Entretien pour son job de rêve : comment le désacraliser pour moins stresser ?

09 déc. 2021

5min

Entretien pour son job de rêve : comment le désacraliser pour moins stresser ?
auteur.e.s
Thomas Decamps

Photographe chez Welcome to the Jungle

Elise Assibat

Journaliste - Welcome to the Jungle

Trois ans que vous attendez que ce poste se libère et le jour J est enfin arrivé. Mais passée la joie ressentie au moment d’obtenir le sacro-saint entretien, vous avez désormais les mains moites, une boule dans le ventre et l’angoisse d’échouer. Et pour cause, difficile de garder les pieds sur terre quand la possibilité de faire le métier de ses rêves se concrétise peu à peu.

Stress, vulnérabilité et peur de l’échec… Candidater n’est jamais chose facile dès lors qu’il s’agit de s’exposer, d’essayer de se vendre et surtout de faire bonne impression pour décrocher l’offre en vue. Mais lorsqu’il est question du job qu’on a tant fantasmé, les enjeux doublent tant les attentes peuvent être élevées. Alors comment gérer ce stress qui peut vous faire défaut le moment venu ? Comment désacraliser cette opportunité pour limiter la pression ? Uriel Megnassan, coach professionnel et auteur du livre « Décrochez le job de vos rêves en 5 rounds » nous livre ses conseils pour y parvenir.

Lutter contre l’effet tunnel

Vous connaissez la désagréable impression de répondre à côté de la plaque à une question alors même que vous connaissez la réponse pour l’avoir bien travaillée ? Alors vous êtes sans doute victime du redoutable effet tunnel qui prend aux tripes dès lors qu’un enjeu est de mise. « On peut traduire ce phénomène neurologique par le fait de se mettre une pression telle pour obtenir un résultat que l’on commet des erreurs malgré nous », explique Uriel Megnassan. Mais rassurez-vous, ce mal n’est pas incurable ! En effet selon une théorie imaginée dans les années 70 par Noël Burch, un employé de la Gordon Training International, il existerait quatre niveau de compétences d’apprentissage : l’« inconsciemment incompetent », le « consciemment incompetent », le « consciemment compétent » et l’« inconsciemment compétent ». Or seuls les trois premiers niveaux subiraient les conséquences de cet effet. Aussi pour parvenir au niveau « inconsciemment compétent », c’est-à-dire pour être naturellement doué, il vous faut vous entraîner jusqu’à ce que les compétences deviennent des automatismes. L’effet tunnel ne pourra alors plus rien contre vous !

Multiplier les entretiens pour s’entraîner

Pour n’importe quel entretien, pratiquer est la clé du succès, mais ça l’est d’autant plus quand les enjeux sont très élevés pour nous et que le stress atteint son apogée. Et si une simulation avec des proches peut toujours s’avérer utile, elle ne suffit pas toujours à nous mettre en conditions réelles. « Pour se préparer au mieux, je conseillerais carrément de postuler à d’autres offres et de passer des entretiens ailleurs, conseille Uriel Megnassan. Car c’est ainsi que l’on va pouvoir s’entraîner, se corriger et rectifier le tir ». Cela permet non seulement de s’améliorer dans ses réponses mais aussi de mieux gérer la pression et le stress car la répétition de cet exercice nous familiarise avec. « Chacun des entretiens vous permettra d’acquérir des compétences capables d’intéresser à coup sûr le recruteur en face de vous, alors tirez en profit. D’ailleurs, en bonus, si le recruteur de votre job de rêve vous demande si vous avez d’autres pistes, vous pourrez lui répondre honnêtement. Croyez-moi, ce dernier verra alors en vous un candidat d’autant plus intéressant. »

Rester lucide

Vous rêvez de travailler dans cette entreprise depuis toujours, ok. Mais êtes-vous sûr de ne pas l’avoir mise sur un piédestal ? Si dans un premier temps, les candidatures que vous envoyez ailleurs peuvent vous aider à garder les pieds sur terre, à comparer les offres et à ne pas trop vous emballer, n’hésitez pas également à contacter des employés de l’entreprise tant convoitée. Vous pouvez commencer par contacter d’anciens salariés ayant récemment quitté la boîte afin de leur poser vos questions quant au fonctionnement interne de l’entreprise. « En effet, lorsque l’excitation est à son comble, il n’est pas rare de perdre en lucidité, et ce premier contact vous permettra d’avoir un regard non biaisé de l’entreprise qui vous fait rêver », explique Uriel Megnassan. Alors gardez l’esprit ouvert pour en tirer un aperçu des plus objectifs. Dans un deuxième temps, il vous faudrait contacter une personne ayant intégré la boîte sous peu, toujours dans cette optique d’en apprendre davantage sur la vraie vie en entreprise mais aussi pour avoir une idée de la situation dans laquelle la société se trouve au moment de votre candidature. Bénéficier d’un regard de l’intérieur pourra aussi vous faire prendre en compte les potentiels défauts qui pourraient dans le futur vous décevoir. Encore une fois, l’objectif ici est de désacraliser le job pour ôter une part de pression.

Ne jamais venir les mains vides

Vous adorez la boîte, c’est une chose, mais le recruteur attend aussi de vous que vous soyez force de proposition. Si vous débarquez à l’entretien en déclarant votre flamme et en clamant que vous trouvez que “tout est parfait”, votre interlocuteur pourrait avoir des doutes sur votre capacité à faire évoluer la stratégie de l’entreprise et à trouver des pistes d’amélioration. C’est pourquoi toutes les informations que vous aurez recueillies en amont vous seront très utiles pour prouver votre sens critique. « Soyez force de proposition afin de montrer au mieux votre valeur ajoutée ! », recommande Uriel Megnassan. L’idée n’est pas tant de paraître motivé mais bel et bien de dépasser les apparences pour transmettre cette volonté de résoudre les problèmes de l’entreprise. « Attention toutefois à ne pas non plus donner l’impression de trop vous vanter, cela peut déplaire aux recruteurs qui vont alors se méfier, met en garde le spécialiste. Il est donc préférable d’avoir la bonne mesure dans l’attitude : plutôt que de dépenser votre énergie à sembler intéressant, montrez votre intérêt pour l’entreprise et ses enjeux, vous n’en paraîtrez que plus motivé. »

Se préparer à une potentielle déception

Malgré toute cette préparation en amont, gardez en tête que la décision finale ne nous revient pas. En effet, le timing peut ne pas être le bon et le job de vos rêves peut vous passer sous le nez pour bien des raisons qui ne vous appartiennent pas. Mais l’important est d’avoir la certitude de faire tout son possible pour ne rien regretter. Et si jamais la réponse s’avère négative, prenez le temps qu’il faut pour digérer l’information et repartez de plus belle à la recherche du métier qui sera le vôtre. Encore une fois, passer des entretiens en parallèle et réfléchir à une stratégie de repli dans le cas où vous n’obteniez pas le job peut vous aider à prendre de la hauteur. D’ailleurs, ce n’est pas parce que vous avez été retoqué une fois que l’entreprise vous ferme définitivement ses portes ! Sollicitez le recruteur pour lui demander de vous détailler les motifs du refus, cela pourrait vous donner de nouveaux objectifs sur lesquels travailler pour, quelques années plus tard par exemple, retenter votre chance. Surtout qu’à ce moment-là, vous serez déjà dans les petits papiers…

Finalement, être préparé annule en grande partie les appréhensions et le risque d’échouer. « Mais il ne suffit pas de méditer ou de regarder des tutos Youtube pour que cela fonctionne comme par magie, rappelle Uriel Megnassan. Alors multipliez les entretiens, les appels téléphoniques et entraînez-vous au maximum ». Le but étant bien d’avoir le plus de leviers d’actions possible pour mettre toutes les chances de son côté.

Photo par Thomas Decamps
Édité par Gabrielle Predko

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