Et si vous étiez plus influent que vous ne le pensez au travail ?

05 juil. 2023

5min

Et si vous étiez plus influent que vous ne le pensez au travail ?
auteur.e
Pauline Allione

Journaliste independante.

contributeur.e

Contrairement aux idées reçues, l’influence n’est pas réservée aux dirigeants ou managers. Être influent·e au travail, c’est aussi être écouté·e, soutenu·e dans ses idées, sollicité·e pour son expertise… Mais comment la mesurer et davantage la peaufiner ? Focus sur cette capacité relationnelle, intimement liée à la confiance en soi, qui mérite d’être conscientisée, si ce n’est cultivée !

Quand l’influence se fait positive au travail

La tendance à se rabaisser ou se remettre en question issue du syndrome de l’imposteur est monnaie courante, si bien que peu de personnes ont conscience de l’influence qu’elles peuvent exercer sur leur entourage professionnel. Bien sûr, on ne parle pas ici d’influencer en se frottant les mains et en émettant un rire machiavélique - le terme le plus approprié serait sans doute « manipuler » dans ce cas - mais plutôt d’inspirer et d’être apprécié pour son aura, son domaine d’expertise, son parcours… Vous l’aurez compris : nul besoin d’un titre hiérarchique pour avoir une certaine influence. « L’influence peut être multiple et très large. Je pense que beaucoup de personnes sont influentes sans même le savoir. On reste dans une vision très verticale du travail où le chef prend les décisions et a, par conséquent, de l’impact », pose Lucile Quillet, journaliste, autrice et coach spécialisée dans l’émancipation des femmes. « On peut avoir un côté “role model” de par son propre parcours, avoir de l’influence à travers les échanges avec ses collègues, ou en étant force de propositions avec son N+1… », énumère la journaliste.

Effectivement, l’influence peut s’exercer au sens large au travail par :

  • La capacité à fédérer par son leadership : « Dans mon service, je suis la personne qui est toujours de bonne humeur, qui raconte des histoires pour détendre l’atmosphère, qui soutient les autres en cas de problème…, confie Florine, employée dans une société de transports depuis quelques mois. J’aime être le noyau du groupe et quand je propose quelque chose, tout le monde répond présent. On m’a surnommé le BDE (pour “bureau des étudiants”, ndlr) et ma capacité à réunir les gens et à favoriser une bonne ambiance est même reconnue hors de notre équipe. On me demande d’organiser des séminaires alors que ça ne fait initialement pas partie de mes missions ! »

  • La capacité à être reconnu·e comme un·e expert·e : « Quand je suis arrivée dans ma nouvelle entreprise, le fonctionnement de la direction juridique était complètement désorganisé et individualisé, chaque juriste travaillait dans son bureau, sans partage de ressources et il n’y avait aucun guide pour les nouveaux arrivants. J’ai parlé quelques fois de mon ancienne boîte où nous avions beaucoup de documents en accès partagé, une contrathèque où tout était référencé… J’ai proposé de créer un Teams avec tous ces documents, de faire un document Excel en accès partagé. Une collègue et moi avons finalement été nommées référentes de la transformation de la direction juridique. Encore hier, je présentais toutes ces avancées à l’équipe ! », raconte Clémentine, juriste.

  • La capacité à s’imposer au-delà de l’entreprise : comme sur LinkedIn ou Twitter où des publications peuvent mener à des questionnements et réflexions plus vastes sur un secteur. Le réseau social professionnel a d’ailleurs un badge pour les leaders et les personnalités influentes dans une industrie : on les appelle les « Top Voices ».

Du charisme, du réseau et une bonne dose d’expertise

« Une personne influente est inspirée et inspirante, elle stimule et motive les gens. C’est l’essentiel parce que les individus ont des compétences, mais il leur manque souvent un cap, une direction », détaille Aurore Veyrat, cofondatrice de l’agence de consulting Pulse et experte en intelligence émotionnelle. Or, prendre conscience de son influence permet d’ouvrir les yeux sur sa valeur ajoutée dans l’entreprise mais aussi de mieux valoriser ses atouts, qu’il s’agisse de compétences relationnelles ou professionnelles. Une personne appréciée, écoutée et reconnue pour son expertise aura ainsi plus de chances de faire entendre sa voix et de faire valoir ses opinions. Pour y parvenir, on vous explique comment mesurer votre degré d’influence dans votre entreprise et le mettre à profit le plus efficacement possible.

1. Faites un état des lieux auprès de vos proches

Pour prendre du recul sur vos forces et vos faiblesses relationnelles, quoi de mieux que de questionner votre entourage. « Demandez à votre famille, vos amis et vos collègues comment ils vous perçoivent et voyez ce qui en ressort », conseille Aurore Veyrat. Introverti ou extraverti, force de propositions ou en retenue, personnalité entraînante ou à l’écoute… Selon les informations glanées dans vos différents cercles sociaux (famille, amis…), prenez conscience de vos atouts et envisagez comment travailler sur les points qui méritent d’être améliorés selon vous.

2. Analysez les personnes influentes dans votre propre parcours

Démystifier l’influence, c’est aussi repérer les personnes qui, au cours de votre vie, ont eu une influence positive ou ont été une source d’inspiration. « Cela peut permettre de réaliser l’influence de personnes à qui on n’aurait pas forcément prêté ce pouvoir à première vue. Ce peut être des rencontres dans des temporalités très brèves ou restreintes, comme votre prof de français de 2nde ! », poursuit Lucile Quillet. Mais aussi la conseillère d’orientation du collège, un personnage de série télé, le parent d’une amie… L’influence n’est pas forcément là où on le pense à travers des profils considérés comme ayant réussi, elle peut passer par des paroles ou des actes en apparence anecdotiques.

3. Faites-vous accompagner

« Contrairement à une formation collective, un coach va travailler avec vous sur votre façon d’être à 100% », conseille Aurore Veyrat, qui préconise l’accompagnement individuel et adapté. « Les coachs travaillent en général sur quatre points : les valeurs, les besoins, les limites et les croyances. Il y a tout un mindset à mettre en place », détaille-t-elle. Les limites et les croyances pouvant être source de blocages, un coach peut aider à dépasser certaines pensées qui alimentent le manque de confiance en soi. Ceci, toujours dans l’idée de travailler sur la façon d’être et les capacités relationnelles de manière vertueuse.

4. Cultivez votre réseau

Souvenez-vous des « stars » de votre lycée : leur popularité tenait à l’essaim de personnes qui les entouraient, avides de connaître leur avis sur le dernier sac ou leurs nouvelles ballerines. Des années après avoir quitté les bancs de l’école, l’influence passe toujours via le réseau. Dans une optique plus bienveillante et empathique, il s’agit surtout d’entretenir ses contacts, de leur prêter une oreille attentive si besoin et d’en dévoiler suffisamment sur vous pour instaurer un climat de confiance. Vos idées seront ainsi mieux reçues, ou avec moins de retenue.

5. Commencez par de petites actions

Demandez-vous sur quels sujets est-ce que vous voulez agir dans votre entreprise : fluidifier la dynamique de groupe ? Réduire l’empreinte écologique dans votre service ? Militer pour plus de reconnaissance au travail ? Dans ce cas, pourquoi ne pas proposer une sortie d’équipe, mettre en place de la vaisselle réutilisable ou engager des discussions collectives. « On peut commencer par de toutes petites actions et si l’on est satisfait, se laisser porter par ce cercle vertueux. Si l’émotion apportée est positive, on peut avancer pas à pas », détaille notre experte Lucile Quillet. Si travailler son influence peut demander un certain investissement, en temps comme en énergie, cela peut aussi commencer doucement. À l’image des abonnements à la salle de sport tristement abandonnés au bout de quelques semaines, ne vous surchargez pas d’objectifs qui risqueraient de vous décourager aussi vite !
Vous avez désormais toutes les clés pour asseoir votre influence au travail. À vous de trouver les domaines et sujets que vous souhaitez soutenir : développer votre leadership, asseoir votre expertise… Le champ des possibles est large et chaque mission peut demander un investissement plus ou moins important.

Article édité par Mélissa Darré, photo par Thomas Decamps.

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