Ingrid Dupichot
Freelance Content Writer
Vivre de peu mais vivre heureux, quitte à gagner moins d’argent ? C’est le crédo des frugalistes. Du latin frugalis, qui signifie sobre, cette appellation désigne une personne qui se contente de nourriture et de choses simples. Si cette dernière dit non à l’acquisition du dernier smartphone, à l’empilement de paires de baskets dans la penderie, ou des sorties au restaurant, cette restriction n’est pas synonyme d’une vie morne et non épanouissante. Au contraire ! L’objectif est d’être assez organisé pour acquérir l’indépendance financière et ainsi mener une meilleure vie.
À l’heure où se rencontrent surconsommation, capitalisme et la quête de sens, Welcome to the Jungle vous dit tout sur ce mouvement informel qui prend de l’ampleur ainsi que de l’impact qu’il peut avoir sur notre société.
Venu des États-Unis, ce mouvement prône la déconsommation à travers un mode de vie simple. Il fait désormais de nombreux adeptes en Europe, en Allemagne notamment. Ni ermites, ni hippies, ni survivalistes, cette idéologie s’affirme quelque part entre refus du consumérisme, du contexte d’hyper-connexion et de la dégradation de la santé mentale au travail. Elle prône la recherche d’une certaine écologie sociale c’est-à-dire la mise en place d’une société morale, décentralisée, solidaire et guidée par la raison.
Si on en entend peu parler, c’est en partie car de nombreux frugalistes s’ignorent. Souvent, ils ne savent même pas qu’un concept permet de décrire leur mode de vie. Mais c’est également la volonté des membres de ne pas médiatiser ce mode de vie qui permet à cette tendance de rester anecdotique, surtout en France.
L’idée ? Travailler moins pour vivre mieux et à son rythme, quitte à gagner moins. C’est-à-dire :
C’est ainsi une véritable philosophie de vie, qui s’érige en rempart au consumérisme et à la société capitaliste. Fini le modèle de l’homme d’affaire et du “culte de la performance” des années 90 décrit par A. Ehrenberg. Le frugalisme témoigne de la transformation d’un homme d’affaire en individu humaniste au mode de vie vertueux. Il renonce au superflu et à son salaire confortable pour assouvir sa quête de sens.
Les motivations poussant à l’adoption de ce mode de vie sont multiples et varient selon chacun. Elles peuvent être :
Illustration : Léa Maupetit
Et si le frugaliste était le rentier de la fin du siècle dernier ? Symptomatique de l’évolution d’une société où la réussite sociale n’est plus la réussite professionnelle, le concept est majoritairement accessible aux classes supérieures et moyennes. En effet, dans la majorité des cas, dépenser moins suppose au préalable d’avoir le choix. Comme par exemple, celui de ne pas dépenser 5 euros au Starbucks pour un café en allant au travail.
Ainsi, le frugaliste se concentre sur ses besoins et non sur ce qu’il désire. Et c’est le plus difficile car on a vite fait de se convaincre qu’on a besoin de quelque chose. L’idée n’est pas d’être pingre mais de réfléchir à sa manière de dépenser et devenir plus créatif pour investir ou mieux épargner son argent.
Pourquoi tant d’efforts pour vivre en dessous de ses moyens ? Pour se libérer de sa peur existentielle liée à l’argent, pour avoir le choix de profiter d’un mode de vie plus sain. Et, par exemple, ne pas être sujet à l’anxiété provoquée par la peur de la perte d’un emploi ou succomber à des niveaux de stress malsains pouvant conduire au burn-out.
Pour réussir à vivre en dessous de ses moyens, le frugaliste :
Le frugalisme rend compte de diverses réalités : des tendances peuvent être identifiées au sein de la tendance.
Cette appellation évoque ceux qui sont dans leur vingtaine et qui souvent vivent toujours chez leurs parents. Dans un contexte économique difficile, ces derniers se sont recentrés sur ce dont ils ont besoin plutôt que sur ce qu’ils pourraient vouloir. Leur mode de consommation est moins impulsif et de plus en plus centré sur la valeur et la qualité.
Ils ont 30, 35, 40 ans et ont décidé d’arrêter de travailler. Non pas sur un coup de tête, mais après avoir préparé depuis le début de leur carrière professionnelle des plans d’épargne et d’investissements. Grâce à cette solide organisation et une détermination inébranlable, ils ont pu choisir de prendre leur retraite au plus vite. Ils s’occupent souvent par la suite en se tournant vers des activités bénévoles qui leur apportent plus de sens.
La tendance du “slow” (“slowfood”, “slowfashion”… ) témoigne de l’envie de ralentir pour mieux réussir. Parmi les frugalistes on trouve des adeptes de la “slow life”. Mettre un coup de frein au rythme trépidant et retrouver un mode de vie plus authentique.
Le but ? Moins de stress, abandonner la dictature de l’horloge pour se recentrer sur ses envies et peu à peu reprendre confiance en ses propres aptitudes. Ces derniers privilégient le contact avec la nature, le homemade, le DIY (_Do It Yourself_…) et n’hésitent pas, par exemple, à développer leur propre potager pour satisfaire leur envie d’autosuffisance.
Si le frugalisme et le minimalisme ont en commun la volonté de vivre de façon plus intentionnelle, ces deux modes de vie divergent. Le minimalisme se concentre sur le fait de posséder le moins de choses possible tandis que le frugalisme est centré sur celle de dépenser le moins possible pour acquérir une autonomie financière. Ils s’avèreront souvent incompatibles car une personne frugale accumulera les objets qui pourront potentiellement lui servir un jour. Et le minimaliste quant à lui ne voudra pas gâcher d’espace et se débarrassera des choses qui n’ont pas d’utilité immédiate. Ce dernier pourra payer très cher certains objets pourvu qu’ils aient une grande utilité.
Certains les accusent de profiter du système. En bénéficiant d’une éducation, en apprenant un métier… puis en refusant de contribuer et de payer des charges sociales. Certains frugalistes rétorquent qu’ils ne sont pas intéressés par le fait de toucher une retraite venant de l’État. Il leur importe donc peu de cotiser pour l’assurance vieillesse.
D’autres préviennent du risque de romantiser la pauvreté. Il est en effet important de ne pas confondre frugalité et apologie de la pauvreté. Budgéter car on ne peut pas partir en vacances ou on a des difficultés à payer son prochain repas, son loyer ou encore prendre soin de sa santé n’a rien d’un mode de vie inspirant.
Que vous soyez convaincu par le frugalisme ou pas, cette tendance est l’occasion de réfléchir à la qualité de vie professionnelle qu’offre aujourd’hui notre société. Pourquoi des jeunes de 25 ans en viennent à dire qu’ils veulent arrêter de travailler à 40 ans ? C’est aussi l’opportunité de remettre en question notre mode de vie, nos dépenses, et nos habitudes de consommation, ainsi que notre rapport au travail. De vastes sujets !
Plus encore de nombreux blogs foisonnent et donnent des conseils pour bien prendre soin de son argent. Ce qui permet de démystifier et surtout de rendre accessible à tous, un sujet aussi technique que celui de la finance ! Et ça, on applaudit.
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Illustration : Léa Maupetit
Freelance Content Writer
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