Pourquoi est-il déconseillé de déjeuner à son bureau ?

26 févr. 2021

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Pourquoi est-il déconseillé de déjeuner à son bureau ?
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Midi au bureau : les projets de déjeuners commencent à se préciser. Certains se font livrer un plat, d’autres sortent à la brasserie. Mais vous, vous n’avez pas le temps. Vous devez terminer un dossier avant 18h, faire un point avec votre collègue… Une fois de plus, vous optez pour la formule sandwich-boisson-dessert, avalée en vitesse devant votre ordinateur en répondant à vos mails. Vous avez l’impression de gagner du temps… mais c’est tout le contraire ! Alors, voici quelques conseils pour mieux profiter de votre pause-déjeuner, même quand vous êtes dans le rush !

Une pratique de plus en plus répandue

Officiellement, selon l’article R4228-19 du code du travail, la loi française interdit de prendre ses repas dans les locaux affectés au travail. Sachez donc que si vous mangez à votre bureau, devant votre écran, vous êtes hors la loi !
Selon une enquête Crisco/Cervia réalisée en 2019, le temps de la pause-déjeuner en France serait passé de 1h38 à seulement 38 minutes. Selon une étude YouGov parue la même année, 16% des salariés confient prendre ce temps pour s’avancer dans leurs tâches professionnelles, 30% l’utilisent pour surfer sur les réseaux sociaux, 23% en profitent pour faire une sieste ou se reposer et 21% pour des tâches personnelles. Pourtant, 83% considèrent que c’est un moment important de leur journée. Alors, comment mieux en profiter ?

Pause devant son bureau : quels impacts physiques ?

Déjà, vos collègues peuvent être gênés par les effluves de votre plat qui se diffusent en un temps record dans tout l’openspace. Si vous avez cuisiné du hareng fumé la veille, réfléchissez-y à deux fois avant d’ouvrir votre Tupperware…

Autre point : il faut se rappeler que le clavier de l’ordinateur est un nid à microbes : une étude a démontré qu’il serait 400 fois plus sale que la cuvette des toilettes. Or, il ne vous est jamais venu à l’idée de prendre votre pause-déjeuner en allant au petit coin… Pour éviter de tomber malade, évitez donc de rester devant votre ordinateur et mangez dans un endroit dédié.

Outre ces problèmes d’hygiène et de cohabitation en open space, il existe un point plus important à prendre en compte et qui concerne votre santé. Selon la médecin Laurence Plumey, nutritionniste, auteure du livre Sucre, gras et sel : ce que contiennent vraiment nos aliments (éditions Eyrolles), le déjeuner est le repas le plus important de la journée. Il représente la moitié des besoins nutritionnels. Après le déjeuner, il faut attendre encore 8 heures avant le dîner. Il permet à la fois de récupérer de la fatigue de la matinée mais également d’être efficace l’après-midi. Il a donc un rôle essentiel, d’autant plus lorsque l’on est au bureau et que l’on doit réfléchir sur des dossiers complexes.

En mangeant à son bureau, notre attention n’est pas focalisée sur ce que l’on mange, on n’assimile donc pas les aliments que l’on avale et on fait du repas un acte automatique. En général, on mange très vite en mastiquant peu et on ne laisse pas le temps au cerveau de réaliser qu’on est en train de le nourrir, ce qui diminue la sensation de satiété. Une étude de l’Université d’Indianapolis confirme les effets de la mastication sur la satiété. 13 volontaires ont mâché 55 grammes d’amandes plus ou moins rapidement. Pendant les 3 heures suivantes, les chercheurs ont démontré que les personnes qui avaient mâché plus lentement avaient moins faim que celles qui avaient mâché rapidement.

Le risque de ne pas bien mâcher est donc de compenser avec les sucreries proposées par le distributeur vers 16h-17h. Manger sur le pouce favorise également l’accumulation de bulles d’air dans l’estomac. Si on reste assis tout l’après-midi après, on peut être sujet à des ballonnements et des maux de ventre.

Les impacts psychologiques

La pause-déjeuner n’est pas seulement une tranche horaire pendant laquelle on calme sa faim. Au-delà du besoin physiologique, le déjeuner est également un temps où l’on permet à son cerveau de faire une pause, un temps de relaxation où l’on se déconnecte de son travail. Il est donc important que la rupture soit spatiale et psychologique. Des universitaires berlinois se sont penchés sur les conséquences psychologiques d’un repas. Ils ont étudié les émotions de 32 personnes : 16 d’entre elles mangeaient seules à leur bureau tandis que les 16 autres s’accordaient une vraie pause et prenaient un repas à table avec d’autres personnes. Résultat : les personnes ayant pris plaisir à manger au restaurant étaient plus aptes à se relaxer, à relâcher leurs fonctions cognitives, à maîtriser davantage leur palette d’expressions faciales et ainsi augmenter potentiellement leur créativité.

Les conseils de Lucile Woodward, coach sportif et en nutrition pour profiter au mieux de sa pause-déjeuner

1. Manger consistant

Pour garder la force mentale et morale lors de la seconde partie de journée, Lucile Woodward conseille de prendre un déjeuner complet : des féculents pour la source de glucides (du riz ou du pain complet ou aux céréales par exemple), des fibres (des légumes ou quelques fruits au dessert), une source de protéines est également bienvenue (qu’elle soit végétale ou animale) et n’hésitez pas non plus à inclure des lipides (avocat, noix de cajou…).

La coach sportif met en garde contre l’hérésie de la salade trop légère à midi. Trop de personnes qui font attention à ce qu’elles mangent choisissent cette option en pensant bien faire mais bien souvent, elles se retrouvent à grignoter plus le soir. Cela ne permet pas d’avoir un sommeil réparateur et une bonne régénération cellulaire.

Dans le cas où l’on est amené à faire un déjeuner avec des collègues ou des clients, il faut garder en tête que ce n’est pas un repas festif. Au restaurant, on reste raisonnable et on opte pour un choix plus léger que la formule entrée-plat-dessert-café gourmand. Cela nous permettra d’être efficace l’après-midi.

2. Bouger avant de prendre son repas

Que ce soit 30 minutes de marche ou 20 minutes de footing, ce n’est pas grand-chose et cela permet de sécréter de la sérotonine, neurotransmetteur de la bonne humeur et qui permet d’être plus concentré pour le reste de la journée. Sortir prendre l’air avant de manger aide à combattre la sédentarité.
Alors, on ne se fait plus livrer son repas au bureau : on descend le chercher et on n’hésite pas à marcher 10 minutes pour aller chez son traiteur préféré !

3. Apprécier ce moment de convivialité

Faire une pause avec ses collègues permet de partager un moment de convivialité, de parler, d’échanger des bons plans. Cela peut être l’occasion de faire des réunions informelles pour des sujets qui ne nécessitent pas une grande concentration. Le repas est également un moment privilégié pour le team building : c’est un bon moyen de s’intégrer à l’équipe, en particulier pour les nouveaux arrivants.

4. Préparer au maximum à la maison

Préparer ses repas à l’avance permet de savoir ce qu’on mange, de choisir des produits qui sont le moins transformés possible, de faire des économies et d’éviter les craquages. On peut cuisiner le week-end en grande quantité quand on a plus de temps. On peut également cuisiner les repas pour le soir et en faire un peu plus pour pouvoir en emporter le lendemain au bureau. Il est certain qu’en vous préparant une gamelle qui vous fait plaisir, vous n’aurez plus envie de faire l’impasse sur une pause-déjeuner, bien méritée !

Vous l’aurez compris, la pause déjeuner est essentielle dans votre journée de travail : elle vous permet de faire un vrai break, de recharger vos batteries et en prime de sympathiser avec vos collègues. Vous êtes convaincus ? Mettez votre ordinateur (et vous-même) en veille, lâchez vos dossiers en cours et profitez !

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Photo by WTTJ

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