Pourquoi la French Tech lève-t-elle tant d'argent en ce moment ?

26 nov. 2021

11min

Pourquoi la French Tech lève-t-elle tant d'argent en ce moment ?
auteur.e
Laetitia VitaudExpert du Lab

Autrice, consultante et conférencière sur le futur du travail, spécialiste de la productivité, de l’âge et du travail des femmes

En France, la Startup Nation n’a plus la cote : les critiques abondent, notamment sur les réseaux sociaux (#balancetastartup)… Pourtant, les entreprises du numérique enregistrent ces derniers mois des records en matière de levées de fonds. Mouvement anti-Tech versus investissements mirobolants : quelle tendance l’emporte ? Et en creux, qu’est-ce que cette dualité révèle de la santé de nos startups ? Entretien avec Nicolas Colin, co-fondateur de TheFamily et expert de l’économie numérique.

La critique des géants numériques comme des startups est omniprésente. Alors que la lanceuse d’alerte Frances Haugen dénonce les méfaits de Facebook, les salarié·e·s de nombreuses startups françaises “balancent” sur Instagram (#balancetastartup) le management toxique dont ils/elles sont les victimes. Dans ces conditions, le désamour de la Silicon Valley n’a d’égal que la désillusion qu’inspire la “Startup Nation”. À propos de la Tech, on parle d’un puissant “retour de bâton” culturel. Pour beaucoup d’entreprises numériques, il ne faudra plus se contenter de se décrire comme une startup pour espérer attirer des talents. Au contraire, le recrutement risque de devenir le principal goulot d’étranglement de l’année 2022.

Malgré ce contexte négatif, les montants investis dans les startups françaises n’ont jamais été aussi élevés qu’en 2021. En septembre 2021, par exemple, la startup Sorare (qui opère un jeu en ligne d’échanges de vignettes de joueurs de football) a atteint une valorisation de 4 milliards de dollars après une levée de fonds de 680 millions de dollars. Avant Sorare, Qonto et Payfit, ce sont ContentSquare, Mirakl, Openclassrooms, Ornikar, Payfit, Alan, Malt, Aircall, Spendesk, ManoMano et bien d’autres qui ont fait la fierté de la French Tech. Par ailleurs, après près de deux années de pandémie de Covid, il est clair que de nombreux usages numériques se sont durablement installés dans les habitudes françaises. On fait davantage ses courses en ligne. On prend ses rendez-vous médicaux sur Doctolib. On regarde des séries sur Netflix. On travaille à distance grâce à des outils comme Zoom et Teams qui font désormais partie de notre quotidien…

Quelle est la tendance qui l’emporte entre le retour de bâton anti-tech et l’accélération des usages numériques ? Comment expliquer ces valorisations record des startups françaises depuis quelques mois ? Ces dernières sont-elles vraiment le signe que nos entreprises sont devenues plus fortes ? Pour y voir plus clair et avoir une vision “grand angle” de la santé de l’économie numérique française, je me suis tournée vers mon conjoint, Nicolas Colin, co-fondateur de TheFamily et expert de l’économie numérique dont la newsletter European Straits décrypte “l’âge entrepreneurial” depuis plusieurs années…

On a l’impression que les startups ont été poussées par la pandémie. Est-ce vraiment le cas ?

Nicolas Colin – Oui, on a assisté à un basculement des usages du fait du confinement et du renforcement durable des normes d’hygiène et sanitaires. On achète beaucoup plus en ligne. On consomme différemment. Mais l’accélération des startups est liée aussi à un important afflux d’argent provoqué par une politique monétaire plus accommodante mise en œuvre dans un contexte de crise mondiale, surtout parce que les taux bas détournent les détenteurs de capitaux des marchés obligataires et les font investir plus à la bourse et dans les sociétés non cotées.

Dans ce contexte où le capital coule à flot, il y a plus d’argent à investir, mais pas forcément plus d’entreprises dans lesquelles investir. Depuis 18 mois, en effet, le capital en excès s’est concentré dans les actifs financiers; Et comme les gérants d’actifs amplifient les tendances du fait des stratégies d’indexation, tout le monde a été embarqué dans cette spirale sans fin où les cours à la bourse montent toujours plus haut.

Cela étant dit, même dans ce contexte haussier, les meilleurs retours sur investissement se concentrent dans l’économie numérique, car les entreprises de ce segment se sont montrées les plus résilientes durant cette période chaotique. La Bourse en général bat tous les records (le CAC 40 a récemment dépassé son record), mais, aux États-Unis en particulier, ce sont pour l’essentiel les entreprises numériques qui tirent les performances vers le haut ! Cela a un impact indirect sur les levées de fonds. Quand la bourse va bien, les introductions en bourse des startups se multiplient. Et de plus en plus de détenteurs de capital veulent investir dans des fonds de capital-risque pour espérer profiter de ces futures introductions en bourse…

Que changent les fortes valorisations des startups à la relation qu’elles entretiennent (ou pas) avec les grandes entreprises traditionnelles ?

N. C. – Une conséquence importante de la montée des valorisations (du fait de l’afflux de capital), c’est que les grandes entreprises traditionnelles sont larguées : elles ne peuvent plus acheter ces startups qui sont devenues trop chères ! Par exemple, la Société Générale a acquis Shine en 2020 pour une centaine de millions d’euros dit-on. Mais l’équivalent de Shine aujourd’hui, c’est une entreprise qui lève beaucoup plus d’argent sur un segment beaucoup plus dynamique et un marché beaucoup mieux compris, ce qui vaudrait probablement beaucoup trop cher pour la Société Générale. Il n’est pas possible, quand on est une grande entreprise traditionnelle cotée en bourse, de payer plusieurs centaines de millions de dollars pour une entreprise qui sert à peine quelques dizaines de milliers de clients et ne génère pas encore de bénéfices ! Seules les grandes entreprises numériques savent reconnaître la valeur de ces cibles et payer le prix qu’il faut pour les acquérir. Les entreprises traditionnelles, elles, sont dépassées. La conséquence, c’est que, faute d’acquéreurs dans l’univers des entreprises traditionnelles, toutes ces startups sont condamnées à devenir plus ambitieuses. Le fait de lever beaucoup d’argent les oblige vis-à-vis de leurs investisseurs, qui attendent des multiples importants et refuseront d’endosser l’idée de vendre pour pas cher à une entreprise traditionnelle.

L’effet est ambivalent pour les startups : d’un côté, ne pas se vendre à des grands groupes traditionnels, ça veut dire qu’il y a moins de liquidité pour les employés actionnaires (même s’il y a d’autres manières d’y arriver maintenant, à présent que le marché est plus mature) ; de l’autre côté, il y a aussi une prime aux entrepreneurs les plus ambitieux qui, on peut l’espérer, feront des miracles sur les fronts du recrutement et du management (car sans cela, impossible de grandir au point de devenir une entreprise cotée en bourse). Mais attention : lever beaucoup d’argent permet de résoudre certains problèmes pour les startups en phase de croissance, en revanche, en phase d’amorçage, les problèmes à résoudre sont encore méconnus ou mal compris, donc gare à ne pas trop dépenser malgré l’abondance !

Tout de même, il y a de nombreuses entreprises qui ne parviennent pas à participer à cette vague de levées de fonds records. Par exemple, les femmes fondatrices de startups sont totalement sous-représentées dans le capital-risque

N. C. – En effet, l’abondance de capital est loin de bénéficier à toutes les startups. En réalité, au-delà des chiffres mirobolants au niveau agrégée, les levées importantes se concentrent sur certains segments comme le SaaS (Software as a Service), où les femmes sont peu présentes. De plus, les investisseurs offrent une sorte de prime aux repeat founders, ces entrepreneurs qui ont déjà plusieurs créations de startups à leur palmarès, et aux anciens salariés de grandes entreprises numériques prestigieuses. Tout cela a tendance à renforcer les biais existants. Pour les femmes, c’est toujours aussi difficile qu’avant de lever des fonds. Peut-être même plus car tous les investisseurs, qui ont tendance à être moutonniers, chassent les mêmes opportunités et veulent tous investir dans les mêmes entreprises, souvent dirigées par des hommes… Il y a plus d’argent, mais qui reste concentré sur les mêmes. Dans ces conditions, l’écart se creuse.

Pourtant, parallèlement à ces levées de fonds records, on assiste à un retour de bâton contre la tech. En quoi consiste ce retour de bâton ?

N. C. – Au cours de l’année passée, on a vu se multiplier les révélations sur les pratiques de management immatures voire brutales dans les startups. En France, le mouvement #balancetastartup sur Instagram en est l’exemple le plus visible. Aux États-Unis, ce sont des révélations sur la face sombre des grandes entreprises numériques qui ont fait la une des médias. On parle beaucoup de Facebook / Meta, mais il y a eu aussi Amazon, Uber, Google – et même, sur des sujets plus spécifiquement américains, Coinbase, Basecamp et maintenant Netflix, où certains salarié·e·s se sont plaintes de la teneur d’un spectacle de l’humoriste Dave Chappelle produit et diffusé sur Netflix. C’est peut-être aussi parce que les entrepreneurs sont plus ambitieux que jamais qu’ils sont confrontés plus vite au choc du recrutement dans un contexte où le marché du travail est particulièrement tendu (notamment sur le segment des plus qualifiés) et confronté au retour de bâton des travailleurs eux-mêmes, plus exigeants que jamais sur les conditions de travail. Et la mauvaise presse qui touche spécifiquement les entreprises numériques n’arrange pas les choses.

On pourrait se dire “quel travailleur n’a pas envie de rejoindre une startup dans ces temps où tout leur réussit ?”, mais aux problèmes que je viens de mentionner s’ajoutent encore d’autres choses. Les startups sont bloquées dans une culture des salaires bas et du management expéditif, dans un contexte où la participation au capital des salarié·e·s ne génère pas encore de gains significatifs, contrairement à ce qui se passe dans la Silicon Valley : les startups françaises sont moins bien valorisées, leurs actions deviennent moins souvent liquides, et le cadre juridique n’est pas toujours adapté à l’intéressement des salariés. Là encore, le phénomène est amplifié par l’abondance du capital. Les startups qui font des levées spectaculaires, rendues possibles par le contexte macroéconomique, cherchent à recruter beaucoup plus de talents, et beaucoup plus tôt. Mais leurs dirigeants n’ont pas encore la maturité pour attirer les salariés les plus talentueux et les manager convenablement. Souvent, ils/elles ne savent pas faire. C’est sans doute pour cela que les investisseurs et entrepreneurs sur Twitter ne cessent d’adresser des mises en garde concernant “l’illusion de l’abondance” et la tentation de “grossir trop vite”. Comme dans l’histoire de la grenouille et du bœuf, si une startup recrute trop et trop tôt, juste parce qu’elle en a les moyens, cela peut la confronter à des crises et la faire exploser.

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Avec le recul d’Uber qui semble avoir perdu du terrain avec la période de pandémie (bien que les “crises” pour Uber aient probablement commencé bien avant), est-ce qu’il n’y a pas aussi une interrogation sur la pérennité du boom des startups ? Est-ce que les travailleur·ses ne sont pas devenu·es plus sceptiques face aux startups parce qu’ils/elles ne se laissent pas bercer d’illusions comme il y a quelques années ? Ils/elles en ont vu des CEO charismatiques promettre la lune pour finalement voir la montagne accoucher d’une souris…

N. C. – Peut-être. Le numérique est toujours bel et bien en train de dévorer le monde. Mais on commence à se dire qu’il ne dévorera peut-être pas tous les secteurs. Par exemple, le secteur de la construction a toujours résisté au paradigme de la production de masse (on ne fabrique toujours pas les maisons dans des usines et la productivité reste basse dans ce secteur). Donc pourquoi certains secteurs ne résisteraient-ils pas à celui de l’économie numérique ?

On a aussi tous assisté avec stupéfaction au flux et au reflux d’une entreprise comme Uber. Il y a quelques années, cette société emblématique semblait devoir devenir une sorte de Google de la mobilité, une entreprise dominant son marché à l’échelle mondiale. On pensait qu’elle serait présente dans presque tous les pays et utilisée par des centaines de millions de gens. Or aujourd’hui Uber n’est plus que l’ombre d’elle-même. Beaucoup d’utilisateurs ont abandonné ses services de mobilité pour se replier vers le secteur traditionnel des taxis, les transports en commun (c’est quand même mieux pour la planète et souvent plus rapide) ou les solutions de micromobilité (vélos et trottinettes). L’entreprise est ainsi prise dans un cercle vicieux : parce qu’il y a moins de clients, il y a de moins en moins de chauffeurs, ce qui dégrade la qualité du service et détourne encore plus les clients. C’est pour ça qu’Uber est aujourd’hui une entreprise de livraison de repas (Uber Eats) plus qu’une entreprise de mobilité.

Quand on lit les gros titres sur les levées records, on se dit que la tech française se porte bien. Mais cela ne nous dit rien de la position relative de la France par rapport aux autres pays. Où en est l’Hexagone relativement au reste du monde ?

N. C. – La France est tirée vers le haut comme toute l’Europe par les usages qui changent, l’augmentation du nombre d’entrepreneurs, le capital abondant (y compris en provenance des États-Unis). Mais le problème, c’est que, comme tous les entrepreneurs européens, les entrepreneurs français ont tendance à se spécialiser plutôt dans des activités locales par défaut (default local) parce que, le plus souvent, les activités mondiales par défaut (default global) sont déjà dominées par des entreprises américaines, ce qui rend très difficile d’entrer sur ces marchés. (Personne ne décide de faire concurrence à Google en lançant un moteur de recherche, par exemple).

Or, par définition, ces startups “locales par défaut” ne rencontrent le succès que sur un marché local que l’entrepreneur connaît bien et dont il maîtrise parfaitement les codes et les usages – en l’occurrence, la France pour les startups françaises. Au-delà du marché local, en revanche, les choses sont plus compliquées. En théorie, nous autres Européens devrions être rompus à franchir les frontières et à gérer la fragmentation culturelle et linguistique caractéristiques de notre continent. Mais en pratique, beaucoup d’Européens ne sont pas armés pour ça…

Les Français, en particulier, parlent mal anglais et s’intéressent peu au reste de l’Europe, tandis que les Scandinaves et les Néerlandais sont beaucoup plus forts que nous à cet égard – des nations de marins et de marchands, pour caricaturer, alors que la France est une nation de paysans. Les Roumains, les Estoniens parlent bien anglais eux aussi. Les Italiens héritent d’une longue tradition d’émigration et les plus ambitieux n’hésitent pas, par exemple, à déménager à Londres pour y créer leur entreprise (en tout cas, c’est ce qu’ils faisaient avant le Brexit). À cela s’ajoute un autre problème bien français : les signes trop précoces de réussite laissent penser aux entrepreneurs que ça y est, ils/elles sont des stars et peuvent relâcher leurs efforts. Typiquement, être invité à l’Elysée ou faire la une de Challenges, ça fait cet effet-là. Et ce sont des pratiques culturellement plus marginales chez nos voisins européens : les entrepreneurs britanniques ne sont pas invités tous les quatre matins au 10, Downing Street !

La réalité, évidemment, est toute autre. Même quand on a levé beaucoup d’argent et qu’on domine un marché comme la France, dans bien des cas tout reste à faire et les vrais problèmes commencent. Comment séduire des utilisateurs dans d’autres pays ? Comment recruter des talents issus d’autres cultures ? Comment convaincre des hauts potentiels étrangers de venir s’installer à Paris (et les aider à le faire dans une ville où le coût de la vie est exorbitant et la défiance vis-à-vis des étrangers endémique) ? Comment manager à distance des country managers dont on ne partage pas la culture ? C’est sans doute pour cela que des géants numériques européens comme Spotify, Revolut, TransferWise, ou N26 n’ont pas d’équivalent français (sauf, peut-être, des entreprises comme Qonto et Payfit, qui pourraient tôt ou tard sortir du lot à l’échelle européenne sur le segment des PME – un grand marché !). Bien sûr, il n’est pas exclu que les startups françaises réussissent un jour à prospérer suffisamment pour rattraper les entreprises traditionnelles en termes de marque employeur. Pour cela, il faudrait qu’elles offrent des salaires plus élevés, des conditions de travail plus protectrices et un modèle de management plus soutenable.

Mais pour l’instant on n’y est pas encore. L’un des gros avantages de Londres, par exemple, c’est sa spécialisation dans la fintech, les startups qui opèrent dans l’univers des services financiers et bancaires. Or dans ce secteur, l’argent coule à flot et donc les salarié·e·s sont beaucoup mieux payé·e·s ! Il y a plusieurs raisons à cela. L’une d’elles, c’est que les investisseurs londoniens sont familiarisés avec la fintech : ils travaillent dans la finance et ça les rassure de rester dans le secteur de la finance. D’autre part, tout le monde sait que dans le secteur des services financiers, il est crucial de pouvoir financer un actif indispensable : la conformité réglementaire. Revolut l’a bien compris en traversant une crise de conformité il y a quelques années : ils s’en sont expliqué avec le régulateur, ont levé encore plus d’argent pour pouvoir financer une mise à niveau radicale, et sont repartis du bon pied, au point de devenir la société non cotée la mieux valorisée du Royaume-Uni !

La France, malheureusement, n’est pas spécialisée en fintech – plutôt dans des secteurs où le fait de lever beaucoup d’argent est plus difficile à justifier, donc ça a forcément des conséquences en termes de capacité à attirer des talents. Le retard tend donc à s’accentuer. À Londres, toutes les startups, même dans d’autres secteurs, sont en concurrence avec la fintech, elles doivent donc aligner leurs propositions de rémunération à la hausse pour continuer d’attirer des talents. À Paris, en revanche, l’écosystème tout entier reste enfermé dans l’idée que parce qu’on travaille dans une startup on doit consentir à un salaire plus faible. La participation au capital, en théorie, est une compensation – mais pour que cette valeur soit réalisée, encore faudrait-il que les startups fassent des belles sorties ! Pour l’instant, elles font des belles levées de fonds, ce qui est déjà bien. Les belles sorties, espérons-le, sont à venir – mais attention : plus on lève des fonds au départ, plus la barre est haute pour faire une belle sortie à l’arrivée…

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Photo par Thomas Decamps pour WTTJ
Texte édité par Héloïse de Montety

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