La création d’une application réussie de A à Z

27 déc. 2017

6min

La création d’une application réussie de A à Z

En 2017, Google Play comptait 2,8 millions d’applications tandis qu’Apple en recensait 2,2 millions. Au total, ce sont 200 milliards d’applications qui ont été téléchargées cette année et si l’on en croit la courbe, ce nombre aura doublé d’ici 2021. Bien que les chatbots aient entraîné une nouvelle concurrence sur le marché, ces derniers n’ont qu’à bien se tenir car les applications n’ont pas dit leur dernier mot. C’est dans l’Anticafé de Station F que nous avons rencontré Thomas et Olivier, deux des trois fondateurs deLunabee, un studio spécialisé dans la création d’applications. Ils nous ont d’ailleurs donné leur avis sur la question : « Les chatbots ont bouleversé le marché en proposant leurs services pour des modèles simples comme commander un Uber ou à manger. Mais il y aura toujours des interfaces plus complexes qui nécessiteront une application. »

Concepteurs de l’application oneSafe, un gestionnaire de mot de passe premium, qui rassemble aujourd’hui 2,5 millions d’utilisateurs actifs et facturés, Thomas, Olivier et Gregory ont fait de la création d’application leur quotidien en fondant Lunabee Studio. Si nous avons pris un thé avec les deux premiers, c’est surtout pour qu’ils nous racontent en détail le processus de création d’une application afin que, enfin, nous sachions le travail qui se cache derrière ces petites icônes carrées aux bords arrondis.

Plus la vision est simple, plus l’application le sera et plus elle aura de chances d’être réussie.

Plus qu’une idée, une vision

Il existe des applications pour tout, mais il nous arrive à tous d’avoir de temps à autre une idée d’application révolutionnaire. Pourtant ces idées ne valent pas grand chose si elles ne sont pas accompagnées d’une vision. « Une application doit résoudre un problème précis. Il faut faire l’exercice de tourner autour de son idée pour trouver une mission simple et claire qui va prendre le dessus sur tout le reste. » Le meilleur moyen d’y arriver, c’est de se poser beaucoup de questions et de synthétiser au maximum les réponses. Plus la vision est simple, plus l’application le sera et plus elle aura de chances d’être réussie.

Préciser ses goûts

Avant de se lancer dans le développement de l’application, il faut savoir précisément vers quel résultat on veut se diriger, mais également vers celui qu’on veut absolument éviter. Pour cela, rien de mieux que de télécharger et d’examiner un panel varié d’applications déjà existantes. « Visiter un maximum d’applications permet de chercher de l’inspiration, mais aussi de développer un regard critique vis-à-vis de certaines fonctionnalités. Pour bien comprendre le style recherché, il ne faut d’ailleurs pas se contenter de jeter un oeil aux applications du même secteur mais au contraire, d’élargir son champ de vision. Par exemple, de nombreuses entreprises choisissent de s’approprier le concept de Tinder mais sur des marchés complètement différents. » Un exercice quelque peu consommateur de bande passante mais néanmoins nécessaire pour affûter sa vision.

Les maquettes

Un crayon, une gomme et du papier, c’est tout ce dont vous avez besoin pour créer une première maquette. Le principe est de réaliser le storyboard de l’application à travers le défilement des feuilles. « C’est la manière la plus simple de tous se mettre d’accord sur les bases de la future application. Une fois que les parties prenantes sont satisfaites, on passe aux maquettes “High Fidelity” qui sont des écrans fixes de la future application. » Ces premières maquettes numériques permettent aussi de visualiser l’esthétique de l’application et de vérifier la concordance des couleurs et des formes. Enfin, les dernières maquettes réalisées sont dites “dynamiques” ; c’est-à-dire qu’elles intègrent les mouvements de l’application suite à chaque interaction avec les doigts de l’utilisateur. « Il existe de nombreux codes à respecter pour créer une application. Ces “bibles” du développement de l’application ont été rédigées par Google et Apple et il est important d’en prendre connaissance afin d’optimiser ces chances de succès. »

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Développement et simulation

Le développement d’une application s’effectue en “sprints”. Entre chaque sprint, les parties prenantes se réunissent pour maximiser l’itération et s’assurer que la vision est toujours respectée. Les aller-retour entre les développeurs et les créatifs sont nombreux mais importants afin de s’assurer un bon résultat. « Il faut à tout prix éviter l’effet tunnel, c’est à dire des développeurs qui s’enfoncent dans le produit et perdent la mission de vue. Ces réunions régulières permettent de sortir la tête du guidon pour se concentrer de nouveau sur le problème à régler et l’expérience utilisateur. C’est une sorte d’exercice de raffinement de l’application. » Bien évidemment, au cours du développement, certaines hypothèses de départ se révèlent fausses et il faut donc en créer d’autres. Certaines de ces anomalies sont repérées par un simulateur mais pour optimiser cette étape, l’application doit être le plus rapidement possible utilisée par un potentiel utilisateur : « C’est comme un bêta-testing constant. »

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Le lancement

Reid Hoffman, co-fondateur de Linkedin a dit un jour une phrase très juste : « Si vous n’êtes pas embarrassés par la première version de votre produit, c’est que vous l’avez lancé trop tard. » Cette citation est d’autant plus vraie dans le monde des applications car le plus vite celle-ci sera entre les mains des utilisateurs, le plus tôt les développeurs auront des feedbacks pour l’améliorer. « Une application se doit d’être fonctionnelle lorsqu’elle devient disponible au grand public, mais elle est rarement parfaite et il faut continuellement essayer de l’améliorer. » Les premiers jours de vie d’une application sur un store sont donc particulièrement critiques et il faut savoir jongler entre communication et amélioration pour apparaître dans le top du classement. « Lors du lancement, il faut préparer des opérations de communication en dent de scie car l’important n’est pas uniquement le nombre de téléchargements mais aussi la rétention des utilisateurs. »

Outil : AppAnnie

App store optimization (ASO)

Vous avez surement déjà entendu parlé du SEO (Search Engine Optimization) qui consiste à améliorer le référencement de son site sur les moteurs de recherche. L’ASO est l’équivalent pour les applications : un ensemble de règles qui détermine le classement de votre application sur le store concerné. « Certaines règles sont basiques, comme prendre de beaux screenshots, rédiger une description simple et précise, utiliser des mots clés, etc… Mais d’autres bonnes habitudes sont à prendre pour réussir à intéresser Google et Apple le plus tôt possible en leur démontrant le potentiel de la future application ». Le top-chart est l’ultime consécration d’une application : plus l’appli est dedans, plus elle a de téléchargements, et plus elle a de téléchargements, plus elle est dedans.

Outil : appcod.es

Vous vous demandiez pourquoi les applications les plus connues cherchaient encore à vous demander votre avis à travers un pop-up bien voyant ? C’est tout simplement parce que les bons avis, peu importe la taille ou l’âge de l’application, sont essentiels à une bonne stratégie ASO. « Ce que nous recommandons à nos clients, c’est de ne pas être trop intrusifs dans leur chasse aux avis. Il vaut mieux développer des solutions passives qui permettent aux gens de donner leur avis quand ils le souhaitent. »

Les 3 conseils de nos experts

Des conseils pour les personnes désireuses de se lancer dans l’aventure, Olivier et Thomas en ont plein. Bien que tous très pertinents, nous avons choisi d’en réunir trois.

Développer en natif

« Chez Lunabee, une application doit forcément être développée en natif, c’est à dire pour de l’iOS en Swift et pour de l’Android en Java ou en Kotlin. La technologie hybride qui marche bien en ce moment c’est React Native, développée par Facebook, mais elle reste une technologie qui nivèle par le bas. » _Explications : développer en natif signifie coder dans un langage spécifique au système d’exploitation choisi (iOS ou Android). Pour avoir une application disponible sur iPhone et Android Phone (ex: Samsung ou HTC)** il faudra donc deux applications développées en deux langages.** _« Habituellement, nous laissons un peu d’avance à l’un des systèmes d’exploitation pour éviter de faire deux fois les mêmes erreurs en codant les deux langages de front. »

L’hybride, en revanche permet de ne faire qu’un code, qui va s’adapter aux différents systèmes d’exploitation. Bien que tentant, car forcément moins onéreux, Olivier et Thomas conseillent de penser “long-terme”. En effet, une fois l’application mise en ligne, celle-ci va continuer d’évoluer, tout comme sa technologie, etl’hybride autorisera bien moins de flexibilité. « Le développement hybride est une bonne solution pour des applications éphémères mais pas pour des applications destinées à durer dans le temps. De plus, Apple et Google favorisent les développement en natifs. »

Il faut dégager tout ce qui est inutile.

Faire au plus simple

Sur la page d’accueil du site de Lunabee, une citation : « la simplicité est la marque de la véritable intelligence. » Les fondateurs du studio sont complètement en phase avec cette déclaration de Coco Chanel : « Il faut dégager tout ce qui est inutile. Mais attention, simple ne veut pas dire facile, au contraire ! Plus l’application est simple, plus les rouages cachés sont complexes. C’est ça le plus gros enjeu d’une application. » Il devient alors primordial de faire attention au syndrome de l’orgueil du développeur qui cherche parfois à résoudre un challenge et qui ne va pas naturellement aller vers la simplicité.

Rendre l’interface plus humaine

Le smartphone est devenu le prolongement de notre bras. Si Elon Musk considère déjà l’être humain comme un cyborg, Olivier et Thomas pensent qu’il est nécessaire d’humaniser l’expérience utilisateur. « Il ne faut surtout pas que l’application ressemble à un formulaire de déclaration d’impôts. Une bonne application se doit d’avoir de l’empathie pour son utilisateur et de créer un véritable rapport humain avec lui. » Si la première impression est importante dans les relations humaines, elle l’est également pour les applications et il faut la soigner en conséquence.

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Photos by WTTJ @Lunabee)

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