Stage sans école : comment obtenir une convention malgré tout ?

14 sept. 2022

8min

Stage sans école : comment obtenir une convention malgré tout ?
auteur.e
Sylvain Guillet

Journaliste web

Vous venez de valider votre diplôme et souhaitez refaire un stage avant de vous lancer dans le grand bain ? Ou vous voulez mettre à profit des vacances, pendant une formation, pour découvrir un domaine d’activité ? Quel que soit votre profil, le stage en entreprise est une porte ouverte vers l’insertion professionnelle et une manière efficace de se former à un métier. Seulement, impossible d’y accéder sans convention de stage, systématiquement délivrée par une école ou une université. Existe-t-il une solution pour contourner le problème et obtenir une convention de stage sans école ? Quelles alternatives existent ?

SOMMAIRE :

  • A quoi sert une convention de stage ?
  • Pour obtenir une convention de stage, vous devez être étudiant
  • Et si vous optiez pour l’alternance ?
  • Convention de stage sans école : le cas des formations en ligne
  • Une pratique légale mais un brin filou…
  • Comment trouver ces formations en ligne ?
  • Une alternative au stage : la période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP)
  • Vous avez moins de 25 ans : contactez la mission locale
  • Vous avez plus de 25 ans : contactez Pôle Emploi

À quoi sert une convention de stage ?

La loi du 10 juillet 2014 indique que « les stages correspondent à des périodes temporaires de mise en situation en milieu professionnel au cours desquelles l’élève ou l’étudiant acquiert des compétences […] en vue de favoriser son insertion professionnelle. »

Pour intégrer une entreprise en tant que stagiaire, vous devez impérativement être encadré par une convention de stage, qui réglemente votre période au sein de l’entreprise. C’est la version “stage” du contrat de travail. Elle doit mentionner plusieurs éléments obligatoires, tels que la durée du stage, vos missions, vos objectifs d’apprentissage, les responsabilités de chacun, etc.

La convention de stage sert également à vous protéger, aussi bien contre les accidents du travail que contre les abus (exploitation, salariat déguisé, harcèlement…), qui sont encore malheureusement trop courants dans le monde professionnel.

Cela semble donc presque trop logique : la convention de stage, ça sert… à réaliser un stage. Sans ce précieux papier, qui doit être signé par le stagiaire, l’entreprise d’accueil et l’organisme de formation (école, université…), il est interdit de réaliser un stage.

Bien qu’en général, c’est à l’organisme de formation de vous fournir la convention de stage, le Ministère du Travail met gratuitement à disposition une convention de stage-type à retrouver en ligne. Pour la télécharger, c’est par ici.

Pour obtenir une convention de stage, vous devez être étudiant

Autant être clair : il est impossible d’effectuer un stage en entreprise sans avoir le statut d’étudiant. C’est comme ça, c’est la loi. Vous devez donc être inscrit dans un établissement formateur, public ou privé, pour que celui-ci puisse vous délivrer une convention de stage. De plus, votre cursus doit être en lien avec le stage recherché ; donc pas moyen de vous inscrire à une formation en sophrologie si vous espérez obtenir un stage dans une agence de communication, ça ne passera pas.

Et si vous optiez pour l’alternance ?

Dans le cas où vous souhaitez à tout prix apprendre un métier sur le terrain plutôt que dans des livres, vous pouvez envisager de chercher une formation en alternance. À la différence du stage, l’entreprise qui vous accepte en tant qu’apprenti se charge de vos frais de scolarité, vous n’avez donc pas à payer votre formation. C’est un excellent moyen de financer vos études sans mettre la main à la poche.

En revanche, pendant une alternance, vous “alternez” entre les cours et le temps en entreprise. Il est donc obligatoire de suivre une formation théorique en parallèle de votre insertion professionnelle. Votre emploi du temps pourrait ressembler à cela : 2 jours à l’école, 3 jours en entreprise ; ou bien 1 semaine à l’école, 1 semaine en entreprise ; 1 semaine en école, 3 semaines en entreprise, etc. Généralement, plus vous êtes avancé dans votre cursus (dans le cas d’un master par exemple), moins vous passerez de temps dans votre établissement de formation.

L’autre inconvénient de l’alternance, outre le fait qu’il est difficile de trouver une entreprise qui accepte de vous prendre en apprentissage, c’est que ce type de formation représente un engagement plus contraignant. Alors que le stage vous permet de “tester” un job pendant quelques mois, l’alternance vient compléter un projet professionnel arrivé à maturité, et demande donc d’être sûr de son choix.

Il existe une autre différence fondamentale entre l’alternance et le stage : votre statut. Dans le cadre d’un stage, vous signez une convention de stage et l’employeur ne peut pas vous demander d’effectuer le travail d’un employé, tandis que dans le cas d’un contrat d’alternance, vous êtes salarié de l’entreprise qui vous embauche. Il existe deux types de contrats d’alternance :

Le contrat d’apprentissage :

Autrefois réservé aux jeunes de 16 à 25 ans, une récente réforme a porté l’âge limite à 30 ans. En tant qu’apprenti, vous devez obligatoirement suivre 400 heures de formations et la durée de votre contrat d’apprentissage peut varier de 1 à 3 ans. Au sein de l’entreprise, votre maître d’apprentissage s’assure de vous transmettre la connaissance d’un métier pour faciliter votre insertion professionnelle.

Rémunération : fourchette comprise entre 25% du SMIC et 61% du SMIC (au minimum), selon votre âge et vos années d’étude.

Le contrat de professionnalisation :

Que vous soyez étudiant ou demandeur d’emploi, le contrat de professionnalisation vous permet d’acquérir une qualification professionnelle dans le but d’assurer votre insertion dans le monde du travail. Vous signez avec votre employeur un CDD ou un CDI, et celui-ci s’engage à assurer votre formation. Vous bénéficiez également du soutien d’un tuteur pour vous accompagner dans l’élaboration de votre projet professionnel.

Rémunération : si vous avez moins de 21 ans, la rémunération sera d’au moins 65 % du SMIC. Entre 21 et 26 ans, elle sera d’au moins 80 % du SMIC et à partir de 26 ans, votre salaire égalera au moins un SMIC.

Convention de stage sans école : le cas des formations en ligne

« Obtenir votre convention de stage en 24h », « Convention de stage à 200€ », « 100 % conforme à la loi »… Il suffit de faire quelques recherches sur Internet pour trouver une convention de stage pour voir apparaître ce genre de promesses…qui n’inspirent pas toujours confiance. Pour quelques centaines d’euros, certaines formations en ligne vous donnent accès simplement et rapidement au Graal : la convention de stage. Mais qu’en est-il vraiment ?

Une pratique légale mais un brin filou…

La loi du 10 juillet 2014, destinée à mieux encadrer les stages, stipule que « le volume minimal des heures de formation est désormais fixé à 200 heures au minimum par an ». Ainsi, à partir du moment où un établissement d’enseignement supérieur prévoit un volume horaire suffisant dans son cursus, il est habilité à délivrer une convention de stage à ses étudiants. Sauf que la plupart de ces organismes sont peu regardants sur l’assiduité de leurs élèves ou même sur le contenu des cours, et semblent plutôt se concentrer sur la rapidité de délivrance de la convention de stage (en 24h, ou même parfois dans la journée) à des tarifs attractifs : entre 200 et 500 € pour un accès complet à des formations à distance de minimum 200 heures, ça fait rêver, non ? Ce qui ne semble aucunement déranger lesdits étudiants, qui ne cherchent pas à se former mais à obtenir une convention de stage sans se ruiner. Une sorte de pacte tacite qui enrichit les uns pour permettre aux autres d’acquérir une expérience professionnelle… sans être contraints de réviser pour les examens.

Comment trouver ces formations en ligne ?

En tête des acteurs de ce marché juteux, on retrouve Fac for Pro, qui vous permet d’intégrer des formations dans de nombreux domaines, et qui se vante subtilement de mettre à disposition des conventions de stage en 24 heures. Quant à la question de la qualité des cours dispensés, cela semble presque dérisoire, tant le site est avant tout connu pour permettre l’obtention d’une convention de stage en quelques clics…

On peut également citer BeStudentAgain, qui précise (en gras) que ses conventions de stage sont 100% conformes à la loi Française. Cet organisme basé aux Etats-Unis vous délivre le précieux sésame en vous inscrivant dans des universités partenaires, qui se trouvent parfois à l’autre bout du monde. Peu importe, personne ne viendra remarquer votre absence aux cours, tandis que de votre côté, vous obtenez le fameux droit d’entrée pour un stage.

C’est d’ailleurs ce qui a motivé Léo, 25 ans, à choisir BeStudentAgain pour obtenir une convention de stage rapidement. Alors qu’il vient de terminer une école d’ingénieur, il décide d’entamer une reconversion en Data Science. « Vu que je n’avais aucune expérience suite à ma reconversion, j’avais du mal à trouver un CDI, alors qu’il y a avait beaucoup d’offres de stage intéressantes », explique-t-il. Pour se former, il postule et trouve rapidement une entreprise qui accepte de le prendre en stage. Seul hic : son ancienne école refuse de lui fournir une convention de stage car il n’a plus le statut étudiant. C’est alors qu’il entend parler de BeStudentAgain. « Je ne connaissais pas du tout le système » affirme-t-il. Moyennant quelques centaines d’euros, le site l’inscrit à une université située… en Afrique du Sud, et lui envoie même une carte étudiant. « C’est un montage, soutient-il. Quand on cherche l’adresse sur Google Maps on se rend compte qu’il y a juste des bâtiments de bureau, c’est une boîte aux lettres. » Mais tout reste légal. Léo est inscrit dans un cursus universitaire à l’étranger et parvient à obtenir sa convention de stage.

Ces établissements restent très discrets et refusent généralement de répondre aux questions des journalistes. Il s’agit de ne pas se faire trop remarquer car ce genre de pratique pourrait, à l’heure de la viralité, rapidement se transformer en scandale médiatique - contraignant alors les dirigeants politiques à faire changer la législation. Car si pour le moment l’Etat reste passif, le ministère de l’Intérieur affirme néanmoins avoir “connaissance” de ces écoles, selon les propos relatés par nos confrères de Ouest France ; « On les suit » affirme-t-on au ministère. Un business des conventions de stage qui pourrait donc, à tout moment, se retrouver sous les feux des projecteurs.

Une alternative au stage : la période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP)

Si l’idée de retrouver les bancs de l’université ou de payer plusieurs centaines d’euros pour obtenir une convention de stage ne vous enchante guère, il existe encore une solution. Les missions locales ainsi que Pôle Emploi aident les jeunes (et les moins jeunes) à s’immerger dans le monde du travail, grâce à une Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel (PMSMP).

La PMSMP vous permet de découvrir un métier ou un secteur d’activité sur une période qui va de 1 journée à 1 mois, et est ouverte « à toute personne faisant l’objet d’un accompagnement social ou professionnel personnalisé », à condition que vous ne soyez pas étudiant, auquel cas il faudra signer une convention de stage à l’aide de votre organisme formateur.

Sachez tout de même qu’une PMSMP n’est pas rémunérée, et qu’elle peut être effectuée une seule fois dans une même entreprise (sauf cas exceptionnel, avec un maximum de 60 jours sur 12 mois). Elle est donc idéale pour les indécis qui souhaitent se faire une première idée d’un métier avant de se lancer, ou pour ceux qui veulent se faire une idée concrète d’un métier sans pour autant rester plusieurs mois dans une entreprise (pour des raisons financières par exemple).

Vous avez moins de 25 ans : contactez la mission locale

Les missions locales, présentes un peu partout en France, ont pour objectif d’aider les jeunes de 16-25 ans dans leur insertion professionnelle. C’est dans le cadre de cet accompagnement qu’elle peuvent prescrire une Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel (PMSMP), vous permettant alors d’intégrer une entreprise pendant une courte durée. L’objectif est soit de vous faire découvrir un métier ou un secteur d’activité, soit de confirmer un projet professionnel.

Vous avez plus de 25 ans : contactez Pôle Emploi

Passé l’âge de 25 ans, vous ne pouvez plus être accompagné au sein d’une mission locale. Vous dépendez alors de Pôle Emploi, qui a également la possibilité de prescrire des PMSMP, à condition que cela soit cohérent avec votre projet professionnel. Pour pouvoir bénéficier de cette immersion en entreprise, vous devez être demandeur d’emploi ou travailleur handicapé, salarié accompagné par les structures de l’IAE (Insertion par l’Activité Economique) ou être en situation précaire (reconversion économique, maintien dans l’emploi, etc.).

Ainsi, quelle que soit votre approche, il existe plusieurs moyens d’intégrer une entreprise pour y apprendre un métier et découvrir le monde du travail. Pour une convention de stage, posséder le statut étudiant est impératif, et pour cela vous devez être inscrit dans une école ou à l’université. En revanche, grâce à l’alternance ou certaines formations en ligne peu (ou pas du tout) contraignantes d’un point de vue scolaire, il est possible de vous concentrer sur votre objectif premier : acquérir de l’expérience sur le terrain.

Article édité par Gabrille Predko
Photo par Thomas Decamps

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