Votre projet perso reste au stade de l’idée ? Comment enfin passer à l’action ?

13 juin 2022

5min

Votre projet perso reste au stade de l’idée ? Comment enfin passer à l’action ?
auteur.e
Pauline Allione

Journaliste independante.

Lancer son magazine, créer un podcast, vendre ses poteries sur Insta… Nombreuses sont les âmes rêveuses à avoir plus d’un projet en plus de leur activité pro principale dans leur sac. Mais entre les 35h de boulot, la potentielle vie de famille, les sorties le week-end et les soirées Netflix, il reste peu de place pour la nouveauté et les chantiers balbutiants. Résultat : une poignée d’années plus tard, le projet est toujours aussi peu concret.

Dans le tourbillon du quotidien, trouver un créneau pour donner de la matière à ses plans sur la comète n’est pas toujours une mince affaire. Tellement, qu’il est souvent plus confortable d’en rester au stade d’idée : « Tant qu’on a le projet en tête, tout est possible, argumente Émilie Amic, formatrice en développement professionnel et autrice de Façonne ton job. Cela nous offre une fenêtre sur le rêve qui nous sort du quotidien. » Une fenêtre qui ne comporte aucun risque : tant que rien n’est concret, ni la réussite ni l’échec ne se matérialiseront. Car selon la coach, ce sont bien nos peurs qui nous paralysent. « Vous pouvez dire ce que vous voulez, “je n’ai pas le temps, je dois m’occuper des enfants, ma mère est malade…” Pour beaucoup de gens, ceux qui n’ont pas de problèmes financiers en tout cas, la problématique n’est pas le temps mais la trouille. »

Sans compter qu’à trop procrastiner, l’évasion procurée par l’idée même du projet laisse place à la désillusion et à la déception de soi. Mais avant de se mettre en action et de puiser dans ses ressources pour trouver la motivation, se pose d’abord la question de la législation. La France n’étant pas le pays des slasheurs par excellence, les employeurs n’autorisent pas toujours leurs employés à exercer une activité parallèle, et de nombreux contrats contiennent des clauses d’exclusivité. Une fois son contrat checké, il ne reste plus qu’à passer à la pratique.

1. Identifiez vos blocages

Si tous les feux sont au vert dans votre vie pro comme perso mais que vous continuez de procrastiner, il peut être intéressant de creuser pour trouver l’origine de votre inaction. Voulez-vous vraiment voir ce projet aboutir ? Pourquoi n’est-ce jamais le bon moment ? Qu’est-ce qui vous retient ? Est-ce la peur de ne pas y arriver ? S’il s’agit du regard des autres, rassurez-vous : même si vos plans tombent à l’eau, personne ne mange ses céréales du matin en se délectant des échecs des autres. Il est normal d’avoir peur, mais un peu de recul peut aussi permettre de réaliser que certaines peurs sont irrationnelles.

2. Fini les idées vagues

Vous voulez lancer votre revue, soit. Mais avant de commencer à en créer le contenu, ne vous contentez pas de définir les grandes lignes du projet : cela laisserait trop de place à l’indécision et à l’hésitation. Au contraire, plus les contours du projet seront précis, plus vous saurez comment passer à l’action pour lui donner forme. « Il faut être le plus précis possible et pas seulement avoir une fenêtre sur le rêve, car pour passer à l’action, il faut savoir clairement ce que vous attendez. Si vous vous projetez, visualisez le projet jusqu’au bout », conseille Émilie Amic. Dans l’exemple du magazine, ne laissez rien au hasard : quel sera le public, avec qui sera-t-il écrit et mis en page, par quel biais sera-t-il diffusé, et sur quel modèle financier s’appuiera-t-il ? Bonus : les sessions de travail seront bien plus efficaces si vous ne passez pas une heure à vous arracher les cheveux pour savoir par où commencer.

3. Trouvez le temps

Si vous cherchez bien dans votre emploi du temps, vous finirez généralement par trouver des créneaux qui n’attendent que votre projet. Un épisode de The Office, le chapitre de votre roman ou une heure de scroll sur Instagram peuvent ainsi aisément être remplacés par une session de travail. Mais pour un projet parallèle, c’est toute la notion du temps qui est à revoir : à coups de microdoses de travail, les avancées doivent s’envisager sur le long terme. « Le plus important est de sacraliser des moments de travail dans sa semaine. Si vous vous dites que vous travaillerez “quand vous aurez le temps”, c’est comme la salle de sport, vous ne vous y mettrez jamais », affirme Émilie Amic. La recette selon la coach : préférer de petites sessions de travail régulières, une à deux fois par semaine, plutôt qu’une journée par mois. Concernant la marche à suivre, à vous de voir si vous préférez fonctionner au feeling et avancer sans avoir une to-do list sous les yeux, ou si un séquençage très détaillé vous est plus bénéfique.

4. Fixez-vous des objectifs intermédiaires

Trouver la motivation de se lancer c’est bien, mais encore faut-il la garder sur le long terme. Et ce n’est pas forcément aisé lorsque l’aboutissement du projet se compte en mois, si ce n’est en années. Rester motivé sur la durée est un ingrédient essentiel du projet personnel, et voir son travail avancer bouchée par bouchée permet de continuer à alimenter la machine. « Il faut se fixer des jalons et passer des points d’étapes. Sans des échéances fortes en significations, qui nous montrent l’avancée du projet, il est compliqué de rester motivé », pose la formatrice. Un séquençage du projet sur le moyen et long terme permet ainsi d’échelonner le travail dans le temps, et de voir son projet prendre forme.

5. Préservez votre énergie

Quand nos journées de boulot aspirent déjà toute notre énergie, l’idée de bosser de 20h à 21h peut s’avérer peu attirante, voire carrément irréalisable. Selon la coach professionnelle, optimiser son activité professionnelle principale peut permettre de sauver du temps et de l’énergie pour ses projets personnels. « Notre travail peut être assez chronophage ou énergivore, et il peut être intéressant d’analyser ce qui peut être amélioré pour rentrer chez soi moins fatigué ou contrarié en fin de journée. » Cela peut consister à s’éloigner des relations professionnelles qui nous nuisent pour privilégier le téléphone ou les mails, à privilégier le télétravail si l’on est plus productif chez soi, à troquer une mission qui ne nous plaît pas avec un collègue qui s’en accommoderait mieux…

6. Discutez-en avec les bonnes personnes

Certains préfèrent parler de leur projet à leurs proches pour trouver du soutien, quand d’autres choisissent d’avancer tapis dans l’ombre tant rien n’est encore concret. Que l’on soit dans une team ou dans l’autre, discutez-en avec des gens qui vous apporteront leur soutien et ne vous jugeront pas si le projet mouline, ou ne voit jamais le jour. Travailler avec une personne dans la même situation peut également s’avérer pertinent : « Les personnes qui planchent sur un projet parallèle sont confrontées à la même problématique que les entrepreneurs : ceux qui ne le sont pas ne comprennent pas. Ils ne comprendront jamais l’énergie, le temps et parfois l’argent que vous pourrez investir dans un projet qui n’est pas lié à votre activité principale », rappelle Émilie Amic. D’où l’importance de bien s’entourer.

7. Ne culpabilisez pas

Il faudrait mille vies pour donner vie à tous les projets qui nous animent, alors forcément, certains restent sur la touche. Si votre projet n’en reste qu’au stade d’idée, ce n’est pas grave : épargnez-vous la culpabilité de l’inaction. Se définir par autre chose que son activité pro principale ne doit pas devenir une obligation ni une source de pression, et décompresser devant Netflix sans rien faire de productif est parfaitement OK. Le quotidien et ses imprévus sont déjà suffisamment prenants pour alourdir encore votre charge mentale. Que vos plans se concrétisent ou non, les projections vers l’avenir restent des moteurs nécessaires.

S’évader en pensant à son projet tout neuf a beau être agréable, le réaliser, c’est encore mieux. Pour passer à l’action et concrétiser son idée, un peu de rigueur est indispensable : dans la définition de son projet, dans son emploi du temps, mais aussi dans l’entretien d’une motivation sur le long terme, à alimenter par la satisfaction des premières pierres posées. Si vous n’êtes pas superstitieux à l’idée de parler de votre projet aux autres, adressez-vous à ceux qui pourront vous apporter leur soutien. Et si celui-ci ne voit jamais le jour, c’est que ce n’était peut-être pas le bon moment… ou pas le bon projet.

Article édité par Gabrielle Predko, photo Thomas Decamps pour WTTJ

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