20% des cadres français pensent au travail pendant l’amour
21 nov. 2019
3min
Journaliste
Vous n’avez jamais fait l’amour au travail ? Plutôt normal. Mais avez-vous déjà travaillé en faisant l’amour ? Non ? Vous êtes sûr… ? À en croire une récente étude de l’Ifop et Mooncard, 20% des cadres français avouent qu’il leur arrive de penser au travail en faisant l’amour. Mais ce que cette étude révèle surtout, c’est que la frontière qui sépare notre vie personnelle de notre vie professionnelle devient de plus en plus floue. Le travail est omniprésent, dans nos journées comme dans nos pensées, et nous suit jusque dans nos moments “privés”. Déchiffrage.
Le travail s’invite dans notre vie privée
Selon l’étude de l’Ifop et Mooncard, 95% des cadres pensent encore au travail le soir, une fois rentrés chez eux. Ils sont même 60% à y penser « souvent » et 35% « de temps en temps ». Quant aux 5% restants, ils représentent la petite minorité de chanceux pour qui le travail reste au travail. Et qu’en est-il du week-end ? Les cadres français font-ils un break ? Et bien non, même constat : 94% des interrogés pensent au travail pendant leurs congés de fin de semaine, normalement réservés aux loisirs ou à la famille. Le travail s’accrocherait donc au cortex des cadres et les suivrait bien au-delà du seuil de la porte de leur bureau… et ce, jusque dans leur lit ! Un cadre sur cinq (20%) pense en effet parfois au travail sous la couette. Et parmi les cadres qui reconnaissent penser « souvent » au travail le soir (60%), un sur deux (50%) serait dérangé pendant l’acte sexuel par des pensées relatives à des sujets professionnels.
De quoi alimenter les inquiétudes des professionnels de santé au sujet de la surcharge mentale au travail et de ses dangers, clairement mis en lumière dans cette étude. D’ailleurs, il est intéressant de noter à ce propos que, toujours selon l’ifop, les personnes qui ont le plus de mal à déconnecter ont davantage tendance à souffrir de troubles du sommeil et de tensions avec leurs proches que les autres. Qu’est-ce qui explique cette surcharge mentale chez les cadres ?
La faute à un volume de travail démesuré ?
Si la charge mentale des cadres est aussi encombrée par le travail - au point d’y penser durant leur temps libre et même pendant leurs ébats - c’est en grande partie à cause du volume excessif de missions qu’ils ont à réaliser. Parmi les personnes interrogées, 77% se plaignent d’avoir trop de choses à gérer en même temps et pour 81% d’entre eux, cela ne va qu’en s’empirant au fil de leur carrière. Une situation insoutenable pour 80% de cadres qui ont « l’impression de ne pas s’en sortir. »
En y regardant de plus près, c’est surtout l’impression de perdre du temps sur des tâches qu’ils considèrent désagréables et/ou inutiles qui ressort de leurs réponses. Ils sont quand même 74% à pointer le trop grand volume de mails qu’ils ont à gérer et 63% d’entre eux reconnaissent qu’il s’agit d’une tâche pénible, au même titre que les réunions (pour 63% des interrogés) et les obligations de reporting (pour 59%). Ajoutées aux sollicitations extérieures, aujourd’hui exacerbées avec le développement des technologies de l’information et de la communication (Slack, notifications, google agenda, etc.), il semblerait que ces tâches viennent perturber leur attention et indirectement leur efficacité au travail. Cela pourrait expliquer l’impression largement partagée des cadres de crouler sous le travail mais également leur “besoin” d’inviter leur travail chez eux.
Des réponses (légèrement) variables selon le profil des cadres
Si on peut dire que la majorité des cadres sont victimes de surcharge mentale professionnelle, on constate tout de même quelques différences selon les profils. Les cadres avec deux enfants ou plus ont plus de mal à déconnecter que les cadres sans enfant. Peut-être la conséquence d’une pression plus importante sur les épaules de ceux qui ont le plus de bouches à nourrir. Autre différence notable, les grosses entreprises seraient plus propices à la surcharge de travail : ainsi, 83% des cadres qui travaillent dans des structures de plus de 5 000 personnes se plaignent de devoir gérer trop d’e-mails, contre seulement 60 % de ceux dont l’entreprise compte moins de 20 salariés.
Des différences entre secteur public et secteur privé sont à relever aussi : les cadres du public sont ainsi plus nombreux à subir la surcharge mentale liée au travail que ceux du privé. Ils sont en moyenne plus stressés au travail, ils y pensent plus souvent le week-end et sont plus nombreux à reconnaître avoir du mal à concilier vie professionnelle et vie privée. De quoi prendre le contre-pied des clichés du secteur public qui suggèrent une charge de travail moindre. En revanche, c’est un autre cliché qui a l’air de se confirmer dans l’étude, puisque la surcharge de travail des cadres du secteur public reposerait en grande partie sur la « paperasse et la gestion administrative », trop présente et surtout plus élevée que dans le privé.
Bien que les chiffres cités soient assez impressionnants, ils ne sont pas surprenants pour autant, et c’est bien le problème. Heureusement, il est toujours possible d’améliorer son organisation individuelle pour déconnecter plus facilement et de plus en plus d’entreprises prennent conscience de la nécessité de trouver des solutions internes pour lutter contre ce phénomène. Mais une chose est sûre : si le travail occupe autant de place dans nos vies, au point de “polluer” nos temps libres et même intimes, il est d’autant plus important de choisir un métier où l’on s’épanouit !
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Photo d’illustration by WTTJ
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