Radical Candor : pourquoi créer une culture de la sincérité au travail ?

17 janv. 2019

4min

Radical Candor : pourquoi créer une culture de la sincérité au travail ?
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Kim Scott a officié au sein des plus grands groupes tech américains : Youtube, Apple, Google, Dropbox, Twitter… Forte de ces expériences et de la création d’une start-up au préalable, elle écrit Radical Candor, que l’on pourrait traduire par « bienveillance extrême». L’ouvrage est un véritable best-seller et elle y explique comment devenir un leader puissant tout en conservant son humanité. Kim Scott donne des clés simples à appliquer mais dont les effets sont radicaux, pour que vous et vos équipes réalisiez le meilleur travail possible ensemble, en établissant des relations saines et durables. En résumé, nul besoin d’être une requin aux dents longues pour obtenir le meilleur de vos employés !

Care personally = se soucier de chacun de façon humaine

L’auteur organise son raisonnement autour de deux grands axes, dont le premier est le « Care personally ». Kim Scott met en garde contre la mauvaise interprétation du mot « professionnel », que l’on perçoit souvent comme la nécessité de mettre ses émotions, son humanité, ou sa véritable identité de côté au travail. Considéré de cette manière, le professionnalisme peut conduire à l’apathie et à la trivialité dans les relations aux autres - que l’on a tendance à considérer comme ses ennemis plutôt que comme des collaborateurs. Or, pour être capable de se soucier des autres au quotidien dans l’entreprise, il est en fait important d’aller au-delà de cette idée reçue.

Selon Kim Scott, votre objectif en tant que leader et chef d’entreprise doit être de créer le meilleur environnement pour permettre à ses employés d’être pleinement eux-mêmes, avec leur personnalité, leurs défauts et leurs émotions ! C’est pour cela qu’il est important de care, de se soucier de son travail, ses collègues, ses supérieurs. L’auteur parle même d’une forme d’amour à établir avec et entre les employés de l’entreprise, pas au sens romantique du terme bien sûr, mais comme capacité à travailler et collaborer tous ensemble. On passe plus de temps au travail que dans n’importe quelle autre sphère de nos vies donc autant le faire en développant d’authentiques relations humaines, nous rappelle Kim Scott. Néanmoins, ce premier grand principe ne doit pas empêcher de dire les choses qui doivent être dites !

Challenge directly = être franc et oser challenger ses collaborateurs

Comme le fait remarquer l’auteur, dès notre plus jeune âge, on nous apprend que si c’est pour dire des méchancetés, nous ferions tout aussi bien de nous taire. C’est quelque chose que nous devons absolument désapprendre car en tant que leader, cela fait partie de notre mission de dire les choses qui dérangent. C’est une obligation morale d’être franc et direct avec ses collaborateurs, autant dans les compliments que dans les critiques plus négatives et parfois âpres à digérer au premier abord. Car, comme nous le savons tous au fond, ces critiques rendent souvent de grands services à qui nous les prodiguons. Kim Scott raconte que lorsqu’elle est arrivée chez Google, la première fois qu’elle a pitché une idée, Sheryl Sandberg lui a fait remarqué qu’elle devrait suivre une formation pour la prise de parole en public car elle avait tendance à dire « humm » tous les trois mots, ce qui rendait son discours moins convaincant. Si au départ Kim Scott a voulu balayer la critique, elle s’est ensuite rendue compte que c’était difficile pour ses interlocuteurs de l’écouter et elle s’est étonnée que personne jusqu’alors n’ait jamais eu la bienveillance de lui faire la remarque !

Radical Candor = la combinaison des deux

Finalement la difficulté est de réussir à combiner les deux axes. On peut, par exemple, réussir à challenger quelqu’un mais sans parvenir à lui montrer qu’il nous importe humainement. Dans ce cas, les échanges avec cette personne vont sembler agressifs, et vous risquez de passer pour quelqu’un d’infect et d’odieux aux yeux de vos employés. À l’inverse, l’erreur la plus fréquente est de ne pas oser dire la vérité de peur de blesser l’interlocuteur. Or, dans ce cas, vous privez vos collaborateurs de ce qu’ils ont besoin d’entendre et ainsi ils ne progressent pas, ne s’améliorent pas, ne comprennent pas ce qu’on attend d’eux, n’apprennent pas de leurs erreurs et cela impacte toute l’équipe voire toute l’entreprise. Kim Scott prend comme exemple l’histoire de Bob, un employé de l’entreprise Juice Software qu’elle avait créée. Bob était apprécié de tous, jovial, sympathique. Seulement, son travail n’était pas au niveau, et Kim Scott a toujours préféré rattraper ses erreurs plutôt que de lui faire les remarques qui auraient pu lui permettre de s’améliorer. Jusqu’au jour où elle a dû se résoudre à le licencier. Il lui a alors reproché de ne pas lui avoir dit en temps voulu que son travail ne faisait pas l’affaire alors qu’il avait les compétences pour s’améliorer !

Les règles à suivre

Grâce à ces nombreuses expériences, Kim Scott établit finalement un ensemble de règles à suivre au sein de l’entreprise :

  • Il est important de s’intéresser à ce que pensent et ressentent vos collaborateurs dans la sphère professionnelle : sont-ils à l’aise à leur poste, se sentent-ils efficaces, utiles dans leurs missions ? Si une personne rencontre des difficultés, demandez-lui comment vous pouvez lui venir en aide. Bref, sollicitez vos collaborateurs pour qu’ils vous fassent leurs feedbacks , positifs comme négatifs. Cela peut sembler embarrassant à faire mais c’est indispensable. Trouvez la formulation qui vous gêne le moins, comme par exemple : « Que pourrais-je faire ou arrêter de faire qui vous rendrait la vie plus facile ? » C’est le moment de faire preuve d’une grande qualité d’écoute, et de ne pas se vexer quelles que soient les réponses.

  • À l’inverse, veillez à donner le change à vos collaborateurs : faites-leur vos critiques en temps et en heure. Valorisez ce qui est bien fait et expliquez comment le reste peut être amélioré.

  • Tout en restant humble et mesuré, Kim Scott insiste sur l’importance de dire les choses immédiatement, plutôt que d’accumuler les reproches et d’exploser ensuite. Aussi, il est plus diplomate d’émettre les critiques en privé et les éloges en public. Enfin, ne donnez jamais le sentiment que la critique est une attaque personnelle !

  • Encouragez vos équipes à agir de la même façon avec leurs collègues. Encouragez le dialogue, la médiation entre tous, afin d’éviter la médisance dans l’entreprise.

  • Il est également crucial de savoir s’adapter : chaque personne est différente, donc être bienveillant, c’est comprendre et respecter les sensibilités de chacun.

Pour conclure, l’ouvrage de Kim Scott invite les leaders - et les managers - à solliciter la bienveillance au sein de leur organisation et de stimuler les attitudes de radical candor dans la sphère professionnelle. « GET, GIVE, GAUGE, ENCOURAGE » est le mantra de l’auteur qui résume bien sa volonté de changement, de partage d’idées et de critiques dans l’intérêt de tous. Radical Candor nous rappelle que s’en tenir au politiquement correct conduit souvent à des comportements passif-agressifs causés par la frustration, à l’hypocrisie ou la manipulation. À éviter donc !

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Photo by WTTJ

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