Stage sans possibilité d’embauche : comment renverser la tendance ?

08 sept. 2021

6min

Stage sans possibilité d’embauche : comment renverser la tendance ?
auteur.e
Alice Deveaux

Rédactrice freelance

Après des mois de recherche, vous venez de décrocher un stage de fin d’études ? Bravo ! Malheureusement, après quelques semaines ou dès le process de recrutement, vous apprenez que ce stage ne pourra être reconduit en CDI. Les deux raisons les plus courantes ? Le contexte économique de l’entreprise qui ne permet pas d’embaucher, ou tout simplement, le périmètre du poste qui ne requiert pas de contrat longue durée.

Même si ces explications peuvent en démotiver plus d’un, faut-il jeter l’éponge, ou peut-on espérer qu’un jour, bingo, votre stage soit finalement reconduit en CDI ? Comment savoir s’il vaut encore la peine de jouer le tout pour le tout ? Quel est le secret pour “se rendre indispensable” et potentiellement tout faire basculer ? Pour le savoir, nous avons échangé avec Louise, Sarah et Solène, qui ont toutes décroché un poste à la fin de leur stage alors qu’un contrat était loin d’être joué, ainsi qu’avec leur maître de stage, Clara et Dorian.

1. Soyez proactif et tentez de vous emparer d’un projet

Même si ça peut paraître un poil téméraire, il est possible et même conseillé de s’emparer d’un projet spécifique au sein de l’entreprise. Pourquoi ? Parce que c’est le meilleur moyen de « se rendre indispensable » ! N’hésitez donc pas à aller au-delà de vos missions de stages, dans la mesure du raisonnable, pour affirmer que vous avez des compétences exponentielles et la bonne attitude pour trouver votre place dans l’entreprise.

Dorian, le maître de stage de Louise, alors chargée de la communication digitale, souligne qu’avant de décrocher son CDI chez Groover, « elle a réclamé une formation de marketing de trois semaines, pour lancer notre première campagne de pub sur Facebook. » Cette prise d’initiative a été décisive, non seulement parce que Louise est ainsi devenue le pilote de cette importante campagne, mais aussi parce qu’elle a partagé son enthousiasme et son envie d’adhérer à la mission de l’entreprise. Une bonne façon d’ajouter des hard skills (le marketing) à son arc (la communication), tout en valorisant ses soft skills (l’autonomie).

Chez Solène, dont le stage de médiation culturelle se déroule au sein d’une association qui accompagne des artistes réfugiés politiques, c’est aussi le terrain qui lui inspire un nouveau projet. En charge de coordonner des ateliers d’art, animés par les artistes de l’association et auprès d’institutions culturelles, elle réalise que l’offre manque d’un support visuel pour convaincre les partenaires. Pour faciliter son travail, elle propose de créer un magazine dédié aux partenaires et qui met en avant le travail des artistes, une idée qui fait mouche auprès de ses supérieurs et dont elle se voit confier la mise en œuvre.

Comme l’explique le maître de stage de Louise, Dorian, « il ne faut pas avoir peur d’essayer ». Soyez proactifs, devenez l’as des sessions de brainstorming, portez-vous volontaire pour mener un projet qui vous plaît ou monter votre propre projet, partagez votre analyse du terrain et proposez d’améliorer les process de votre mission. Si vous avez envie de rester dans votre entreprise, l’important, c’est de le montrer. Faites jouer vos forces !

2. Exprimez votre envie de rester

En fin de stage, vous pouvez tomber dans une posture passive, où vous n’osez pas formuler de demande d’embauche, de peur de vous sentir illégitime ou même d’essuyer un refus. Cependant, rester dans l’attente peut revenir à rater une belle occasion de carrière.

Ne rechignez pas à articuler vos souhaits d’embauche : vos managers ne sont pas devins et pour eux, un stagiaire qui prend les devants est gage de sa motivation. Tout comme vous, ils se consacrent surtout à la gestion de leur propre travail. Clara, maître de stage de Sarah en vente pour le média Voxe, explique : « Si tu travailles comme un fou parce que tu veux rester mais sans l’exprimer clairement, je m’inquiète surtout de te voir travailler autant et de mes capacités à bien te manager. »

Que vos maîtres de stage mettent les pieds dans le plat ou non, n’hésitez pas à leur dire que vous vous sentez bien dans l’entreprise et que vous souhaitez continuer. Clara, maître de stage de Sarah, souligne que « Sarah a tout de suite dit que si son stage se passait bien, elle souhaiterait rester. D’avoir conscience de sa position m’a permis de me concentrer sur elle et son évolution, d’avoir toujours ce paramètre en tête. C’est encore plus particulier chez les femmes, avec le syndrome de la bonne élève, qui m’a moi-même empêchée de réclamer un poste dans mon expérience passée. »

Pour parler de ces sujets, l’idéal est d’organiser un temps d’échange mensuel, comme Clara le proposait à Sarah, « pour savoir comment ça va (surtout dans le contexte du covid et du télétravail permanent). »

Si Clara et Dorian étaient à l’initiative de ces rendez-vous avec leurs stagiaires, certains managers ne voient pas forcément la nécessité de ces points réguliers. Si tel est votre cas, ne vous privez pas de l’instaurer ! Ceux-ci permettent de mieux collaborer avec votre N+1, il appréciera sûrement votre prise d’initiative et vous créerez par la même occasion des opportunités pour évoquer votre futur dans l’entreprise.

3. Renseignez-vous sur le contexte de l’entreprise

Il peut arriver que malgré votre performance, l’entreprise ne puisse vous garder, à cause d’un contexte financier compliqué. Dans ce cas, la raison est claire et vous pouvez passer à un plan B. Sinon, l’important est de détecter les potentielles opportunités, pour ne pas tomber comme un cheveu sur la soupe au moment de réclamer un poste.

Quand la situation économique est en suspens, demander un CDD reste un bon entre-deux, comme ce contrat coûte moins cher au recruteur. À la fin du stage de Louise, Groover n’avait pas les moyens de la garder en CDI, Dorian lui a donc proposé un CDD, le temps de boucler sa levée de fonds et que Louise confirme son choix d’orientation.

Chez Voxe, Clara précise que la structure était encore très petite, ce qui a permis « à Sarah de tripler le CA de la boîte en trois mois. Elle a fait gagner l’argent dont on avait besoin pour la recruter, un phénomène propre aux métiers de vente. »

Vous aurez plus de chances de dégoter un poste à responsabilités dans une entreprise de petite taille et en croissance. Bien que ces dernières ont généralement peu de moyens pour recruter, leur contexte financier a le temps de changer au cours de votre stage. Vous entendez parler d’une levée de fonds, du départ prochain d’un collaborateur, de la création d’un pôle, ou d’un nouveau poste ? Autant de feux verts pour articuler sereinement votre envie de rester.

4. Assurez-vous que vous avez envie de jouer le tout pour le tout

Par réflexe et à l’issue de votre stage de fin d’études, vous allez avoir envie de décrocher un CDI et c’est normal ! Mais prenez le temps de faire une mise au point. Le but, répondre à LA question qui compte : ai-je (vraiment) envie de rester ici ? C’est le moment d’écouter votre intuition.

Ce feeling passe généralement par un style de management qui vous plaît. Louise s’est « sentie en confiance tout de suite » grâce à Dorian, qui « a identifié ses forces, ses faiblesses, là où elle pouvait s’améliorer. » Même chose pour Sarah, « Chez Voxe, on est très vite valorisé. Je ne connaissais rien en bizdev et je me suis rendue compte que j’étais douée. Quand je ramenais de l’argent à la boite, ça me faisait vibrer. »

À l’inverse, votre intuition peut vous indiquer de partir. Solène a finalement décliné sa proposition d’embauche, car « il y avait plus de missions que de postes, les problèmes de communication provoquaient des problèmes d’organisation. Aujourd’hui, deux personnes tiennent le poste que je tenais seule. »

Alors qu’on n’a pas forcément envie d’écouter notre petite voix intérieure quand elle nous indique d’être téméraire et de changer de projet, c’est la meilleure boussole à suivre pour s’assurer qu’on est à la bonne place.

Aussi, si vous sentez que l’entreprise profite de votre détermination pour vous en demander trop tout en vous laissant miroiter un CDI à la fin de votre stage, prenez tout de même vos précautions. Autrement dit, ne travaillez pas 50 heures par semaine pour un poste que vous n’êtes pas sûr de décrocher. Mesurez votre investissement, le maître de votre carrière, c’est vous !

5. Gardez l’oeil ouvert

Malgré vos efforts, vous comprenez que l’entreprise n’a aucune perspective d’embauche ? Ce n’est pas une fatalité pour autant. L’essentiel, c’est de prendre cette expérience pour ce qu’elle est : l’occasion d’acquérir des compétences et de créer un nouveau socle de relations pro. Ce stage est une étape parmi d’autres, considérez-le donc avec du recul, comme Sarah qui ne se projetait pas tout de suite dans un job de commerciale, ou comme Louise qui pensait reprendre son Master 2.

N’hésitez pas à poursuivre vos projets d’études, à rechercher d’autres entreprises qui recrutent, ou encore à networker avec vos collègues, qui seront ravis de vous recommander si votre stage se passe bien. Vous montrez ainsi que vous avez des plans B et votre manager aura alors tout intérêt à vous faire signe le premier pour vous garder, comme vous êtes déjà formé à vos tâches et familier à l’équipe. Dorian le maître de stage de Louise est formel, « si elle était partie, ça aurait été difficile de former à nouveau quelqu’un, ça prenait du temps que nous n’avions pas. »

Prendre du recul implique également de regarder ailleurs, car même si vous donnez tout, rien ne garantit que vous aurez un poste, soyez tactique et ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier.

Le tout, c’est surtout de vous donner les chances de bien performer en prenant en compte des facteurs d’épanouissement au travail, comme l’objet du poste, l’esprit d’équipe et la culture de l’entreprise. Vous vous donnez alors les chances de réussir votre mission, quitte à être rappelé(e) par votre maître de stage une fois les finances de l’entreprise ragaillardies, ou alors recommandé(e) et recruté(e) ailleurs, si l’entreprise ne peut pas vous garder. Créer un réseau en se forgeant une bonne réputation est la clé d’une vie professionnelle réussie, surtout en début de carrière.

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Article édité par Gabrielle Predko ; Photo by WTTJ.

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