjama plutôt que de mettre un pantalon, mais ça, gardez-le pour vous. Le web regorge de formations ludiques, certifiantes et adaptées à votre rythme. Une chance unique pour étoffer vos savoir-faire. Affichez fièrement vos apprentissages dans la partie “Compétences techniques” de votre CV et sur votre profil LinkedIn, sans oublier de mentionner la date d’obtention. Une preuve supplémentaire que vous n’avez pas mis en pause votre activité neuronale durant 365 jours. Le recruteur le sait : de nombreux outils étaient (et sont) disponibles pour continuer de vous former depuis chez vous et garantir un niveau d’expertise toujours plus élevé.

Ces nouveaux savoir-faire méritent toute leur place dans votre CV pour donner envie au recruteur de vous embaucher et pour montrer que vous avez approfondi vos compétences ou cherché à en développer de nouvelles. Une certification Google Analytics ? Un MOOC pour apprendre à coder ? Un webinar sur le personal branding ? Payantes ou gratuites, il y en avait pour tous les domaines. Et ce sera toujours mieux que d’énumérer toutes les séries que vous avez regardées sur Netflix (oui, même en VO).

L’année propice pour upgrader vos softs-skills

Même si votre vie professionnelle n’était pas poussée à son paroxysme en 2020, vous avez pu cultiver de nouveaux savoir-faire, plus personnels. « Vous avez appris à cuisiner, joué d’un instrument, pratiqué un nouveau sport ou commencé à bricoler… Tout cela vous a sans doute apporté résilience, créativité, positivité, et adaptabilité - soit autant de softs skills clés au sein des organisations et qui sont aujourd’hui très demandées par les recruteurs », rappelle Emmanuelle Goulas, persuadée de la pertinence de ces activités, ne relevant pas seulement du champ récréatif.

Selon Emmanuelle, vous intéresser à de nouveaux sujets est un gage d’ouverture d’esprit et un apport culturel non négligeable. Ces moments pris pour vous-même sont loin d’être perdus : « Lire ces livres qui trônaient sur votre table de nuit, regarder ces films que vous aviez listés, apprendre une nouvelle langue, vous intéresser à de nouveaux sujets auxquels vous n’aviez pas de temps à consacrer auparavant… Parlez-en ! » Ces instants ne doivent en aucun cas être balayés d’un revers de main, ou être source de honte. En les mettant en avant, cela permettra au recruteur de mieux vous cerner à travers vos passions et centres d’intérêts, qui sont autant d’excellents indicateurs pour déceler des pans de votre personnalité. À compétences égales, celle-ci fera la différence par rapport à un autre candidat.

L’occasion de sauter le pas du freelancing

Impossible de décrocher un CDI ? Pas l’ombre d’un CDD en vue ? Heureusement, vous avez été malin et décidé de contourner le problème en créant votre micro-entreprise. Tenter l’aventure du freelancing prouve votre débrouillardise et votre persévérance. Même si l’année 2020 n’a pas été clémente pour les indépendants, le fait d’avoir pris ce risque plutôt que d’être resté prostré.e, en dit long sur votre sens de l’initiative. Ne manquez pas l’occasion de faire valoir votre côté touche-à-tout, tout comme votre adaptabilité : des atouts clés pour vous accommoder à la vie de l’entreprise.

Sur votre CV, décrivez en quelques lignes vos missions, sans oublier de mentionner votre activité et les diverses entreprises pour lesquelles vous avez travaillé. À condition que votre activité s’y prête, élaborer un book vous permettra de présenter une vitrine de vos accomplissements dès l’envoi de votre candidature. Si vous gagnez le laisser-passer pour l’entretien, expliquez alors plus en détails les raisons qui vont ont poussé à créer votre statut de micro-entrepreneur : parlez de votre activité, de votre fonctionnement, de la façon dont vous avez prospecté vos clients, mais aussi comment vous avez su répondre aux besoins des entreprises. Si l’expérience fut un cuisant échec, entre un réseau trop faible et une clientèle absente, pas de panique. Le seul fait d’avoir construit un projet de freelancing sera fortement valorisé. Rien de tel pour prouver au recruteur que vous êtes tenace et entreprenant, contre vents et marées.

Vous l’aurez compris : chômage ne rime pas avec inactivité. L’année n’a pas été celle des pas de géant dans votre carrière, mais vous avez forcément tiré des enseignements pour reprendre le chemin de l’emploi avec des compétences et une vision élargies de votre avenir personnel et professionnel. Quant à cet arrêt, n’en faites pas un drame : la pause, elle aussi fait partie de la musique. Les entreprises sont les mieux placées pour savoir que les circonstances sanitaires et économiques justifient amplement un entracte professionnel. « Montrez à votre interlocuteur que vous avez occupé votre temps, cela démontrera votre capacité d’adaptation, votre ouverture d’esprit, votre envie d’évoluer, et surtout votre capacité à rebondir et à naviguer dans une organisation en évolution constante », conclue Emmanuelle Goulas. À vous de souligner les retombées positives de ce que vous avez accompli durant cette période, où tous, recruteurs y compris, marchaient à tâtons.

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Photo d’illustration by WTTJ

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