Impact : 5 idées pour rendre votre entreprise plus écolo

16 févr. 2023

5min

Impact : 5 idées pour rendre votre entreprise plus écolo
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Face aux grands enjeux climatiques, les entreprises ont une responsabilité. Sensibilisation, débat, ateliers collaboratifs : en matière d’écologie, l’adoption des bonnes pratiques – collectives et individuelles – passera d’abord par le dialogue.

63 millions. C’est le nombre de tonnes de déchets produits par les entreprises françaises (hors construction) en 2018, selon l’Ademe. Soit 24 millions de plus que les ménages. Et elles en sont conscientes. Une enquête de l’Insee de 2016 révèle que 14 % des organisations de plus de 20 salariés reconnaissent avoir un fort impact sur la production de ces ordures. Dans ce classement, celles-ci placent le changement climatique en deuxième position de leurs préoccupations environnementales. Tous ces chiffres rappellent que dans la bataille qui nous oppose à ce phénomène prévisible (si si, on vous assure), toutes les strates de la société doivent être mises à contribution, sous peine de subir un second Waterloo… Mais d’ampleur internationale, celui-ci, et beaucoup plus problématique pour l’avenir de l’espèce humaine. Afin d’assumer leur responsabilité, la première étape pour les entreprises est d’accompagner et former leurs collaborateurs sur ces questions. Ce sont les Nations Unies qui le disent : la sensibilisation est l’un des piliers de la lutte contre le dérèglement climatique.

« L’écologie est un changement profond de philosophie »

Les défis environnementaux sont donc l’affaire de tous. Et intégrer cette donnée, c’est déjà entamer une transition au niveau des mentalités. Millie Servant, rédactrice en cheffe de Climax, média spécialisé dans la révolution climatique, considère que « l’écologie est un changement profond de philosophie. Celui-ci doit opérer dans toutes les cellules de l’entreprise, et pas seulement dans un document stratégique pensé par un dirigeant ». En filigrane, il s’agit de remettre en cause le modèle économique sur lequel sont construites nos organisations. La croissance infinie dans un monde fini n’a plus sa place à l’heure où les mauvaises nouvelles écologiques remplissent les colonnes des journaux et les écrans des smartphones. Opter pour une croissance raisonnée et responsable devient inévitable.

« La question n’est pas de dire qu’être écolo est bon pour l’entreprise, mais que ne pas l’être est mortel pour elle », assène Millie Servant. Or, les organisations ont le pouvoir d’améliorer les pratiques individuelles et collectives. Attention, il ne s’agit ni de tomber dans le piège du greenwashing, ni de tout renverser du jour au lendemain. Il est important de procéder avec transparence et par étape, en trouvant un consensus avec les salariés. Oui mais par quoi commencer ? Voici nos conseils pour se lancer.

5 pistes concrètes pour rendre votre entreprise plus écolo

Élaborer votre bilan carbone

Avant d’évoquer l’impact de l’entreprise sur l’environnement en Comex, il faut pouvoir s’appuyer sur des éléments tangibles, comme de la data, pour que ce problème parle à l’ensemble du groupe. Ça, Adrien Gaillard, membre du syndicat Printemps écologique et manager dans une société de conseil en cybersécurité (300 employés), l’a bien compris. Ila mis en place depuis 2 ans un modèle de calcul du bilan carbone. Les dirigeants s’étaient montrés un peu indifférents lors de sa première présentation, mais avec le temps, les choses évoluent dans le bon sens, sous la pression du fond de pension à qui appartient l’entreprise, et celle des clients. « D’un point de vue business, certains nous demandent d’avoir des critères de prise en compte des impacts écologiques, et de disposer d’un plan d’action. Ça revient de plus en plus souvent, notamment avec les grandes banques », précise le trentenaire. Attention toutefois à ne pas canaliser les efforts à 100 % sur le bilan carbone, qui n’est pas le vaccin contre le changement climatique. Millie Servant met d’ailleurs en garde : « Ce n’est qu’un indicateur parmi tant d’autres, comme la biodiversité ou le social ». Retenez qu’il n’y a pas de recette miracle, mais que c’est la somme des actions qui est efficace dans l’engagement écologique.

Impliquer tous les salariés dans votre strat’ RSE

Votre entreprise s’oriente doucement dans une voie plus durable ? C’est bien mais si vous êtes un dirigeant et que votre société cherche sa stratégie RSE, ne prenez pas les décisions seul. « Personne n’est mieux placé que les salariés pour transformer le modèle d’affaires et entamer une révolution culturelle en interne », décrypte Adrien Gaillard. Il est clair que si vous voulez que les grandes orientations soient acceptées par la majorité, vous devez échanger. Selon notre expert du Printemps écologique, « il faut que les salariés s’expriment pour avoir les meilleures idées et déconstruire la verticalité de l’entreprise ». En plus d’avoir des collaborateurs investis, votre image de marque s’en trouvera améliorée auprès des candidats. Comme le révélait le discours des étudiants d’AgroParisTech qualifiant leurs futurs métiers de destructeurs, les nouvelles générations sont très sensibles aux entreprises engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Communiquer avec authenticité autour de vos actions devient ainsi un levier d’attraction des talents.

Communiquer avec les éco-anxieux… et les climatosceptiques

Sur ce bateau qu’est l’entreprise, votre équipage est composé de personnes de tout bord. Il peut y avoir des moussaillons anxieux à l’idée d’affronter une grosse tempête, aussi bien que des matelots persuadés que l’orage n’arrivera jamais. En tant que capitaine, vous êtes chargé de faire cohabiter ces profils, au risque de voir votre galion chavirer. Pour les climatosceptiques, la meilleure solution est… de laisser couler. Il est difficile de les convaincre, alors pour qu’ils entament d’eux-mêmes un dialogue sur le sujet, le changement culturel interne doit déjà être en cours. Si le temps est ici votre allié, c’est une autre histoire avec les éco-anxieux qui, eux, ne peuvent pas attendre. « On peut considérer l’éco-anxiété comme une maladie professionnelle car elle fait partie des risques psychosociaux. Il faut laisser s’exprimer ces employés et les orienter vers un médecin si besoin », expose Adrien Gaillard. Il pense aussi « qu’une partie des burn-out ont une part non négligeable attribuable à l’éco-anxiété ». Bref, si l’un de vos collaborateurs se confie sur ses angoisses vertes, ne le prenez pas par-dessus la jambe, c’est un signal de mal-être fort.

« Il faut aussi une écologie joyeuse avec des personnes inspirantes qui viennent en parler. »

Organiser des jeux et des ateliers de sensibilisation

Même si 47 % des Français considèrent le réchauffement climatique comme un enjeu prioritaire, beaucoup n’agissent pas par méconnaissance des mécanismes qui composent ce phénomène, et les plus avertis peuvent être paralysés par les rapports du GIEC. Afin d’apporter de la documentation fiable et accessible à tous, vous pouvez opter pour une initiative collective et ludique : la fresque du climat. Le principe ? Les participants ont à disposition un jeu de cartes qui doit leur permettre d’identifier les liens de cause à effet du changement climatique. Millie Servant recommande ce type d’atelier car, selon elle, « il ne faut pas avoir uniquement une approche scientifique, il faut aussi une écologie joyeuse avec des personnes inspirantes qui viennent en parler ». La fresque a déjà été utilisée par l’entreprise d’Adrien Gaillard, en complément d’interventions de scientifiques ou encore de vulgarisateurs comme Benoit Petit, expert en numérique durable, ou Le Réveilleur, un youtubeur. Avis aux amateurs de team buildings, voici une manière responsable de créer du lien avec vos collaborateurs.

Opter pour une approche durable des outils numériques

Vous suggérez à vos salariés d’éviter d’envoyer des fichiers trop lourds par mail afin de sauver la planète ? Désolé de vous dire que ce petit geste ne sert pas à grand-chose, si dans le même temps vous autorisez un changement de téléphone ou d’ordinateur professionnel tous les 2 ans. « L’impact polluant du numérique vient pour 80 % de la création d’équipement. Garder son téléphone un an de plus, ça change la donne », développe Adrien Gaillard. D’après lui, instaurer une charte d’utilisation du numérique serait souhaitable pour diminuer la consommation globale – vous pourriez l’intégrer dans un rituel d’onboarding, pour que chaque nouvelle recrue soit sensibilisée. Au sein de son entreprise de conseil en cybersécurité, une filière de reconditionnement a d’ailleurs été mise en place : « On achète du reconditionné et quand on a des équipements cassés, on essaie de le faire recycler par ces entreprises ». Dans la même lignée, vous pouvez vous inspirer de ce guide pratique proposé par le gouvernement. Le numérique durable est non seulement un moyen de préserver notre environnement à tous, mais il va aussi alléger vos finances. C’est du gagnant-gagnant !

RSE : 5 bonnes idées pour rendre son entreprise plus écolo

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Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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