Santé, quotas et sourires (forcés) : le best of des actus RH 2021

21 déc. 2021

7min

Santé, quotas et sourires (forcés) : le best of des actus RH 2021
auteur.e.s
Cindy Valeine

Rédactrice

Ariane Picoche

Journaliste et responsable de la rubrique Decision Makers @ Welcome to the Jungle

Que s’est-il passé en 2021 dans le monde merveilleux de l’entreprise ? Tour d’horizon des infos RH qui ont marqué l’année, en France et au-delà.

Janvier

Covid-19 : les salarié·es peuvent s’auto-prescrire un arrêt de travail

Depuis le 10 janvier 2021, les salarié·es peuvent s’auto-prescrire un arrêt de travail en cas de suspicion de Covid, s’ils / elles ont des symptômes ou sont considéré·es comme cas contact. Directement téléchargeable depuis le site de la Caisse d’Assurance Maladie, le formulaire génère automatiquement un arrêt après soumission. À noter que seules les personnes qui ne peuvent pas télétravailler en sont bénéficiaires. Une nouveauté qui n’a pas manqué d’agiter certains esprits, la peur d’un absentéisme incontrôlable étant en cause. Mais, à la réflexion, le risque d’abus est-il vraiment le (plus gros) problème aujourd’hui ?

Février

Loi pour la santé au travail : la prévention l’emporte (enfin) sur la réparation

La pandémie nous a donné un sacré uppercut au moral, soulignant les grands enjeux sanitaires contemporains. C’est dans ce contexte qu’une proposition de loi pour la santé au travail – qui transpose en grande partie les mesures développées dans l’accord national interprofessionnel (ANI) de décembre 2020 – a été adoptée le 17 février en première lecture, avec modifications, par l’Assemblée nationale. Il s’agit ici de renforcer l’information en santé des salarié·es et favoriser la prévention des risques, avec notamment une extension des obligations de prévention inhérentes aux entreprises. Leurs nouvelles compétences s’étendent à l’évaluation et la prévention des risques professionnels, mais aussi à la promotion de la santé sur le lieu de travail, avec la prise en charge de campagnes de vaccination et de dépistage. Autre mesure phare : la création d’un « passeport prévention » qui consiste à recenser toutes les formations suivies par les salarié·es sur la sécurité et la prévention. Celui-ci sera incorporé dans le passeport d’orientation, de formation et de compétences, accessible depuis la plateforme « Mon compte formation ».

Update : la loi a été promulguée le 2 août. Les mesures du texte doivent s’appliquer au plus tard avant avril 2022.

Mars

L’Espagne parie sur la semaine de quatre jours

Ça y est, l’Espagne veut à son tour mettre en place la semaine de quatre jours. Lancé par Íñigo Errejón, président du parti espagnol de gauche Más País, un projet expérimental à grande échelle a été accepté par le gouvernement. Il concernerait environ 200 entreprises et 3000 à 6000 travailleur·ses espagnol·es. L’État s’engage à financer le projet à hauteur de 50 millions d’euros. Cette somme sera dispatchée sur trois ans entre les entreprises impliquées, afin de minimiser les potentiels risques de pertes financières. L’objectif principal ? Observer les mêmes résultats que Software Delsol, première société espagnole à avoir mis en place ce nouveau rythme de travail. Héctor Tejero, membre du parti Más País, explique dans The Guardian : « Ils ont constaté une réduction de l’absentéisme, la productivité a augmenté et les travailleurs se disent plus heureux ». Pour le parti espagnol de gauche, les conditions sont posées : il n’est pas question d’augmenter les heures des employé·es, ni de baisser les salaires ou de licencier. Cependant, des négociations sont toujours en cours pour déterminer le budget exact, la durée du projet et le nombre précis d’entreprises pilotes. Chez Welcome to the Jungle, nous connaissons bien le sujet puisque nous avons adopté la semaine de 4 jours en 2019. Vous voulez en savoir plus ? Découvrez notre étude sur les conséquences de ce rythme de travail.

Avril

États-Unis : une entreprise interdit les débats politiques au bureau

Polémique aux US. Le 26 avril, Jason Fried, CEO de Basecamp, a annoncé des changements drastiques dans la culture de l’entreprise. La nouveauté qui divise ? Désormais, les conversations à caractère politique et sociétal sont interdites au sein du groupe. Sur son blog, Jason assume. Pour lui, « toute discussion liée de près ou de loin à la politique, à la défense d’une cause ou à la société en général s’éloigne rapidement de l’aspect agréable ». Toutefois, si les salarié·es désirent aborder ces sujets, ils / elles y sont bien sûr autorisé·es sur d’autres canaux de discussion, en dehors du bureau. Avec son annonce, le PDG s’est vite attiré les foudres du grand public, qui y voit une atteinte à la liberté d’expression. Au sein de Basecamp, deux clans se sont créés. D’un côté, les partisan·nes de ces nouvelles politiques y voient un enjeu business positif. De l’autre, les réfractaires soutiennent l’idée qu’empêcher ses salarié·es de parler politique est un choix… intrinsèquement politique. Parmi eux, plusieurs employé·es ont exprimé leur désir de quitter l’entreprise.

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Mai

Plus de quotas, plus de parité ?

Rappelez-vous, le 27 janvier 2011, la loi Copé-Zimmermann faisait son apparition, obligeant les Conseils d’administration à se féminiser à hauteur de 40%. Aujourd’hui en France, on compte 46% de femmes aux postes à responsabilités contre 12% en 2011. C’est donc prouvé, les quotas, ça marche… et ce n’est pas fini. Pour accélérer la participation des femmes au système économique et professionnel, la députée de l’Essonne Marie-Pierre Rixain a annoncé la couleur le 23 mars 2021 avec sa proposition de loi. Le but ? Imposer 30% de femmes au sein des Comités de direction aux entreprises de plus de 1000 salarié·es d’ici à 2027, pour atteindre les 40% en 2030 (ça, c’est du défi). Le texte a été adopté le 12 mai en première lecture par les député·es.

Update : le 16 décembre, le Sénat a définitivement validé la proposition de loi qui est en passe d’être promulguée.

Juin

En Chine, des salarié·es doivent sourire pour entrer dans les bureaux

Welcome to the future : aussi surprenant qu’effrayant, un système de reconnaissance de sourires a été mis en place en Chine par une filiale de Canon. Désormais, seul·es les employé·es heureux·ses (en tout cas en apparence) sont autorisé·es à entrer dans le bureau, surveillé·es par une caméra. Cette technologie n’est pas nouvelle, elle est d’ailleurs intégrée à de nombreux smartphones. Toutefois, l’usage qu’en fait cette entreprise est inédit. Ce qui pourrait ressembler à un simple fait divers interroge sur la liberté des salarié·es : liberté d’être soi et de circuler sans être observé·e ni stigmatisé·e… Le monde de l’entreprise est-il en passe de ressembler au 1984 de George Orwell ?

Juillet

Fiche de paie : la pandémie a rendu les Français·es plus vigilant·es

Depuis l’arrivée tonitruante du Covid, 1 Français·e sur 3 regarde son bulletin de salaire avec plus d’attention qu’avant. C’est ce qu’a révélé l’enquête People at Work 2021 : l’étude Workforce View menée par l’ADP Research Institute, auprès de plus de 32 000 employé·es dans 17 pays. Les moins de 24 ans seraient plus attentif·ves encore que leurs aîné·es : 34% vs 25% pour les plus de 45 ans. Ces chiffres s’expliquent par un climat précaire, qui touche particulièrement la jeune génération :

  1. Les Français·es ont rencontré davantage de difficultés financières à cause de la pandémie.
  2. Beaucoup ont été mis·es en activité partielle.
  3. Et certains secteurs d’activité ont été fortement impactés par la crise.

Une fragilité qui pousse à la prudence des salarié·es… Et à la minutie des employeurs.

Août

Great Resignation : souriez, vous démissionnez

« J’emmerde les managers, j’emmerde cette entreprise, j’emmerde ce poste ! » Shana Blackwell a posé sa dém avec un certain sens de la théâtralité. Elle a annoncé son départ via le haut-parleur du magasin où elle travaillait, laissant la nouvelle se répandre au milieu des rayons. Ça ne s’arrête pas là, puisque l’Américaine a filmé la scène et l’a diffusée sur TikTok. Devenue virale, celle-ci est à l’origine de la tendance #quitmyjob sur le réseau social : des utilisateur·rices qui partagent les vidéos de leurs démissions ou témoignent sur les raisons de leur décision. Ce fait divers s’inscrit dans une large remise en question du sens du travail aux États-Unis. Depuis le début de la crise sanitaire, qui a entraîné une vague de licenciements suivie d’une reprise de l’emploi en 2021, 21 millions de personnes ont ainsi quitté leur job.

Septembre

Google adapte les salaires de ses télétravailleur·ses selon leur lieu de vie

Aux US, les géants de la tech semblent être à l’avant-garde dans la généralisation du télétravail. De nombreux·ses employé·es ont adopté le 100% remote et ça se passe bien ! Enfin, plus pour tout le monde. Google a en effet décidé d’adapter la rémunération de ses télétravailleur·ses pour faire quelques économies. Celle-ci dépend désormais de leur lieu de résidence et du coût de la vie local. La GAFAM a même développé un calculateur permettant aux équipes d’estimer leur futur salaire selon leur géolocalisation… De quoi en dissuader pas mal d’élire domicile au Costa Rica. Bref, la fête est finie.

Octobre

Harcèlement sexuel : une nouvelle définition dans le code du travail

Le harcèlement sexuel en entreprise est un délit répréhensible. La nouveauté juridique ? Grâce à la loi pour renforcer la prévention en santé au travail, le code du travail intègre maintenant dans sa définition les propos et comportements sexistes, et sanctionne le harcèlement sexuel commis par plusieurs individus. Ces évolutions – qui prendront effet le 31 mars 2022 – la rapprochent donc de la définition du code pénal. Une avancée notable pour les victimes, à l’heure où les comptes Instagram tels que Balance ta start-up et Balance ton agency ne cessent de partager des témoignages effarants sur les abus en entreprise.

Novembre

Internet du futur : Facebook mise sur le métavers

Avec sa flopée de scandales, Facebook a bien occupé l’espace médiatique cette année. Est-ce donc pour redorer son blason que Mark Zuckerberg a déclaré fin octobre que le groupe changeait de nom et devenait « Meta » ? Voilà qui induit en tout cas la nouvelle stratégie du géant de la tech. L’annonce a en effet été précédée par une heure et demie de présentation du « métavers ». Derrière la contraction futuriste des termes « méta » et « univers », se cacherait l’Internet de demain : un espace numérique immersif où la frontière entre réel et digital tendrait à disparaître. Concrètement, vous pourriez entre autres organiser vos réunions dans un bureau virtuel, depuis chez vous, attifé de votre pyjama préféré et d’un casque Oculus Rift. On n’y est pas encore, mais Zucky sort déjà l’artillerie lourde… 10 000 emplois seront créés en Europe pour le développement de cette innovation technologique.

Décembre

Parental Challenge : vers des entreprises parent-friendly

Comment créer une politique parentale sur-mesure pour accompagner (et garder !) vos salarié·es parents tout en respectant leur équilibre vie pro / vie perso ? Vous vous posez la question, le Parental Challenge y répond. Lancé en décembre 2021 par Selma El Mouissi, Judith Aquien, Clémence Pagnon et Isma Lassouani, ce mouvement comprend deux axes : un guide avec 100 actions concrètes et des exemples dont s’inspirer, ainsi qu’une charte d’engagement qui reprend 12 mesures accessibles du guide. Dans la lignée du Parental Act, il s’agit ici de donner des clés aux entreprises afin qu’elles puissent agir dès demain selon leurs moyens.

Recrutement inclusif : l'anti-gueule de l'emploi

Quel que soit le niveau d’avancement de votre politique Diversité, Égalité et Inclusion, ce guide anti-gueule de l’emploi est fait pour vous.

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Photo par Thomas Decamps
Article édité par Ariane Picoche et Héloïse De Montety

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