Burn out : mieux vaut prévenir que guérir

16 oct. 2019

5min

Burn out : mieux vaut prévenir que guérir
auteur.e
Elsa Andron

Psychologue du travail et psychologue clinicienne

Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, est encore aujourd’hui non reconnu comme maladie en tant que telle mais comme un phénomène lié aux conditions de travail. Il apparaît lorsqu’on se confronte à un stress constant et élevé dans son environnement professionnel. Dans les cas les plus graves d’épuisement professionnel, le stress ressenti peut conduire à des décompensations physiques ou psychiques, pouvant aller dans les cas les plus graves jusqu’à l’acte suicidaire. Les contours de la notion de burn-out restent flous car elle mêle des caractéristiques individuelles (fragilités propres à chacun) et facteurs liés à l’organisation du travail.

Ce manque de reconnaissance du burn-out en tant que “maladie professionnelle” entraîne une réelle difficulté dans sa prévention mais aussi dans sa prise en charge. Il est important de prendre conscience des signes précurseurs de celui-ci afin d’anticiper mais surtout d’éviter le point de rupture. Petit tour d’horizon des signes avant-coureurs du burn out, qu’il est bon de prendre en compte pour agir, mais aussi des pistes d’action pour y remédier.

Le burn out, ça vient d’où ?

Le burn out est étroitement lié au stress au travail et trouve sa source dans les facteurs de risques dits psychosociaux (appelés RPS) tels que :

Ces facteurs, s’ils sont présents de façon constante et durable, peuvent provoquer un épuisement physique, psychique et/ou émotionnel et entraîner des complications sur le plan médical voire psychiatrique. Il est donc important de les identifier et de mettre en place des mesures préventives au sein de l’organisation pour en réduire l’impact.

Attention toutefois à l’utilisation du terme “burn out”, parfois utilisé à tort et trop souvent confondu avec d’autres troubles, dont certains symptômes peuvent paraître similaires tels que les troubles dépressifs. De plus, sachez que le trouble d’épuisement professionnel s’inscrit dans la durée et ne survient donc pas à la suite d’une activité plus intense mais courte. Le burn out se manifeste lorsque nos ressources sont épuisées face aux stress quotidien et récurrent que l’on rencontre dans notre vie professionnelle.

Le trouble d’épuisement professionnel a été conceptualisé par différents auteurs. Si tous ne s’accordent pas sur l’ensemble des symptômes, ils sont unanimes sur l’idée d’une triade de symptômes composée de :

  • Épuisement psychique mais aussi physique
  • Sentiment de dépersonnalisation (perte de sens de soi-même, impression de ne plus avoir le contrôle de la situation)
  • Réduction du sentiment d’accomplissement de soi

À écouter : notre podcast Le Bureau épisode 14 “Celle qui a fait un burn out”

Burn-out : les signes physiques et psychologiques qui doivent alerter

En repérant les signes avant-coureurs, il est possible de réagir en conséquence et d’éviter d’atteindre le point de rupture. La liste qui suit est à prendre avec un certain recul, les signes listés ici pouvant faire référence à d’autres syndromes. Si vous vous retrouvez dans cette liste, vous pouvez consulter un médecin (généraliste ou psychiatre) ou un psychologue qui pourra vous aider dans la démarche diagnostique et le traitement.

Les 9 signes avant-coureurs qui doivent alerter :

  1. Sentiment de ne plus être aussi efficace au travail
    Vous avez le sentiment de ne plus être aussi performant qu’avant. Ce sentiment entraîne de la frustration et une dégradation de l’estime de soi qui renforcent la sensation de ne pas être “au niveau”.

  2. Troubles de l’attention et de la concentration
    Vous constatez qu’il vous est plus difficile de garder une capacité de concentration suffisante pour mener à bien vos tâches (sensation de “tête vide”, perte du fil des idées, étourderies, perte d’objet, etc).

  3. Difficulté à quitter le travail et à se déconnecter
    Que cela soit dû à la charge trop importante de travail ou la conséquence des troubles de la concentration, le fait d’essayer de compenser l’un de ces points par des horaires de travail rallongées est un signe à prendre en compte. Malheureusement cette tendance à en faire plus, accentue fatigue et sentiment d’inefficacité.

  4. Troubles du sommeil
    Insomnies, réveils nocturnes et préoccupations autour du travail vous empêchent de vous sentir reposé au réveil ou lors de vos moments de pause (week-end, vacances). Une grande fatigue physique et psychique s’installe.

  5. Préoccupations constantes tournées vers le travail
    Sentiment d’avoir du mal à décrocher en pensée du travail. Ces ruminations génèrent stress et anxiété.

  6. Difficulté à gérer ses émotions
    Vous vous sentez irritable, avez tendance à vous mettre en colère plus facilement mais aussi à passer du rire aux larmes sans comprendre ce changement d’humeur.

  7. Sensation d’avoir mal partout
    Vous souffrez davantage de maux de tête, de tensions musculaires, de mal de dos ou d’infections virales.

  8. Troubles du comportement alimentaire
    Vous notez que votre comportement alimentaire a changé, vous avez tendance à manger de plus grande quantité de nourriture, ou au contraire, vous constatez que vous avez très peu d’appétit.

  9. Changements comportementaux
    Depuis quelque temps vous constatez une augmentation de votre consommation de tabac, d’alcool ou de drogue, afin de compenser la sensation de fatigue ressentie mais aussi atténuer les ruminations. Vous ou votre entourage remarquez également que vous êtes plus cynique et plus pessimiste, avec une tendance à s’isoler, ce qui contraste avec votre comportement ou état d’esprit habituel général.

Je pense reconnaître un collègue ou me reconnaître dans ces signes avant-coureurs : que faire ?

Les différents symptômes décrit ci-dessus doivent alerter que se soit l’entourage professionnel, notamment les collègues et les managers de proximité, mais aussi l’individu qui les ressent. Ils peuvent indiquer un risque de burn out mais pas nécessairement. En effet, ils peuvent être également révélateurs d’autres perturbations ou événements de vie dont l’impact aura été banalisé.

Voici donc quelques pistes d’action si vous pensez retrouver ces signes chez un collègue ou vous-même :

  1. Prendre le temps de s’écouter
    Cela ne veut pas dire qu’on est “trop” à l’écoute de soi ou qu’on est égocentrique. Il s’agit de faire preuve de la même bienveillance envers nous-même que celle dont nous faisons preuve avec nos proches. Prenons donc le temps d’analyser ce qui se passe en nous et d’identifier peut-être certains signes avant coureurs.

  2. Parler et échanger avec ses proches de ses difficultés liées au travail et au stress.

  3. Prendre conscience des sources de stress au travail et cerner des points d’action.

  4. Provoquer des échanges avec ses collègues et supérieurs hiérarchiques pour trouver des axes d’amélioration des conditions de travail afin d’induire un changement bénéfique pour tous les acteurs concernés.

  5. Faire des pauses
    Prendre le temps de déjeuner sans forcément parler travail et surtout sans manger devant son écran, mais aussi faire une pause de cinq à dix minutes toutes les heures environ pour marcher, sortir prendre l’air, écouter un morceau de musique, s’étirer, bref, respirer.

  6. Se déconnecter
    On évoque avec son supérieur les moments où nous sommes joignables et, en dehors de ses plages horaires définies, on éteint son téléphone professionnel et s’interdit de consulter sa boîte mail professionnelle.

  7. Investir autre chose que la vie professionnelle
    Notre travail est important et peut constituer pour nous une vraie ressource de reconnaissance de nos compétences et nos capacités. Cependant, cela peut rapidement se révéler frustrant si on investit uniquement son énergie au travail. Il est donc primordial de se réserver du temps pour soi (activité artistique ou sportive) et pour voir ses proches.

  8. Consulter un professionnel
    Si l’on se sent dépassé, il ne faut pas hésiter à consulter un médecin (généraliste ou psychiatre) pour faire le point. Il peut être également nécessaire de prendre rendez-vous avec un psychologue ou un psychothérapeute afin de comprendre ce qui, au delà des facteurs organisationnels, a favorisé la mise en place d’un fonctionnement délétère pour soi (tendance au perfectionnisme, surinvestissement de la sphère professionnelle, difficulté à gérer son stress).

Si vous vous retrouvez dans les descriptions ci-dessus, il est important de consulter un professionnel de santé pour faire le point (médecin généraliste ou médecin psychiatre).

Face au burn out, les entreprises ont un travail important à faire de prévention et de formation de leur personnel face à ces problématiques et aux risques psychosociaux. Dans ce cadre, elles peuvent solliciter le conseil d’entreprises spécialisées dans la prévention des risques psychosociaux.

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Photo d’illustration by WTTJ

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