Profil expérimenté : 10 questions à poser au recruteur en entretien d'embauche

14 déc. 2023

5min

Profil expérimenté : 10 questions à poser au recruteur en entretien d'embauche
auteur.e
Pauline Allione

Journaliste independante.

contributeur.e

Passé la quarantaine, on commence à avoir une certaine connaissance du marché du travail. Outre l’expertise professionnelle acquise, on conscientise également mieux nos priorités individuelles, nos aspirations et à l’inverse, ce dont on ne veut plus. En quoi des années d’expérience peuvent-elles changer la donne lors d’un entretien d’embauche ? Une dizaine de profils expérimentés nous ont parlé de “la” question qu’ils ne manqueraient pas de poser, s’ils repassaient un processus de recrutement à ce stade de leur carrière.

« Quelle évolution peut-on envisager sur ce poste ? » - Véronique, 53 ans, rédactrice technique au sein d’un bureau d’études

Au bout de quelques temps, il arrive que l’on stagne dans un poste et les formations constituent un outil essentiel pour éviter ce problème, à titre individuel, mais aussi collaboratif. Cela permet d’avoir des services qui tiennent la route, de mieux répartir la charge de travail entre les salariés, de continuer à progresser, d’être stimulé même quand on a atteint un certain stade dans sa carrière… Les perspectives d’évolution sont un moteur nécessaire, y compris après 50 ans.

« Êtes-vous ouvert aux initiatives individuelles ? » - Louise, 55 ans, en reconversion professionnelle

Au cours de ma carrière j’ai appris à être force de propositions, à prendre des initiatives et à mettre en place des actions concrètes. Par exemple, j’ai œuvré pour qu’on utilise une vaisselle réutilisable plutôt que jetable pendant les réunions, j’ai proposé d’instaurer des plateaux petit-déjeuner… Une trentaine d’années en arrière, je me concentrais principalement sur la fiche de poste lors d’un entretien d’embauche, mais j’ai réalisé qu’il était aussi possible de s’investir et de s’épanouir dans d’autres domaines de la vie professionnelle. En ce qui me concerne, j’aime me sentir utile, participer à l’évolution des process d’une entreprise et apporter des pistes d’amélioration, et j’aimerais m’assurer que je trouverai cette stimulation-là chez mon futur employeur.

« Un départ progressif à la retraite est-il possible ? » - Florence, 57 ans, enseignante

J’ai 57 ans et mon départ à la retraite approche. En entretien d’embauche, je ne vais pas ignorer le fait que je suis en fin de carrière : préparer ce départ de façon progressive est important pour moi. Je veux être en mesure de diminuer progressivement mon activité pour continuer à travailler tout en ayant un avant-goût de la retraite et, j’attends d’un employeur qu’il soit compréhensif sur ce sujet.

« Pourquoi recherchez-vous un profil expérimenté ? » - Nicolas, 58 ans, responsable R&D chez Ignition, un cabinet de recrutement

Ma posture n’a pas vraiment évoluée depuis que je suis entré sur le marché du travail, mais aujourd’hui, j’ai besoin de savoir pourquoi un employeur recherche un profil comme le mien, qui est a priori plus expérimenté et potentiellement plus coûteux : pourquoi moi plutôt qu’un autre ? La réponse me permettra de mieux appréhender mes missions et de m’assurer que les quelques années professionnelles qui me restent seront vraiment créatrices de valeurs, pour l’employeur comme pour moi. Avec le temps, la question du sens au travail a pris de plus en plus de place, et la création de valeur est désormais essentielle à mon engagement dans une entreprise.

« Prêtez-vous attention aux soft skills ? » - William, 52 ans, conseiller Pôle Emploi

Les employeurs sont de plus en plus nombreux à faire l’impasse sur certaines compétences professionnelles pour privilégier les savoir-êtres, aussi appelés soft skills. Ces qualités personnelles et comportementales définissent l’attitude du salarié en milieu professionnel : ce sont la capacité d’écoute, la courtoisie, la maîtrise des émotions, la bienveillance… Avec l’expérience, j’ai compris que je préférais travailler aux côtés de personnes aux qualités humaines appréciables et bienveillantes, plutôt que parfaitement formées, mais aux comportements néfastes : quelqu’un qui ne saurait pas s’adapter, qui ne serait pas ponctuel, qui aurait un relationnel complexe… Cela contribue à un climat professionnel souple et agréable, et je préfère travailler avec un employeur sensible à ces qualités.

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« Quel est votre positionnement en matière de réunions ? » - François, 58 ans, expert en construction auprès de compagnies d’assurance

Les réunions se multiplient en entreprise et j’ai le sentiment que cela fait perdre beaucoup de temps et d’énergie aux salariés. Plus jeune, je ne me formalisais pas vraiment de ces aspects procéduriers, souvent lourds et inutiles, des entreprises, mais désormais je ne veux plus perdre mon temps dans des réunions stériles où je me sens inutile. Avant d’intégrer une nouvelle structure, j’aimerais connaître le positionnement de mon potentiel futur employeur sur les réunions et m’assurer qu’il ne contribue pas à la réunionite aiguë. Concrètement, comment l’entreprise fait-elle pour limiter le nombre de réunions tout en augmentant leur efficacité ?

« Pouvez-vous m’en dire plus sur mon futur environnement de travail ? » - Véronique, 53 ans, rédactrice technique

Avant de signer, j’ai besoin d’être au courant de l’ambiance dans laquelle je serai amenée à évoluer quotidiennement. La bonne entente au sein d’un service est à mes yeux primordiale pour un environnement de travail sain et une collaboration fluide. Au fil des années, j’ai vu des climats de travail se dégrader et cela peut largement impacter la motivation à aller au travail, d’autant plus passée la cinquantaine, lorsque les perspectives d’évolution sont vraisemblablement plus restreintes et donc moins stimulantes.

« Les salariés bénéficient-ils d’un compte épargne-temps ? » - Valérie, 56 ans, manager

Dans mon entreprise, tous les salariés disposent d’un compte épargne-temps et chaque année, ils peuvent ajouter cinq jours à ce compte, qu’ils peuvent convertir en forme monétaire ou, par exemple, en jours de retraite anticipée. J’ai de la chance, car étant dans mon entreprise depuis plus de 20 ans, je suis toujours sous la coupe de l’ancienne formule (qui ne s’applique plus aux nouveaux arrivants) et je peux cumuler 15 jours par an. Alimenté sur plusieurs années, ce compte est une mesure rassurante en vue de la retraite et j’aime savoir que j’ai cette option si je souhaite arrêter de travailler quelques mois plus tôt que prévu.

« Dans quelle mesure ce poste me permettrait-il de continuer à développer mes compétences ? » - Nicolas Lepercq, 58 ans, responsable R&D chez Ignition, un cabinet de recrutement

Faire un copier-coller de ce que j’ai déjà fait ne m’intéresse plus : à ce stade de ma carrière, je souhaite évoluer dans un poste qui mobilise mes compétences et les valorise. Plutôt que de répéter des choses dont j’ai le sentiment d’avoir déjà fait le tour ou d’exécuter des tâches qui ne me conviennent pas, j’aimerais avoir la possibilité d’approfondir certains sujets qui m’intéressent, de continuer à progresser…

« Quels moyens financiers me donneriez-vous pour mener les projets ? » - Anne-Laure, 55 ans, enseignante

En tant qu’enseignante, je tiens beaucoup à ma liberté, qui est notamment conditionnée par le budget alloué à la culture. Cet argent me permet d’amener mes élèves au théâtre, dans les musées, d’investir dans des livres à étudier… Pour m’épanouir dans mon métier et l’exercer du mieux que possible, j’ai non seulement besoin d’être libre de mes choix, mais aussi de moyens financiers pour mener à bien des projets.

« Est-il possible de prendre un temps partiel ? » - Valérie, 56 ans, manager

Mon travail me stimule énormément, mais dorénavant, je préfère mettre l’accent sur mon confort de vie et je prévilégie le temps partiel. Voir mon salaire amputé ne serait pas nécessairement un problème : mes enfants ont tous deux pris leur indépendance et à la maison, j’ai deux bouches en moins à nourrir. Cela me permettrait aussi d’échapper, une fois par semaine, aux deux heures de RER quotidienne que je dois faire entre mon logement et mon travail puisque je vis en province et travaille à Paris.

« Quel plan d’accompagnement proposez-vous pour la montée en compétences des membres de l’équipe ? » - Marc, 50 ans, chef de projet

Quand je suis arrivé sur le marché du travail, j’étais peu regardant sur l’état d’esprit de l’entreprise : j’étais déjà content d’avoir un travail et un salaire. Avec l’expérience, je sais ce que j’ai apprécié faire, ce que j’ai moins apprécié, et évoluer au sein de l’entreprise est désormais pour moi prioritaire. Je compte donc sur les dispositifs mis en place par la boîte : le budget alloué à la formation, les formations proposées… Chez mon employeur actuel nous avons la possibilité de nous former d’un point de vue purement personnel, mais aussi d’acquérir de nouvelles compétences, de progresser… J’étais moins regardant sur ces dispositifs auparavant, mais cela compte maintenant beaucoup pour moi.

Article édité par Gabrielle Predko ; Photo de Thomas Decamps

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