D'un stage à un CDI : comment réussir son changement de statut ?

04 déc. 2019

5min

D'un stage à un CDI : comment réussir son changement de statut ?
auteur.e
Aglaé Dancette

Fondateur, auteur, rédacteur @Word Shaper

Dans de nombreuses formations, le stage de fin d’études est un passage obligé avant d’obtenir son diplôme. Il marque la transition entre la scolarité, où prédomine la théorie, et l’entrée dans la vie active, plus pragmatique. Le stage est l’occasion de découvrir un poste, une entreprise, parfois même un secteur et il aide souvent à circonscrire un peu mieux nos besoins et envies pour la suite. Ce n’est pas toujours possible ni même souhaité, mais dans certains cas, il arrive que le stage de fin d’études se transforme en CDI. L’étudiant diplômé est alors propulsé au rang d’employé, même si parfois, aux yeux de ses collaborateurs, il garde l’étiquette de stagiaire collée à la peau. Comment faire pour bien gérer cette mutation ?

1. Connaître ses droits

Sachez tout d’abord que si vous êtes embauché dans les trois mois qui suivent votre stage, la durée de celui-ci doit être déduite de la période d’essai liée à votre nouveau contrat. Par exemple, si vous avez effectué un stage de trois mois puis que votre nouveau contrat de travail prévoit une période d’essai de six mois, elle sera en fait réduite à trois. En revanche, cela ne s’applique pas automatiquement si vous êtes embauché plus de trois mois après la fin du stage, ou si vous obtenez un contrat dans la même entreprise mais pour un poste différent.

2. Se donner du temps

Même si cela peut être pénible d’être éternellement perçu comme le stagiaire, vous devez accepter que la transition prenne un peu de temps. Malgré votre nouveau contrat de travail, vous ne gagnerez pas votre statut d’employé du jour au lendemain et rassurez-vous, ce n’est pas si grave. C’est ce que Maxime, aujourd’hui consultant financier dans un cabinet d’audit, raconte d’après sa propre expérience : « Le premier jour de mon CDI, je suis arrivé conquérant au bureau. Mais pour mes collègues, rien n’avait changé ou presque, j’étais toujours le petit nouveau, “le dernier arrivé”. Au début, cela me tracassait, puis j’ai appris à en rire et il a encore fallu quelques semaines de transition pour que je devienne un employé à l’égal des autres. Je pense que psychologiquement, j’avais aussi besoin de temps pour m’adapter à mon nouveau statut donc avec du recul, cela s’est très bien passé.»

« Il a fallu quelques semaines de transition pour que je devienne un employé à l’égal des autres. Je pense que psychologiquement, j’avais aussi besoin de temps pour m’adapter à mon nouveau statut. » - Maxime

3. Passer le relais au(x) nouveau(x) stagiaire(s)

Former et accompagner le stagiaire qui vous remplace est un bon moyen d’opérer la transition et de montrer que l’on a pris du galon. En démontrant que l’on est capable de transmettre ses compétences, on fait aussi comprendre aux autres que notre changement de statut est légitime. Aline a effectué son stage de fin d’études dans un cabinet de conseil, elle explique : « Je n’ai pas eu de mal à me départir de l’image de stagiaire car il y a eu de nouveaux arrivants quand je suis passée en CDI et c’était mon rôle de les former sur les sujets que je maîtrisais. Le turn-over était important, j’ai donc rapidement acquis mon statut de salariée à part entière en m’impliquant auprès des stagiaires.»

4. Avoir confiance en soi

Il y a une forme de confort inhérent au statut de stagiaire et les enjeux sont différents lorsque l’on devient salarié. On peut se demander si on a bien les épaules, si on est suffisamment prêt. Si vous voulez trouver votre place dans l’entreprise, il est important de vous montrer confiant et de croire en vous. N’en faites pas trop, mais sachez vous apprécier à votre juste valeur. « Je me suis vite sentie crédible dans mon nouveau rôle puisque j’ai considéré que si mon employeur m’avait embauchée, c’est qu’il était satisfait de mon travail. J’ai donc assumé tout de suite et cela m’a donné une forme de légitimité aux yeux des autres. », explique Aline.

« Je me suis vite sentie crédible dans mon nouveau rôle puisque j’ai considéré que si mon employeur m’avait embauchée, c’est qu’il était satisfait de mon travail. » - Aline

5. Devenir exigeant(e) et accepter ses responsabilités

Lorsqu’on est stagiaire, on a davantage droit à l’erreur, on a le droit de ne pas tout savoir puisque l’on découvre des processus, des logiciels, des méthodes. En revanche, une fois qu’on est embauché, il est important d’augmenter son niveau d’exigences. C’est ce que Leïla, Editorial Strategist dans la grande distribution, a remarqué lors de cette transition : « J’ai vite compris que je n’aurais plus l’excuse “C’est pas grave, elle n’est que stagiaire”. On attendait de moi un travail de plus grande qualité, des idées pertinentes, des infos exactes et des initiatives. Je n’avais plus mon maître de stage derrière moi pour me répéter les choses. Le fait que je me mette vite à niveau a fait oublier mon ancien statut de stagiaire. »

« On attendait de moi un travail de plus grande qualité, des idées pertinentes, des infos exactes et des initiatives. » - Leïla

Un contrat de travail à durée indéterminée s’accompagne toujours de nombreuses responsabilités, souvent nouvelles par rapport au stage que l’on vient de terminer. Comme Leïla, Aline a eu le sentiment de devoir en faire plus après avoir signé son CDI : « L’entreprise fonctionnait sur le principe d’évaluation et d’attribution de primes. J’étais évaluée à la fin de chaque mission et je devenais responsable de mon apprentissage en continu. C’est-à-dire que je ne pouvais pas poser les mêmes questions ou montrer les mêmes lacunes d’une mission à l’autre. Je devais désormais intégrer rapidement les explications. » Être en poste demande encore un peu plus d’attention que lorsqu’on est en stage, puisque vous devrez faire preuve d’une certaine rapidité d’assimilation.

« Je ne pouvais pas poser les mêmes questions ou montrer les mêmes lacunes d’une mission à l’autre. Je devais désormais intégrer rapidement les explications. » - Aline

6. Montrer l’étendue de son potentiel

Si malgré tout, votre étiquette de stagiaire a la vie dure, essayez de montrer à vos collaborateurs l’étendue de votre potentiel. En effet, il y a certainement des compétences que vous n’aviez pas pu exploiter lors du stage que vous pourriez désormais mettre en avant. L’objectif est de se montrer investi et de faire ses preuves petit à petit, à l’image du coup de poker de Maxime : « J’étais en CDI depuis quelques mois, tout se passait bien mais j’avais de plus en plus envie que l’on me confie un projet sur lequel je pourrais m’exprimer pleinement. Un jour lors d’une réunion d’équipe, j’étais le seul disponible pour prendre en charge un dossier important. Mon manager était un peu sceptique mais je l’ai convaincu que j’étais la bonne personne. Ensuite, j’ai travaillé comme un fou pendant des semaines, je me suis renseigné, j’ai interrogé des personnes sur le sujet, je voulais que mon rendu soit nickel. Ça a fonctionné et c’est un peu à partir de ce moment-là que mes collègues ont oublié que j’avais été stagiaire. »

« J’ai travaillé comme un fou pendant des semaines, je me suis renseigné, j’ai interrogé des personnes sur le sujet, je voulais que mon rendu soit nickel. » - Maxime

7. Communiquer

En cas de problème, ou si vous ne vous sentez pas à l’aise, il vaut toujours mieux en parler en toute transparence. Même si vous n’êtes plus stagiaire, votre ancien maître de stage reste sans doute un interlocuteur privilégié en cas de besoin. Votre manager, un mentor ou même un collègue bienveillant peuvent aussi être d’une grande aide pour vous aiguiller au début et tant que nécessaire. Que vous ayez envie de plus de responsabilités ou qu’au contraire, vous vous sentiez dépassé les premières semaines, mettre les choses au clair ne vous sera que plus bénéfique. Chacun sait que vous êtes encore en période d’apprentissage. L’important, c’est de montrer de la bonne volonté. Rassurez-vous, on n’attend certainement pas de vous que vous soyez infaillible ou parfait du jour au lendemain.

Signer son premier contrat de travail dans le prolongement de son stage de fin d’études est à la fois confortable et effrayant. En effet, vous connaissez déjà les lieux, les projets, les visages, mais on attend aussi de vous que vous fassiez vos preuves et que vous passiez un cap, ce qui peut être ressenti comme une pression. On vous fait confiance alors vous n’avez pas envie de décevoir et vous voulez être crédible. N’oubliez jamais que si vous n’étiez pas la bonne personne pour le poste, votre employeur ne vous aurait pas embauché. Alors, donnez-vous le temps de prendre vos marques comme salarié et votre étiquette de stagiaire s’estompera naturellement avec le temps !

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Photo d’illustration by WTTJ

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