Entretien avec Matthieu Chedid : entre ombre et exubérance
28 oct. 2019
2min
Editorial Manager - Modern Work @ Welcome to the Jungle
C’est une silhouette qui se découpe entre mille. Dégaine carrée, chevelure encornée et redingote à large col velouré, le -M- de Matthieu Chedid s’impose dans le paysage musical français depuis plus de vingt ans maintenant. Matthieu Chedid et son double, c’est treize Victoires de la musique – record détenu aussi par Alain Bashung –, des tubes qui tournent à plein – « Machistador », « Je dis M », « Superchérie », etc. – et des projets avec des centaines d’artistes. Gamin d’une famille de musiciens, enfant de la balle qui a su rebondir pour dessiner sa vie hors des clous, c’est le genre d’artiste dont l’univers n’appelle aucune concession.
Mais dans l’ombre du -M-, discret, voix de tête à peine murmurée, le multi-instrumentiste et chanteur – dites plutôt guitariste, c’est le seul métier qu’il se reconnaît – avance à pas feutrés, bien loin des exubérances de son personnage. En pleine tournée marathon jusqu’à décembre, pour la première fois seul sur scène, on a voulu questionner l’homme sur son travail, son double musical et ses inspirations.
Quand on le retrouve ce midi de juin, à la sortie du Casino Barrière de Lille, Matthieu Chedid n’a même pas fait exprès de se faire attendre. Démarche un brin ralentie – où est passé le diable qui enflammait la scène hier soir ? – et regard doucement cerné, l’homme de 47 ans arrive forcément à temps. On a une heure de retard, le tourbus doit rouler jusqu’à Bruxelles et son Zénith, mais personne ne semble inquiet. Piano, on se pose, coussins dans le dos, thé au gingembre à la main.
Tu viens de te lever ? Vous avez fait la fête hier soir après le concert ?
Non. On va toujours boire un verre après, pour faire retomber l’énergie, mais en fait sur les tournées on a plutôt une sacrée hygiène de vie. Déjà parce que je vis naturellement comme ça, je suis plus heureux dans la sainteté que dans le destroy. Je fais du sport, je dors énormément… Et heureusement car les concerts sont très cardio, je ne pourrais pas tenir si je me retournais la tête chaque soir.
Pour cette tournée, tu es seul sur scène. On a plutôt l’habitude de te voir hyper entouré, comme encore récemment avec ton projet Lamomali. Pourquoi cette envie d’exposer seul ton travail cette fois ?
Déjà, tu parles de « travail » et c’est peut-être ça la chance de ma vie : les mots « travail » et « bosser » sont des termes que je n’emploie jamais.
Mince, l’interview va être longue…
(Rires) En fait, je n’ai jamais l’impression de travailler. J’ai plus l’impression d’être missionné. Et dans ce parcours, il y a différents passages et expériences : le besoin d’être en trio, en famille, ou dans un univers malien comme avec Fatoumata Diawara. Aujourd’hui, c’est le moment où j’ai besoin d’être seul. La vertu de la solitude, c’est d’accéder à certaines choses qu’on n’aurait pas atteintes en étant accompagné. Et en même temps, on est vraiment en communion avec le public. Finalement, je crois que je n’ai jamais été aussi peu seul. Chaque soir, ce sont des milliers de choristes qui chantent et avec qui je compose.
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Photo d’illustration by WTTJ
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