6 mois de boulot vs 2 semaines de vacances : pourquoi le concept est une absurdité !

Publié dans Psycho Boulot

01 sept. 2022

auteur.e
Soline Cuilliere

Journaliste vidéo - Welcome to the Jungle

contributeur.e

PSYCHO BOULOT - Pourquoi procrastine-t-on parfois au travail alors qu’on est “sous l’eau” ? Pourquoi imagine-t-on toujours le pire au boulot comme dans la vie ? Pourquoi travaille-t-on 5 jours par semaine et pas 3, 4 ou 6 ? Ou encore, pourquoi a-t-on décidé que les weekends étaient une bonne idée ? Découvrez Psycho Boulot, la série qui vous offre un divan confortable où aborder les questions existentielles du monde du travail, et prendre (enfin) un coup d’avance sur votre cher cerveau grâce à [notre expert du Lab Albert Moukheiber.

Vous les avez attendu toute l’année et les voilà : les vacances ! Votre mail d’absence est enclenché, votre to-do list bouclée et vos valises définitivement prêtes. Bref, à vous ces deux (trois, voire quatre pour les petits veinards) semaines de rêve tant attendues. Mais voilà, quand vous rentrez, c’est la douche froide. À peine le bouton “ON” de votre ordi allumé et vous êtes crevé à nouveau. Vous avez besoin de vacances, de vos vacances. C’est grave docteur ?

Des rythmes de travail et de repos… biologiquement absurdes

Les rythmes sociaux actuels consistant à travailler de façon intense, ces “fameux rush du taf”, avant de prendre des vacances bien méritées sont assez récents. Si on remonte dans le temps, la notion d’emploi en tant que telle démarre autour de la révolution industrielle. Avant cela, bien sûr il y avait du travail, mais il n’y avait pas vraiment d’emploi. Il n’y avait donc pas ce concept imposant de se lever et d’aller tous les jours au même endroit, aux horaires fixes de 9 h à 18 h et après un certain volume horaire, arrêter tout pendant une certaine période de temps.

Et en y regardant de plus près, on remarque qu’on ne traite quasiment aucune autre fonction de notre corps de cette manière. Ça vous semblerait absurde que je dise que chaque premier du mois que chaque premier du mois, je vais manger 20 kilos de nourriture pour le mois complet. En gros, je mange les un, deux et trois du mois, puis plus rien jusqu’au 30-31. Ça ne peut pas marcher car on a besoin de manger tous les jours.

Pourtant, c’est dans cet état d’esprit qu’on vit notre travail. On se dit là j’ai une période de rush, je vais stresser pendant des semaines, voire des mois mais dans trois, quatre, cinq, six mois, je vais avoir mes vacances et faire une pause de quelques jours. Or, c’est une sorte de tare quasiment biologique par rapport à comment on est supposé fonctionner.

Comment l’anxiété de performance vous fatigue

Il faut comprendre que biologiquement, on ne distingue pas la vie professionnelle et la vie privée. C’est une sorte de division sociale. Parfois, je peux être en vacances et encore être en train de me mettre la pression parce que j’ai besoin de récupérer. J’ai besoin de recharger les batteries. J’ai besoin de visiter mille choses. Je visite un nouveau pays et j’ai un programme qui commence à 6 h du matin pour aller voir un site. Et l’après-midi, il faut que je grimpe cette montagne et que j’explore ces fonds marins, etc. On appelle ça des comportements dirigés vers l’action. Il y a une forme d’anxiété de performance qui n’est pas du tout unique au monde du travail.

Dans ces contextes-là, la pression devient une sorte de fonction structurante en moi. Je suis tout le temps sous pression : au travail pour performer, à la maison pour m’occuper des enfants, préparer à dîner, lancer la machine, prendre mes rendez-vous médicaux, et en vacances, pour profiter au maximum du temps enfin disponible. Sauf que l’oisiveté a une vertu. Se poser sur son bureau et ne rien faire quelques minutes, ça a une vertu. Aller dans un nouveau pays et ne pas voir toutes les villes, ce n’est pas grave. Réussir à maîtriser cette anxiété de performance est une compétence moins simple à acquérir qu’il n’y paraît en théorie.

Évidemment, il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas avoir de vacances annuelles de deux ou trois semaines, voire davantage on peut rêver. L’important est de comprendre que ce n’est pas suffisant. Si vous attendez les vacances en apnée, elles seront autant sous pression que votre travail.
Nos rythmes sociaux méritent donc d’être repensés à nouveau : on a besoin de vacances quotidiennes en plus de ce temps de déconnexion, pour qu’il le devienne vraiment.

Article édité par Mélissa Darré, photo par Thomas Decamps.

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