Êtes-vous (vraiment) fait pour manager ?

19 juil. 2023

4min

Êtes-vous (vraiment) fait pour manager ?
auteur.e
Ingrid de Chevigny

Freelance Content Writer & Content Strategist pour start-ups B2B

contributeur.e

Vous avez l’opportunité de devenir manager et vous vous demandez si c’est le bon « move » pour votre carrière ? Ou bien vous êtes déjà en charge d’une équipe, mais vous n’êtes pas sûr d’être à la bonne place ? On vous aide à faire le point !

S’il n’y pas de manager idéal, il existe incontestablement de mauvais managers. Vous en avez sans doute croisé et peut-être même déjà fait les frais… Cela tient souvent au fait qu’ils ont été promus non pas en raison de leurs compétences managériales, mais de leurs compétences métier. Ils ont fait leurs preuves sur leur poste et ont ensuite pris les rênes d’une équipe comme si c’était la suite logique de leur carrière. Sauf que tout le monde n’est pas fait pour manager ! C’est même un métier à part entière.

Alors, avant de vous lancer, comment savoir si vous êtes vraiment fait pour gérer une équipe ? Et si vous êtes déjà manager, quelles questions vous poser pour déterminer si vous devriez envisager une rétrogradation ?

La difficile évaluation de l’aptitude au management

Il y a 15 ans, Google lançait le projet Oxygen. Objectif : identifier ce qui faisait un bon manager, à partir d’analyses de données et d’études comportementales. La conclusion ? Selon cette étude, être un bon manager, c’est présenter les 8 comportements suivants :

  1. Être un bon coach
  2. Responsabiliser son équipe et éviter le micromanagement
  3. Se soucier de la réussite et du bien-être de son équipe
  4. Être productif et orienté résultats
  5. Être un bon communicant, écouter et partager l’information
  6. Aider les membres de son équipe dans le développement de leur carrière
  7. Avoir une vision claire et une stratégie pour sa team
  8. S’appuyer sur ses compétences techniques pour conseiller son équipe

Mais on parle bien de comportements. Pas de compétences ou d’aptitudes. En somme, ces 8 points clés dressent le portrait du manager idéal en action, mais ne définissent pas vraiment les caractéristiques qui font qu’une personne va être, ou non, un bon manager.

Et en effet, il est difficile d’évaluer l’aptitude au management : « Il n’existe pas, à ma connaissance, de test de référence ou de méthode d’évaluation fiable », confirme Anaïs Georgelin, experte du management et des nouveaux rapports au travail, et fondatrice de la plateforme somanyWays.

Il existe toutefois des prédispositions pour manager. On parle souvent de « fibre commerciale », mais on pourrait tout autant parler de « fibre managériale ». Alors quels sont ces pré-requis, ces aptitudes naturelles pour être un (bon) manager ? Anaïs Georgelin nous a aidé à en dresser la liste.

La checklist du (wannabe) manager

1. L’empathie et le sens de l’écoute

Diriger une équipe implique de gérer des personnalités diverses et variées, et de devoir veiller au bien-être de ses collaborateurs. D’où la nécessité de s’intéresser aux autres, et d’avoir envie de les comprendre. Selon Anaïs Georgelin, c’est simple : « On ne peut pas être manager si on n’aime pas les gens ».

2. La confiance

Un manager vise toujours à développer l’autonomie de ses équipes. Et pour cela, il doit avoir la faculté de faire confiance à autrui. On parle ici de confiance a priori. Pas de confiance a posteriori, qui doit se gagner. Il s’agit d’être optimiste sur les intentions et le potentiel des gens en général.

3. La capacité à faire progresser

C’est le fameux aspect « coach » du manager : diriger une équipe, c’est aussi développer le potentiel de ses membres en les aidant à monter en compétences. Il est donc essentiel de savoir identifier ce dont une personne a besoin pour améliorer son travail, et d’avoir à cœur de l’accompagner de manière graduelle.

4. La réflexivité

« Les mauvais managers sont souvent ceux qui ne se demandent pas s’ils sont de bons managers », pointe Anaïs Georgelin. Selon elle, il faut être capable de se remettre en question et de faire preuve d’humilité. Quelqu’un de trop rigide sur ses manières de penser, ou qui a tendance à dire que « c’est comme ça et pas autrement », c’est souvent un red flag en matière de management !

5. La capacité à gérer l’incertitude

Il faut savoir évoluer dans le changement permanent, naviguer à vue, et guider son équipe en osant parfois dire « je ne sais pas ». Les managers control freak ont souvent du mal à déléguer et peuvent aller jusqu’à démotiver leurs équipes. Il faut donc savoir lâcher prise.

6. La capacité à ne pas prendre les choses personnellement

Comme le souligne Anaïs Georgelin, « quand on dirige une équipe, on s’en prend parfois plein la tronche ! ». D’où l’importance de savoir prendre de la distance face à certaines situations, et ne pas trop se préoccuper de ce que les autres pensent de soi.

7. La faculté à se mettre dans une posture directive

Malgré son rôle de coach, le manager doit faire preuve de « courage managérial », c’est-à-dire qu’il doit savoir exercer son autorité et prendre des décisions qui ne font parfois pas l’unanimité. Anaïs Georgelin précise d’ailleurs que les deux ne sont pas incompatibles : « Il faut savoir passer d’une posture à une autre », défend-elle.

Devenir manager, une question de vocation

Notre experte insiste par ailleurs sur l’importance d’avoir envie de diriger une équipe : « Si on nomme quelqu’un manager contre son gré, il y a évidemment peu de chance qu’il soit performant », pointe-t-elle.

D’ailleurs, le rôle de manager ne fait plus autant rêver qu’avant. D’après le baromètre Soutien, responsabilités et attractivité : repenser le rôle du manager, publié par Alan et Harris Interactive en avril 2023, seulement un tiers des non-managers souhaitent le devenir. Et pour cause, c’est un rôle exigeant : d’après la même étude, 62 % des managers se disent stressés, et 41 % se sentent isolés.

Manager, c’est parfois devoir gérer des situations délicates. Anaïs Georgelin nous en donne quelques exemples : « On peut être confronté à un collaborateur démotivé, à un salarié qui a un problème personnel et dont le travail est impacté, à un conflit entre des personnes qui n’arrivent pas à travailler ensemble… On peut aussi être amené à se séparer de quelqu’un qui ne fait pas l’affaire, ou bien à devoir recadrer un collaborateur dont les performances ne sont pas au rendez-vous », souligne-t-elle.

Bref, diriger une équipe, ce n’est pas toujours une partie de plaisir, et c’est un rôle qui requiert une motivation solide ! Lorsque cette motivation se résume au statut ou à la fiche de paie, on tombe souvent dans l’erreur de casting.

Au-delà des prédispositions : apprendre à manager

Pour finir, il faut quand même bien insister sur un point : pour être un bon manager, il ne suffit pas d’avoir des prédispositions naturelles. Le management est une discipline qui demande de l’apprentissage et de la pratique. Alors qu’est-ce qui doit être inné et qu’est-ce qui peut être acquis ?

Anaïs Georgelin explique qu’on peut surtout acquérir des outils et des techniques : « Donner un feedback constructif, fixer des objectifs clairs, ou encore mener un entretien de licenciement, ça s’apprend », souligne-t-elle, en précisant qu’on peut aussi s’appuyer sur des grilles de lecture pour mieux décrypter l’humain et adopter plus efficacement les bonnes postures.

Elle le résume ainsi : « Être un bon manager, c’est avoir le plus possible de clés sur son trousseau, et être capable de trouver le plus vite possible la clé qui ouvre la bonne porte ». Il est donc certes nécessaire d’avoir des prédispositions naturelles, mais il est tout aussi crucial d’investir du temps et de l’énergie dans l’apprentissage de méthodes et le développement de compétences spécifiques.


Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

Les thématiques abordées