LinkedIn : Les pires techniques pour approcher un recruteur

25 janv. 2023

6min

LinkedIn : Les pires techniques pour approcher un recruteur
auteur.e
Elise Assibat

Journaliste - Welcome to the Jungle

Imaginer le message parfait. L’écrire. Recommencer. Prendre son courage à deux mains pour l’envoyer et puis… plus rien. Silence radio. Vous venez de vous faire ghoster ! Non pas par un mauvais match Tinder mais pire encore : par un recruteur sur LinkedIn.

Et il se pourrait bien que, pour couronner le tout, ce soit en partie de votre faute. Mais pour quelle raison ? Qu’avez vous fait de déplacé ? Emmanuelle Petiau, consultante et formatrice LinkedIn, nous aide à comprendre nos faux pas.

En recherche d’emploi, les candidats ont tendance à sacraliser celui qui possède le pouvoir ultime : choisir ou non de les embaucher. Ils ont alors le réflexe d’imaginer que les recruteurs vont être les premiers à pouvoir les aider. Et nombreux sont ceux à prendre l’initiative de les contacter sur Linkedin pour en avoir le cœur net. Ils prennent leur plus belle plume pour interroger ces derniers sur des opportunités de postes à pourvoir. Mais voilà que les trois quart du temps, les recruteurs, si soigneusement ajoutés au cercle privilégié de la plateforme, ne répondent pas. Lorsqu’ils ne retirent pas carrément, ledit candidat de leur réseau. Quelles sont les erreurs qui peuvent pousser un recruteur qui ne nous connaît pas, à nous rejeter ?

Prise de contact : 8 phrases d’accroches à éviter

1. « Bonjour, je cherche un emploi, est-ce que vous ou quelqu’un de votre réseau pourrait être intéressé par mon profil ? »

Avant toute chose, il est important de rappeler qu’on ne demande pas un service à quelqu’un qu’on ne connaît pas, sans même engager un minimum de conversation. « De plus, la demande ainsi formulée donne l’impression que vous pourriez postuler dans n’importe quelle boite tant qu’on vous garantit un emploi », commente la consultante et formatrice Linkedin, Emmanuelle Petiau. Même si le recruteur a connaissance d’opportunités, ce genre de demandes de mise en relation est rédhibitoire.

2. « Bonjour je suis en recherche d’emploi, que pensez-vous de mon CV ? »

« Demander un avis sur le CV est également proscrit », assure l’experte. Toujours dans la mesure où vous allez déranger quelqu’un qui n’a rien demandé. « Mais aussi car la personne en question n’est pas “coach emploi”, ce n’est pas son métier de vous venir en aide dans votre recherche », rappelle Emmanuelle Petiau. A vous de mettre à jour votre CV et de le rendre attractif, pas au recruteur.

3. « Je profite de la fonction audio de LinkedIn pour me présenter… »

Sur LinkedIn, beaucoup de personnes reprennent les codes des réseaux sociaux comme Facebook, pour se lier virtuellement avec les profils qui les intéressent. « Mais ce n’est pas parce que LinkedIn est un réseau social, que le fonctionnement est le même : on ne va pas se faire ami-ami avec tout le monde », nuance la spécialiste. Par exemple, certains candidats profitent de la plateforme pour envoyer des messages vocaux aux recruteurs. « On peut croire que c’est original, plus concret dans la mise en relation, mais c’est surtout intrusif et donc inadapté au contexte », appuie Emmanuelle Petiau.

4. « Votre offre d’emploi m’intéresse beaucoup » … En parlant d’une offre fantôme

Vanter les mérites d’une opportunité inexistante est le meilleur moyen de se planter ! « Ça montre que vous n’avez fait aucune recherche préalable et ça peut-être très agaçant pour le recruteur en question », révèle la consultante. Alors n’allez pas l’embêter si aucune offre n’existe à ce moment-là. « Ne pas cibler sa force de frappe, c’est un coup dans le vide », affirme Emmanuelle Petiau.

5. « Bonjour je me permets de vous relancer pour la troisième fois… »

« Non seulement cette technique frôle le harcèlement mais en plus c’est contre-productif, observe l’experte. Le recruteur va se dire que vous êtes bien trop en attente et va commencer à se méfier de votre attitude insistante. » Le mieux c’est d’envoyer un message, puis d’attendre quelques jours, et en ultime recours, contacter le recruteur par téléphone (si on a son contact) au bout d’une semaine sans réponse de sa part. « LinkedIn sert à mettre en relation mais ne remplace pas une vraie conversation téléphonique », soulève Emmanuelle Petiau. Si la personne ne nous répond toujours pas, il vaut mieux laisser tomber.

6. « Je suis conscient de ne pas avoir toutes les compétences pour… »

« Parfois, quand on cherche un boulot, on panique à l’idée de ne pas retrouver un emploi, et on se met dans tous ses états », concède la consultante. Mais trop se positionner “en demande” donne l’impression que vous êtes désespéré. « Vous perdez alors de votre assurance ce qui ne rassure pas le recruteur sur votre profil. Il vaut mieux éviter de se dévaloriser dès la première prise de contact », recommande Emmanuelle Petiau.

7. « J’ai 15 années d’expérience dans le métier et je pourrais vous apporter beaucoup »

Avoir confiance en soi c’est bien, ne pas paraître condescendant, c’est mieux. « Une chose est sûre, ce n’est pas forcément le nombre d’années d’expérience qui fera de vous un excellent candidat, analyse la spécialiste. Ce qui est plus intéressant pour le recruteur, c’est vos résultats, quali et quanti. » Pour vous démarquer, il faut davantage matérialiser votre expertise par des chiffres ou des exemples concrets de projets réalisés : c’est ce qui la rend concrète aux yeux des recruteurs.

8. « Je suis prêt·e à tout »

« Même si c’est inconscient ou involontaire, ce genre de formule à double sens peut être mal interprétée », regrette Emmanuelle Petiau. Encore plus, au détriment des femmes. « On évite ce genre de formule, d’abord pour se protéger, et ensuite pour éviter tout malentendu », conclut la consultante.

Si ces phrases d’accroche dans nos messages LinkedIn peuvent paraître anodines, le problème est ailleurs selon Emmanuelle Petiau : « en faisant ce type de faux pas, on risque de se griller auprès des recruteurs de notre secteur. » Et ainsi, d’auto-saboter ses chances pour la suite. Alors comment éviter de rater sa première impression ?

Comment bien approcher un recruteur sur LinkedIn ?

« De manière générale, envoyer un message à un recruteur sans raison particulière, n’est pas une bonne stratégie pour faciliter sa recherche d’emploi », révèle la spécialiste. Le seul contexte qui le permet est la publication d’une offre d’emploi qui vous intéresse. « Dans ce cas, l’objectif de votre prise de contact est d’appuyer votre candidature, ce qui fait sens pour les deux parties », poursuit-elle. Et pour soigner votre approche et favoriser une réponse, voici les cinq tips de notre experte Linkedin.

1. Postuler

Le premier point est de se renseigner sur l’ouverture d’une offre d’emploi qui nous correspond. « Si ce n’est pas le cas, votre message tombe totalement à côté de la plaque et votre requête n’a aucun sens, constate Emmanuelle Petiau. Alors avant de contacter le recruteur, on s’assure de la présence de cette annonce, de sa date de mise en ligne et on candidate selon les modalités requises par l’entreprise. » C’est uniquement après avoir accompli cette étape que vous pouvez surenchérir auprès de la personne chargée des recrutements.

2. Mettre les formes

Après avoir postulé, il faut faire attention à ne pas agresser la personne avec nos demandes ; on évite par exemple, de rentrer trop directement dans le vif du sujet. « Après l’avoir ajouté en contact, on peut d’abord la remercier d’avoir rejoint notre réseau, - et non la remercier de nous avoir “accepté” dans le sien -, ce qui nous met en position d’infériorité, selon l’experte. Et dans un deuxième temps on peut préciser que l’on a postulé à l’offre d’emploi pour le poste et en profiter pour renouveler ses motivations. » Enfin, on conclut par une proposition d’échanger de vive voix sur le sujet si notre profil retient son attention.

3. Se faire introduire par un tiers

« Si on remarque une connexion commune avec le recruteur de la boîte ou la personne responsable du pôle qui nous intéresse, on peut demander à cette personne de nous mettre en relation », recommande Emmanuelle Petiau. Cette personne intermédiaire peut par exemple créer une discussion de groupe sur LinkedIn en message privé en vous présentant et en évoquant votre intérêt pour l’offre. C’est l’idéal pour s’assurer une réponse de la part du recruteur.

4. Bien se préparer

Lorsqu’on contacte un recruteur, on doit arriver préparé et équipé des bons outils. « On met à jour son CV, on optimise son profil LinkedIn, on essaie de créer des liens avec des personnes de notre secteur, on rejoint les groupes spécifiques à notre écosystème professionnel, on se construit un réseau petit à petit », conseille la consultante. Il faut être patient et surtout stratégique. « C’est la meilleure façon de valoriser votre profil aux yeux des recruteurs », confirme Emmanuelle Petiau. Même si la démarche peut prendre un peu de temps.

5. Faire preuve de confiance en soi

En recherche d’emploi, on a tendance à se sentir en infériorité par rapport aux recruteurs. « Ne partez pas de cette position de faiblesse, et montrez vous tel que vous êtes. Vous avez des compétences à valoriser et le recruteur a besoin de ces dernières pour avancer », rappelle la spécialiste. Alors ne vous laissez pas impressionner par la position de votre interlocuteur : vous êtes tous les deux ici en posture égale. Et ça, il ne faut pas l’oublier !

Finalement, il est tout à fait possible de contacter efficacement un recruteur à partir du moment où le contexte s’y prête et que l’on s’y prend de la bonne manière. Alors n’hésitez pas à le faire… mais en ayant recours aux bonnes formules.

Article édité par Aurélie Cerffond ; Photo de Thomas Decamps

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