Le compte personnel de formation : au-delà des arnaques, comment en bénéficier ?

07 févr. 2022 - mis à jour le 01 févr. 2022

6min

Le compte personnel de formation : au-delà des arnaques, comment en bénéficier ?
auteur.e
Gabrielle de Loynes

Rédacteur & Photographe

[Article initialement publié le 14 juin 2021, mis à jour le 7 février 2022]

Vous avez envie d’ajouter une corde à votre arc, de continuer à vous former pour enrichir votre profil, vous rendre plus employable ou tout simplement progresser dans votre job ? Malheureusement, si vous ne manquez pas de volonté, financièrement, c’est plus compliqué…

Et si vous puisiez dans votre compte personnel de formation, cette cagnotte dédiée à la formation sur laquelle vous cumulez peut-être depuis des années sans le savoir ? On vous en dit plus…

Le CPF, qu’est-ce que c’est ?

Un compte pour toute la vie professionnelle

Anciennement DIF (droit individuel à la formation), le compte personnel de formation permet de comptabiliser des droits individuels pour vous former, en mettant des sous de côté spécifiquement dédiés. Sa mission ? Contribuer à votre future employabilité et à la légitimation de votre parcours professionnel en vous donnant le droit de vous former. Il concerne toute personne dite « active », à partir de ses 16 ans et ce jusqu’à son départ à la retraite. Le CPF est rattaché à votre personne et non plus à votre statut ou à votre contrat de travail comme cela était le cas pour le DIF. Peu importe si vous changez de job ou vous reconvertissez, il vous suivra tout au long de votre vie professionnelle. Vos droits restent acquis !

Un compte personnel pour tous

Le CPF s’adresse à tous, ou presque. Vous pouvez en bénéficier si vous avez 16 ans et plus, ou 15 ans si vous avez signé un contrat d’apprentissage. Vous êtes donc éligible si :

  • Vous êtes salarié à temps plein
  • Vous êtes salarié à temps partiel
  • Vous êtes travailleur indépendant
  • Vous êtes agent public (fonctionnaire, contractuel ou ouvrier d’État)
  • Vous êtes demandeur d’emploi et avez cumulé des droits à la formation au cours d’une précédente période d’activité, peu importe la durée
  • Vous êtes une personne handicapée travaillant dans un Esat
  • Vous êtes saisonnier et un accord cadre ou une décision de l’employeur prévoit votre droit au CPF.

Le CPF en application

Maintenant que ces acronymes n’ont plus de secret pour vous, on vous explique comment appliquer le CPF à votre situation.

Qu’est devenu mon DIF ?

Rappelez-vous, le CPF s’est substitué au droit individuel à la formation (DIF) le 1er janvier 2015. Si vous travailliez avant 2015 et que vous avez donc cumulé des heures de DIF, que sont-elles devenues ? La loi a prévu le coup : les heures que vous n’avez pas consommées ont été transférées vers votre nouveau CPF. Pour cela, vous avez normalement dû inscrire le montant de vos droits (DIF) sur le site www.moncompteformation.gouv.fr, avant le 30 juin 2021. Si vous avez loupé le coche, vous avez malheureusement perdu ces droits.

Créer son compte en ligne

Bonne nouvelle, pas besoin de parcourir des kilomètres de couloirs administratifs pour accéder à votre CPF : il vous suffit de vous rendre sur le site officiel et de créer votre espace personnel sécurisé.
Pour quoi faire ? C’est très simple, votre compte vous permettra de connaître votre crédit de formation en euros, d’obtenir des informations sur les formations dont vous pouvez bénéficier, et d’avoir accès aux tarifs et aux moyens de financement.

Comment l’alimenter ?

Autrefois comptés en heures, vos droits sont aujourd’hui acquis en euros, et ce depuis le 1er janvier 2019. Les heures acquises au titre de votre ancien DIF sont elles aussi converties en euros à raison de 15 euros par heure (enfin ça, c’est si vous n’avez pas oublié de les transférer !)

Le CPF est géré par la Caisse des dépôts et consignations. Il est automatiquement alimenté à la fin de chaque année et, dans le cas échéant, complété par des versements (à votre initiative ou à celle de votre employeur). Il est calculé au prorata pour les salariés dont le temps de travail est inférieur à 50 % du temps complet. En fonction du temps de travail et du fait que vous exerciez une activité ou non, les montants acquis au titre de vos droits à la formation et les plafonds associés varient entre 500 et 800 euros par an.

N.B : les jours d’absence pour congé familial (maternité, paternité, adoption), maladie professionnelle ou accident du travail sont entièrement pris en compte dans le calcul des droits à la formation, vous cumulez donc toujours des heures même pendant ces périodes à vide.

Comment l’utiliser ?

Vous êtes le seul à pouvoir utiliser vos droits et n’avez même pas toujours l’obligation d’avertir votre entreprise si vous le faites. Si vous êtes salarié et que la formation a lieu hors de votre temps de travail, vous n’avez aucune autorisation à demander à votre employeur. En revanche, le temps que vous y consacrerez ne sera pas ni indemnisé ni rémunéré.

Si la formation a lieu en partie ou en totalité sur le temps de travail, l’accord de votre employeur est nécessaire. Vous êtes alors tenu de lui demander son autorisation au minimum 60 jours avant le début de la formation si elle dure moins de six mois et 120 jours avant dans les autres cas. À compter de la notification de cette demande, votre employeur dispose de 30 jours pour y répondre. S’il n’y répond pas, tant pis, le silence vaut acceptation !

N.B : les heures de formation effectuées pendant le temps de travail sont assimilées à un temps de travail effectif et donnent lieu au maintien de votre rémunération.

Qui paye ?

Si le solde en euros de votre CPF est suffisant, vous pouvez bénéficier d’une formation correspondant au montant que vous avez cumulé. S’il est insuffisant, elle peut être financée par l’OPCA (organisme paritaire collecteur agréé) dont dépend votre entreprise en fonction de son secteur. Il collecte, mutualise et redistribue les obligations financières des entreprises en matière de formation pro.

Plusieurs options s’offrent à vous pour en bénéficier : vous pouvez directement demander à votre employeur de faire la démarche nécessaire auprès cet organisme, ou si vous souhaitez rester discret, passez par les délégués du personnel ou indiquez le code DIF ou APE (renseigné sur votre fiche de paie) de votre entreprise sur ce site Internet : www.questionformation.com/liste-opca. Vous pouvez également le compléter vous-même et demander à votre employeur d’y abonder.

Attention aux arnaques !

Il arrive malheureusement que certains organismes de formation peu scrupuleux se fassent passer pour des salariés de Mon Compte personnel de Formation et tentent de nous faire croire que notre argent cumulé est en passe de périmer pour nous pousser à acheter une formation payante. Vous savez, tous ces appels que vous recevez au quotidien et qui s’apparentent de plus en plus à du harcèlement ? Il s’agit d’arnaques ! D’après une enquête du site Que Choisir, entre 10 et 12 millions d’euros auraient été détournés grâce à cette technique de fraude. Alors soyez vigilants : ne communiquer vos identifiants à personne. Et rappelez-vous qu’en réalité, il y a peu de chance qu’un membre du personnel (officiel cette fois-ci) de Mon Compte Personnel de Formation vous contacte.

Les formations éligibles

Difficile de s’y retrouver dans la jungle des formations professionnelles… Heureusement, le site officiel du compte personnel de formation répertorie, depuis janvier 2019, la liste officielle des formations disponibles. On vous a résumé la situation !

Obtenir une certification professionnelle

Ce sont des formations qui débouchent sur une qualification ou une certification professionnelle. Elles permettent ainsi aux demandeurs d’emploi ou aux personnes en reconversion professionnelle d’accéder facilement à un métier « qui recrute » (auxiliaire de vie sociale, aide-soignant, serveur, aide-cuisinier, attaché commercial, agent de sécurité, infirmier, etc.)

Acquérir des connaissances et compétences de base

« CLéA ». Non, il ne s’agit pas du nom du dernier modèle girly de Renault ou du nom d’une nouvelle ligne de TER. Derrière ce pseudo attrayant se cache une série de formations éligibles au CPF prodiguant un « socle de connaissances et de compétences », à savoir les compétences de base nécessaires dans n’importe quel domaine professionnel. Tout un programme. Concrètement, la formation donne accès à un certificat qui vous permet d’évaluer vos compétences dans sept domaines clés :

  • S’exprimer en français
  • Calculer, raisonner
  • Utiliser un ordinateur
  • Respecter les règles et travailler en équipe
  • Travailler seul et prendre des initiatives
  • Avoir l’envie d’apprendre
  • Maîtriser les règles de base : hygiène, sécurité, environnement

Son objectif ? Offrir un diplôme à ceux qui n’en ont pas. Autrement dit, il s’adresse à ceux qui n’ont pas ou peu de qualifications académiques, mais qui veulent prouver à leur futur employeur qu’ils maîtrisent les compétences de base.

Valider des acquis d’expérience

Dès lors que vous justifiez d’au moins un an d’expérience professionnelle dans un domaine, vous pouvez obtenir une certification susceptible d’en attester, et ce, quel que soit votre métier. Ce diplôme, titre ou certificat (cela dépend des “formations”) doit seulement être inscrit au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), il vous suffit de faire une recherche sur le site. La première étape consiste à remplir un dossier pour vérifier votre éligibilité, puis vous devez remplir un second dossier pour détailler votre expérience et enfin vous présenter à un jury de validation. Cela permet de mettre en cohérence sa certification avec son niveau de responsabilités et de booster sa confiance en soi. Ici, les CPF vous permettent de financer l’accompagnement dans ces démarches. Un consultant vous aide à vous positionner sur le bon diplôme et à préparer votre livret.

Toujours plus de formations

Dans le but de vous donner absolument tous les outils pour rester dans la course sur le marché de l’emploi, vous avez également la possibilité de passer votre code ou votre permis de conduire, de suivre des cours pour lancer votre entreprise ou auto-entreprise, et même de réaliser un bilan de compétences

Maintenant que vous en savez plus sur ce petit trésor pour lequel vous cumulez, profitez-en ! Et gare aux arnaques !

Photo by WTTJ