Comment optimiser le design de son CV : les 6 conseils d'une UX designer

31 mars 2022

7min

Comment optimiser le design de son CV : les 6 conseils d'une UX designer
auteur.e
Paul Herbert

Rédacteur

78%. C’est le pourcentage de recruteurs qui élimineraient un CV jugé trop brouillon ou pas assez lisible selon une étude menée par le site HelloWork en 2019. Quand on sait qu’un recruteur reste en moyenne 30 secondes maximum sur un CV lors de sa première lecture et que de moins en moins prennent en considération la lettre de motivation, on comprend bien l’importance de faire un CV qui garantira une expérience de lecture optimale. Et justement, créer une “expérience utilisateur” la plus agréable possible, c’est un métier, celui des UX Designers. Ces personnes imaginent l’interface de vos applications et de vos sites préférés pour transmettre les informations clés de manière efficace et pour offrir une expérience de navigation naturelle, intuitive et agréable.

Pour vous aider à créer la meilleure “expérience utilisateur” pour le recruteur qui consultera votre CV, nous avons interrogé Isabelle Vieux, UX Designer qui a travaillé pour des entreprises comme Renault Trucks et Engie. Voici ses 6 conseils d’UX Design pour créer le CV le plus efficace et agréable à lire possible.

Sommaire :

  1. Faire des recherches sur l’utilisateur final
  2. Hiérarchiser l’information
  3. Utiliser couleurs et polices avec parcimonie
  4. Faire un CV simple plutôt qu’original
  5. Diminuer au maximum la perte de temps du recruteur grâce au design du CV
  6. Bêta-tester son CV avant de l’envoyer

1. Faire des recherches sur l’utilisateur final

Quand on dit “UX Design”, on parle en fait “d’user experience design” (en français, le design d’expérience utilisateur). C’est donc l’utilisateur qui est au centre de cette réflexion : « le but de l’UX Design c’est de faciliter au maximum la vie de l’utilisateur, donc quand je commence un projet d’UX Design, je dois d’abord comprendre cet utilisateur, et essayer de saisir les problèmes qui se posent à lui face à une problématique donnée », nous apprend Isabelle Vieux.

Comme dans n’importe quel projet d’UX Design, cette compréhension passe par deux étapes de recherches. Il y a d’abord ce qu’Isabelle Vieux appelle “la recherche secondaire” qui consiste à se renseigner en amont sur l’utilisateur, sur son contexte, sur les informations attendues de notre part. Par exemple, on ne fait pas le même CV si on est ingénieur ou si on est graphiste, c’est pour cela qu’il faut connaître les attentes du recruteur.

Vient ensuite une étape de recherche, dite “primaire”. Selon notre experte, elle a pour but de comprendre l’utilisateur en l’interrogeant directement, ou en se mettant soi-même dans sa peau. Évidemment, dans le cadre d’un recrutement, il est difficile d’aller poser des questions à la personne qui lira son CV. « Mais vous pouvez très bien questionner des chefs d’entreprises ou des personnes qui ont fait passer des recrutements dans votre entourage pour avoir leur ressenti sur cette expérience de lecture de CV et pour qu’elles puissent vous dire les points qu’elles apprécient dans un CV, ou au contraire qu’elles détestent, ainsi que les informations elles recherchent en premier. »

Ou bien, vous pouvez aussi vous mettre dans la peau d’un recruteur, prendre des modèles de CV sur Internet, et les analyser comme si vous aviez des compétences en recrutement, en prenant des notes, en voyant quel CV vous retiendriez, quel autre vous auriez mis de côté et pourquoi. « L’idée de cette phase de recherche, c’est, par l’expérience des autres ou par la sienne, de voir jaillir de nombreux problèmes qu’on n’aurait pas forcément vus autrement et donc, d’éviter de tomber dans certains écueils », explique Isabelle Vieux.

2. Hiérarchiser l’information

Une fois armés des informations récoltées dans la phase de recherche, on peut se mettre à penser aux informations que l’on veut mettre en avant dans son CV.

Quand on analyse une interface ou un CV, notre cerveau cherche à créer des connexions entre les différentes informations qu’il découvre, à les regrouper selon des critères qui doivent se dégager naturellement de ce qu’on lit. Ce traitement de l’information prend beaucoup d’énergie, et plus la page est complexe dans la quantité et la forme des éléments présentés, plus cet effort sera difficile et fatiguant pour l’utilisateur.

C’est pour cela qu’il est particulièrement important d’aider le cerveau de l’utilisateur dans son travail en présentant, à l’aide de la couleur ou de la taille des polices, une hiérarchisation naturelle des informations que l’on va communiquer : « il faut que l’utilisateur puisse comprendre le parcours du candidat et en retirer les éléments les plus importants au premier coup d’œil », explique Isabelle Vieux.
Donc, dans ce travail de hiérarchisation de l’information, il faut non seulement travailler en amont sur deux ou trois niveaux de hiérarchisation de l’information (les informations importantes qui doivent sauter aux yeux dès la première lecture, celles moyennement importantes que l’on voit après et les informations additionnelles qu’on lira à la toute fin), mais il faut aussi supprimer au maximum les éléments superflus avec toujours en tête la volonté de rendre plus facile et plus rapide la compréhension du message que l’on veut communiquer : « L’utilisateur doit avoir l’expérience la plus facile et la plus agréable possible du CV. »

C’est là que le travail effectué lors des recherches primaire et secondaire doit être mis à profit pour savoir quelle information occulter, quelle autre mettre dans le CV et surtout quel niveau d’importance lui accorder en fonction de votre secteur d’activité, du poste visé, ou encore de votre niveau d’expérience. L’offre d’emploi vous donne également de précieuses informations sur les éléments à prioriser, il faut vous en servir !

3. Utiliser couleurs et polices avec parcimonie

Une fois le travail de hiérarchisation effectué, on peut commencer à travailler sur la forme de son CV et réfléchir aux couleurs et aux polices utilisées. Contrairement à ce que l’on a tendance à faire, la couleur et les polices ne sont pas là pour exprimer notre originalité ou pour sortir du lot. Ces éléments de design vont en fait servir à orienter l’œil de l’utilisateur et à faire ressortir les informations que l’on veut mettre en avant : « il faut toujours privilégier la lisibilité et travailler le design pour faciliter l’expérience de l’utilisateur, donc dans le cas présent : du recruteur », nous éclaire Isabelle Vieux.

Choisir une seule couleur

Pour ce qui est de la couleur, Isabelle Vieux conseille de « n’utiliser qu’une seule couleur qui servira d’accent ». Dans cette couleur, on doit mettre les informations les plus importantes, celles qui doivent être retenues lors de la première lecture en diagonale du CV. « La couleur surlignera ces informations pour qu’elles sautent aux yeux du recruteur. Il faut donc l’utiliser avec parcimonie pour les points les plus importants, ceux qu’on veut mettre en avant comme le titre des postes qu’on a occupés pour un senior, ou le nom des entreprises pour un junior. »

Ensuite les informations de moyenne importance peuvent être en noir et le gris servira pour les informations complémentaires qui ne seront lues que si le recruteur veut avoir des détails additionnels sur nos différentes expériences professionnelles. « La couleur est là pour aider l’œil à saisir notre hiérarchie de l’information très rapidement, sans avoir à utiliser trop de tailles de police différentes. »

Une ou deux polices maximum

Toujours dans un souci de lisibilité et de simplicité, Isabelle Vieux recommande de « choisir une ou deux typographies, faciles à lire et qui seront familières au recruteur comme Arial ou Helvetica. Il faut éviter les polices trop complexes, et bannir à tout prix la police Comic Sans MS par exemple ».

Idem pour la taille des polices : « Il ne faut pas utiliser trop de tailles de typographies différentes, trois tailles maximum c’est bien : une pour le titre du CV, une pour les titres de catégorie et une dernière pour le corps de texte. »

Le but : avoir un CV abordable, simple visuellement et qui soit le plus facile à lire possible.

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4. Faire un CV simple plutôt qu’original

S’il est souvent recommandé de se démarquer grâce à un CV original, un CV simple et classique peut souvent suffire voire vous donner l’avantage. En effet, quand l’utilisateur reconnaît une interface ou un format, cela facilite son interaction avec ce médium et cela lui épargne de réapprendre à lire cette interface. De ce fait, le recruteur se concentrera beaucoup plus rapidement sur votre parcours et sur les informations qu’il découvre. Ce principe porte un nom, la loi de Jakob, théorisée par Jakob Nielsen, docteur en interaction homme-machine.

Ainsi quand vous faites une mise en forme trop complexe, trop original, vous créez en fait une barrière entre le recruteur et les informations que vous voulez transmettre. Même si cela vous paraît surprenant « rester sur une mise en page classique avec à gauche les informations personnelles et à droite la colonne principale qui présentera l’expérience, la formation, les compétences professionnelles et les centres d’intérêt maximisera vos chances de réussir car le recruteur saura intuitivement où trouver les informations qu’il cherche et ça lui fera gagner du temps », explique Isabelle Vieux.

5. Diminuer au maximum la perte de temps du recruteur grâce au design du CV

Pour que l’utilisateur (ici le recruteur) ait l’expérience la plus agréable possible, il faut penser au trajet que va effectuer le CV une fois qu’il a été envoyé. Déjà, le CV ne doit pas être trop lourd, il doit pouvoir être envoyé en pièce jointe d’un mail, ou via une interface de candidature. On doit pouvoir l’ouvrir rapidement, « En UX design, il n’y a rien de pire que de vouloir accéder à une application ou à une interface et de devoir attendre qu’elle s’ouvre car elle est trop lourde », avertit Isabelle Vieux.

Il faut aussi penser aux petits détails qui risquent de perturber la lecture du recruteur et lui faire perdre du temps. Pour enrichir l’expérience, vous avez peut-être envie de mettre des liens cliquables dans votre CV, mais alors il est important de vérifier que ceux-ci renvoient bien sur la bonne page. Il ne faut pas non plus oublier que les CV sont souvent imprimés pour être lus par le recruteur. Pour éviter une perte d’information lors de l’impression, il est donc recommandé d’imprimer votre CV en noir et blanc pour vérifier sa lisibilité en format papier. « Ce sont des choses à garder en tête ! Par exemple il n’est pas stratégique de mettre un fond de couleur au CV qui risquerait de compliquer sa lisibilité lors de l’impression. Il faut aussi choisir des couleurs qui ont une valeur éloignée du noir, mais qui soient aussi lisibles sur du blanc. On ne peut pas utiliser du jaune par exemple », détaille Isabelle Vieux.

En fait, il faut penser à toutes les étapes par lesquelles le CV risque de passer et s’assurer qu’il reste clair en toute situation.

6. Bêta-tester son CV avant de l’envoyer

Et justement, pour vous assurer que votre CV atteint bien son but, il faut le tester en conditions réelles. Cela passe d’abord par une phase de test personnel : relisez votre CV plusieurs fois pour être sûr·e que tout va bien, essayez de cliquer sur tous les liens, de vous l’envoyer pour voir comment il apparaît sur les différents navigateurs, les différentes boîtes mails, de l’imprimer en couleur ou en noir et blanc pour voir s’il reste lisible.

Et puis, il ne faut pas hésiter à tester son CV en situation quasi réelle : « faites des tests utilisateurs, essayez de demander à des chefs d’entreprises, des seniors ou des personnes qui ont l’habitude de regarder des CV, ce qu’ils·elles pense du vôtre, conseille Isabelle Vieux. Vous découvrirez alors des détails que vous n’aviez pas remarqués, des problèmes que vous avez occultés. Avec ces retours, vous pourrez alors améliorer votre CV et le rendre de plus en plus lisible, de plus en plus efficace, et vous aurez garanti une expérience utilisateur optimale au recruteur qui verra la version finale et optimisée de votre curriculum vitae. » Un vrai atout dans votre recherche d’emploi…

Article édité par Gabrielle Predko, photo Thomas Decamps pour WTTJ

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