5 conseils pour réussir son sourcing en recrutement

27 févr. 2024

8min

5 conseils pour réussir son sourcing en recrutement
auteur.e
Sylvain Guillet

Journaliste web

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Le sourcing est au cœur d'une stratégie de recrutement réussie. Voici 5 conseils pour constituer un vivier de candidats qualifiés.

À l’heure où 61 % des entreprises rencontrent des difficultés de recrutement et que le turn-over ne cesse de croître (et de vous coûter cher, le sourcing apparaît en ligne de mire pour contrer ces tendances. Or, une recherche de candidats efficace ne repose pas tant sur la quantité, mais plutôt sur la qualité des profils identifiés. Et c’est bien là toute la difficulté du sourcing ! Pour vous aider à mieux maîtriser cette phase préliminaire du processus de recrutement, nous sommes partis à la rencontre de deux expertes du sujet : Rachel Ballandras, recruteuse depuis 15 ans et directrice de Human Wealth by In Extenso, un cabinet de conseil en RH spécialisé dans le recrutement de cadres supérieurs et managers ; et Virginie Gonand, fondatrice de Talentside, un cabinet de conseil RH et de recrutement. Elles nous donnent 5 conseils pour réussir le sourcing candidat.

Le sourcing : aux racines d’un recrutement efficace

Le sourcing désigne l’ensemble des méthodes utilisées pour identifier, attirer et engager des candidats potentiels pour une entreprise, selon des critères personnalisés. Le but ? Constituer un vivier de profils qualifiés pour un poste à pourvoir, ou pour de futurs besoins en recrutement. « Il y a 3 typologies de sourcing : la diffusion d’annonce, qui s’adresse à des candidats en recherche active d’emploi ; la recherche de CV sur des CVthèques, où l’on trouve des profils qui sont à l’écoute d’opportunités puisqu’ils ont déposé leur CV ; et puis il y a la vraie chasse, qu’elle se fasse via LinkedIn, des forums, Google… pour des candidats qui ne sont pas forcément à l’écoute d’opportunités », explique Rachel Ballandras. On peut alors classifier le sourcing candidat en 2 approches distinctes :

  • Le sourcing actif :

C’est une démarche proactive où les recruteurs recherchent et contactent directement des candidats potentiels, souvent ceux qui ne sont pas activement à la recherche d’un nouvel emploi mais qui possèdent les compétences et l’expérience requises pour le poste. Cette méthode permet d’établir le contact avec des talents hautement qualifiés, qui ne sont pas accessibles par des moyens de recrutement passifs. La chasse de tête et la recherche booléenne sont au cœur du sourcing actif !

  • Le sourcing passif :

Le sourcing passif repose sur des stratégies visant à attirer des candidats vers l’entreprise, en encourageant ceux qui sont intéressés par de nouvelles opportunités à postuler de leur propre initiative. Cela implique la diffusion d’offres d’emploi sur différents jobboards et sur la page carrière de l’entreprise, ainsi que la mise en place d’une stratégie de marque employeur pour créer un environnement attractif qui attire les talents.

5 conseils pour réussir son sourcing en recrutement

1. Ne vous trompez pas de canaux

Quand vous vous engagez sur la route du recrutement, la clé est de bien choisir entre la départementale ou la nationale. Il ne s’agit pas de balancer votre annonce sur tous les canaux de sourcing qui vous tombent sous la main, mais de sélectionner judicieusement ceux qui vous apporteront les candidats les plus qualifiés pour le poste que vous recherchez : « La première des choses à faire est de bien connaître les différents canaux de sourcing, de les identifier par secteur et/ou métier, et ensuite d’utiliser le plus pertinent selon le besoin. Par exemple, pour des fonctions support, il est intéressant de faire du sourcing sur des jobboards tels que Indeed, HelloWork ou encore Apec. Alors que pour des fonctions tech ou dans le digital, LinkedIn est selon moi un incontournable», estime Virginie Gonand.

Voici quelques-uns des principaux canaux de sourcing accessibles aux recruteurs :

  • Les jobboards : les sites d’emploi restent un incontournable, et sont encore utilisés par près de 9 recruteurs sur 10. Ils offrent un excellent support de visibilité, mais la pertinence des candidatures est parfois limitée. A vous de choisir un jobboard adapté à votre candidate persona pour limiter les CV peu qualifiés. « Dans notre cas, pour une population cadre, on ne fait quasiment que du LinkedIn. Depuis peu, on utilise aussi HelloWork pour les profils “middle”, c’est-à-dire les profils entre 35 et 50K en marketing et en commercial. Mais LinkedIn reste l’incontournable, aussi bien pour la partie annonce que pour la partie chasse », relate Rachel Ballandras.

  • La cooptation : cette méthode de recrutement consiste à faire appel au réseau personnel ou professionnel des collaborateurs de l’entreprise pour combler un poste. Ce canal a le vent en poupe : 76 % des programmes de recrutement par cooptation ont moins de 5 ans. L’engouement est justifié, puisque la cooptation est non seulement bon marché, mais elle permet surtout d’attirer des talents qualifiés et naturellement compatibles avec votre culture d’entreprise (puisqu’ils sont recommandés par vos propres collaborateurs) !

  • Les réseaux sociaux : n’oublions pas que LinkedIn n’est pas le seul réseau social à offrir des opportunités en termes de recrutement : « Nous pouvons plus facilement entrer en contact avec des personnes qui étaient inaccessibles il y a encore quelques années. Cela nous a fait gagner beaucoup de temps. Dans certains secteurs d’activité, des recruteurs font du sourcing sur Facebook, Instagram, SnapChat, TikToK, cela fonctionne très bien auprès de la nouvelle génération qui sort de l’école. Cela permet aussi de faire un lien immédiat avec les centres d’intérêts de la personne et donc d’avoir encore plus d’impact en tant que recruteur. Et cela permet bien souvent de gagner en réactivité grâce à l’effet d’immédiateté des messages. », souligne Virginie Gonand.

  • Page carrière de l’entreprise : tout simplement ! Poster des annonces sur le site web de l’entreprise permet d’avoir un meilleur contrôle sur votre marque employeur.

  • La chasse : c’est du sourcing direct. On va chercher les candidats qualifiés plutôt que de les laisser venir à nous. Cela permet notamment de contacter des profils compétents déjà en poste, qui n’envisagaient pas forcément de changer d’emploi mais qui sont potentiellement intéressés par ce qu’on a à leur offrir. Pour réussir votre sourcing direct, vous devrez maîtriser les différentes techniques de la recherche booléenne.

2. Oui à la qualité, non à la quantité

Le monde du recrutement a beaucoup changé ces dernières années. L’approche traditionnelle reposait sur le volume, alors qu’aujourd’hui il est essentiel d’avoir une approche personnalisée du candidat : Une erreur courante est de faire du travail trop peu qualitatif. Par exemple, sur LinkedIn, c’est de ne pas faire de mail personnalisé car on veut faire trop de volume et toucher beaucoup de personnes d’un coup. On va donc créer un message générique et cela ne marche pas. On risque aussi de proposer des postes à des personnes qui ne leur correspondent pas, et cela passe très mal ! Dès le mail d’approche, il faut spécifier à la personne pourquoi on la projette dans le poste par rapport à son parcours.* », avertit Rachel Ballandras.

Cela vaut aussi pour les annonces : attention à ne pas rédiger une offre d’emploi trop générique, dans laquelle les candidats n’arriveront pas à se projeter ! Travaillez-donc l’attractivité de votre annonce en ayant une bonne connaissance de votre audience cible et de ses aspirations professionnelles, tout en décrivant précisément le poste et ses avantages.

Au final, l’énergie supplémentaire que vous allez consacrer à personnaliser votre sourcing sera du temps économisé sur votre recrutement : « Je pense aussi que la qualité vaut mieux que la quantité. Personnellement, je prends toujours le temps de vérifier que mon candidat correspond bien au profil que je recherche. Cela me prend beaucoup de temps, mais j’ai un bon taux de réponse et je tombe peu à côté. Contacter en masse, c’est le risque de passer ensuite beaucoup de temps au téléphone avec des candidats qui ne correspondent pas à mes attentes, et donc de perdre finalement du temps. », témoigne Virginie Gonand.

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3. Soyez persévérant

Le recrutement est un processus long et parfois imprévisible. Face à la concurrence croissante sur le marché du recrutement et la pénurie de talents dans certains secteurs, être persévérant est la clé pour rester engagé dans le processus de recherche et ne pas abandonner face à la concurrence. « Il ne faut pas se décourager. Chaque nouveau poste et chaque nouvelle stratégie de sourcing est un vrai challenge. Parfois, ça prend beaucoup de temps et beaucoup d’ingéniosité pour réussir à trouver les bons candidats. On finit généralement par y arriver, mais cela demande une très forte ténacité.», assure Rachel Ballandras. Le sourcing n’est donc pas qu’une question de hard skills, il faut également ajouter à vos compétences soft skills comme la patience et la pugnacité !

4. Tranchez la question de l’IA

Voilà un sujet qui polarise les débats dans tous les secteurs, et auquel le monde du recrutement n’échappe pas. Alors quelle place pour l’Intelligence Artificielle (IA) lors de la phase de sourcing candidat ? Nos deux expertes nous donnent leur avis :

  • Pour :

« Clairement, un gain de temps car nous avons les moyens d’aller plus vite et plus loin. Ces outils sont puissants. J’ai commencé le recrutement il y a presque 20 ans, et quand je regarde le chemin parcouru avec les différents outils, je ne reviendrais plus en arrière. En plus de tout cela, il y a un côté prédictif que nous apporte l’IA qui peut faire peur, mais qui est tellement puissant que cela va nous aider à aller, pousser encore plus loin le sourcing candidat », selon Virginie Gonand. Pour le sourcing candidat, l’intelligence artificielle (IA) offre de belles promesses sur différentes fonctions : capacités d’analyse de données avancées, matching automatisé des profils, recommandations personnalisées de candidats, recherche proactive sur les plateformes en ligne, évaluations automatisées des compétences, réduction des biais dans le processus de recrutement, etc.

  • Contre :

« Pour nous, l’Intelligence Artificielle dans le sourcing, c’est pas dingue. L’IA est très utile dans de nombreux domaines, et ça peut donner des idées d’accroche ou de textes pour les annonces. Mais nous avons beaucoup creusé la question de l’automatisation : on s’est renseigné, et tout le monde s’accorde à dire que pour le moment, ce n’est pas du tout fiable. C’est un outil intéressant de support, mais ce n’est pas encore du tout abouti pour nous faire gagner du temps sur la recherche», observe Rachel Ballandras. Restons donc prudents et ne nous emballons pas trop vite au sujet de l’IA ! Malgré les progrès importants réalisés en peu de temps, elle n’est pas encore suffisamment fiable pour remplacer entièrement les processus de recherche manuelle. C’est un outil intéressant pour compléter le travail des recruteurs, mais qui n’a pas encore atteint un stade de développement abouti permettant de réellement gagner du temps dans le sourcing.

5. Mesurez l’efficacité de votre stratégie de sourcing

Évaluer l’efficacité de votre stratégie de sourcing est un élément fondamental pour optimiser vos activités de recrutement ! En effectuant une analyse régulière des performances de vos canaux de sourcing, vous serez en mesure d’identifier les méthodes les plus efficaces pour attirer des candidats de qualité. Des indicateurs clés (KPIs) tels que le taux de conversion des candidats, le coût par recrutement et le délai de pourvoir un poste offrent des insights précieux sur l’impact réel de vos initiatives de sourcing : « On est capable d’identifier chaque CV par rapport à sa source. On utilise un ATS (outil de suivi des candidatures, ndlr) interne, ce qui permet ensuite de faire des statistiques à partir des extractions, et de contrôler l’efficacité de notre stratégie à chaque étape du recrutement», détaille Rachel Ballandras. Une fois encore, l’IA fait ici son entrée : « Des outils existent aujourd’hui pour faciliter le suivi des KPIs. Je pense notamment à Jarvi qui propose un outil de sourcing (ATS) qui permettrait de suivre les KPIs de manière automatisée, en plus d’automatiser encore bien d’autres tâches (envoi de campagne emailing, envoi de réponse…).», ajoute Virginie Gonand. En utilisant ces données pour ajuster et perfectionner votre stratégie de sourcing, vous serez en mesure d’améliorer votre rendement global et d’accélérer l’acquisition des meilleurs talents pour votre entreprise.

Finalement, le sourcing, c’est comme le solfège. C’est une base qu’on doit maîtriser pour pouvoir ensuite composer une bonne partition RH. L’évolution rapide du monde du recrutement demande une adaptation aux nouvelles contraintes de la recherche de candidats. Il ne n’agit donc pas de revenir aux sources, mais bien de trouver de nouvelles façons d’optimiser son sourcing !


Article édité par Alix Mardon, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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