Offre d’emploi : 4 idées pour devenir le maître Yoda des émojis

15 avr. 2022

6min

Offre d’emploi : 4 idées pour devenir le maître Yoda des émojis
auteur.e
Laure Girardot

Rédactrice indépendante.

Comment (bien) utiliser les émojis dans vos offres d'emploi ? Découvrez notre mini-guide.

Il en existe aujourd’hui plus de 2000 et plus de six milliards sont échangés chaque jour. Le 17 juillet, une journée mondiale leur est même consacrée. Les émojis ont envahi nos fils de conversations instantanées, à la fois personnels et professionnels. Si bien qu’aujourd’hui, les recruteur·ses s’approprient ce mode de communication afin de résonner avec les nouveaux codes de leurs candidat·es. Fusée, licorne, portable, flèche, ampoule… Il n’est plus rare de voir des offres d’emploi étayées par ces icônes évocatrices. Comment expliquer cet engouement ? Quelles sont les bonnes pratiques pour utiliser ce langage universel dans une offre d’emploi ? Quels sont les apports pour sa marque employeur ? On décrypte avec vous la magie des émojis dans l’univers RH. Prêt·e 🚀👏💪 ?

La déferlante émojis dans l’univers professionnel

L’utilisation des émojis ne date pas d’hier. Le docteur en sciences du langage à l’université Paris-Descartes, Pierre Halté, retrace trois phases clés dans un article pour le Figaro :

  • La création des premiers pictogrammes apparaît avec les premiers logiciels de tchat dans une université américaine de l’Illinois, en 1972.
  • Dix ans après, on voit émerger les émoticônes constituées de signes de ponctuation.
  • Les émojis tels qu’on les connaît aujourd’hui sont nés dans les années 2000, au Japon, au sein de la compagnie de téléphonie NTT DoCoMo qui a lancé cette banque de signes.

Depuis, c’est l’adoption généralisée ! Car contrairement aux idées reçues, ces derniers ne séduisent pas seulement la génération Z : certes, 72 % des utilisateur·rices ont moins de 25 ans (68 % des 30-35 ans) mais 62 % des plus de 35 ans les utilisent très régulièrement. Observe-t-on une symétrie en milieu professionnel ? Dans un monde du travail de plus en plus virtuel, les émojis ont clairement démontré leur utilité : ils compensent le volet émotionnel aujourd’hui masqué par les écrans. « Les émojis permettent de jouer à l’écrit le rôle que les gestes et mimiques faciales jouent à l’oral. Ils sont nécessaires pour communiquer de façon synchrone à l’écrit », constate Pierre Halté, toujours dans le même article. En milieu hybride, ceci explique pourquoi 75 % des employé·es pensent que les emojis améliorent la communication au travail. 45 % sont même à l’aise pour les utiliser avec leur manager (selon la même enquête).

Émojis & RH : un vecteur émotionnel pour une marque employeur plus humaine

En communication RH, grâce à la proximité émotionnelle qu’ils génèrent, les émojis ont une vraie valeur ajoutée. Que ce soit sur un site carrière, en interne auprès des salarié·es ou sur une offre d’emploi, ces symboles permettent de lever le formalisme persistant entre candidat·es et recruteur·ses. Mais aussi, ils rendent la description d’un métier ou d’une mission plus conviviale et vont rapidement attirer l’œil d’un·e candidat·e. En effet, une annonce illustrée s’avère plus attrayante qu’une liste à la Prévert détaillant une litanie de pré-requis. Un détail important quand on sait qu’en France, plus de la moitié des candidat·es n’accordent que 45 secondes en moyenne à la lecture d’une offre d’emploi. Par ailleurs, dans un article pour Forbes, Cristina Gibson, professeure en management à la Pepperdine Graziadio Business School, insiste sur une autre vertu des émojis : leur capacité à véhiculer une « sensibilité expressive ». À savoir, « la capacité à transmettre et à comprendre les émotions en ligne […] pour créer un environnement sûr et favorable ». Dans le cas d’une offre d’emploi, les émojis représentent un vecteur émotionnel pour la marque employeur. On se rapproche presque de l’anthropomorphisme virtuel : dans une étude publiée en 2017 au sein du journal « Trends on Cognitive sciences », les chercheurs ont démontré que l’utilisation des emojis procurait la même satisfaction qu’interagir avec une autre personne !

Offre d’emploi : 4 pistes pour devenir le maître Yoda des émojis

Réaliser une charte d’utilisation RH

Avant de se lancer dans la rédaction d’une offre d’emploi illustrée par mille et un émojis, Bérangère Gonzalez, ancienne recruteuse et créatrice du podcast Tous recruteurs, conseille de cadrer leur utilisation au sein d’une réflexion éditoriale. Son point de vue ? « L’émoji apporte un vrai plus à une offre d’emploi, mais il ne la transforme pas comme par magie ! Il faut mettre de la cohérence globale grâce à la création d’une charte éditoriale ou d’utilisation des émojis en phase avec la stratégie de marque employeur ». Ce guide comporte les typologies d’émojis à privilégier ou à proscrire, les bonnes pratiques d’utilisation, les
usages associés et pourquoi pas un lexique émojis / mots pour faciliter leur adoption. Ce type de document est particulièrement utile pour éviter les fausses routes aux conséquences parfois désastreuses pour la marque employeur. Ça va peut-être vous parler ? « Évitez les émojis tendancieux type aubergine, pêche, banane… », insiste Bérangère Gonzalez. Tous ces points sont à répertorier dans cette charte afin d’être répliqués avec la plus grande cohérence auprès de tou·tes les acteur·rices RH et recruteur·ses.

En manque d’inspiration ? Voici une liste de départ à étayer en fonction de vos orientations éditoriales :
💪 force de proposition
🚀 lancement d’un projet / un succès
⏰ recrutement urgent / deadlines
🏆🎯 atteindre un objectif / les réussites d’équipe
✅ 📌 compétence validée / demandée
⚡️💥 dynamisme et impact
🆕 nouveau poste, nouvelle recrue
🎉 succès
👉👇 pour indiquer où postuler
💯 motivation et engagement à 100%
🍀🌎 RSE, écologie, environnement
👩‍🔧🤵 égalité hommes-femmes
💸 salaire

Certaines entreprises disposent même d’un émoji favori qu’elles véhiculent sur leur page LinkedIn – par exemple : Scalezia avec le 🌱 ou Walaaxy avec le 👽. Il est d’ailleurs repris par les salarié·es comme élément distinctif, en mode tribu.

Militer pour une utilisation raisonnée

Comme toute tendance, notre premier réflexe est de vouloir mettre de l’émoji à toutes les sauces ! Gare aux abus. Camille Travers, fondatrice de l’agence Trois virgule cinq et spécialiste de la marque employeur, invite les recruteur·ses à en faire une utilisation mesurée car leur vocation est d’accentuer les éléments clés au sein d’une annonce. Elle s’explique : « Les émojis sont là pour étayer un propos, faciliter la lecture d’un message et structurer l’offre dans sa globalité. Il faut donc éviter de les positionner au milieu des phrases ou de les mettre les uns après les autres. Il est préférable d’en mettre en début de paragraphe afin d’introduire un thème spécifique de l’offre d’emploi. Par exemple, le sujet RSE avec un arbre ou une plante. Ils peuvent aussi être positionnés à la fin pour engager le candidat en l’incitant à postuler ».

Pour faire court, voici les cas où les émojis sont vraiment utiles :

  • les offres à rallonge
  • les annonces avec de multiples paragraphes
  • les descriptions métiers avec du jargon à gogo : ils permettent de mieux comprendre les mots employés
  • les longues listes (compétences, expériences)… souvent effrayantes pour les candidats !

À titre d’exemple, pour présenter sa liste d’avantages sociaux, Shine a introduit chacun d’eux avec un émoji à la place d’un banal bullet point. Une manière de marquer les esprits alors que ce volet des offres d’emploi passe parfois inaperçu.

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Autre exemple : Payfit utilise les émojis pour introduire chaque paragraphe de son offre d’emploi :

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Sortir des a priori : l’émoji n’est pas réservé qu’aux startups !

Contrairement à ce qu’on peut lire sur les posts LinkedIn, les émojis ne sont pas l’apanage de l’écosystème digital. Même si les startups ont sûrement pris le pli plus tôt que la moyenne, toute entreprise peut se lancer dans l’aventure émojis. Vous êtes une banque, un cabinet de conseil ou une société du secteur du bâtiment… et vous hésitez encore ? Vous auriez tort de vous en priver : « Le panel d’émojis ne se limite pas aux smileys ! Il existe de multiples manières de les utiliser en fonction du métier, de l’univers ou du secteur », souligne Bérangère Gonzalez. En effet, les émojis ne reflètent pas forcément une marque employeur totalement Z ou décalée. Camille Travers donne l’exemple de clients qu’elle accompagne dans le secteur de la construction : « A priori, c’est un univers plutôt classique, mais nous utilisons des émojis dans leurs campagnes employeur afin de représenter les métiers de manière sympa : de l’ingénieur aux postes plus opérationnels ». Pour les plus frileux·ses, Bérangère Gonzalez conseille de débuter avec des émojis assez neutres : « Des émojis de structuration (les flèches ➡️ ↙️ par exemple), de ponctuation (points, virgule❗️⁉️…) ou des symboles simples (les chiffres 1️⃣2️⃣, les formes 🔴🔶…) : ils “pimpent” vite une offre sans grande prise de risque ».

Mimer les codes de ses « candidats personas »

Pour sonner juste, pas de secret, il faut savoir parler à ses cibles. Première étape ? Identifiez vos candidat·es personas. Intéressez-vous à leurs codes, leur vocabulaire et leurs expressions. En mimant intelligemment leurs pratiques, l’offre d’emploi aura plus d’impact. Camille Travers corrobore : « En faisant ce travail préalable, la visibilité est boostée car les cibles s’identifient aux missions ou aux métiers qui leur sont présentés. De plus, ça prouve que l’entreprise est en phase avec les tendances sociales ». Ensuite, en termes d’usage, les publications qui « habillent » les offres d’emploi sur les réseaux sociaux semblent tout aussi importantes. Et pour booster leur attractivité et leur engagement, les émojis sont votre meilleur allié : selon une étude de Quintly (2017), leur utilisation augmenterait l’engagement de 47 % sur Instagram (comparé à des publications sans emojis). L’entreprise Keeple l’a bien compris : en témoignent ses communications recruteur sur LinkedIn dont vous pouvez vous inspirer.

Maintenant que vous avez les ⚒️🔧, à vous de jouer ! 🎲

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Article édité par Ariane Picoche, photo par Thomas Decamps

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