Managers : 6 faux pas à éviter le 1er jour de votre nouvelle recrue
05 sept. 2022
5min
Journaliste indépendante.
Chers managers, le premier jour de vos nouvelles recrues est toujours stressant et décisif : il constitue un maillon central dans leur processus d’onboarding. Alors attention aux détails (qui n’en sont pas toujours) pour qu’ils se sentent vraiment accueillis, inclus. Il en va de leur bien-être et de celui de l’entreprise… Zoom sur quelques faux pas à éviter.
Boulette n° 1 : se tromper de prénom en pleine réunion
« Et je voudrais commencer cette réunion en souhaitant la bienvenue à Fabien… Non, pardon, Fabrice. Euh… Florian ? » Raté, c’était Florent. Sous les yeux dépités dudit Florent et de ses nouveaux collègues, vous venez de toucher le point sensible de tout être humain : son identité. Et ce n’est pas une erreur à prendre à la légère. Une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology montre que les individus n’apprécient pas d’être oubliés et, le vivant comme une insulte, se sentent moins proches et moins importants pour la personne qui les a négligés. Mais que les recherches du neuroscientifique Dean Burnett rassurent les managers aux amnésies passagères : il est extrêmement difficile de retenir un nom tant qu’il n’a pas été répété à plusieurs reprises ou qu’il n’est pas attaché à d’autres attributs de la personne : sa personnalité, ses hobbies, une anecdote…
Voilà, vous savez ce qu’il vous reste à faire : stalker votre nouvelle recrue sur les réseaux sociaux pour dénicher une information divertissante à son sujet. Ou vous pouvez répéter son nom à plusieurs reprises le matin de son arrivée (mais c’est nettement moins amusant).
Boulette n° 2 : se moquer de votre nouvelle recrue, sans le savoir
La langue française offre un océan de maladresses sans fin. Certaines réflexions ou plaisanteries peuvent heurter, même involontairement, cette nouvelle recrue dont vous ignorez tout. Alors apprenez à la connaître avant de rire (devant elle) d’un prénom original ou d’un centre d’intérêt inhabituel, par exemple. Quoi ? Personne ne vous a prévenu que son fils Obélix était passionné de constructions en allumettes ?
Vous l’aurez compris, aucun manager n’est à l’abri d’un impair. Pour assumer les petites et les grandes maladresses, Jean-François Thiriet, auteur de plusieurs livres sur la gestion des conflits, préconise la méthode des 5 « R » : regretter son erreur et l’exprimer, se responsabiliser en assumant la situation, respecter la personne blessée, réparer en proposant des solutions concrètes, et réfléchir pour en tirer les conséquences et un apprentissage pour le futur. (Qui appelle son fils Obélix, en même temps ?)
Boulette n° 3 : comparer votre nouvelle recrue à son prédécesseur
« Je suis sûre que vous gérerez ce dossier bien mieux que Jean-Claude… » Ce qui était un compliment (ou un subtile coup de pression) se révèle un terrible faux pas. Pour une nouvelle recrue, réaliser que son travail sera mis en perspective avec celui d’un autre n’annonce rien de bon. Un peu comme votre belle-mère, qui se plaît à vous rappeler que vos cheveux (ou votre voiture, ou vos diplômes) ne sont pas aussi brillants que ceux de Dominique, l’ex-compagne (à son grand regret) de son fils adoré.
Lorsque les membres d’une même équipe sont comparés, tout ce qui concerne la performance d’un individu devient relatif à la performance des autres. Cela érode la confiance des collaborateurs dans leurs propres capacités et entraîne une concurrence malsaine entre les membres de l’équipe. Bref, cela ne donne certainement pas envie à votre nouvelle recrue de rester à vos côtés. « De nombreux managers pensent que le fait de donner aux employés des informations sur leurs performances par rapport à leurs pairs les incite à devenir plus compétitifs, à travailler plus dur pour rattraper leur retard ou à exceller encore plus. Mais en fait, c’est le contraire qui se produit », affirme Iwan Barankay, professeur de gestion à l’Université de Wharton. Alors faites mieux que les autres managers de votre entreprise, arrêtez les comparaisons… Oups.
Boulette n° 4 : laisser votre nouvelle recrue manger seule à la cantine, un jour de moussaka
Seule avec son plateau gris et son embarras, vous pouvez être sûre que cette nouvelle recrue cherche déjà la porte de sortie. Moussaka ou pas, la laisser manger seule son premier jour est un faux pas de premier ordre, une boulette qui vous vaudra la place d’honneur sur le tableau des pires managers. À l’inverse, organiser un déjeuner d’équipe à la cantine ou à l’extérieur l’aidera instantanément à briser la glace (même si le plat du jour est une moussaka, rassurez-vous), et lui permettra de découvrir ses collègues dans un contexte différent.
Vous avez encore un doute ? Pourtant, manger en équipe offre de nombreux bénéfices à vos collaborateurs… et surtout à vous, leur manager. Dans une interview pour la CBC, la psychologue du travail Jennifer Newman explique que les repas partagés sont le meilleur moyen de créer des relations, d’initier des conversations qui pourront se poursuivre dans la journée et de booster l’engagement des salariés. Son équation est simple : plus de camaraderie = plus de coopération = de meilleures performances = des collaborateurs plus satisfaits au travail. Et s’il suffisait d’un steak-frites au restaurant du coin pour éviter un nouveau (et long) processus de recrutement ?
Boulette n° 5 : lui confier les photocopies… ou au contraire, le lancer trop violemment dans le grand bain
« Tu as mis dans ton CV que tu parlais espagnol ? Ça tombe bien, tu vas pouvoir animer le kick-off de cet après-midi avec nos clients madrilènes », lachez-vous avec enthousiasme. « Euuhh… Muy bien », répond votre nouvelle recrue, qui se trouve bien embêtée d’avoir indiqué un « niveau intermédiaire » alors qu’elle sait tout juste commander des cervezas et des tapas. Finalement, elle aurait sans doute préféré les photocopies. Fera-t-elle partie des 4 % des nouveaux arrivants qui quittent leur travail après le premier jour ? Seul l’avenir vous le dira.
En effet, l’onboarding doit permettre à une nouvelle recrue d’assimiler l’organisation de l’équipe, de mieux comprendre les contours de son poste, mais surtout, de commencer à prouver sa valeur. Alors commencez petit, confiez-lui de quoi faire ses preuves sans la mettre dans une situation délicate. Bref, aidez-la à avoir l’impression d’accomplir quelque chose. Por favor.
Boulette n° 6 : enchaîner les private jokes dans l’open space
Au travail, chez des amis, dans sa belle-famille… Tout le monde passe par là un jour ou l’autre. Et il est difficile d’imaginer une situation plus inconfortable que d’être exclu des rires, des conversations, de la communauté. Si les private jokes sont un signe de bonne santé au sein d’une équipe, elles peuvent être difficiles à vivre pour un nouvel arrivant. « Chaque fois que vous parlez à quelqu’un de quoi que ce soit, vous devez penser à ce que vous savez et à ce qu’il sait – et, plus important encore, à ce qu’il doit savoir pour comprendre ce que vous dites », explique Chris Graham, expert en storytelling et coach en prise de parole. Avec une nouvelle recrue, oubliez la règle d’or de l’humour « Il ne faut jamais expliquer une blague » et donnez-lui le contexte nécessaire pour la comprendre, la prochaine fois qu’elle reviendra sur le tapis.
Vous avez peut-être cherché pendant des semaines ou des mois le collaborateur parfait. Son premier jour est donc crucial, et donnera le ton pour la suite. C’est le moment de faire particulièrement attention à ce que vous dites et ce que vous faites, car comme le dit habilement l’expression populaire : « On n’a jamais une deuxième chance de faire une bonne première impression ». Un proverbe valable pour elle… comme pour vous.
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Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ
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