Comment réussir son entretien d'embauche en espagnol ?

22 nov. 2023

6min

Comment réussir son entretien d'embauche en espagnol ?
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Sylvain Guillet

Journaliste web

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Prêt à troquer votre camembert pour du gaspacho et à mettre à profit ces cours particuliers d’espagnol que vos parents vous ont obligé à prendre au lycée ? Si vous postulez à un job qui se trouve dans un pays hispanique, il y a de fortes chances que l’entretien d’embauche se déroule dans la langue de Cervantes. Et avouez-le, vous flippez un peu. Mais voilà, vous voulez mettre un peu de picante dans votre vie et vous êtes donc plus motivé que jamais. Pour vous aider à mettre toutes les chances de votre côté, on vous livre nos conseils pour bien réussir votre entretien d’embauche en espagnol.

Existe-t-il vraiment des spécificités pour l’entretien d’embauche en espagnol ?

Rassurez-vous, les codes de l’entretien d’embauche en espagnol ne diffèrent pas tellement de ceux qu’on connaît en France. On note néanmoins que l’entrevue professionnelle en Espagne débute souvent par une conversation informelle pour briser la glace avant de passer aux choses plus concrètes. Cela peut être des questions pour savoir comment vous allez, si vous passez une bonne journée… Ne voyez pas cela comme un piège et contentez-vous d’être vous-même.

Contrairement à la France, le tutoiement est de mise en entretien, à moins que votre recruteur n’opte de lui-même pour le vouvoiement. En effet, en Espagne, le tutoiement est beaucoup plus répandu qu’en France, on vouvoie très rarement les gens, à part lorsqu’il s’agit de formalités administratives. Si le recruteur choisit néanmoins d’utiliser le vouvoiement, il vous faudra dès lors utiliser le fameux usted, qui consiste à conjuguer les verbes à la troisième personne du singulier pour marquer la politesse. « Pouvez-vous confirmer la réception de l’email ? » se dira donc : « ¿Puede confirmar la recepción del correo electrónico? »

Surtout, ne laissez pas les stéréotypes dicter votre conduite lors de l’entretien. Les Espagnols sont perçus comme des personnes chaleureuses et parfois indulgentes, mais cette image préconçue ne doit en rien influencer votre comportement face au recruteur. Ne faites pas la bise à votre interlocuteur (on lui serre la main) et soyez à l’heure à votre entretien, malgré tous les clichés qu’on peut entendre sur le « quart d’heure espagnol ».

Pour le reste, faites preuve d’enthousiasme et de dynamisme pendant votre entretien d’embauche en espagnol. Les recruteurs aiment que vous dévoiliez votre personnalité tout en mettant en avant vos compétences au poste que vous convoitez.

Se renseigner un minimum sur le monde du travail en Espagne

Chaque pays a ses spécificités culturelles et ses propres réglementations en matière de travail. Il est donc important de se renseigner en amont sur les différences avec la France, pour ne pas paraître surpris lors de vos échanges avec le recruteur :

La semaine de 40h

Si vous pensiez que les Espagnols passaient leur temps à faire la sieste, c’est raté. Dans la péninsule Ibérique, la durée légale du travail pour un temps complet est fixée à 40h, contre 35h en France. Ainsi, si vous abordez le sujet des horaires pendant un entretien d’embauche en espagnol, ne faites pas de grands yeux ronds à votre recruteur lorsqu’il celui-ci vous expliquera que vous travaillerez de 9h à 18h.

La journée intensive

Pendant l’été, lorsque les températures sont élevées et qu’on préfère passer son après-midi à la plage plutôt que devant l’ordinateur, un grand nombre d’entreprises instaurent la jornada intensiva, ou journée intensive. Propre à l’Espagne, ce modèle de travail permet de terminer sa journée à 15h, en commençant un peu plus tôt (8h) et en raccourcissant la pause-déjeuner. Cerise sur le gâteau : certains employeurs permettent même à leurs salariés de terminer à 15h tous les vendredis de l’année, pour pouvoir profiter d’un week-end (un peu) plus long.

La réunionite, une tradition Hispanique

Les réunions font partie intégrante de la culture d’entreprise en Espagne. Préparez-vous donc à en faire un grand nombre si vous travaillez là-bas. Elles sont souvent plus informelles que dans d’autres pays, et débutent généralement par des discussions légères à caractère plus personnel. Ainsi, ne soyez pas surpris si votre manager vous demande vos plans du week-end durant vos meetings.

3 questions à préparer pour un entretien d’embauche en espagnol

Il est important d’anticiper les questions du recruteur pour bien préparer un entretien d’embauche en espagnol. Voici 5 questions types que les recruteurs adorent vous poser :

1 - « Hábleme de usted » (« Parlez-moi de vous »)

Se présenter en entretien est un moment incontournable lorsque vous vous retrouvez face au recruteur. Inutile de débiter un discours millimétré qui résume votre vie de votre naissance à aujourd’hui. Évoquez ce que vous avez fait, ce que vous aimez faire et ce que vous aimeriez faire. L’important est de dresser un tableau de votre parcours professionnel, en ajoutant les éléments de votre vie personnelle qui peuvent aider le recruteur à se faire une idée plus précise de vous et de votre compatibilité avec le poste. Pour pouvoir parler de vous au passé, pensez à réviser les conjugaisons des verbes au pretérito perfecto (passé composé) et au pretérito indefinido (passé simple). N’oubliez pas non plus de parler de vos compétences, techniques ou autres.

2 - « ¿Cuál cree que es su mayor debilidad? » ( « Quel est votre plus gros point faible ? »)

Beaucoup redoutent cette question, et nous sommes au regret de vous apprendre que les recruteurs espagnols en raffolent autant qu’en France. Parler de ses défauts en entretien d’embauche est un exercice périlleux, qui requiert de la préparation et de l’honnêteté. Mentionnez un défaut en veillant à souligner les mesures que vous avez prises pour le surmonter ou les stratégies que vous avez mises en place pour compenser ce défaut. En mettant l’accent sur votre capacité à prendre conscience de vos faiblesses et à travailler sur vous-même, vous démontrez votre engagement envers l’amélioration continue et votre volonté de vous adapter aux exigences du poste. Parfois, les recruteurs préfèrent repérer les soft skills de leurs candidats en leur demandant ce qu’ils aiment faire, plutôt que de les faire se sentir « piégés » avec la question des points faibles.

Voici quelques exemples de défauts traduits en espagnol, dont vous pourriez vous inspirer le jour J :

« Soy competitivo »(« Je suis compétitif »)
« Soy un idealista » (« Je suis idéaliste »)
« Soy tímido » (« Je suis timide »)
« Soy un soñador » (« Je suis un rêveur »)
« Soy torpe » (« Je suis maladroit »)
« Soy conformista » (« Je suis conformiste »)

Bien entendu, on fait une croix sur le faux défaut typique que semble posséder 99 % des candidats : le perfectionnisme. C’est un NON absolu.

3. « ¿Por qué le interesa trabajar en esta empresa? » (« Pourquoi voulez-vous rejoindre cette entreprise ? »)

C’est une question universelle dans le monde du recrutement que l’on retrouve donc logiquement lors d’un entretien d’embauche en espagnol. Pour y répondre efficacement, il est important de démontrer votre intérêt pour l’entreprise et votre compréhension de sa culture et de ses valeurs. Il faut toujours bien se renseigner sur l’entreprise, et surtout sur le job en lui-même.

En entretien, il est important de démontrer que vous avez compris la nature du poste et de ses responsabilités. De même, mettez en évidence les aspects spécifiques de l’entreprise qui vous attirent, que ce soit ses produits ou services, sa mission ou encore son style de management. Montrez également en quoi vos compétences et votre expérience correspondent aux besoins de l’entreprise, en soulignant votre motivation à contribuer à sa croissance et à son succès. Enfin, insistez sur l’adéquation entre vos aspirations personnelles et les opportunités offertes par ce job.

Astuce : des sites comme Indeed ou Glassdoor permettent de trouver des avis laissés par les (ex-)employés sur les entreprises. C’est un excellent moyen de découvrir la culture de travail à laquelle vous pouvez vous attendre à votre futur poste.

Le vocabulaire à connaître pour un entretien d’embauche en espagnol

Si vous décidez de participer à un entretien d’embauche en espagnol, votre niveau dans cette langue doit être suffisamment avancé pour pouvoir tenir une conversation professionnelle avec votre recruteur. Néanmoins, il est toujours utile de se rafraîchir la mémoire avec un pense-bête « spécial business ».
Voici une liste de termes courants dans le monde de l’entreprise et la recherche d’emploi :

Entrevista : Entretien
Empresa : Entreprise
Experiencia : Expérience
Habilidades : Compétences
Presupuesto : Devis/Budget
Logros : Réalisations
Desafíos : Défis
Responsabilidades : Responsabilités
Objetivos : Objectifs
Equipo : Équipe
Investigación y desarrollo (I+D) : Recherche & Développement (R&D)
Adaptabilidad : Adaptabilité
Motivación : Motivation
Comunicación : Communication
Proactividad : Proactivité
Recursos humanos : Ressources humaines
Éxito : Succès
Aprendizaje : Apprentissage
Actitud : Attitude
Expectativas : Attentes
Adaptabilidad : Adaptabilité
Comunicación efectiva : Communication efficace
Desarrollo profesional : Développement professionnel
Recursos : Ressources
Resultados : Résultats
Multitarea : Multitâche
Iniciativa : Initiative
Flexibilidad : Flexibilité
Autonomía : Autonomie
Jornada completa : Temps plein

N’hésitez pas à noter les termes les plus importants - ou ceux que vous avez le plus de mal à retenir - sur un bout de papier pour faire un peu de « révisions » avant l’entretien.

Faut-il chasser notre vilain accent français ?

Malgré les nombreuses heures passées devant le miroir à essayer de rouler les R comme un véritable castillan, rares sont ceux qui parviennent à effacer complètement leur accent français… et ce n’est pas grave ! L’accent est un marqueur d’identité, il n’y a aucune honte à en posséder un, et les recruteurs ne vous en tiendront pas rigueur lors d’un entretien d’embauche. À condition, bien sûr, de faire suffisamment attention à la prononciation des mots de manière à être compris par votre interlocuteur. Si l’accent n’est pas mal vu, la fluidité et le niveau de maîtrise de la langue espagnole vont pour leur part forcément constituer un avantage. Ce qui compte, c’est donc votre capacité à vous exprimer, par la manière dont vous le faites. D’ailleurs, certains vont même jusqu’à dire que el acento francés n’est pas dépourvu de charme, à bon entendeur…

Finalement, l’important est de pouvoir tenir une conversation avec votre recruteur et de démontrer votre maîtrise du vocabulaire technique en lien avec le job auquel vous postulez. En France, nous avons une tradition puriste de la langue qui nous rend assez intolérants aux accents ; nous sommes d’ailleurs les premiers à nous moquer du french accent en anglais lorsque nous l’entendons chez quelqu’un. Pourtant, que ce soit en Espagne ou dans les pays anglophones, l’héritage multiculturel a rendu les accents tout à fait banals. Dans les grandes villes d’Espagne comme Barcelone ou Madrid, il n’est pas étonnant de croiser des personnes d’origine mexicaine, colombienne, péruvienne, argentine… lesquels parlent tous la même langue mais avec des accents différents, et sans que cela ne choque personne ! Jetez donc vos appréhensions à la poubelle et foncez ! On vous attend de l’autre côté des Pyrénées.

Article édité par Gabrielle Predko ; Photo par Thomas Decamps.