4 conseils pour séduire les algorithmes qui trient les CV

03 nov. 2020

5min

4 conseils pour séduire les algorithmes qui trient les CV
auteur.e
Gabrielle de Loynes

Rédacteur & Photographe

Mais qui sont ces algorithmes qui filtrent nos CV? Et comment fonctionnent-ils ? Lorsque vous envoyez votre CV sur certains sites de recherche d’emploi, si celui-ci n’est pas optimisé pour ces micro-robots, il a de fortes chances de se perdre dans un trou noir supermassif de la galaxie Internet (on exagère à peine). Il en va donc de votre survie, enfin du moins de votre potentiel futur job, de vous adapter à ces algorithmes. Votre mission, si vous l’acceptez, est de vous programmer en mode 3.0, et de passer votre CV à travers les rayons X des scans algorithmiques. Ce ne sera pas une tâche facile, mais rassurez-vous l’agent Stéphanie Denis-Lecerf, DRH de Michael Page et Présidente de l’association « A Compétence Égale » qui agit pour un recrutement plus juste, est là pour vous aider à comprendre comment optimiser votre CV pour les algorithmes de recrutement.

Objectif : déchiffrer les algorithmes

Au moment d’appuyer sur le bouton « envoyer » du site web de l’entreprise que vous visez, vous êtes à des années lumières de penser que votre CV digital est sur le point d’être passé au scanner par des algorithmes. Eh oui, 95% des grosses entreprises et 50% des PME sont équipées de ces micro-robots, plus ou moins élaborés, qui décortiquent et trient les CV. Cela permet aux recruteurs de gagner un temps considérable dans le tri des candidatures. Ces intelligences artificielles sont capables d’analyser une quantité astronomique de données. Une fois collectées, elles sont analysées et triées suivant une méthode de notation communément appelée « scoring » ou encore « matching ». Les mots-clés prédéterminés en fonction des besoins du recruteur sont détectés dans les CV. Plus les algorithmes comptent de points, plus votre profil sortira en top liste. Moins il compte de mots clés, plus les algorithmes sont susceptibles de balancer votre CV en un éclair à la poubelle. Game over, vous voilà expulsé du job de vos rêves.

Votre mission : vous programmer en mode 3.0

Ça y est, vous venez de pénétrer dans la sphère des algorithmes. Pour éviter de vous perdre dans la nébuleuse, il va falloir ruser. « Un algorithme n’a pas le regard d’un humain, explique Stéphanie Denis-Lecerf, il n’a pas cette intelligence. Ce qu’il va faire, c’est chercher, de manière logique, à travers la sémantique, ce qui, dans le CV, va correspondre avec le contenu du poste à pourvoir. Il faut donc mettre en avant ses compétences pour les raccrocher à celles recherchées ».

On distingue 3 types de compétences :

  • Les compétences techniques : sont les plus faciles à décrypter. Elles recouvrent l’ensemble des connaissances, expériences et expertises que vous avez validées dans un secteur et/ou un métier. Par exemple, un algorithme décryptera rapidement que vous avez travaillé 5 ans dans le digital, que vous maîtrisez Adobe Photoshop, que vous avez un diplôme d’école de commerce ou encore que vous avez travaillé à New York
  • Les soft skills ou compétences comportementales : sont plus difficiles à reconnaître. Elles comprennent les traits de personnalité du candidat, ses leviers de motivation et sa compatibilité avec la culture ou les valeurs d’une entreprise. Les algorithmes analysent les matchs de mots clés et combinaisons de facteurs. Par exemple ils retiendront que vous avez une bonne probabilité de maîtriser la compétence de leadership « savoir gérer les situations incertaine », si vous avez plus de 10 ans d’expérience depuis votre diplôme bac+5, si vous avez travaillé dans une petite start-up et un grand groupe, ou encore si votre CV comporte au moins une fois le mot « manager ».
  • Les compétences transversales et transférables : sont décryptées par les robots à partir de la description des missions et des travaux réalisés. « Ces compétences transversales, qui peuvent être techniques ou comportementales, traduisent les capacités à évoluer sur d’autres postes, à s’adapter et se transformer au cours de sa carrière, détaille Stéphanie Denis-Lecerf. *Cela concerne par exemple la gestion de projet, la capacité à apprendre ou encore l’aptitude à travailler en équipe, des compétences qui se révèlent très utiles dans des métiers variés. Ce type de compétences permet d’élargir le champs de vos recherches et de vous démarquer si vous prétendez à un poste différent de ceux précédemment exercés ».

Pour booster vos chances de voir votre CV décrypté correctement par les capteurs de ces petits robots, vous devez leur faciliter la tâche. Programmez donc votre CV à partir de ces trois types de compétences. Comme le petit Poucet, laissez aux algorithmes des signes les orientant vers vos compétences clés…

À la recherche d'un job dans lequel vous développer ?

Trouvez l'entreprise qui vous correspond

Passer entre les rayons des algorithmes, les conseils pour sortir indemne

Vous arrivez à l’étape clé de votre mission : la rédaction de votre CV. Il va falloir enfiler votre combinaison ultraviolette et vous faufiler avec agilité entre les filtres. Pas de panique, Stéphanie Denis-Lecerf, experte des algorithmes de recrutement, est là pour vous guider…

1. Donner un titre à son CV : retour vers le futur

« Il faut bien réfléchir son CV pour en faire un outil utile, commente Stéphanie Denis-Lecerf. Son CV ne doit pas se limiter à représenter son passé, mais il faut qu’il fasse ressortir tous les savoir-faire et savoir-être dont on dispose pour occuper un poste dans le futur ». Cette perspective doit être abordée dès le début. « Pour l’intitulé du CV, suggère-t-elle, il est préférable d’inscrire le titre du poste que l’on vise plutôt que celui qu’on a occupé », celui qui est mentionné dans l’annonce du job que vous convoitez par exemple. Un CV plus facilement repérable ou analysable par les algorithmes, est donc celui qui tient compte de l’évolution de la sémantique des métiers et qui actualise les intitulés de poste et de compétences. Pensez donc à faire une mise à jour. Plutôt que de titrer votre CV “business developer” comme le poste que vous avez occupé, visez celui auquel vous postulez : “sales manager”.

2. Viser la lune : adapter son CV à sa cible

« Le CV, poursuit Stéphanie Denis-Lecerf, constitue le point de départ pour illustrer vos compétences de manière factuelle. Mais ce n’est pas un document statique. Le but n’est certes pas de mentir sur son CV, toutefois il faut adapter les termes utilisés au poste visé. Il faut donc chercher à l’aligner du mieux possible aux compétences mentionnées dans l’offre d’emploi qui vous intéresse. » Pour chaque poste précédemment occupé, veillez donc à détailler de manière factuelle les compétences cibles : gestion de projet, travail en équipe, management, etc. Si les termes clés apparaissent dans votre CV, vous aurez de bonnes probabilités d’arriver dans le top !

3. Pictos, logos : rédiger son CV avec clarté

D’une manière générale, dans un CV, il faut faire preuve de clarté. Il ne doit pas être trop chargé, mais plutôt aéré. Et il vaut mieux qu’il soit structuré avec des titres, et des sous-titres. Ce qui est facile à lire pour l’homme, l’est aussi pour le robot. « Ne cherchez pas à faire preuve de trop d’originalité, recommande Stéphanie Denis-Lecerf. Évitez les CV trop design ou illustrés qui seraient impossibles à déchiffrer pour les algorithmes. Pour les langues ou niveaux de compétences, évitez les pictogrammes ou les barres graduées, qui ne sont pas reconnus par les algorithmes. » C’est aussi le cas des logos qui ne peuvent être utilisés pour remplacer le nom de l’entreprise. Les algorithmes ne parlent pas le langage figuré…

4. Miser sur la technique : chiffres et mots clés

« On ne saurait trop vous recommander d’utiliser des termes précis et techniques, synthétise l’experte. L’algorithme n’est autre qu’une suite de raisonnements logiques qui va s’assurer que vous remplissez les critères d’un poste. » Pensez avant tout « mot clé » et chiffres : chiffrez vos réalisations, utilisez les termes techniques propres à vos secteur et métier. Pour un niveau de langue ou de maîtrise d’un outil, privilégiez les certifications et les scores obtenus (TAGE MAGE, TOEFL, TOEIC). Finalement avec les algorithmes tout n’est qu’une question de points et de match

Algorithmes, nous sommes tous concernés ! Alors ne restez pas en orbite, campé sur vos positions, soutenant que votre CV, vous le rédigerez comme vous voulez. Vu le nombre de candidats qui gravitent autour de votre objectif, mieux vaut se démarquer. Constituez un amas de données utiles pour les algorithmes, constellez votre CV de mots clés, envoyez de bonnes ondes et vous brillerez dans le système des algorithmes !

Suivez Welcome to the Jungle sur Facebook, LinkedIn et Instagram ou abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir, chaque jour, nos derniers articles !

Photo d’illustration by WTTJ

Les thématiques abordées