Partir travailler à Mexico

23 mai 2019

8min

Partir travailler à Mexico
auteur.e
Anouk Renouvel

Freelance @ Communication numérique

Mexico est la définition même de la ville tentaculaire, grouillante de vie et d’énergie ! L’ancienne capitale aztèque a plus d’un tour dans son sac pour vous attirer dans ses bras : gastronomie alléchante, vie culturelle rythmée, monuments historiques légendaires… Accrochez-vous, il ne faut pas avoir le vertige, au sens propre comme au figuré : la ville est située à plus 2 200 m d’altitude !

Le marché de l’emploi

Au Mexique, le taux de chômage ne passe pas la barre des 4%, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, en apparence. En effet, ne crions pas victoire trop vite (la peau de l’ours, tout ça…) : les statistiques ne prennent pas en compte le marché du travail non-déclaré qui concernerait non moins de 56,5% de la population active en 2018. On vous conseille de candidater d’abord auprès des entreprises françaises dans un premier temps, comme Danone, Pernod Ricard, ou Total et Renault. Rapprochez vous aussi de la Chambre Franco-Mexicaine du Commerce ainsi que du Centre Français du Commerce extérieur, pour commencer à vous créer un réseau.
Avant cela, bien sûr, traduisez votre CV en Anglais et en Espagnol (bonne chance !), et mettez également à jour votre profil LinkedIn en français, en anglais et en espagnol. En effet, si l’anglais est apprécié, il faudra quand même travailler votre espagnol avant de vous lancer dans cette aventure ! Second hic auquel vous pourrez être confronté : les recruteurs mexicains n’ont pas l’habitude des entretiens par Skype et sont bien plus friands des rencontres face-à-face. Cependant, vous avez besoin d’un emploi pour obtenir un visa de travail depuis la France… Nous vous conseillons donc de vous rendre sur place en tant que visiteur (vous avez le droit à 180 jours) pour prospecter et faire la demande d’un visa de travail une fois l’emploi trouvé. Enfin, ne baissez pas les bras : il y a beaucoup d’opportunités professionnelles à Mexico : « On me propose des postes de directeur marketing alors que je n’ai que 27 ans et 3 ans d’expérience » s’enthousiasme Thibaut, qui vit sur place depuis trois ans en tant que chargé de marketing. C’est confirmé par Alexandre, gérant commercial, installé à Mexico depuis 10 ans : «Au fil du temps, ton réseau et ton expérience deviennent plus importants ce qui facilite vraiment la recherche.» Buena suerte !

Pour les freelances :

Il n’y a pas de statut freelance ou auto-entrepreneur au Mexique. Cependant, vous pouvez travailler à Mexico avec votre statut français d’auto-entrepreneur (tant que vous continuer à payer vos cotisations sociales). Vous aurez donc le statut de visiteur temporaire (toujours 180 jours), que vous devrez renouveler régulièrement. Vous viendrez alors grossir les rangs de la communauté de digital nomads déjà très présente sur place, constituée surtout d’Américains et de Canadiens qui ont décidé de vivre le Mexican Dream ! Vous trouverez de nombreux cafés avec wifi et autres espaces de co-working : il n’y a plus qu’à !

Les secteurs qui recrutent

  • Des ingénieurs (industrie automobile, pétrochimie, métallurgie, énergie électrique) : vous pourrez gagner entre 20 et 40K par mois (en pesos mexicains soit entre 940 et 1 900 euros mensuels)
  • Les métiers manuels spécialisés (électricien, mécanicien…)
  • Le commerce : comptez 45K pour un salaire de commercial (soit 2 120 euros)
  • Les métiers du management : environ 40K par mois (soit 1 900 euros mensuels) pour un manager
  • La finance : un finance manager peut gagner entre 38 et 77K mensuels (en pesos mexicains, soit entre 1 800 et 3 630 euros par mois)
  • Le tourisme : le pays a accueilli près de 40 millions de touristes en 2017 et plus de 20 millions pendant le premier semestre de 2018 : de quoi encourager le développement de l’industrie !

La vie en entreprise

Vous pouvez travailler jusqu’à 48 heures par semaine mais en pratique, vous ferez certainement (un peu) moins : «mes semaines de travail tournent autour de 45 heures » raconte Nina, Global Venture Development à Lamudi Mexico, qui s’est installée sur place en juin 2018. Cependant, ne comptez pas vos heures : «c’est assez mal vu de partir à l’heure prévue, ou même de prendre des vacances » ajoute Alexandre. L’ambiance de travail est plutôt détendue : «les Mexicains aiment entretenir des rapports bienveillants au travail et ils ont beaucoup d’humour ! » poursuit-elle. Une atmosphère plutôt agréable que nous confirme Lise, Project Manager qui vit à Mexico depuis 2 ans : «les gens sont très chaleureux ! », ainsi que Thibaut, chargé de marketing arrivé il y a trois ans : «il y a un bel esprit de camaraderie ! ». Mais tout n’est pas rose, attention, cette informalité peut aussi mettre mal à l’aise : « les discussions professionnelles se mêlent souvent au personnel, et les rapports sont très familiers, ce qui peut être dérangeant pour un Français ou un Européen » tempère Nina. Autre point souligné par ces expatriés : «les Mexicains ne savent pas dire non ! », ce qui favorise les retournements de situation de dernière minute qui peuvent compliquer les relations de travail ou la réalisation d’un projet.

Les plus

  • Le Mexique serait le meilleur pays au monde pour se faire des amis! «Les mexicains sont très ouverts aux étrangers, patients et gentils » développe Lise. Et aussi, très enthousiastes à l’idée de faire de nouvelles rencontres ! À cela s’ajoute « leur joie de vivre authentique, qui n’est pas un mythe ! » confirme Nina.
  • Le coût de la vie est inférieur de 44% par rapport à celui de la France
  • Le climat : vous aurez le droit à un hiver estival, un printemps et un automne secs et relativement chauds, et un été un peu pluvieux, mais c’est quand même du soleil assuré presque toute l’année !
  • C’est évidemment l’occasion de découvrir la véritable gastronomie mexicaine (et non, elle ne sera en rien similaire à ce que vous trouvez chez O’Tacos) : elle a même été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2010 (la même année que la gastronomie française)
  • « Le rythme de vie y est bien moins stressant » conclut Lise.

Les moins

  • Il va falloir faire des concessions niveau salaire : le salaire minimum est fixé à 102,68 pesos par jour, soit à peine 5 euros.
  • «Il n’y a pas de sécurité de l’emploi » explique Nina, «et les allocations chômages sont inexistantes. » En effet, si votre employeur décide de se séparer de vous, il a l’obligation de vous donner une indemnité équivalente à 3 mois de salaire (à laquelle s’ajoute 20 jours de salaire par mois travaillés) mais ensuite, vous devez vous débrouiller tout seul !
  • «Ce que j’aime le moins, c’est la pollution et les embouteillages » ajoute Alexandre. La capitale mexicaine peut dépasser jusqu’à cinq fois le seuil de particules fines recommandé par l’OMS.
  • « Il n’y a que 6 jours de congés payés par an ! » se désolent tous les expatriés interrogés. Sachez que ce chiffre augmente en fonction de l’ancienneté : un jour de congé supplémentaire par année d’ancienneté.
  • Et comptez seulement 16 jours de congé maternité
  • L’avortement n’est possible qu’en cas de viol ou d’anomalie du foetus.

Pour qui ?

Il vous faudra être patient pour apprécier la vie sur place et peut-être essayer de trouver un logement près de votre lieu de travail : entre les embouteillages et la superficie de la capitale, les trajets peuvent être longs. «Pour moi, le trajet maison-travail, c’est en moyenne plus 1h30 » explique Thibaut. Par ailleurs, les Mexicains ont la fâcheuse tendance à arriver en retard : «il faut globalement décaler d’une heure tout horaire qu’on nous indique » conseille Nina. Mais une fois cette adaptation faite, vous saurez apprécier tout ce que Mexico a à vous offrir : « une richesse culturelle » nous dit Alexandre, «et une situation centrale, qui permet de nombreuses excursions en dehors de la ville, même le temps d’un week-end. » De fait, vous trouverez comme dans n’importe quelle métropole des musées et galeries d’art, des restaurants et des bars, dans lesquels vous pourrez rencontrer des Mexicains plutôt bons vivants ! Pour les petites escapades, vous êtes non loin de Teotihuacan et de la basilique de Guadalupe qu’on ne présente plus, mais aussi des villes pittoresques de Cuernavaca et Taxco, de Puebla, ou encore du site archéologique de Cholula. Profitez-en !

Infos pratiques

Loyers :

Evidemment, il est impossible de faire une moyenne représentative du coût d’un appartement, tant les prix varient en fonction des quartiers. Ce n’est cependant pas une question à prendre à la légère lors de votre installation : évitez de vous installer à Tepito (Nord) ou vers Merced Market (Est). De fait, si les loyers y sont plus abordables, ils ont aussi la réputation d’être des quartiers dangereux. Comptez entre 300 et 500 euros pour un studio ou un T2 dans un quartier abordable, avec un gardien présent 24h/24. Si vous passez par une agence, sachez que vous devrez vous acquitter d’une commission d’un mois de loyer, à laquelle s’ajoute un ou deux mois de caution à donner au propriétaire. En général, vous signez un bail d’un an : si vous partez avant, vous devrez payer les loyers restants, si vous restez au-delà, le loyer sera re-négocié (probablement à la hausse).

  • Santé : si vous êtes en PVT, vous devez souscrire obligatoirement à une assurance santé privée. Pour les résidents, vous serez affilié au système de sécurité sociale, appelé l’IMMS (Instituto Mexicano del Seguridad Social). Normalement, c’est à votre employeur de vous y inscrire, mais vous pouvez aussi le faire vous même si ce n’est pas le cas. Vous cotisez chaque mois à hauteur de 10% de votre salaire, et tous les frais médicaux sont remboursés à 100% pour vous et l’ensemble des membres de votre famille. Sachez que votre médecin traitant vous est imposé. Notez également qu’il existe deux caisses différentes : une pour les salariés du secteur privé, l’autre pour les fonctionnaires et les indépendants. Si ça ne pose pas de problème au niveau des remboursements des frais médicaux, vous ne pourrez, par contre, pas cumuler vos cotisations retraite.
  • Transports : le réseau de métro de Mexico City est le plus étendu de toute l’Amérique Latine : vous pourrez aller aux quatre coins de la ville grâce à ses 12 lignes et ses 195 stations, pour le prix modique de 5 pesos le ticket. Vous pouvez aussi investir dans une carte rechargeable à 16 pesos.
  • Internet et téléphonie mobile : vous n’avez qu’à choisir entre les trois grands opérateurs mexicains, Telcel, Movistar et AT&T, qui ont tous les trois un éventail d’offres, entre 220 et 900 pesos. Pour la télévision et votre box Internet, comptez entre 400 et 1000 pesos en fonction des options proposées.

Infos visa :

  • Le PVT : Bonne nouvelle : depuis 2016, il est possible pour les Françaises et Français entre 18 et 30 ans de faire une demande de Visa Vacances Travail pour le Mexique. Outre la souscription à une assurance santé, vous devez prouver avoir au moins 2 500 euros sur votre compte si vous avez pris un aller-retour, et 3 500 euros si vous partez avec un aller-simple.
  • Avant même de faire la demande d’un permis de séjour, vous devez d’abord obtenir un permis de travail, délivré par l’Ambassade du Mexique. Pour cela, vous devez avoir trouvé un emploi en amont, et vous avez besoin d’une lettre d’invitation de l’entreprise en question.
  • Le visa visiteur avec permission d’exercer une activité rémunérée : ce visa vous permet de travailler sur place pendant 180 jours. Coût : 2.350 pesos soit environ 133 €.
  • Le statut de Résident temporaire vous autorise à séjourner au Mexique pendant quatre ans maximum, avec la possibilité d’obtenir un permis de travail. En revanche, le prix du visa varie en fonction du temps passé sur place (de 3.130 pesos soit environ 178 € pour un an à 7.040 pesos soit environ 400 € pour quatre ans)
  • Le statut de résident permanent : vous devez avoir un lien de parenté avec un citoyen Mexicain ou avec quelqu’un ayant déjà le statut de résident permanent ou être retraité. Avec ce statut, vous pouvez rester autant que vous voulez, avec la possibilité de travailler. Coût du statut : 3.815 pesos soit environ 217 € (à régler une seule fois).

N’hésitez pas à vous rendre à l’ambassade/consulat du Mexique, pour avoir plus d’informations, leur site Internet n’étant malheureusement pas mis à jour régulièrement.

Il ne vous reste plus qu’à attraper votre Panama d’une main et votre dictionnaire Espagnol-Français de l’autre pour partir à l’aventure dans l’envoûtante capitale mexicaine !

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Photo d’illustration by WTTJ