Pas d’âge pour apprendre à coder

02 févr. 2018

7min

Pas d’âge pour apprendre à coder

Comme le disait très justement le poète latin Virgile il y a plus de 2.000 ans : « On se lasse de tout, excepté d’apprendre ». Si ce précepte semblait réel à l’époque, il l’est d’autant plus aujourd’hui car l’accès à l’information n’a jamais été aussi simple, ouvrant à chacun des portes qui seraient restées solidement fermées il y a à peine quelques décennies. Accompagner des personnes de tous âge et de tous horizons à la recherche de nouvelles opportunités d’apprentissage, certaines entreprises en ont fait leur quotidien. C’est le cas du Wagon, une formation en accéléré qui propose à chacun d’apprendre à coder en 9 semaines, soit en 360 heures.

« Notre objectif est d’apprendre aux gens à coder leurs produits », nous confie Boris Paillard, CEO et co-fondateur de ce programme intensif, « Notre programme s’adapte à un public très large : d’un jeune diplômé en école de commerce, à un freelance désireux d’élargir son expertise, en passant par l’entrepreneur qui a une idée bien précise en tête et le père de famille qui veut simplement changer d’air ». Si les trois premières catégories ne sont pas surprenantes, la dernière est quelque peu intrigante. Qu’arrive-t-il à un quadragénaire, voire à un quinquagénaire, lorsqu’il lâche tout pour apprendre une nouvelle compétence et changer de métier ?

« La moyenne d’âge de nos étudiants est de 28 ans mais nous avons de plus en plus régulièrement des séniors qui se joignent à nous, et qui font monter cette moyenne » précise Boris, qui estime que la plupart du temps, ce sont des curieux qui ont des carrières mais qui veulent du nouveau, ou des ingénieurs qui veulent abandonner le management et revenir vers le code. Nous avons décidé de vérifier en demandant aux personnes directement concernées, parce que nous aussi, on est curieux.

Le Wagon à Paris

Roselyne, 45 ans et mère de deux enfants

Directrice du plan marketing chez Orange, Roselyne veut explorer de nouvelles méthodes de travail. « Depuis un certain temps, on parle des transformations du travail liées au digital et plus que d’en parler, je voulais le vivre et mettre les main dans le cambouis » . Roselyne se met alors à la recherche d’un bootcamp pour apprendre à coder et tombe sur Le Wagon. Ni une ni deux, elle pose tout son solde de jours de vacances, loue un Airbnb pendant neuf semaines et se lance dans l’aventure. « Je pense qu’on m’a pris pour une folle mais ce n’est pas grave, je savais ce que je voulais_. _»

Le Wagon est très honnête avec ses étudiants ; il précise même que durant ces neuf semaines, ils auront très peu de temps pour leur famille et leurs amis. « Mon mari est lui-même développeur, c’est d’ailleurs lui qui m’a donné envie de coder à force de le voir complètement passionné par son travail, il a donc très bien compris ma démarche. J’ai expliqué à mes enfants qu’un adulte aussi ça continuait d’apprendre et ils m’ont soutenue. L’un d’entre eux s’est même mis à apprendre le code en ligne en même temps que moi ! » Plongée dans une promotion de 46 personnes avec une moyenne d’âge de 27 ans, et seulement 7 femmes au total, Roselyne trouve l’état d’esprit « hyper positif ». Elle est encadrée par des professeurs et des anciens élèves de la formation et travaille sur chaque projet avec un binôme différent. « On était tous là pour apprendre donc au même point de départ. Les différences d’âge ne changent rien, de toutes façons, on est tous dans le même bateau et étant donné que pour chaque projet, on avait une équipe différente, les liens deviennent très étroits entre les membres de la promotion. »

Plongée dans une promotion de 46 personnes avec une moyenne d’âge de 27 ans, et seulement 7 femmes au total, Roselyne trouve l’état d’esprit « hyper positif ».

Lorsqu’on demande à Roselyne si elle conseillerait à ses amis d’apprendre le code, nul doute ne transparaît sur son visage : « Je leur dirais de foncer ! Ça vaut franchement le coup de s’investir financièrement et personnellement. Je leur dirais qu’ils vont comprendre énormément de choses, beaucoup plus que du simple code, une nouvelle façon d’interagir qui devrait être obligatoire dans tous les domaines : mieux communiquer pour mieux travailler ».

Roselyne estime qu’apprendre le code lui a permis d’accompagner son changement de poste. Désormais, elle s’occupe de la partie Software de l’opérateur et dirige des équipes de développeurs. « Finalement, le marketing et le développement sont très liés : ce sont deux métiers axés sur le produit. Grâce à mes nouvelles compétences, je me sens plus à l’aise pour mobiliser des métiers que je ne connaissais pas avant. J’ai une meilleure compréhension des ressources de développement en interne et je sais comment mieux les utiliser. »

Le Wagon à Paris

Xavier, 50 ans et père de 2 enfants

Issu d’une formation en électronique et en informatique, Xavier n’est pas tout à fait novice en matière de code. Durant la première partie de sa carrière, il fut développeur, pendant 5 ou 6 ans. Puis, il est rapidement devenu manager : « C’était un peu la tradition à l’époque, une fois qu’on a fait ses preuves dans le développement, on passe manager pour encadrer et guider de plus jeunes développeurs. En revanche, j’ai toujours voulu garder un lien avec le code et j’ai continué de coder à côté du boulot ». En congé de reclassement suite à la fermeture de l’entité française de son entreprise, Xavier saute sur l’occasion : « J’ai passé des entretiens au Wagon juste avant que mon entreprise ferme, j’ai assisté à des meet-up et j’ai tout de suite voulu participer à l’aventure ! J’avais besoin de ce challenge. »

Avide de travailler en mode bootcamp (intensif) et de se retrouver entouré de profils variés, Xavier intègre la formation en octobre 2017. « La plupart des gens ne savait pas coder du tout alors que moi j’y avais passé une bonne partie de ma vie. Mais ce que je voulais apprendre, c’est le codage web (Ruby, Javascript…) pour pouvoir faire des applications de test ». Parmi les 40 personnes de sa promotion, Xavier est le plus âgé, pourtant, il se sent tout sauf à part grâce à une pédagogie basée sur l’entraide et la diversité. « Tous les gens avec qui j’ai travaillé durant ces 9 semaines m’ont félicité pour ma pédagogie. J’étais comme un prof’ particulier pour tout le monde ! Au bout de 3 semaines, on a fait une soirée “Code & Drink” avec un concours de code où on buvait des shots après chaque partie. J’ai gagné en finale ! L’ambiance était assez géniale et je me suis très bien intégré même si le groupe était très jeune. Je pense que c’est parce que j’étais très disponible et engagé. »

On a appris beaucoup plus que du code ; c’est tout un état d’esprit qui nous a été inculqué.

Sur un plan professionnel, Xavier est ravi : « J’ai tellement adoré la formation que j’ai eu envie d’en faire mon métier. On a appris beaucoup plus que du code ; c’est tout un état d’esprit qui nous a été inculqué. J’ai également développé mon réseau de manière conséquente en intégrant une communauté autour de laquelle il y a beaucoup d’effervescence. » Mais sur le plan personnel alors, quelles ont été les conséquences ? « J’ai la chance d’avoir des enfants de 15 et 18 ans et une femme qui ne travaille pas. Je les avais prévenus que ma priorité pendant 9 semaines serait le Wagon ! Ils savaient que c’était pour mon bien » nous précise Xavier.

Fort de cette expérience, Xavier s’est aujourd’hui lancé dans une aventure entrepreneuriale dans le e-learning. « Je savais que j’allais avoir du mal à retourner en entreprise après cette expérience. Maintenant je veux me diversifier et travailler dans le milieu des start-up, poursuivre le projet de plateforme de e-learning OPServatory réalisé au Wagon et également réaliser des missions de mentoring technique. »

Le Wagon à Paris

Marc, 45 ans, père de 4 enfants

Ancien militaire, Marc a commencé par travailler dans la recherche, au commissariat de l’énergie atomique de Cadarache, avant de se diriger vers l’entreprise. Il rejoint une grande enseigne au sein de laquelle, il va gravir les échelons pour finalement devenir responsable du digital et du système informatique. « J’étais en charge de la digitalisation de nos points de vente et de nos process en interne. Dans ce genre de structure, les changements prennent du temps et j’étais là pour faire bouger les choses. » C’est suite à une formation sur les nouveaux outils de digitalisation qu’il décide d’apprendre à coder avec Le Wagon. « Je m’étais déjà auto-formé sur pas mal de langages du web (HTML et CSS) grâce à des livres, mais j’avais envie d’aller plus loin que l’aspect scolaire. »

Je m’étais loué un studio pour l’occasion et j’étais seul toute la semaine, ce qui me permettait de travailler de 8h30 à 22h. Je profitais de mes enfants le week-end.

Marc veut travailler mieux et plus vite, apprendre de nouveaux langages au contact de profils différents du sien, avec un esprit start-up complètement en opposition avec ce qu’il a connu jusqu’à présent. « J’ai choisi de faire cette formation pendant l’été. Aucune vacance pour moi cette année là, mais ça valait le coup. Je m’étais loué un studio pour l’occasion et j’étais seul toute la semaine, ce qui me permettait de travailler de 8h30 à 22h. Je profitais de mes enfants le week-end. Ils m’ont supporté et même aidé dans mon travail ! » Du côté de son entreprise, Marc a la chance d’avoir la confiance de sa hiérarchie, il s’est donc organisé de son côté pour accompagner ses équipes même durant son absence.

« Je suis encore très jeune dans ma tête, donc je ne me sentais pas plus vieux que les gens de ma promotion. Je me suis fait des relations assez naturellement en écoutant beaucoup. Je choisissais toujours de me mettre avec les plus jeunes pour leur apporter mon expérience et pour qu’ils m’inspirent de nouvelles méthodes de travail. » Bien que doyen de sa promotion, Marc a réussi à naturellement s’intégrer de par la nature même de la formation. Il n’hésitait pas non plus à participer aux activités sportives et aux sorties organisées par la promotion pour créer des liens encore plus profonds avec ses camarades de promotion.

Aujourd’hui, Marc participe à la transformation culturelle de son entreprise, pour que ses collaborateurs puissent travailler de manière plus agile, réactive et surtout plus souple. Il cherche à apprendre à ses équipes à travailler en autonomie, tout en les responsabilisant un maximum pour un résultat rapide. « Le Wagon m’a permis de mieux discuter avec mes développeurs pour un meilleur management : je comprends ce qu’ils font et je sais comment ils le font. Mais dans un sens plus large du terme, cela m’a carrément apporté une nouvelle manière de travailler. »

Conclusion

« Nos programmes s’adaptent à différents niveaux et fonctionnent avec tous les profils. Néanmoins les seniors ont quitté les rangs de l’école depuis plus longtemps et sont moins naturellement dans une démarche d’apprentissage donc cela demande une grosse motivation » met tout-de-même en garde Boris. Pourtant Roselyne, Xavier et Marc nous ont prouvé que c’était possible et surtout, que c’était utile, alors vous les séniors qui avez pris le temps de lire cet article jusqu’au bout : qu’attendez-vous ?

Photos @Le Wagon

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