L'infidèle, le TedTalkeur, le stressé : 10 profils de candidats en entretien

18 avr. 2024

7min

L'infidèle, le TedTalkeur, le stressé : 10 profils de candidats en entretien

L’entretien d’embauche, c’est LE moment du processus de recrutement où l’on se dévoile au recruteur et… où on se révèle parfois à soi-même par la même occasion ! On a dressé la liste - non exhaustive et à peine caricaturale - des profils en entretien d’embauche. Lequel êtes-vous ?

1. L’overstressé·e

Si on expérimente tous un petit pic de stress à l’approche d’un entretien d’embauche, vous, vous êtes carrément un·e champion·ne Olympique de la syncope. Timidité : check. Manque de confiance ? : Double check. Chaque étape de recrutement vous donne les mains moites et la boule au ventre. Alors au moment fatidique de dérouler votre parcours, vous avez le sentiment que votre cerveau est parti en vacances sur une île, laissant votre bouche livrée à elle-même pour balbutier des incohérences dignes d’un enfant de 4 ans ou d’un candidat de téléréalité. Difficile pour les recruteurs de percer votre carapace alors que vous vous concentrez sur votre palpitant au lieu de valoriser vos compétences et montrer votre motivation.

Exercices de respiration, sport, une bonne préparation/répétition de l’entretien ou encore suivre une thérapie sont autant de solutions pour vous aider à canaliser cette tempête émotionnelle. On souffle !

2. L’agent secret

Alerte, control freak ! Pour vous, l’entretien, c’est du sérieux et rien ne doit menacer votre concentration. Tout doit être carré comme un kiri. Vous prévoyez : le trajet pour vous y rendre avec un itinéraire bis 1 et 2 en cas de bouchons ou de grève surprise, et la tenue à porter adaptée aux prévisions météo et aux codes vestimentaires des employés de la boîte (tous stalkés sur LinkedIn, of course). Dans votre besace, vos fiches avec toute l’histoire de l’entreprise, les questions que vous voulez poser, le salaire que vous comptez demander, la biographie du recruteur que vous avez reconstituée à base de statuts Facebook vieux de 2009 et d’historique des likes sur TikTok. Bref, vous brouillez presque la frontière entre être organisé… et flippant.

Certes, mieux vaut ne pas débarquer les mains dans les poches en entretien, mais n’oubliez pas que le RH en face de vous est un être humain. Votre préparation est signe d’une motivation en béton, mais essayez de ne pas anticiper chaque petit détail de l’entretien. Ajoutez un peu de spontanéité dans vos échanges, sinon vous risquez de passer pour le robot le mieux habillé de l’entretien ! Et puis ça serait bête de passer à côté de la rencontre de Maurice, le poisson du bureau (également stalké).

3. Le poil dans la main

Votre attitude chaleureuse n’a d’égal que votre goût pour l’improvisation. Ainsi, vous vous présentez en entretien d’embauche en toute détente, un peu comme si vous aviez vu de la lumière au quatrième étage et avez toqué à la porte par hasard. Sympathique, vous vous êtes déjà présenté·e en entretien muni·e de chouquettes, parce que « la boulangerie en bas de l’immeuble donnait vachement envie. » Que vous ayez le job ou non, votre vie n’en dépend pas. Dans le fond, toutes les entreprises se ressemblent, avec leurs open spaces, leurs baby-foot, leur machine à mauvais café et leurs blagues galvaudées (« T’as pris ton aprem ? ») Votre vie, vous la rêvez bien loin d’ici. Hors de question de se tuer à faire une candidature personnalisée ou une enquête approfondie sur l’entreprise. Dans 5 ans, vous vous voyez à la retraite très très très anticipée au fond des montagnes. Votre motivation pour le poste ? Les RTT.

Si on vous demande quels sont vos défauts ? Évitez de répondre « feignant et mou ». Préférez la version langue… d’entretien : « j’ai parfois du mal à définir mes priorités… » (sauf quand il s’agit de choisir entre faire une sieste ou un PowerPoint).

4. Le crack qui esquive toutes les questions

« Mes défauts ? Quelle question exquise ! Vous savez, je suis un assoiffé·e de progrès, toujours avide de nouveaux défis à relever ! D’ailleurs, je vous ai raconté la fois où… »

Si la plupart des concurrents affûtent leurs réponses pour briller en entretien, vous avez pour votre part choisi la voie de l’esquive, l’art de passer entre les gouttes. Réponses floues, détours subtils, vous jonglez avec les mots comme un prestidigitateur avec ses cartes. Vos tours de passe-passe favoris ?

  • Renvoyer la balle à votre interlocuteur : « Ah, voilà une interrogation qui mériterait une thèse ! Je vous laisse éclairer ma lanterne, Madame Dupont ! »
  • Tout simplement dire qu’on ne peut pas y répondre : « Où je me vois dans 5 ans ? Ah, le mystère de l’avenir ! Vous savez, c’est comme une boîte de chocolats, comme disait Forrest Gump. Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’à l’heure actuellee maintenant, je suis déterminé·e à… »
  • L’auto-interruption, un classique : « Bien sûr que je peux vous parler de mon expérience précédente. D’ailleurs, j’ai oublié de vous préciser que… »

À la fin de l’échange, le recruteur demeure dans le brouillard le plus total. Il ne sait rien de ce que vous avez étudié et n’a pas un iota d’information sur votre vie pro. Une chose est certaine : votre plus grand talent, c’est l’art de la pirouette verbale. Mais votre plus grand défaut ? Le charme sans substance, ça ne dupe personne !

5. L’infidèle

Équivalent professionnel des personnes en couple qui vont flirter dès que l’occasion se présente pour se rassurer sur leur pouvoir de séduction, vous vous pointez en entretien pour vous faire mousser. Maqué·e avec votre boîte depuis 5 ans, vous filez le parfait bonheur. Vous avez certes connu des hauts et des bas ensemble, mais au final, vous êtes aussi soudé qu’un vieux couple devant Netflix un dimanche soir. Si vous avez postulé et accepté l’entretien dans cette boîte, vous ne comptez pas aller plus loin. C’est juste histoire de rompre la monotonie, faire battre des cils et vérifier votre cote. 10k annuel de plus quand même… ce n’est pas rien. Vous en toucherez peut-être un mot à votre manager, tiens. Vous méritez qu’on se batte pour vous.

6. Le / la sans filtre

Si l’exercice de l’entretien d’embauche consiste souvent à enrober la vérité dans du sucre, pour vous, il faut être 100% honnête. Mieux vaut se faire recruter pour qui on est réellement, n’est-ce pas ? La raison du départ de votre précédente entreprise ? Votre incompétent de manager, incapable de voir votre immense potentiel ! Ce qui vous motive dans le poste ? Franchement, le salaire est pas mal… et le café gratuit, aussi. Votre plus grand défaut ? Un peu direct parfois, mais c’est ce qui fait votre charme. Vous ne vous empêchez pas non plus de demander si vous pourrez prendre des congés dès les premiers six mois car vous avez prévu un road trip en Italie avec votre pote d’enfance Camille, une tradition aussi sacrée que l’apéro du vendredi soir ! D’ailleurs, vous devrez aussi partir à 17h tous les jeudis, y’a psy !

Si la franchise est une vertu, attention à ne pas perdre de vue les codes professionnels, la diplomatie est votre allié ! Mieux vaut vendre du rêve que des cauchemars, non ?

7. Le / la populaire

Arrivé dans les locaux de l’entreprise, vous n’êtes pas en terre inconnue. À peine avez-vous passé le pas de la porte que vous reconnaissez Mél, graphiste avec laquelle vous avez déjà travaillé, et Séb, ce brillant chef de projet que vous avez guidé depuis ses premiers pas dans la vie pro. En bonne personnalité politique en pleine campagne électorale, vous distribuez des poignées de main à droite, à gauche et des clins d’œil complices… convaincu·e que cette proximité vous garantira les soutiens nécessaires pour vous lancer dans la course au poste convoité. D’ailleurs, le recruteur se rendra vite compte que vous connaissez mieux l’organigramme de l’entreprise que lui. Vous êtes chez vous, en terre conquise.

L’avantage, quand on a du réseau, c’est que nos contacts peuvent nous vendre à notre place et nous partager de précieuses informations sur l’entreprise et le poste à pourvoir… Mais attention à l’excès de confiance et ne négligez pas le travail de préparation !

8. Le / la desespéré·e

Pour vous, cet entretien est vital. Vous vous emmerdez royalement dans votre entreprise actuelle, votre manager est aussi pétillant que Margaret Thatcher, vous êtes sous-payé, vos collègues ennuyeux. Bref, vous cherchez la sortie de secours et êtes prêt à accepter n’importe quoi pour échapper à ce traquenard. Le recruteur n’est pas un simple recruteur, mais un héros qui a le pouvoir de vous tirer d’affaires. Vous répondez à ses questions sans trop montrer votre rage, mais chacune de vos réponses est teintée de supplication silencieuse : « Embauchez-moi pour l’amour de Dieu ! »

Vous tentez de vous extraire d’une situation inconfortable voire nocive pour vous, et c’est une bonne chose. Mais attention, les recruteurs voient quand la réelle motivation d’un candidat est de fuir une entreprise et non de rejoindre la leur. Même si cela peut vous paraître compliqué, faites bonne figure, ne serait-ce que le temps de l’entretien !

9. Le / la modeste

S’il y a bien un moment dans votre vie où vous devez vous « vendre », c’est l’entretien d’embauche. Mais impossible pour vous de mettre de côté votre syndrome de l’imposteur. Vous n’avez pas « acquis » des compétences mais vous « vous formez… depuis 15 ans », vous avez certes géré de A à Z la refonte du site de votre précédente entreprise et géré toute la campagne de comm’ en parallèle, mais attention vous avez été aidé… Oh et puis oui vous avez été sélectionné à Top Chef, mais c’est trois fois rien…

L’athlète Français René Metz a dit : « Avec un très grand talent et une plus grande modestie, on peut rester longtemps inconnu. » Alors, vendez-vous ! Si “Emily in Paris” a pu être nominé aux Golden Globes ou que Jean Lassalle se présente aux présidentielles, vous pouvez vous aussi vanter vos qualités. Vous êtes balèze.

10. Le TedTalkeur

A bas l’entretien question-réponse classique. Bienvenue dans votre Ted Talk. Prêt à conquérir votre public, vous lancez de grandes tirades sur le sens que vous accordez à votre travail. Chaque exploit professionnel est comparé à une grande bataille de l’histoire, chaque échec est accompagné d’une leçon. Dans votre discours se succèdent punchlines fortes (« Vous cherchez quelqu’un qui pense outside the box ? Eh bien moi je n’ai même jamais vu la boîte ! ») et phrases bidons (« Je suis plus fort·e GRÂCE à mes échecs… pas MALGRÉ eux »). Votre allocution pleine d’aplomb semble faire effet sur le recruteur concentré… à moins qu’il ne se demande s’il pourra un jour récupérer ces 15 minutes de vie passées à écouter vos divagations ?

Mollo le melon ! Oui, il faut se vendre, mais pas au prix de l’authenticité et d’une certaine accessibilité. Vous êtes dans un échange avant tout, pas dans un exercice de stand-up.


Article écrit par La rédaction de Welcome To The Jungle ; Photo Thomas Decamps pour WTTJ