Managers, faut-il accepter vos équipes sur les réseaux sociaux ?
14 nov. 2023
4min
La relation des managers avec leurs collaborateurs prend une autre dimension sur les réseaux sociaux. Faut-il accepter tout le monde ? Ou bien choisir qui nous suit ? 4 managers témoignent.
Adrien : « C’est à l’image de ma vie que je ne scinde pas entre pro et perso »
Typologie : le manager entier et en quête de cohérence
Retour d’expérience : « Je suis un passionné de photographie depuis l’âge de 17 ans. Je partage depuis longtemps mes réalisations et inspirations sur différents réseaux sociaux, dont Instagram. Cela fait partie intégrante de ma personnalité et reflète un pan important de mon quotidien… que j’aime exprimer librement. Sur les réseaux sociaux, je ne fais donc pas de distinction entre mes contacts professionnels et personnels. C’est la relation qui compte. De plus, c’est à l’image de ma vie que je ne scinde pas entre pro et perso : je suis à l’aise pour partager les différentes facettes qui composent mon existence, mon mode de vie, notamment l’importance de passer du temps avec ma famille. Il est important pour moi de communiquer de manière authentique avec mes équipes, c’est dans ma nature. Si certains de mes collaborateurs ou collègues me suivent sur Instagram, il n’y a aucun souci de mon côté. C’est cohérent avec mon management : je prends en compte l’individu dans sa globalité, avec son histoire et ses contraintes personnelles, pour être juste dans mes décisions managériales. La communication digitale représente aussi un canal d’expression important que j’assume pleinement aujourd’hui. Néanmoins, je maintiens une distinction claire entre les différents réseaux et les typologies de publication : sur LinkedIn notamment, je veille à ce que les sujets abordés restent professionnels et n’empiètent pas sur le personnel. Mon enjeu principal : m’assurer d’une adéquation sans couture entre ce que je montre et ce que je fais. »
Paul* : « Les copinages sur les réseaux peuvent s’avérer délétères »
Typologie : le manager repenti de la transparence totale
Retour d’expérience : « J’ai accepté un collaborateur sur Instagram car nous partagions les mêmes problématiques dans la sphère personnelle. Tout se passait bien, on était assez proches… jusqu’au jour où j’ai mené un feedback constructif. Il m’a reproché d’utiliser des éléments personnels contre lui. Cela a vraiment compliqué notre relation professionnelle et a anéanti notre proximité. Résultat : il a bloqué l’accès à son compte. C’est beaucoup mieux ainsi car le fait d’avoir une visibilité sur certaines informations personnelles brouillent inévitablement l’objectivité managériale. En tant que manager, les copinages sur les réseaux sociaux peuvent s’avérer délétères. J’en suis revenu ! Avec le recul, je pense que c’est le manque d’expérience en tant que manager qui a joué en ma défaveur. Depuis, ma ligne de conduite est la suivante : je ne donne plus accès à mon compte Instagram et inversement. Je préfère être précautionneux et établir une barrière stricte entre vie personnelle et professionnelle. Ce qui est d’ailleurs cohérent avec mon style de management que j’ai revu depuis cet épisode chaotique. La prudence et la clarté sont désormais les piliers de ma communication en ligne. Je m’efforce de rester fidèle à cette approche pour garantir un environnement de travail plus apaisé. »
(*nom modifié pour l’article)
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Julien : « Je suis partagé sur le fait d’accepter ou d’ajouter systématiquement tous mes collaborateurs »
Typologie : le manager qui compartimente en fonction des réseaux
Retour d’expérience : « Dans notre cabinet de conseil, nous encourageons activement les collaborateurs à maintenir une présence sur LinkedIn. Ils sont généralement connectés avec les associés et communiquent dans une optique d’employee advocacy. Ce réseau représente avant tout un moyen de mettre en valeur notre entreprise et de déployer une puissance commerciale. Et ça passe par les prises de parole de nos consultants. On les forme à l’utilisation de ce réseau : comment s’exprimer au nom du cabinet, ce qu’il faut dire ou ne pas dire afin d’éviter les impairs… Néanmoins, je suis partagé sur le fait d’accepter ou d’ajouter systématiquement tous mes collaborateurs ou collaboratrices en tant que contact. Pour trois raisons : d’abord les “chasseurs” peuvent plus facilement identifier et débaucher nos consultants quand ils sont connectés avec moi. Puis j’ai personnellement beaucoup de contacts donc je préfère limiter. Ensuite, plutôt que de se connecter avec des personnes avec qui on travaille, je pense que LinkedIn est fait pour sortir de son cercle afin d’aller explorer d’autres univers ou groupes. C’est tout l’intérêt. Concernant Facebook et Instagram, je m’efforce de garder une frontière claire entre la sphère professionnelle et personnelle, tant de mon côté que du leur. Je privilégie ceux ou celles qui ont quitté l’entreprise et avec lesquels j’ai tissé des liens personnels. Notamment via Messenger qui est plutôt pratique pour maintenir le contact. »
Jérémy : « Toute l’équipe a accès à mes comptes, sans distinction »
Typologie : le manager influenceur
Retour d’expérience : « Avant d’être manager d’une clinique en Turquie, j’étais un digital nomad qui partageait ses découvertes et expériences à l’étranger sur une chaîne YouTube. Idem sur Instagram. Quand j’ai débuté mon aventure entrepreneuriale avec une équipe de 18 personnes, cela n’a rien changé à mes habitudes de communication : il était naturel de conserver une présence active, notamment sur Instagram. Toute l’équipe a accès à mes comptes, sans distinction. J’ai d’ailleurs rencontré mon associé actuel en Turquie grâce à ma chaîne YouTube ! Sur Instagram, je partage librement des moments choisis de ma vie personnelle. Comme c’est un compte public, mes employés me suivent ainsi que sur YouTube : à travers mes vidéos, je mets en lumière notre clinique, incluant parfois mes équipes avec leur consentement. Cette approche me permet de cultiver une relation de confiance avec elles et assure une gestion équilibrée entre mon rôle d’influenceur et ma position de manager au sein de la clinique. Néanmoins, je veille à conserver une certaine distance en ne les suivant pas en retour. Ainsi, je parviens à partager des aspects de ma vie personnelle, tout en maintenant une certaine réserve dans mes interactions avec mon équipe. Ceci n’entrave pas la mise en place d’une atmosphère professionnelle et respectueuse. »
Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ
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