La HappyTech, la technologie au service du bien-être au travail

03 janv. 2018

5min

La HappyTech, la technologie au service du bien-être au travail
auteur.e
Ingrid Dupichot

Freelance Content Writer

« Bienveillance », « bonheur », « bien-être » ou encore « mieux-être » au travail… Ces expressions occupent désormais une place prépondérante au cœur du débat public. En témoigne, BFM Business qui actualise son indice du bonheur trois fois par jours depuis deux ans ou encore les classements annuels mettant en avant les entreprises qui agissent en faveur du bien-être de leurs salariés. De même, le succès du métier de CHO ; un créateur de convivialité au sein de la tribu, responsable du développement personnel ; est une belle preuve de l’importance grandissante de la place accordée au bonheur au sein de la jungle.

S’inscrivant dans cette mouvance, les start-up de la HappyTech tentent de remettre l’humain au centre des relations de travail notamment grâce à la technologie. Welcome to the Jungle décortique pour vous cet enjeu sociétal et économique majeur qui occasionne un terrain de jeu remarquable pour les tribus innovantes.

Qu’est-ce que la HappyTech ?

Un mouvement basé sur la psychologie positive

La thématique du bonheur au travail est très contemporaine alors même que les conditions de travail étaient moins favorables dans les années 1950, 60 ou 70. En cause ? L’individualisation du rapport au travail. Chacun est face à ses objectifs, sa promotion, son salaire et se trouve en concurrence quasi systématique avec les autres.

C’est à la fin des années 90 que le mouvement de la psychologie positive émerge aux États-Unis, grâce aux travaux du Professeur de psychologie et écrivain, Edward F. Diener. Celui qu’on surnomme « Dr. Happiness » introduit la notion de « bien-être subjectif » et ouvre le champ à de nombreuses recherches sur la relation entre bonheur et productivité au travail. La psychologie positive appliquée au monde du travail encourage à valoriser et renforcer la résilience et le bien-être des salariés, plutôt que de se concentrer sur leurs manques.

Un collectif créé en juin 2017 se structure rapidement autour d’une association à but non lucratif, la HappyTech, dont le lancement officiel a eu lieu le 27 septembre dernier. L’objectif est de regrouper les acteurs du secteur et de créer un label semblable à la FrenchTech, la FoodTech, la FinTech, l’Edtech, l’AdTech, la LegalTech… pour aider les jeunes pousses à grandir et garantir la qualité de leurs produits.

La HappyTech est une initiative française portée par les fondateurs de la start-up Comeet, parmi lesquels on peut compter Thomas Coustenoble, Président de l’association, ou encore Samuel Metias, tous deux porte-paroles officiels.

Comment démocratiser le mieux vivre au travail ?

  • En donnant des accès à l’employé par le biais d’applications faciles à utiliser,
  • En rassemblant par la suite les informations et en montrant aux employeurs qu’il y a un vrai gisement peu exploité,
  • En fédérant des start-up lancées sur ce créneau avec divers outils technologiques (cloud, big data, IA…),
  • Appuyés par des syndicats, organismes publics, organismes privés, associations citoyennes…
  • Des évènements, les HappyTech Connect sont prévus plusieurs fois dans l’année afin de fédérer les adhérents, partenaires et développer l’écosystème du bien-être.

La HappyTech : une ambition internationale

L’ambition n’est pas des moindres : lutter contre les excès productivistes de la société et faire de la France le leader mondial de la qualité de vie au travail :

  • Pour Thomas Coustenoble, Président de la HappyTech, « la France bénéficie de réels atouts structurels, (…) par son histoire riche en innovations sociales (congés payés, médecine pout tous…) »,
  • Emmanuel Macron veut, quant à lui, mettre le sujet sur le devant de la scène et faire de Paris la capitale des start-up spécialisées dans le bien-être au travail. Le bien-être au travail ne doit plus être un sujet mais devenir naturellement ancré dans la culture d’entreprise. Des collaborations sont également en cours avec la Ministre du Travail.

Ainsi, un Comité International appelé « HappyTech International Committee » est mis en place dans le but de soutenir les entités locales pour se développer à l’international. Sa mission première : assurer la cohérence et la coordination au niveau international de l’exploitation du label.

À peine lancée, la HappyTech fédère une quinzaine de start-up, des associations comme la fabrique Spinoza, le Label RH, ou encore Wisdom Paris, des entreprises comme Nexity et des syndicats comme le MEDEF ou la CGT. Le label espère rapidement attirer une centaine de start-up, et porter à 3 millions le nombre d’actifs bénéficiant des solutions proposées par les différents acteurs.

Pourquoi la HappyTech a un potentiel important ?

Le désengagement des salariés, la baisse de leur productivité, l’augmentation du turn-over, l’absentéisme pour maladie, le stress, le burn-out et le développement d’autres risques psychosociaux ont un impact considérable sur la performance des entreprises et l’ensemble de l’économie française.

Selon une étude du cabinet Technologia, spécialisé dans la souffrance au travail, près de 3,2 millions d’actifs sont en situation de travail excessif ou compulsif et connaissent un risque élevé de développer un burn-out et un tiers des actifs voient leur santé se dégrader à cause du travail. Plus encore, le baromètre QVT (qualité de vie au travail) de l’institut Gallup, pointe le désengagement au travail de 89% des salariés, ce qui constitue un triste record pour l’Europe.

Le coût du mal-être au travail est énorme pour les entreprises, il est estimé à 12 600 euros par salarié et par an dans le secteur privéselon une étude du cabinet Mozart consulting en association au groupe APICIL. À l’échelle nationale, si les conditions de travail sont globalement améliorées, à l’avenir un gain potentiel de 1 à 3 points de PIB est estimé selon Alexandre Jost, fondateur de la fabrique Spinoza, un think-tank spécialisé dans le bonheur en entreprise.

L’enjeu est d’attirer les talents, les garder et faire en sorte qu’ils se sentent bien au quotidien. Ces derniers sont marqués par une volonté de plus en plus forte d’avoir un travail qui fait sens. Des évènements de team building, du télétravail, une baisse du présentéisme avec la mise en place d’horaires plus souples, plus de flexibilité pour avoir la possibilité de bouger d’un métier à un autre… sont autant d’outils pouvant être mis en place par les entreprises pour participer à ce mouvement de fond.

Zoom sur cinq start-up de la HappyTech

Comeet

  • L’objectif ? Créer du lien entre les individus d’une tribu autour d’une activité conviviale comme un déjeuner ou du sport.
  • Comment ? Une intelligence artificielle choisit pour vous les bonnes personnes disponibles avec lesquelles vous avez des affinités pour aller par exemple déjeuner dans un endroit sympa. L’algorithme va jusqu’à réserver une table au restaurant pour vous.

Monmartin

  • L’objectif ? Proposer des solutions de prévention adaptées aux problématiques pour assurer aux collaborateurs une meilleure qualité de vie au travail.
  • Comment ? Un parcours santé personnalisé pour chaque collaborateur et composé de rencontres avec des experts (sophrologie, naturopathie, ostéopathie…) est implémenté dans l’entreprise. Une plateforme digitale permet de suivre les bienfaits pour les salariés.
  • Mais aussi : QualiSocial, la boîte qui accompagne (conseil, audit, gestion de crise, accompagnement des salariés, formation…) les entreprises dans l’amélioration du bien-être au travail.

Boostyourfit

  • L’objectif ? Nouer des liens en entreprise par la pratique du sport.
  • Comment ? L’application propose un espace personnalisé aux salariés pour qu’ils trouvent facilement des partenaires sportifs, créent des groupes et boostent leur réseau.
  • Mais aussi : Squad., un programme innovant d’activité physique et de comportements responsables en entreprise.

Ourcompany

  • L’objectif ? Permettre aux DRH et manager de mesurer le bien-être des salariés en les en impliquant de manière anonyme que ce soit pour proposer des idées ou mesurer leur bien-être.
  • Comment ? Par le biais d’une application sur laquelle le salarié répond à des questions et partage son ressenti et ses idées, objectivement, sans avoir à aller voir une RH.
  • Mais aussi : Supermood, la start-up qui sonde, via des micro-sondages réguliers et ludiques, les employés sur leur bonheur et leur engagement au travail.

We Hobby

  • L’objectif ? Recruter, fidéliser, rassembler les salariés autour de leurs passions.
  • Comment ? L’application connecte les équipes à plus de 250 activités et formations dans toute la France. Les membres de la tribu créent des sessions ou s’ajoutent à des sessions déjà existantes.
  • Mais aussi : Club Employés, la start-up qui propose des centaines de produits et de services à prix réduits aux salariés des entreprises par le biais d’une plateforme web innovante, accessible sur abonnement.

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Photo by WTTJ @Club Employés