Share Journal - Sarah - Episode 1

Publié dans Share Journal

09 avr. 2020

auteur.e
Soline Cuilliere

Journaliste vidéo - Welcome to the Jungle

Retrouvez l’épisode 1 du journal de confinement de Sarah pour la série Share Journal de Welcome to the Jungle.

Je me suis occupée d’une malade qui devait être opérée parce qu’elle avait un accident de la route. Un autre monsieur qui s’est reçu des coups de poignard dans les poumons et dans les jambes. Donc c’est vrai que malgré les patients Covid-19, on est obligés de continuer à s’occuper du reste.

Bonjour à tous, je m’appelle Sarah, j’ai 26 ans, j’habite à Paris et je suis Interne en huitième année de médecine dans la spécialité anesthésie-réanimation. Là il est 7h15, on attend le métro pour aller à l’hôpital.

Je voulais vous expliquer un peu ce qui avait changé dans nos pratiques au bloc opératoire pour l’intubation des patients qui sont suspects de coronavirus.

En pratique c’est le chariot où on vient se servir pour le matériel avant d’intuber les malades. Donc on voit qu’on n’a pas de masque FFP2, on intube avec des masques chirurgicaux, donc on a quasiment la tête dans la bouche du patient, des gants non stériles. Bien évidemment, il n’y a pas de lunettes de protection tout le temps donc on est obligés de garder les mêmes pendant plusieurs jours d’affilés, et de les laver comme on peut entre les malades.

C’est vrai aussi que le fait de passer toute la journée au bloc opératoire, la salle de réveil c’est dans un sous-sol, on ne voit pas la lumière du jour. On est un peu confinés à l’hôpital, on ne se rend pas trop compte de ce qui se passe à l’extérieur. Ça fait bizarre de sortir et de se retrouver dans les rues vides.

Pour les applaudissements, dans le fond, c’est un acte plutôt bienveillant, sympa donc ça fait plaisir. Surtout de se rendre compte que les gens réalisent l’investissement qu’on a au quotidien dans notre travail, des risques qu’on prend, donc ça c’est plutôt cool. Après si ça suffisait à résoudre tous les problèmes de l’hôpital public ça serait encore mieux.

Aujourd’hui on est le lundi 23 mars, au septième jour de confinement et ça fait vraiment plaisir de sortir de la maison après le week-end passé toute seule confinée, pour retourner au travail.

Donc fin de la garde, c’est un peu particulier ici dans mon hôpital parce qu’ils ont choisi de rediriger en priorité les patients Covid-19 dans les structures de périphérie, les cliniques, les hôpitaux intercommunaux etc. Donc là on est relativement encore disponibles pour accueillir la vague de patients Covid-19 qu’on attend dans la semaine. Sinon on a un peu plus de matériel que la semaine dernière, il y a des masques qui sont arrivés.

L’ambiance a pas mal évolué à l’hôpital, je suis toujours contente d’aller travailler parce que c’est plus sympa que de rester chez soi à rien faire, et on se sent vraiment utiles. Mais vraiment c’est de plus en plus pesant, le bloc opératoire c’est un peu l’enfer. Tout le monde est stressé, énervé… C’est des rapports hyper conflictuels entre les gens.

Et puis au bloc on ne sait pas si les patients sont infectés ou pas. Est-ce qu’on fait tout, est-ce qu’on fait la moitié des choses qu’il faut faire, est-ce qu’on a les moyens pour ça, c’est un peu particulier… Donc je suis contente de passer en réanimation à partir de demain.

Tous les internes en anesthésie, on est réquisitionnés en réanimation pour prendre en charge les patients qui continuent d’arriver. A très vite !

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