Qu’est-ce que les perks d’une entreprise disent d’elle ?

29 janv. 2024

4min

Qu’est-ce que les perks d’une entreprise disent d’elle ?
auteur.e
Laure Girardot

Rédactrice indépendante.

Abonnement à une salle de sport, salle de sieste, aide au logement, crèche… Le panel d’avantages sociaux est de plus en plus large. Le contenu du package proposé par l’entreprise est loin d’être anodin, dévoilant les facettes de sa culture interne.

« Perks » pour les bilingues ou « avantages sociaux » : que met-on derrière ce terme RH ? Florent Letourneur, cofondateur et CEO de We feel Good, propose un récapitulatif – non exhaustif – des différentes typologies d’avantages proposés aux salariés. Commençons par les « standards », à savoir les incontournables titres-restaurant, la prise en charge de la mutuelle et des transports (obligatoires à 50 %). 82 % des salariés jugent ces avantages sociaux distribués par les entreprises comme essentiels pour soutenir le pouvoir d’achat. Viennent s’ajouter à cela des avantages plus
« originaux ».

« Aujourd’hui, on assiste à une diversification des avantages sociaux afin de répondre aux nouveaux intérêts des collaborateurs, qui s’orientent vers la santé et le bien-être. » En effet, des programmes d’accompagnement émergent autour de la gestion du stress, du coaching sur le sommeil ou la nutrition. Sur le plan organisationnel, la flexibilité devient un axe distinctif : les offres d’emploi mentionnant ce dispositif ont connu un boom de recherche de 68 % depuis février 2023. « Il s’agit d’offrir un cadre souple qui permette aux personnes de choisir leur organisation (nombre de jours en télétravail) ou encore le modèle horaire : 35 heures, 39 heures avec RTT sur 4 ou 5 jours… » Les services liés à la parentalité, tels que les places en crèches ou les conciergerie, ainsi que les initiatives favorisant l’aidance (handicap, maladie, fragilités…) prennent de l’ampleur.

D’autres évolutions sont à noter autour des compétences : « Les entreprises proposent de plus en plus à leurs collaborateurs un accompagnement sur la gestion de leur épargne retraite, les incitant à planifier leur avenir financier », poursuit Florent Letourneur. Cette culture financière va dans le sens du développement personnel et professionnel : « Aujourd’hui, alors que le travail évolue, le véritable avantage est l’apprentissage continu avec une culture apprenante basée sur l’intervention d’experts, des learning expeditions ». Dans la même optique, certaines organisations offrent même du temps à leurs équipes en les impliquant dans du mécénat de compétences. Enfin, quand l’entreprise peut le faire, l’aide au remboursement de prêt étudiant ou une prise en charge d’une partie du crédit immobilier sont des coups de pouce à fort impact.

S’il existe pléthore d’avantages, leur choix est loin d’être une vétille pour la marque employeur. L’enjeu ? Bâtir une stratégie de perks cohérente, attractive et assumée, en ligne avec la culture d’entreprise : une véritable ligne de crête pour les RH !

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Perks & culture d’entreprise : miroir, mon beau miroir RH ?

Choisir les avantages sociaux de son entreprise, ce n’est pas simplement alimenter la politique de rémunération. C’est aussi – et surtout – asseoir et faire rayonner sa culture d’entreprise. « Si les avantages ne correspondent pas aux valeurs, au management et au fonctionnement de l’entreprise, les incohérences répétées et vécues par les salariés risquent d’être délétères en termes de départs, d’absentéisme et d’engagement », alerte Florent Letourneur. Selon lui, il existe deux grands cas de figure – le second étant préférable au premier.

Cas n°1 : des avantages hors-sol

L’organisation propose des avantages attractifs sans définir préalablement son « socle RH » : « On va par exemple proposer des baby-foots, des congés flexibles ou des crèches… Mais le maintien d’un management hiérarchique ou des salaires loin des revenus médians vont nuire à l’expérience collaborateur, rendant toutes ces initiatives caduques ».

Cas n°2 : les avantages cohérents

Les politiques RH et managériales ainsi que l’expérience collaborateur ont bien été travaillées en adéquation. L’entreprise peut donc facilement proposer des avantages distinctifs afin d’influer sur son attractivité et son engagement.

Ce qu’on retient ? Travailler sur le socle RH est une étape inéluctable avant de se lancer dans des avantages « LinkedIn ou Glassdoor compliant » qui risquent d’être inopérants voire nuisibles pour la pérennité de la marque employeur.

Avantages sociaux : les 4 règles d’or

Questionner ses salariés

Florent Letourneur insiste sur un point : « Écoutez vos
salariés !
». Lancer une enquête interne pour questionner leurs envies et besoins est un prérequis pour bâtir une liste attractive et ancrée dans la réalité. En procédant ainsi, on assure une approche inclusive des avantages sociaux : « Les salles de sport, les soirées pizzas ou les voyages, c’est très bien… Mais nous n’avons pas tous et toutes les mêmes contraintes et besoins. Il faut l’intégrer dans sa stratégie. ». L’enquête peut être renouvelée régulièrement afin d’évaluer la pertinence des avantages dans le temps. On assure ainsi que le package est en phase avec les évolutions stratégiques et culturelles de l’entreprise ainsi que celles du corps social.

Individualiser les packages sociaux

La Belgique est un précurseur des avantages sur-mesure. Appelés « flexible reward plans » ou « cafeteria plans », ces packages à la carte permettent aux salariés de recevoir, en plus de leur salaire fixe, des points à convertir en avantages extra-légaux. Par exemple, ils peuvent opter pour des congés supplémentaires, investir dans de l’épargne salariale, profiter d’une voiture de fonction, abonder son assurance hospitalisation ou encore réaliser des formations spécifiques… « Cette approche individualisée permet de répondre aux besoins des salariés qui changent en fonction de leur situation professionnelle et personnelle », souligne Florent Letourneur.

Lever le tabou de l’argent

« Si la transparence des salaires est une tendance forte aujourd’hui, apprendre à parler rémunération globale est essentiel avec les candidats et les salariés », insiste Florent Letourneur. Au sein de sa propre structure, dès l’onboarding, une session est planifiée avec le nouvel arrivant pour expliquer la politique de rémunération, les évolutions salariales et les avantages sociaux. Le but ? Répondre aux questions et frustrations possibles sur cette thématique encore sensible. La mise en place d’un bilan social individuel est une solution complémentaire pour renforcer la transparence : WINCHApps, entre autres, propose un bilan social individuel (BSI) digital dès le processus de recrutement, afin de présenter l’ensemble de la rémunération (avantages compris) aux candidats. Le même modèle s’applique en interne avec une approche personnalisée du package salarial pour les collaborateurs.

Éviter l’effet « cage dorée »

Tel le village de Potemkine, certaines entreprises innovent en offrant des avantages plutôt flamboyants pour retenir les
talents : de la nourriture à volonté, des salles de jeux ou de sieste, des repas gastronomiques, des concerts au bureau, la possibilité de faire venir son animal de compagnie… Un joli vernis dont il faut se méfier, selon Florent Letourneur : « On observe ce type de services dans la culture américaine, les GAFAM en sont assez friands. En France, les salariés se méfient de ces vitrines qui peuvent rapidement avoir une emprise sur leur équilibre de vie ».


Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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