Mentir sur son CV : quels sont les risques pour la carrière ?

24 janv. 2018

4min

Mentir sur son CV : quels sont les risques pour la carrière ?
auteur.e
Cécile Nadaï

Fondatrice de Dea Dia

Simple omission, petite falsification ou grosse invention… Sur un marché de l’emploi où la concurrence est rude et la perspective du chômage effrayante, il peut être tentant de mentir sur son CV pour mettre toutes les chances de son côté.

Mais est-il réellement utile d’enjoliver ses compétences pour trouver un emploi ? Que gagne-t-on à avoir recours à cette pratique ? Que risque-t-on à ne pas être tout à fait honnête ?

Bien sûr, tous les arrangements avec la vérité ne se valent pas. Certains mensonges prêtent à de lourdes conséquences quand d’autres visent simplement à camoufler des petits détails gênants. Faisons le point sur les différentes façons de mentir sur son CV et leurs conséquences.

Mentir sur son CV pour postuler à un emploi : les mensonges les plus courants

Falsifier ses expériences professionnelles

Rajouter quelques mois sur une expérience, transformer un stage en CDD, prétendre avoir été en charge d’un projet alors qu’on y a participé que de très loin… Pour postuler à un emploi, ce type de mensonge est courant et peut sembler sans risque : qui va aller vérifier ce type d’information ? Pourtant, les recruteurs y sont habitués. Ils scrutent les incohérences de date et d’intitulés et savent quelles questions poser pour vérifier leurs soupçons. Mieux vaut donc ne pas instaurer le doute dans leur esprit…

S’inventer des diplômes pour postuler à un emploi

Ça, c’est un très gros mensonge. Revendiquer un diplôme d’une grande école, s’inventer une année de MBA à l’étranger pour camoufler un an de chômage, transformer une licence en master… Cela peut sembler tentant pour un candidat qui espère décrocher un entretien d’embauche. Seulement voilà, le diplôme reste facile à vérifier, soit en appelant directement les écoles, soit en consultant les annuaires d’anciens étudiants. Sans compter que de nombreuses entreprises demandent une copie des diplômes obtenus lors de la signature de votre contrat.

Exagérer son niveau de langues pour obtenir un entretien d’embauche

Transformer quelques notions d’anglais en « English fluent », voilà un autre mensonge auquel vous pourriez avoir recours. Le problème, c’est que d’une part, la supercherie est très simple à démasquer en entretien : une seule question dans la langue que vous êtes supposé maîtriser suffit. D’autre part, si l’anglais est réellement essentiel pour le poste, comment ferez-vous illusion une fois votre contrat signé ?

Rester flou sur les dates

Un des grands classiques d’un candidat qui se met à mentir sur son CV est de ne mentionner que les années de début et de fin d’expériences. Exemple : « Chargé de communication de 2012 à 2014, Chef de projet de 2015 à 2017 ». Or, si le premier poste a pris fin en juillet 2014 et que le second a commencé en avril 2015, il y a en réalité une longue période de chômage entre les deux. Cette technique n’est pas un mensonge à proprement parler mais elle est bien connue des recruteurs et risque de vous décrédibiliser.

Que risque-t-on à mentir sur son CV ?

Si légalement, vous ne risquez pas grand chose* (sauf si on exerce une profession réglementée pour laquelle un diplôme est obligatoire comme infirmière, avocat, etc.), cela ne veut pas dire qu’on ne risque rien pour autant. En fonction de la taille et de la nature du mensonge, les conséquences peuvent être dures à assumer…

Une mauvaise réputation sur le marché de l’emploi

On risque d’abord et avant tout de se voir décrédibiliser. Car si mentir sur son CV est facile, en entretien, ça l’est en revanche beaucoup moins, surtout si le recruteur est maître dans l’art de démasquer les faussaires. Prendre le risque de se fabriquer une réputation de menteur peut être dangereux dans un monde où les informations circulent vite. Le recruteur pourrait passer le mot à un confrère, ou bien se retrouver à nouveau face à votre CV dans quelques années mais dans une autre entreprise. Dans certains secteurs qui fonctionnent au réseau etoù les recrutements se font beaucoup par le bouche-à-oreille, vous pourriez vous faire black-lister !

Un quotidien inconfortable

Même si votre falsification fonctionne et que vous obtenez le poste, vous aurez été recruté sur la base d’un mensonge. Un détail pas toujours facile à assumer au quotidien. Comment être épanoui dans son travail lorsqu’on sait que notre présence dans l’entreprise repose sur un mensonge qui peut à tout moment être découvert ? Vous risquez aussi de vous confronter à vos propres lacunes dans votre futur poste.

Mentir sur son CV pour trouver un emploi devient de plus en plus difficile

En France, les vérifications de CV sont moins fréquentes que dans les pays anglo-saxons. Malgré tout, de plus en plus de cabinets de recrutement font appel aux services d’entreprises spécialisées pour vérifier le parcours des candidats. De plus, le gouvernement a récemment annoncé le lancement d’un système numérique d’authentification nationale des diplômes pour lutter contre la fraude. Ce service se déploiera progressivement cette année pour les diplômes de l’Éducation Nationale obtenus en 2016. Il va donc devenir de plus en plus difficile de mentir sur son CV

Alors, que faire ou ne pas faire ?

De manière générale, il faut proscrire tout mensonge visant à revendiquer des compétences que vous n’avez pas. Si vous prétendez être un bon manager, mieux vaut savoir manager. L’important est de rester cohérent : votre CV doit correspondre à la réalité.

Bien sûr, ne nous mentons pas, les petits mensonges et omissions continueront d’exister sans forcément prêter à conséquence, mais il est préférable de rester soi-même : assumez votre parcours et vos failles pour postuler à un emploi. Tout le monde en a ! Un CV louche, c’est justement un CV trop parfait. La clé pour éviter tout mensonge est de justifier votre parcours et d’assumer vos “lacunes”. Ce qu’un recruteur cherche avant tout, c’est un candidat qui se connaît. Votre niveau d’anglais reste à désirer ? Expliquer clairement votre niveau sur votre CV, et enrichissez cette section (ou votre lettre de motivation) d’informations qui permettent de voir au recruteur ce que vous faites pour vous améliorer. Vous avez un trou sur votre CV ? En quoi celui-ci a été nécessaire, qu’avez-vous fait en cette période pour vous développer professionnellement ? Si vous apportez des justifications cohérentes qui démontrent une forte conscience de soi, c’est authenticité sera forcément appréciée !

S’il vous manque une compétence clé pour accéder au poste de vos rêves, pourquoi ne pas vous former ou vous lancer dans des projets personnels qui vous permettront de l’acquérir ? Si vos diplômes manquent de prestige, valorisez votre profil, vos qualités humaines, vos projets personnels ou votre expérience.

Enfin, il semble bon de rappeler que les fiches de poste détaillées dans les offres d’emploi sont des bases pour les recruteurs mais personne n’attend d’un candidat qu’il en coche toutes les cases ! La meilleure option que se présente à vous est donc de valoriser vos qualités réelles et de montrer que vous avez conscience de vos points faibles tout en montrant comment vous souhaitez vous améliorer. De cette manière, vous serez plus sûrs de vous et vous aurez plus de chance de convaincre en entretien.

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