Anonymous, congé paternité et mythos : le best of des actus RH de mars 2022

01 avr. 2022

5min

Anonymous, congé paternité et mythos : le best of des actus RH de mars 2022
auteur.e.s
Ariane Picoche

Journaliste et responsable de la rubrique Decision Makers @ Welcome to the Jungle

Mélissa Darré

Editorial manager @Welcome to the Jungle

Que s’est-il passé en mars dans le monde merveilleux de l’entreprise ? Retrouvez le meilleur du pire des actus RH de France et de Navarre. Au programme : des jeunes pères qui n’utilisent pas leur congé paternité, des cyberattaques d’Anonymous contre ces entreprises françaises qui refusent de quitter la Russie, et la folle arnaque d’une fausse agence de design.

Le chiffre à retenir

60 % de salariés ont déjà été confrontés au sexisme

Aujourd’hui, on associe le mois de mars aux droits des femmes et à tous les combats qui gravitent autour. Il n’est donc pas étonnant que les résultats de « L’Observatoire des violences sexuelles et sexistes (de genre) au travail » réalisé par OpinionWay pour le cabinet Ekilibre Conseil aient été dévoilés il y a quelques jours, qui plus est, juste avant la mise en application de la nouvelle loi sur le harcèlement sexuel au travail). Parmi eux, plusieurs chiffres qui font mal : 60 % des personnes interrogées, dont une majorité de femmes, ont déclaré avoir subi au moins un agissement à connotation sexiste et/ou sexuelle dans le cadre professionnel – soit près de 16,5 millions d’actif·ves. 76 % estiment que ces violences n’ont pas tendance à diminuer ces dernières années, et 14 % pensent même qu’elles augmentent. Enfin, 40 % des répondant·es déclarent ne pas avoir pu réagir ou s’exprimer sur le coup, notamment par peur des conséquences, du jugement ou du potentiel manque d’écoute des collègues et de la hiérarchie…

Les news RH de l’Hexagone

Congé paternité : pourquoi un père sur trois n’en profite pas ?

Instauré en 2002, le congé paternité est un levier concret en faveur de l’égalité hommes-femmes. Sa durée a été doublée en juillet 2021, passant à 28 jours. Ces avancées législatives semblent néanmoins devancer de loin les avancées sociétales. C’est ce que révèle le rapport du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), « Quels freins limitent encore le recours au congé de paternité chez les jeunes pères ? ». En effet, 30 % des papas ne réclament pas leur congé à la naissance de leur enfant, un chiffre resté stable depuis vingt ans, qui atteint près de 80 % chez les demandeurs d’emploi. Mais pourquoi une telle sclérose ? Selon les parcours et les situations professionnelles, elle peut s’expliquer « par une méconnaissance du droit […], par un sentiment d’illégitimité ou par la difficulté d’anticiper les périodes d’emploi et de non-emploi [et par] l’appréhension de conséquences négatives sur la carrière ». Voilà un nouveau chantier RH pour les entreprises : encourager les jeunes pères à prendre leur congé pour s’occuper de leur nouveau-né et aider leur conjointe suite à l’accouchement.

Anonymous attaque les entreprises françaises restées en Russie

Le conflit russo-ukrainien a ceci d’inédit qu’il inclut un nouveau champ de bataille… L’Internet. Et dans cette cyberguerre sans frontières, Anonymous joue un rôle à part entière. Le célèbre collectif de hackers a tout de suite pris position contre l’invasion de l’Ukraine. Il a d’abord piraté des chaînes de télé russes pour diffuser les vraies images de la guerre et des messages pacifistes. Puis, le 24 mars dernier, nouveau coup d’éclat. Anonymous s’est attaqué à plusieurs entreprises qui refusent de quitter la Russie et soutiennent (in)directement le régime de Poutine. Parmi elles, les groupes français Auchan, Leroy Merlin et Decathlon, dont les sites commerçants ont été mis hors ligne et restent aujourd’hui inaccessibles en Russie. Depuis, Decathlon a annoncé avoir plié bagage. Et la milice invisible poursuit l’offensive contre des milliers de sites d’État russes et biélorusses, glanant au passage des informations confidentielles dont la divulgation pourrait là encore rebattre les cartes.

Chez nos voisins étrangers

Au bureau, certains Américains pensent plus à leur chien qu’à leur partenaire

« Tu me manques. » Cette déclaration, quand ils / elles sont au bureau, 41 % des salarié·es propriétaires de toutous aimeraient la faire à leur chien… plutôt qu’à leur partenaire ou leur enfant ! C’est le résultat de l’étude que l’entreprise américaine Wag! a menée auprès de 1001 propriétaires. Il faut dire qu’après deux ans de pandémie, la démocratisation du télétravail aidant, les liens avec les animaux de compagnie se sont renforcés. 62 % des personnes interrogées racontent ainsi avoir adopté un chien entre 2020 et 2022. Aussi, la présence de leur fidèle compagnon a eu un impact positif sur leur bien-être. Pour certain·es, le retour au bureau est donc d’autant plus difficile qu’ils / elles ont du mal à laisser leur bête à la maison… Peut-être est-il temps de faire de la place aux animaux dans l’open space ?

Leroy Merlin Ukraine invité à prendre partie par ses salariés

Coca-Cola, LVMH, Starbucks, Hermès, McDonald’s, Chanel… Nombreux sont les grands groupes internationaux à avoir quitté la Russie depuis le début du conflit. Un boycott salué par l’opinion publique qui voit, en revanche, d’un très mauvais œil, le refus d’autres firmes de soutenir cette démarche en réponse à l’invasion de l’Ukraine. En tête de liste : Leroy Merlin. L’enseigne française spécialiste du bricolage, filiale du groupe Mulliez (AFM) - qui détient également Auchan et Décathlon - a cependant confirmé sa position. Le marché russe représentant 18 % de son chiffre d’affaires, pas question pour elle de déserter le territoire. Guerre (de communication) ou pas. Même le récent bombardement de son magasin à Kiev, à l’origine du décès de 8 personnes, n’y change rien. Ses salarié·es ukrainien·nes ont néanmoins décidé d’appeler le groupe à agir. À travers une pétition ayant recueilli plus de 16 000 signatures à ce jour, ils / elles pressent leur employeur AFM et la holding de Leroy Merlin Adeo « de cesser leurs activités en Russie, ce qui privera l’agresseur de l’opportunité de financer l’offensive russe en Ukraine ».

« Jobfished » : la folle arnaque d’une entreprise inventée de toutes pièces

De sublimes bureaux implantés à Londres, des clients prestigieux dont Nike, Facebook et Toni & Guy, un fondateur charismatique en Une des magazines, un site bien ficelé… Sur le papier, l’agence de design Madbird a tout d’une grande. À tel point que les candidat·es affluent bientôt. En tout, une cinquantaine de collaborateur·rices sont recruté·es par l’entreprise. Mais rapidement, le joli vernis s’écaille. Madbird ne prévoit pas de salaire, mais de simples commissions sur les contrats signés, ce qui met la puce à l’oreille d’une salariée. Après enquête, celle-ci s’aperçoit d’abord que les fameux bureaux auxquels personne n’a encore eu accès (contexte de pandémie oblige) ne correspondent pas à l’adresse indiquée par le fondateur. Pire, les projets présentés sur le site web sont un plagiat du travail d’une autre agence. Dans son documentaire Jobfished, la chaîne britannique BBC poursuit l’investigation. Résultat : des clients qui n’en étaient pas, de faux dirigeants aux photos de profil usurpées sur les réseaux sociaux, et un fondateur volatilisé… Si la Startup Nation invoque souvent le leitmotiv « Fake it till you make it » (fais semblant jusqu’à ce ça marche), pas sûr que ça marche à tous les coups.

Cette Américaine part 7 mois en congé maternité… sans être enceinte !

Dans la lignée des histoires de fake, celle d’une quadragénaire américaine a de quoi étonner. Cette directrice marketing d’une agence étatique annonce sa grossesse à ses supérieurs et part en congé maternité quelques mois plus tard. Jusque-là, rien de bien anormal me direz-vous. Appréciée par ses collègues et louée par sa hiérarchie, Robin vit a priori une trajectoire des plus communes. A priori seulement, car elle n’est en réalité… pas enceinte ! C’est donc à l’aide d’un faux ventre, d’un faux mari et d’un faux bébé (non vous ne rêvez pas), qu’elle fait croire à son entreprise à sa grossesse, son accouchement et ses premiers mois de jeune maman. Une supercherie dont les motivations demeurent floues, qui a bien failli se terminer après la perte de son faux ventre devant un collègue médusé. Finalement, la découverte du pot aux roses aura lieu par la suite, avec le partage des photos de son « bébé », dont le teint varie nettement de l’une à l’autre. Avec à la clé, tout de même, une assignation en justice pour la fausse maman qui a obtenu 7 mois de congé maternité, et risque désormais jusqu’à 25 ans de prison. Un jeu qui n’en valait clairement pas la chandelle…

Photo par Thomas Decamps

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