Décrypter sa fiche de paie : mode d'emploi
14 janv. 2020
5min
Rédacteur & Photographe
CSG, CRDS, APE, NAF… Mais qu’est-ce que c’est que ce charabia ?! Voilà encore un papier administratif rempli d’acronymes incompréhensibles. Chaque fin de mois c’est pareil, vous recevez votre fiche de paie sans rien y comprendre. Pourtant passée de 50 à une quinzaine de lignes en 2018, la fiche de paie reste une énigme pour la majorité des Français. Contrairement aux apparences, il n’est pas nécessaire d’être diplômé de comptabilité pour la décrypter. Et, bien qu’un peu formelle, cette fiche est remplie d’informations utiles pour votre avenir (retraite, congés, prévoyance santé) ! Welcome to the jungle vous donne le mode d’emploi pour déchiffrer, ligne par ligne, votre mystérieux bulletin de paie.
La fiche de paie : en simple
Ça sert à quoi ?
La fiche de paie, qu’on appelle aussi le “bulletin de paie”, est un document établi mensuellement par l’employeur qui accompagne le versement de votre salaire. Elle ne concerne donc que les travailleurs salariés. Sa mission est de récapituler un certain nombre d’informations relatives à votre travail et votre rémunération : temps de travail, heures supplémentaires, montant total du salaire brut, détail des cotisations sociales, indemnités, total du salaire imposable et congés.
C’est une preuve du travail que vous avez accompli, notamment dans le calcul de vos droits à la retraite… Conservez-les donc précieusement, sans jamais les jeter. Si par malheur vous les avez perdues, sachez que le code du travail impose à votre employeur d’en conserver une copie électronique pendant 5 ans… il est peut-être encore temps !
Quand, comment et sous quelle forme ?
Le bulletin de paie vous est remis en même temps que le versement de votre rémunération. Il peut l’être par voie postale, en main propre ou sous format électronique, à condition que vous ne vous y opposiez pas. Dans tous les cas, votre employeur ne peut vous imposer aucune formalité (signature, attestation) qui aurait pour but de certifier que le montant reçu correspond bien au salaire qui y est mentionné. Enfin, la remise de votre fiche de paie doit toujours garantir l’intégrité et la confidentialité des informations qui s’y trouvent.
Le nouveau « bulletin de salaire simplifié »
En 2017, le gouvernement s’est lancé dans une vaste opération de simplification du bulletin de paie. Il faut reconnaître que les 50 lignes de l’ancienne fiche de paie la rendaient véritablement incompréhensible pour le commun des mortels. C’est l’objet d’un premier décret du 25 février 2016 : supprimer des mentions, en regrouper d’autres… bref, faire le tri et rendre tout cela digeste !
Le nouveau « bulletin de salaire simplifié » comporte dorénavant une quinzaine de lignes. Dans un souci de clarté, le coût réel du travail est mis en évidence par la mention du salaire brut, les cotisations patronales et les exemptions de charges financées par l’État. En mai 2018, d’autres modifications sont intervenues pour adapter la fiche de paie aux réformes du chômage et du prélèvement de l’impôt à la source.
Mais, le grand changement apporté par le « bulletin de salaire simplifié » reste le nombre de mentions obligatoires qui doivent y figurer, passé de 40 à 15. Ce modèle type de fiche de paie est devenu obligatoire pour toutes les entreprises depuis le 1er janvier 2018.
La fiche de paie coupée en 4
Pour bien comprendre votre fiche de paie, il faut repérer qu’elle se découpe en 4 zones : l’identité des parties, le salaire brut, les cotisations sociales et les taxes, et enfin le salaire net et imposable.
1. Contrôle d’identité : employeur et salarié
L’identité des parties est la zone la plus évidente et compréhensible de la fiche de paie. Elle rappelle qui sont l’employeur et le salarié.
L’employeur est d’abord identifié :
- nom de la société
- adresse du siège social
- numéro de code APE/NAF (code d’activité principale exercée qui permet de connaître la branche ou le secteur d’activité : agricole, artisanale, commerciale)
- numéro SIREN (le numéro SIRET est facultatif)
- convention collective applicable au salarié
Figure ensuite votre identité de salarié :
- nom
- emploi occupé, matricule et classification (niveau hiérarchique)
- salaire mensuel brut de base
À ces mentions obligatoires s’ajoutent la période de travail et la date de paiement du salaire. Le mode de règlement, la nature du contrat et la date d’embauche sont en revanche facultatives.
2. L’effet waouh : le salaire à l’état brut
Cette seconde zone mentionne le montant du salaire brut, c’est-à-dire la rémunération à laquelle vous avez droit, en contrepartie du travail que vous avez accompli ce mois-ci. Il est calculé avant toute retenue sociale et fiscale.
Sont également mentionnés les éléments qui ont permis le calcul de ce salaire brut :
- le nombre d’heures payées au taux normal
- le nombre d’heures payées à taux majoré (jour férié, travail de nuit, heures supplémentaires)
- les jours de congés payés
- la nature et le montant des accessoires de salaire perçus : primes, 13ème mois, avantages en nature (frais de transport, ticket restaurant, etc.)
De cette rémunération brute qui peut paraître alléchante, vont malheureusement être déduites des cotisations et contributions sociales. C’est la 3ème zone de votre bulletin de paie.
3. La zone sensible : cotisations sociales et taxes
De la rémunération appétissante qui précède, vous allez devoir soustraire des cotisations sociales destinées à assurer votre avenir.
Mais vous n’êtes pas seul, pour votre employeur aussi l’addition gonfle. La somme totale qu’il devra débourser pour votre salaire revient ainsi à votre salaire brut + des charges patronales, soit un salaire dit “superbrut”.
La fiche de paie se découpe alors en deux colonnes qui séparent, pour chacune des cotisations suivantes, la « part salarié » de la « part employeur » :
Santé :
- sécurité sociale, maladie, maternité, invalidité, décès
- complémentaire incapacité, invalidité, décès
- complémentaire santé
Accident du travail et maladie professionnelle : là, bonne nouvelle, il n’y a que l’employeur qui est concerné par cette cotisation.
Retraite :
- sécurité sociale plafonnée
- sécurité sociale déplafonnée
- retraite complémentaire
Famille, sécurité sociale : celles-ci sont exclusivement à la charge de l’employeur et servent au financement des allocations familiales
Autres contributions par l’employeur : ici encore, elles ne concernent que l’employeur (contribution au Fonds national d’aide au logement, contribution solidarité autonomie, forfait social, taxe d’apprentissage, contribution patronale au financement des organisations syndicales.)
Peuvent s’ajouter à ces mentions des cotisations prévues explicitement par la convention collective de l’entreprise où vous travaillez et d’éventuelles exonération de cotisations dont bénéficie votre employeur.
CSG et CRDS : la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) sont des taxes destinées à financer la protection sociale en France. Elles concernent l’employeur comme le salarié, et ont pour objectif de résorber le fameux “trou de la sécurité sociale”.
Total : c’est la ligne qui fait mal au salarié comme à l’employeur, en bref c’est le résumé des cotisations versées par chacun. Pour vous, elles sont moins douloureuses car elles se déduisent immédiatement de votre salaire. Pour votre employeur, elles représentent un versement supplémentaire…
4. En net : le salaire à payer et imposable
La 4ème et dernière zone de votre fiche de paie c’est finalement ce que vous allez toucher ! C’est-à-dire le « salaire net » que vous percevez après la déduction de toutes ces contributions et taxes. Généralement, il paraît bien pauvre à côté de son cousin brut.
C’est fini ? Non pas tout à fait… après les cotisations sociales et les taxes, n’oubliez pas les impôts. Plus précisément l’impôt sur le revenu.
Avant, il y avait le salaire dit « imposable ». On vous laissait là avec votre rémunération nette, dans l’illusion que ce que vous percevrez, vous pourrez le dépenser… Les plus naïfs se sont trouvés forts dépourvus quand le fisc fut venu, les priant de leur verser l’impôt qui n’était pas mentionné…
Aujourd’hui, c’est fini ! Plus de doute possible, vous savez maintenant ce que vous coûte l’impôt sur le revenu et vous le payez immédiatement. Depuis le 1er janvier 2019 le prélèvement de l’impôt se fait « à la source », soit directement sur votre « salaire net ». Plus de mauvaise surprise, votre bulletin de paie mentionne dorénavant en gros votre salaire net avant paiement de l’impôt et, en plus petit, le montant versé au titre de celui-ci.
Plus claire, la fiche de paie est également plus transparente. Elle vous permet de mieux comprendre combien vous coûtez à votre employeur et à celui-ci de savoir ce qu’il vous reste pour vivre. Un Homme averti en vaut deux !
Photo by WTTJ
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