Heures sup, larmes et dormeurs professionnels : le best of des actus d’août 2022

31 août 2022

4min

Heures sup, larmes et dormeurs professionnels : le best of des actus d’août 2022
auteur.e
Ariane Picoche

Journaliste et responsable de la rubrique Decision Makers @ Welcome to the Jungle

Que s’est-il passé en août dans le monde merveilleux de l’entreprise ? Retrouvez le meilleur du pire des actus RH de France et de Navarre. Au programme : du nouveau dans la défiscalisation des heures supplémentaires, un PDG qui n’aurait peut-être pas dû partager son chagrin sur les réseaux sociaux et une annonce pour recruter des pros de la sieste.

Le chiffre à retenir : 520 K démissions

En France, le nombre de démissions a atteint un nouveau pic entre fin 2021 et début 2022, nous apprend la Dares, avec environ 520 K démissions par trimestre, dont 470 K ruptures de CDI. Le dernier « record » remontait au premier trimestre 2008 (510 K). De quoi donner du grain à moudre aux partisans de la « grande démission ».

Les news RH de l’Hexagone

Les entreprises peuvent racheter aux salariés leurs RTT

C’est officiel, les salariés peuvent désormais renoncer à leurs jours de RTT et les convertir en rémunération, à condition d’obtenir l’accord de leur employeur. Si ce dernier accepte la demande, il devra payer les journées travaillées avec « une majoration de salaire au moins égale au taux de majoration de la première heure supplémentaire applicable dans l’entreprise ». À préciser qu’un plafond est fixé à 7500 euros par an et que cette rémunération est défiscalisée. La nouveauté, qui concerne tous les secteurs et tailles d’entreprises, s’inscrit dans la loi de finances rectificative (PLFR) adoptée par le parlement le 4 août dernier. Et elle divise. La gauche y voit un rétropédalage en matière de rythme de travail, quand la droite parie sur un levier en faveur de l’augmentation des salaires donc du pouvoir d’achat.

Défiscalisation des heures sup : le plafond à 7500 euros gravé dans le marbre

Le Sénat, en majorité de droite, a validé l’amendement proposant de relever le plafond de défiscalisation des heures supplémentaires et a pérennisé le dispositif le 1er août. La limite passe ainsi de 5000 à 7500 euros. Selon Gabriel Attal, ministre des comptes publics, c’est une avancée qui « s’inscrit pleinement dans le souhait de revalorisation du travail ». Une mesure soutenue par le gouvernement, donc, mais qui ne fait pas l’unanimité. Comme pour la monétisation des RTT, la gauche, qui avait réclamé la suppression de l’article en question, perçoit en creux la mort annoncée des 35 heures. Le socialiste Rémi Féraud affirme que ce retour en arrière n’est pas assumé et a critiqué le « refus du gouvernement de s’orienter vers une vraie augmentation de salaire ».

Et chez nos voisins étrangers ?

Licenciement : quand un robot fait le sale boulot

Bienvenue dans le futur. Un futur où les salariés sont renvoyés par visio-conférence sur les recommandations aléatoires d’un algorithme… Si ce scénario a l’air tout droit sorti d’un film de science-fiction, c’est pourtant bien la réalité des soixante collaborateurs de Meta, maison-mère de Facebook, qui viennent d’apprendre leur départ. Ces derniers étaient employés par Accenture, un cabinet de conseil qui a passé un deal d’un demi-milliard de dollars avec l’entreprise de Mark Zuckerberg pour la doter de modérateurs de contenus, entre autres. Et ces prestataires malchanceux ne sont certainement pas les derniers. En juin, le grand patron affirmait en effet que Meta allait « faire monter la pression » afin de se délester des salariés qui ne tenaient pas leurs objectifs.

Aux États-Unis, la photo d’un PDG en pleurs déchaîne les passions

Doit-on tout montrer sur les réseaux sociaux ? Braden Wallake dirige l’agence de marketing Hypersocial, basée dans l’Ohio. Début août, il a posté un selfie de lui en train de pleurer sur LinkedIn. N’a-t-on pas le droit d’afficher sa vulnérabilité et de déconstruire l’image du CEO super-héros, me direz-vous ? Certes, mais ici, c’est le « pourquoi » qui a suscité le débat. Braden venait en effet de renvoyer une partie de son équipe. Dans la légende de sa photo, il fait son mea culpa et explique la difficulté de sa décision. Or la démarche en a dérangé plus d’un : près de 11 K commentaires ont été postés depuis. Alors, coup de pub déplacé ou élan de sincérité ? À vous de juger.

En bref…

  • Train-train | Le secteur des transports est à la peine en matière de recrutement. Pour pallier ses quelque 1200 postes vacants, la SNCF est contrainte de supprimer des trains à partir de la rentrée.

  • Opération séduction | Même combat chez la RATP. À la recherche de 1500 conducteurs de bus, elle mise désormais sur un système de cooptation. Chaque salarié peut ainsi recommander un candidat et toucher 300 euros si celui-ci est embauché et reste plus d’un an.

  • We need you | La pénurie de main-d’œuvre ne s’arrête pas aux frontières de la France. En Allemagne, deux millions d’emplois restaient à pourvoir en juillet. Face à la crise, le gouvernement envisage de réviser sa politique migratoire pour faciliter le travail des étrangers.

  • Job de rêve | « Rejoignez les dormeurs de Casper et montrez vos talents de dormeur en public, sur les réseaux sociaux et partout où les gens regardent ». C’est ce que mentionnait une offre d’emploi estivale de la société de matelas new-yorkaise, en quête de « dormeurs professionnels ». Humour et avantages en nature : le secret de l’attractivité des talents ?

  • VAE | La « validation des acquis de l’expérience » permet d’obtenir un diplôme correspondant à son expérience professionnelle. Après vingt ans d’existence, la complexité du dispositif continue hélas de le desservir. Le gouvernement compte réformer et tripler les VAE pour atteindre 100 K validations par an d’ici à 2027. Une concertation débutera en septembre.

  • Petits arrangements entre amis | Lee Jae-yong, patron de Samsung, avait été condamné pour corruption et détournement de fonds début 2022… Eh bien, il vient d’être gracié par le président sud-coréen et sera réintégré pour « contribuer à surmonter la crise économique ».

  • Coupe du monde | Carton rouge pour le Qatar. Le pays qui accueillera le mondial de football fin 2022, aurait expulsé des dizaines de travailleurs étrangers ayant manifesté pour réclamer leurs salaires impayés.

  • Discriminations | Bon nombre d’entreprises ont délocalisé leurs centres d’appel en Afrique et en Asie. Or, leurs téléconseillers sont souvent victimes de racisme de la part des clients. Afin de « lutter contre ces discriminations », une start-up US a développé une IA pour « occidentaliser » leur accent. Mais le concept inquiète : n’entretient-il pas les biais ?

_
Photo : Thomas Decamps pour WTTJ