Trajets, préavis, congés... 5 questions logistiques à préparer avant l'entretien

15 nov. 2021

4min

Trajets, préavis, congés... 5 questions logistiques à préparer avant l'entretien
auteur.e
Caroline Roux

Journaliste freelance

Cela fait 45 minutes que vous vous en sortez comme un chef lors de cet entretien. Vous avez déjoué les pièges, et marqué des points auprès de votre interlocuteur. Mais la difficulté n’est pas toujours là où on l’attend… Soudainement, une question purement logistique sur votre temps de trajet, votre période de préavis ou vos vacances vous déstabilise. Vous le savez, cette petite phrase a priori inoffensive qui ne relève pas de votre champ de compétences mais bien de votre sphère privée, pourrait même avoir un impact sur l’issue de l’entretien. Pour vous sortir de cette situation épineuse sans égratignure, Gwladys Ramette, coache emploi et recruteuse, vous aide à répondre à ces questions (souvent déplacées voire interdites) avec tact. À vos stylos !

« Pour venir, ça vous fait une trotte, non ? »

Votre lieu de résidence peut, dans certains cas, devenir un sujet épineux générant de l’inquiétude côté employeur qui pourrait partir du principe que si vous habitez loin de l’entreprise, vous risquez d’accumuler les retards ou finir par vous lasser du trajet. Gwladys Ramette explique que cette interrogation est à double tranchant : « Elle peut être purement discriminatoire (un quartier à mauvaise réputation écarté par exemple) ou, au contraire, envoyer un signal positif : le recruteur souhaite que vous vous projetiez dans la durée et veut seulement s’assurer que vous ayez bien conscience des futures contraintes qui pourraient potentiellement peser sur votre bien-être. » Pour y répondre avec aplomb - sans vous braquer -, notre coache emploi recommande de « ne pas hésiter pas à aller dans les détails, l’objectif étant surtout de rassurer le recruteur. Si vous avez déjà fait face à cette situation lors d’un précédent emploi, expliquez que cela n’était pas insurmontable. Vous aviez peut-être différents moyens de transport accessibles pour parer à toute éventualité : voiture personnelle, RER, train, bus… » C’est une première ? Faites comprendre au recruteur que vous avez bien pesé le pour et le contre… Pourquoi ne pas lui préciser que vous en profiterez pour rattraper tous les podcasts que vous n’avez pas encore écoutés, pour lire le Prix Goncourt qui trône dans votre bibliothèque depuis un an ou même vous perfectionner en anglais via une application.

« Quand pouvez-vous commencer ? »

Sur la question de votre disponibilité, deux cas de figure s’offrent à vous si vous êtes déjà en poste. Première situation : vous pouvez agir sur la durée de votre préavis, et le réduire, en négociant avec votre employeur actuel (montrez-vous alors conciliant prenant une part active au recrutement de votre remplaçant, par exemple), tandis que dans la seconde alternative, vous savez qu’il est et restera incompressible. « Transparence et honnêteté sont ici les maîtres mots, indique notre experte. Tant que vous n’êtes pas certain d’avoir une marge de négociation, ne vous en faites pas l’écho, au risque de vous tirer une balle dans le pied si cela n’est, au final, pas possible. » Toutefois, gardez également en tête que lorsqu’un recruteur est pressé de vous avoir dans ses rangs, c’est souvent bon signe : vous êtes attendu !

« Comment vous organisez-vous avec vos trois enfants ? »

Évidemment, votre situation familiale n’est pas inscrite et encore moins détaillée sur votre CV, mais elle intéresse à coup sûr votre futur employeur. Et s’il est important de rappeler que les questions d’ordre privé ne devraient pas être posées lors d’un entretien d’embauche, il est malgré tout important de s’y être préparé en amont. Même si rien ne vous oblige à y répondre, respirez un grand coup, gardez votre sang-froid et tordez le cou aux craintes du recruteur (et aux idées reçues). « Souvent, l’employeur s’inquiète au sujet des contraintes horaires d’une mère ou d’un père de famille, d’autant plus si elle ou il a des enfants en bas âges. Dans ces cas-là, essayez de réagir calmement et expliquez que vous êtes bien organisé et entouré de personnes de confiance prêtes à vous aider lors d’un imprévu, comme un enfant malade. » En bref : faites de ce sujet un non-sujet et répondez-y en étant clair et concis.

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« Pouvez-vous assurer des déplacements, en France ou à l’étranger ? »

Cette question touche à la mobilité du candidat. Si ce n’est pas vraiment une surprise lorsque cette question est indissociable du poste convoité (d’autant plus s’il est clairement mis en avant dans l’annonce), mais il arrive aussi que les déplacements professionnels ne soient pas clairement explicités dans l’offre d’emploi ou la fiche de poste. « Si cette question se glisse lors de votre entretien, n’hésitez pas à demander des renseignements complémentaires, notamment au sujet de la fréquence des déplacements, le nombre de voyages à prévoir sur l’année, et préconisez un encadrement à ce sujet dans votre contrat de travail par exemple, si cela vient à être régulier. Vous partirez sur des bases saines et éviterez les malentendus », recommande notre experte. En définitive, montrez-vous souple et soulignez votre capacité d’adaptation sans vous laisser imposer un rythme intenable.

« Avez-vous prévu des vacances cet été ? »

Cette petite question, en apparence anodine, est un sujet délicat qui gêne n’importe quel candidat. C’est vrai qu’aborder vos prochaines vacances en Grèce n’est pas le premier point que vous souhaitez mettre en avant lors de cet entretien. Gwladys Ramette se veut pourtant rassurante « le recruteur cherche souvent seulement à avoir l’information la plus précise possible pour pouvoir s’organiser et prendre ses dispositions dans un souci purement logistique ». Pas la peine de diaboliser cette question ! Vous pouvez également montrer toute l’étendue de votre motivation en faisant preuve de flexibilité : vous avez booké deux semaines en Corse chez votre belle-famille à une période phare pour l’entreprise ? Pourquoi ne pas les décaler à la fin du mois si cela est possible. Au contraire, si vous êtes dans l’impossibilité de modifier vos dates de congés, expliquez au recruteur que vous arriverez dans de meilleures dispositions physiques et psychologiques après un peu de repos bien mérité, et combien vous êtes désolé, que ces vacances ont été réservées et bloquées de longue date malheureusement et qu’elles n’impliquent pas que vous. N’oubliez pas qu’il est humain lui aussi et partage certainement les mêmes besoins et contraintes que vous.

Et si les points abordés vous semblent réellement trop “borderlines” voire mal intentionnées, c’est peut-être un bon moyen pour vous de faire le tri. Avez-vous vraiment envie de rejoindre cet employeur qui n’hésite pas à poser des questions intrusives ? N’oubliez pas que le processus de recrutement est censé être une vitrine des valeurs de l’entreprise. S’il vous laisse un goût amer, il vaut peut-être mieux couper court à ce décorticage de votre vie privée.

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Photo par Welcome to the Jungle
Édité par Romane Ganneval

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