Portrait d'entrepreneurs | Morgane et Charles, disrupter en beauté
31 mai 2017
4min
Editorial Manager - Modern Work @ Welcome to the Jungle
Il y a trois ans, Morgane L’Hostis et Charles Berenguer sont tombés dans la marmite “beauté”. Aujourd’hui, sept jours sur sept et sans jamais douter, ils sont les dirigeants passionnés de Popmyday, la start-up qui permet de commander un professionnel beauté à domicile.
“Franchement, je voulais tellement monter un projet avec Charles que s’il m’avait proposé de monter une boîte dans le jardinage, je l’aurais rejoint.” Cheveux tissés de miel ramenés sur le haut du crâne, dos droit et jambes croisées, Morgane L’Hostis est, comme son associé Charles Berenguer, d’une implacable sincérité. Le genre d’entrepreneurs beauté qui vous avouent qu’ils sont tout sauf des beauty addicts. Mieux, qu’ils n’y connaissaient rien du tout il y a encore trois ans et qu’ils se souviennent dans des éclats de rire de leur première tentative pour recruter des professionnels du secteur. “_On s’est retrouvé avec la postulante dans un café, et on était là avec Charles à poser n’importe quoi comme questions ! Elle a dû se dire : mais c’est quoi ces deux rigolos…_”
Hasard et hackathon
Dix heures. C’est le temps qu’il a fallu à Morgane et Charles pour attraper au vol leur destin. C’était en mars 2014. À quelques jours de leur jury HEC, le duo en Master entrepreneuriat participe sur un coup de tête au Hackathon de L’Oréal à l’Ecole 42. “On est arrivé sans avoir de business plan, juste avec une idée.” Le pitch : Popmyday, une appli pour commander à domicile des professionnels freelance de la beauté (exclusivement des coiffeurs pour le Hackathon). “_C’était le moment où le modèle Uber se développait sur de nombreuses verticales aux USA et comme on travaillait sur un projet de visioconférences dans la beauté pour notre jury, on a voulu le tenter sur ce secteur._”
Et ce qui n’était pas prévu, c’est que le jeune binôme remporterait le premier prix dans la catégorie “révolutionner la relation coiffeur-client”. Un souvenir qui anime encore les visages. “Ça a été un carton incroyable ! Il y a eu un emballement de dingue autour de Popmyday, plus qu’en trois mois de travail acharné sur les visioconférences_” se souvient la première. “_En sachant qu’on n’avait aucune expérience dans la cosmétique ou autre, alors le fait de créer un momentum chez L’Oréal c’était incroyable…_” abonde le second. Abasourdis et ravis, les étudiants jettent à la poubelle des mois de travail sur les visioconférences et se lancent dans Popmyday. “_On a présenté à notre jury HEC un projet monté en quelques jours à peine, ce qu’ils n’ont pas vraiment apprécié. Ils nous ont mis 12, c’est vraiment mauvais… Mais on s’en fichait parce qu’on avait validé deux choses : notre capacité à travailler à deux et le concept de Popmyday, encensé par les gens de L’Oréal.” Presque trois ans après, le “Uber de la beauté” revendique 10 000 clientes en 2016 et 250 “Popartistes”.
Le challenge de la disruption
Devant la blonde et le brun, pas de ressemblances évidentes. Mise sophistiquée pour elle, jean-basket branché geek pour lui ; elle a fait HEC de A à Z, quand il ne l’a rejoint qu’en cinquième année, un diplôme d’Ingénieur-développeur en poche.
Pourtant, dès que l’on creuse, les similitudes s’amoncellent : Parisiens de naissance, parents du genre cadres sup’, sourires faciles et langues volubiles. Deux caractères bien trempés qui ont surpris en se lançant dans la cosmétique et les soins à domicile. Charles : “_Clairement, mon entourage n’a pas compris !” s’amuse le trentenaire. “Les gens s’attendaient plutôt à ce que je lance une start-up ultra tech. Et forcément, en tant que mec tu te fais charrier non-stop par les potes._” Même ton badin chez Morgane : “_Ma grand-mère ne comprenait pas pourquoi j’ouvrais un salon de coiffure… Heureusement, on a très rapidement eu des retombées presse. Étrangement, ça a rendu notre projet sérieux aux yeux de nos proches !_”
Car à l’origine de Popmyday, c’est bien le challenge du marché qui a convaincu les néo-entrepreneurs. “Quand on s’est penché sur le secteur on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas eu de disruption sérieuse depuis très longtemps_” détaille Charles. “_Or c’est un marché à la taille et au dynamisme incroyable. Rien qu’en France, les chiffres des services beauté atteignaient les 10 milliards d’euros, le tout avec des youtubeuses comme EnjoyPhoenix qui commençaient à faire un buzz incroyable.”
M et Mme Beauté
Déjouant les pronostics, ceux qui se surnomment en plaisantant “M. et Mme Beauté” ont fait d’un “projet sérieux” un véritable plan de vie. Au détriment 100% accepté du temps-libre et des autres activités. “Ma passion ? C’est Popmyday!_” glisse Charles dans un clin d’œil. “_Non mais il faut se rendre compte qu’on est dans un business de services, sept jours sur sept, de 7h à 22h. Donc pour le reste, je n’ai plus trop de temps.” Tous les jours depuis trois ans, le binôme se relaie sans relâche. Okay pour un repas entre amis de temps en temps, mais exit la plupart des week-ends. “_Je sais que ça semble fou_” relève Morgane, “_mais quand c’est ta boîte, ce n’est pas du tout pareil._” Pour s’échapper, la jeune femme de 27 ans va deux fois au sport par semaine, à 7h du matin, ou naviguer en Bretagne quand elle parvient à arracher quelques jours. Son binôme privilégie des voyages d’une semaine à l’autre bout du monde.
Depuis janvier qu’ils ont engagé leurs premières salariées (et oui, que des filles), suite à une levée de fonds d’un million d’euros, l’équipe Popmyday a colonisé plusieurs pièces de l’appartement du 73 boulevard Poissonnière. “Dans le futur, on veut que Popmyday devienne un institut de beauté totalement digitalisé. Popmyday doit devenir une référence, avec les meilleurs professionnels.” En attendant la start-up s’est lancée dans des offres mensuelles avec des marques partenaires comme Estée Lauder et compte développer son activité vers le BtoB. De quoi devenir de vrais beauty addicts.
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