Boost | 5 Conseils pour optimiser sa période de chômage

Publié dans Boost

14 févr. 2019

10min

Boost | 5 Conseils pour optimiser sa période de chômage
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-« Et toi, tu fais quoi dans la vie ? »
-« Je suis au chômage… »

Si vous êtes familier avec le moment de silence et de gêne qui suit cette réponse, c’est normal, en France, le chômage peut faire peur. Pourtant, les périodes de transition sont aujourd’hui régulières dans une vie professionnelle. Il y a donc de grandes chances pour que nous passions tous par là, à un moment ou un autre ! Plus qu’une période d’inactivité, le chômage peut aussi être envisagé comme un moment riche en opportunités : projets personnels, bilan professionnel, formation, reconversion… Et si c’était l’occasion de rester actif, différemment ?

Nous avons abordé cette thématique à l’occasion de notre événement Boost. Deux intervenantes nous ont fait part de leur expérience du sujet :

Clémence Chevillotte, planneur stratégique chez La Petite Grosse, une agence de conseil en création et en communication. Entre fin 2017 et début 2018, quand elle cherchait son premier emploi dans la communication, Clémence a connu une période de chômage de plus de 6 mois. Elle a décidé d’en tirer profit en créant le concept Instagram Jeune Chômeuse Dynamique, un compte qui parle du chômage à travers des citations et définitions humoristiques.

Sandrine Siest, Carrièrologue, l’équivalent québécois du coach en gestion de carrière français. Sandrine travaille chez Oasys Consultants, un cabinet de conseil qui accompagne les individus dans leurs évolutions et transitions pro. Elle donne aussi des cours à l’IESEG pour accompagner les étudiants dans leur projet professionnel. Sandrine a été formée au Québec mais vit en France depuis maintenant presque 15 ans.

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Vous avez dit chômage ?

Inactivité, paresse, ennui.. Le chômage est malheureusement victime de stéréotypes qui peuvent nuire à l’ego. Pour Clémence il est important de dédramatiser ce moment de vie afin de mieux rebondir. Elle nous propose sa propre définition du chômage et du “statut” de chômeur :

« Chômage - nom masculin :
Type de virus incurable que t’as choppé parce que tu ne t’es forcément pas donné les moyens mais qu’il ne vaut mieux pas que tu attrapes si tu ne veux pas être considéré comme le loser qui fait exprès de rater sa vie.

Chômeur - nom masculin :
Individu n’ayant aucun scrupule à baver sur son oreiller jusqu’à 14h, taxant de l’argent à ses potes à 16h, attaquant la première pinte à 17h30 tout en jouissant grassement des allocations qu’il ne mérite pas. »

C’est justement l’objet du compte Instagram “Jeune Chômeuse Dynamique” que Clémence a créé : se jouer des clichés du chômage pour mieux les dénoncer. Car oui, le chômage a une mauvaise image qui lui colle à la peau. Dépassons cela et essayons de voir concrètement comment cette période peut être mieux vécue.

Faites le point

Laissez vous du temps

Le chômage, qu’il soit choisi ou subi, reste un chamboulement de vie. Ce bouleversement professionnel implique une perte (d’un emploi, d’un poste, voire d’un statut social), il peut donc être déstabilisant pour la personne qui le vit. Sandrine utilise le modèle de la courbe de deuil pour expliquer les différentes phases par lesquelles on peut passer : le choc, le déni, la colère, la peur, la tristesse, l’acceptation, puis la quête de sens et enfin la croissance.
Si vous êtes encore dans la colère ou la tristesse vous ne serez pas forcément dans une bonne dynamique pour retrouver un travail : vous risquez de vous trahir en entretien en parlant systématiquement de votre ancienne entreprise. Laissez vous du temps avant de foncer tout droit vers une nouvelle recherche d’emploi ! Un temps à prendre d’autant plus important si la rupture se fait dans la douleur, comme en témoigne Clémence : « Je sortais d’un an d’alternance en entreprise et cela ne s’était pas très bien passé, j’avais perdu confiance en moi. J’étais très stressée par le fait de trouver un travail, avant même la fin de mon contrat d’alternance ! Une petite voix résonnait dans ma tête “il faut absolument que tu trouves un boulot”. Le chômage me faisait peur, je pensais juste à avoir un emploi, pas à être épanouie dans ma vie pro’. A posteriori, je crois que c’était trop tôt, je n’étais pas encore “guérie” de mon alternance. »

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Identifiez votre projet !

Quit à se laisser du temps, autant en tirer le maximum. Alors pourquoi ne pas profiter de votre période d’inactivité pour vous poser les bonnes questions et faire un travail d’introspection ? Si vous êtes à la recherche d’un nouveau poste, ce moment est l’occasion idéale de mieux définir ce que vous voudriez faire demain, comme le précise Sandrine : « C’est l’occasion d’identifier son projet professionnel et comprendre ce qui est important pour soi : qu’est-ce qui vous importe le plus ? La taille de la structure ? Le poste et les missions ? Ou peut-être une expérience pro’ à l’international ? Chaque personne identifie, classe ce qui est important primordial pour elle concernant son projet professionnel. » Cette introspection vous permettra de construire ce que Sandrine appelle « un escalier de priorités » qui vous aidera à mieux orienter vos recherches d’emploi. Ne laissez pas non plus de côté le bilan de compétences ! En fonction de votre précédente situation vous pourrez vous tourner vers un OPACIF (Organisme Paritaire Agréé au titre du Congé Individuel de Formation) ou bien vers l’OPCO (Opérateurs Compétences) de votre précédente entreprise. Ce sera l’occasion de faire le point sur vos capacités et vos envies professionnelles dans un cadre reconnu.
>« C’est l’occasion d’identifier son projet professionnel et comprendre ce qui est important pour soi : qu’est-ce qui vous importe le plus ? La taille de la structure ? Le poste et les missions ? Ou peut-être une expérience pro’ à l’international ? » - Sandrine.

Gardez un rythme et retrouvez confiance

Ne vous décalez pas

Si le chômage peut être un chamboulement personnel et émotionnel, il peut également impacter votre organisation et votre équilibre personnel. Afin de retrouver confiance en soi, il est important de maintenir un rythme de vie “normal”, ou proche de celui que vous aviez avant d’être sans emploi. Comment faire ? Pour Sandrine il est nécessaire de se fixer des objectifs hebdomadaires : « Il faut répartir sa semaine en fixant des objectifs atteignables et réalistes. Ça ne sert à rien de se dire : cette semaine je réponds à 50 offres d’emplois minimums. Dites-vous plutôt je postule à 5 postes que j’ai choisis, et je soigne mes candidatures. » L’atteinte de ces objectifs réalisables est valorisant et source de motivation.
Si le maintien d’un rythme de vie rigoureux bénéficiera à votre productivité, ce n’est pas le seul avantage, car cela vous permettra également de garder une vie sociale saine comme en témoigne Clémence : « Si on est entouré de personnes qui travaillent, avoir un rythme décalé n’est pas l’idéal et peut même vous isoler. Programmer sa journée, ses semaines, rester actif : tout cela permet de garder un rythme mais également de gérer le sentiment de culpabilité qui peut parfois être très présent lors d’une période d’inactivité. » Dernier bénéfice à ne pas négliger : vous ne perdez pas pied avec le rythme en entreprise, ce qui facilitera la transition quand vous retrouverez un emploi.
>« Programmer sa journée, ses semaines, rester actif : tout cela permet de garder un rythme mais également de gérer le sentiment de culpabilité qui peut parfois être très présent lors d’une période d’inactivité. » - Clémence.

Évitez l’isolement

Une période d’inactivité peut aussi rimer avec isolement, dès lors, pourquoi ne pas tenter la recherche d’emploi à plusieurs ? Plusieurs collectifs existent pour éviter d’être seul lors de sa recherche d’emploi. C’est ce que propose, par exemple, COJOB. Chaque mois, cet organisme réunit, sous forme de promos, des personnes en inactivité professionnelle. Elles se retrouvent chaque jour pour chercher un job ensemble mais travaillent également sur des projets d’entreprise, en groupe. Cela permet également de remettre un pied dans la vie pro’, de rencontrer du monde et étendre son réseau !

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Impliquez vous, autrement

La recherche active d’emploi est une activité qui peut être chronophage, mais il est important de s’investir autre part que dans celle-ci. Il en va de votre équilibre personnel. Pourquoi pas s’ouvrir à de nouveaux horizons ? Cette période est l’occasion d’être curieux en vous impliquant, par exemple, dans le monde associatif. En plus de revaloriser vous et vos capacités, cela évitera de vous définir uniquement par votre statut de chômeur comme l’explique Sandrine : « Cela vous permettra de parler d’autre chose que du chômage. Si un recruteur ou un ami vous demande ce que vous avez fait depuis votre dernier emploi, vous pouvez apporter des réponses concrètes. »
Enfin, si le monde associatif ne vous attire pas, n’hésitez pas à explorer plus concrètement vos centres d’intérêt en vous lançant dans des projets personnels ! Le projet Jeune Chômeuse Dynamique de Clémence en est un exemple, ce projet l’a aidée à se valoriser aussi bien personnellement que professionnellement : « En créant mon Instagram jeune chômeuse dynamique, je voulais montrer que je savais écrire et conceptualiser une idée. Au final j’ai créé une communauté de 4 000 personnes. Entendre des retours différents et voir que je n’étais pas seule m’a aidée, je me disais “Je ne suis pas toute seule”. J’avais du soutien. »
>« S’impliquez dans le monde associatif vous permettra, si un recruteur ou un ami vous demande ce que vous avez fait depuis votre dernier emploi, d’apporter des réponses concrètes. » - Sandrine

Networkez et formez-vous !

Développez vos capacités

En cherchant un emploi, vous avez peut-être identifié certaines compétences que vous aimeriez développer. Vous n’êtes pas un expert du SEO ou ne maitrisez pas Photoshop sur le bout des doigts ? Ça tombe bien, le chômage est une période propice pour vous former et les moyens de le faire ne manquent pas.

Une bonne première étape serait par exemple de consulter votre CPF (Compte Personnel de Formation). En fonction de votre parcours professionnel, vous aurez la possibilité de financer jusqu’à 150 heures de formations certifiantes. N’hésitez pas à comparer les enseignements disponibles avec les besoins de votre projet professionnel. La liste des formations éligibles au CPF est disponible sur ce site. Si une formation vous intéresse mais qu’elle ne se trouve pas sur la liste des formations éligibles au CPF, rapprochez-vous de votre conseiller Pôle emploi afin de discuter de la possibilité d’un financement par une AIF(Aide Individuelle à la Formation).

Enfin, ne négligez pas non plus l’autoformation en ligne. Il existe de nombreuses plateformes de MOOCs (Massive Online Open Courses), chacune proposant un grand nombre de leçons gratuites. La plupart de ces cours donnent droit à un certificat de réussite ou de suivi faisant preuve des compétences acquises. Avantage à ne pas négliger : ces cours sont constamment mis à jour et de nouvelles formations apparaissent régulièrement sur ces plateformes en ligne.

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Mais se former, ce n’est pas qu’apprendre d’un professeur ou d’un coach. Rencontrer des professionnels aux parcours et métiers différents du vôtre peut vous apporter tout autant de connaissances qu’un cours ou une formation. En plus de vous apporter de nouvelles capacités et d’étendre vôtre réseau, cela vous force à être actif comme le rappelle Clémence : « Il faut sortir, ne pas tout le temps rester chez soi et broyer du noir. Je ne me suis pas forcément formée, mais je suis sortie, en conférence ou à des salons pour networker et apprendre des autres. »
Restez donc à l’affût des événements et salons pertinents pour votre métier ou secteur. Des sites tels que Eventbrite ou Meetup vous aideront à veiller sur ces opportunités. L’onglet “événements” sur notre site Welcome to the Jungle recense plusieurs meetups, hackatons, forums et conférences, à ne pas négliger ! Et si le networking peut être intimidant, pas de panique, comme toutes compétences, cela se travaille. Avant de vous rendre à ces événements, commencez par exemple par identifier vos objectifs. Que cherchez-vous à apprendre lors de ces rencontres : mieux comprendre un secteur ? Ou un métier ? Rendez-vous à ces événements avec un objectif en tête. Cela simplifiera votre approche et votre “pitch” quand vous vous présenterez.

>« Je ne me suis pas forcément formée, mais je suis sortie, en conférence ou à des salons pour networker et apprendre des autres. » - Clémence.

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Marketez-vous

Trouvez votre verbe de vie

Si se définir en tant que “chômeur” n’est pas optimal pour votre bien-être personnel et social, ne jamais parler du chômage serait une erreur. Après tout, ce moment de vie n’est pas voué à s’éterniser et, selon Sandrine, le chômage est plus accepté socialement aujourd’hui : « Auparavant le chômage c’était quelque chose qu’on n’osait pas dire, c’était une situation honteuse. Aujourd’hui c’est rentré dans les mœurs. » Mais attention, le vocabulaire que vous choisissez pour parler de votre transition à tout de même son importance. Alors à la fameuse question : “Tu fais quoi dans la vie ?” la réponse : “Je suis au chômage” est toujours à bannir. Un conseil à appliquer aussi en ligne ! Fini les “en recherche active” ou “au chômage” sur votre profil Linkedin. Sandrine précise que cela pourrait vous mettre dans une position désavantageuse lorsque vous interagissez en ligne avec des recruteurs. Elle conseille plutôt de remplacer votre “titre” LinkedIn par votre « verbe de vie ». Quèsaquo ? « Votre verbe de vie, c’est-ce que vous souhaitez faire. Quelle est l’action que vous aimeriez mener ? Accompagner, communiquer, organiser… expliquez l’action que vous souhaitez accomplir. Dire “Je suis en recherche d’emploi”, ce n’est pas vendeur. L’objectif c’est de dire ce que vous souhaitez apporter, ce que vous offrez. » explique-t-elle.

Mettez-vous en avant

Enfin, la définition que vous donnerez à votre période d’inactivité sera d’autant plus importante face à un recruteur. Encore une fois, évitez de parler de chômage et orientez la discussion sur vos projets et activités personnels. Si vous avez repris une formation ou si vous avez choisi de vous impliquer dans le bénévolat ou un projet personnel, n’hésitez pas à mettre ces activités en avant. Par exemple, pour montrer aux recruteurs qu’elle restait active, Clémence mettait en avant la notoriété grandissante de son projet personnel (son Instagram “Jeune Chômeuse Dynamique”). Ce qui l’a aidée lors des entretiens à susciter l’intérêt des recruteurs : « quand c’est quelque chose que tu as construit, qui t’apporte du bien-être au quotidien et des capacités, tu en parles avec passion et c’est ça aussi le moyen de créer un lien avec le recruteur. Les projets personnels peuvent être des clés d’entrée qui permettent de développer la conversation et l’intérêt de la personne en face. »
>« Quand c’est quelque chose que tu as construit, qui t’apporte du bien être au quotidien et des capacités, tu en parles avec passion et c’est ça aussi le moyen de créer un lien avec le recruteur. » - Clémence.

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Vous l’aurez compris, si le chômage est une période d’inactivité professionnelle, ce n’est pas pour autant une période d’inactivité tout court. Ce moment de transition est l’occasion de faire le point et d’écouter vos envies personnelles et professionnelles. Le chômage ce n’est pas juste un trou dans un CV, mais également l’opportunité d’être curieux et de rester actif différemment.
Alors hauts les cœurs et essayez de considérer cette période comme un tremplin pour votre futur !

Enfin, voici quelques livres et sites recommandés par Sandrine et Clémence pour vous inspirer et vous aider à rebondir :

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Photo by WTTJ

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