Managers : n’attendez pas d’être au bout du rouleau pour prendre soin de vous

26 janv. 2022

5min

Managers : n’attendez pas d’être au bout du rouleau pour prendre soin de vous

Le métier de manager n’est pas de tout repos. En bon·ne chef·fe d’orchestre, on deale avec des enjeux humains prégnants : c’est pourquoi préserver son énergie est essentiel, pour soi et pour les autres. Parce que les managers sont particulièrement exposé·es au stress et au risque de burn out, notre experte Betsy Parayil encourage à la vigilance. Entre data et conseils pratiques, elle décrypte les rouages de l’épuisement professionnel et partage son remède : le coaching et la méditation !

Une de mes meilleures amies est considérée comme la reine des relations publiques. Quand j’étais plus jeune, elle a suscité mon admiration en décrochant des jobs de rêve. Avant trente ans, elle occupait des postes de direction marketing dans de grands groupes, et elle transformait la communication des marques via des coups de génie créatifs. Sa carrière a aussi été marquée par des grands « bas » : des burn out, des dépressions, et un épisode terrifiant où elle est tombée dans un escalier lors d’une soirée professionnelle. Je me souviens d’une fois où je lui ai rendu visite et nous avons passé le séjour sur son lit en pliant des petits origamis. Elle n’avait pas l’énergie nécessaire pour faire autre chose…

Que nous ayons expérimenté, comme mon amie, un burn out poussant à l’accident ou pas, nous sommes nombreux·ses à nous sentir vidé·es par les responsabilités qui nous incombent en tant que manager, particulièrement en cette période pandémique. Alors, que faire quand l’épuisement commence à creuser l’énergie vitale qui nous anime quotidiennement ?

Bien-être au travail : la méditation et le coaching, des alliés sous-utilisés

Le terme « burn out » est utilisé depuis plus de 40 ans, et aujourd’hui, une grande partie de la population est sensibilisée aux sujets du stress et de l’épuisement professionnel. Depuis mes premiers programmes de méditation de pleine conscience en entreprise, j’observe que beaucoup de salarié·es pratiquent cette discipline avec des applications comme Petit Bambou ou Calm, et certain·es ont suivi des programmes de MBSR (Mindfulness-based stress reduction) avec des instructeur·rices. Dans quelques entreprises, on a mis en place des cours de sport et de yoga, des prestations de massages et même des salles de sieste.

Mais ces pratiques ne nous ont pas empêché de nous épuiser, car elles sont utilisées à petites doses, sans s’ancrer dans le quotidien, et sont couplées avec un déséquilibre personnel et professionnel que beaucoup de managers ont l’impression de ne pas pouvoir surmonter. Ils ont raison. C’est en effet très compliqué parce qu’il s’agit d’un problème systémique, qui n’est même plus entre les mains des entreprises. En effet, ces dernières cherchent à répondre aux desiderata d’un·e consommateur·rice digital·e, exigeant·e, souhaitant disposer de tout, de façon instantanée et à petit prix, sans considération pour les équipes qui œuvrent en arrière-plan afin de rendre cela possible, ni aux effets néfastes sur d’autres populations et sur la planète.

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Nous n’avons donc pas attendu une pandémie pour prendre de mauvaises habitudes au travail, mais notre tendance à mettre les objectifs professionnels au centre de nos préoccupations s’est intensifiée en 2020 et 2021. Sans les trajets vers le bureau, ni les distractions sur place, nous avons pu nous concentrer davantage sur nos tâches. Selon un sondage réalisé par des chercheurs américains, 90% des cadres aux États-Unis jugent qu’avec la démocratisation du télétravail, leur productivité est soit au même niveau, soit plus élevée. Avec des enfants à la maison, l’incertitude et les disruptions constantes, le stress de la contamination, les cas de salarié·es malades, etc., nous pouvons dire que la crise du Covid-19 a tout d’un challenge que les managers ont effectivement relevé. Cette incroyable performance a pourtant un pendant négatif : depuis le début de la pandémie, on observe un net accroissement des burn out. 67% des travailleur·ses considèrent qu’il y a eu une augmentation de cette maladie, avec un taux légèrement plus élevé chez les managers. Il est intéressant d’observer qu’à terme, la hausse de la productivité pourrait conduire… à une baisse de productivité !

Managers : comment mieux prendre soin de vous et de votre équipe

Pour bien vivre dans ce nouveau monde, je conseille aux managers de revenir aux bases de l’équilibre personnel et professionnel. Je les encourage à s’occuper d’eux/elles-mêmes ainsi que de leurs collaborateur·rices, et à prendre davantage conscience de l’aspect systémique de l’épuisement et du stress professionnels. Il s’agit avant tout de mettre en pratique ce qu’ils/elles savent déjà être bon pour eux/elles. Si le suivi de professionnels de la méditation et du coaching est parfois nécessaire, voici quelques bonnes pratiques que vous pouvez déjà intégrer à votre quotidien.

On ne le dira jamais assez, ne délaissez pas votre santé

  • Faites des pauses régulières au cours de votre journée et de votre semaine. Évitez les journées à rallonge pendant des périodes trop longues.

  • Pratiquez une activité physique qui permet de vous déstresser.

  • Pratiquez également une activité plus douce comme le yoga ou la méditation et développez votre connexion et votre « centrage ».

  • N’attendez pas d’être totalement épuisé·e pour terminer votre journée. Définissez votre planning et fixez des rendez-vous personnels à l’avance afin de vous changer les idées.

Optimisez les temps de travail

  • Changez votre méthode de travail pour favoriser l’énergie tout en diminuant le temps passé sur telle ou telle tâche. Organisez votre planning en « sprints » afin d’augmenter votre productivité. Raccourcissez le temps des réunions, utilisez systématiquement un ordre du jour et désignez un gardien du temps.

  • Gérez la charge de travail qui est attribuée à votre service. Si la demande dépasse les ressources, porte-le à l’attention du service RH de votre entreprise et priorisez en équipe les dossiers les plus essentiels pour votre direction.

Observez (vraiment) vos collaborateur·rices

  • Instaurez des rituels hebdomadaires pendant lesquels vous demanderez à l’équipe de partager leur météo intérieure : « Le ciel est-il plutôt ensoleillé ? Y a t-il une tempête en cours ? »

  • Prenez un moment pour poser votre attention sur l’énergie collective de l’équipe. Celle-ci est-elle haute ou basse ? Plutôt diffuse ou bien focalisée ? Intégrez des pratiques qui permettent d’augmenter et de focaliser l’énergie.

  • Vous pouvez offrir à vos collaborateur·rices un « sas » de décompression en début de réunion. Enclenchez un minuteur pendant deux minutes et faites un temps de silence ensemble. Ce moment leur permettra de quitter mentalement l’activité précédente et de se rendre pleinement disponible à l’instant T.

Managez avec une conscience accrue des limites des autres

  • Prenez un moment pour noter vos observations au sujet de chacun·e de vos collaborateur·rices. De quoi ont-ils / elles besoin ? Quel est leur niveau de motivation actuelle ? Parvenez-vous à détecter quelques signaux faibles dans l’équipe ?

  • Évaluez également leur charge de travail ainsi que les outils et les ressources qui ont été mis à leur disposition. Précisez vos méthodes de suivi afin de vous assurer que ce que vous demandez est en adéquation avec la capacité de l’équipe. Comment pouvez-vous mieux la soutenir ? La situation est-elle équilibrée ou absurde ? Les personnes sous votre responsabilité arrivent-elles à avancer de façon fluide vers leurs objectifs ? Pour les collaborateur·rices débordé·es, prenez un temps personnalisé afin de les aider à prioriser leurs dossiers.

  • Créez des pauses collectives au sein du planning d’équipe. Variez des temps de respiration, de réflexion et de production.

  • Reconnaissez les efforts fournis par votre équipe et formulez des feedbacks de valorisation. Soyez généreux·se en retours encourageants.

  • Offrez-vous une véritable pratique d’auto-compassion en vous appuyant sur des mantras. Fermez les yeux, respirez profondément, et laissez résonner les phrases suivantes dans votre esprit : « Puis-je être heureux·se, puis-je être en paix, avec un esprit calme et ouvert, puis-je être joyeux·se, avec une bonne énergie ». Vous pouvez aussi consacrer ces mantras à votre équipe : « Puisse mon équipe être heureuse… ».

Voilà autant de pratiques utiles pour retrouver de l’énergie et en insuffler à votre équipe, donc contribuer à un meilleur équilibre entre corps et esprit, vie pro et vie perso.

Photo par Thomas Decamps
Article édité par Ariane Picoche

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