Nos 7 tips d’improvisation pour réussir un entretien “au talent”

20 juil. 2022

5min

Nos 7 tips d’improvisation pour réussir un entretien “au talent”
auteur.e
Daphnée Breytenbach

Journaliste freelance

Échauffements, trac, entrée en scène, performance… Ces termes, évidemment, rappellent l’univers du théâtre. Pourtant, ils s’appliquent aussi parfaitement à un autre exercice : celui de l’entretien d’embauche ! Dans notre entourage, nous connaissons tous des personnes qui réussissent en y allant “au talent”. Pourtant, l’art d’improviser… ne s’improvise pas ! Et si les techniques de cet exercice dramatique pouvaient nous aider à répondre à une question piège en entretien ? Ou bien à le réussir sans avoir trop révisé ? Voici quelques tips concoctés pour vous avec l’aide d’Aurélie Boukerche, coach professionnelle en prise de parole, formatrice en leadership et membre d’une troupe d’impro.

1. On s’échauffe avec la méthode “virelangue”

C’est le premier point sur lequel insiste Aurélie Boukerche : « Quand on monte sur scène, on échauffe sa voix. » Pour ce faire, la coach conseille la méthode “virelangue”. Cette dernière consiste à énoncer une locution, une phrase ou un petit groupe de phrases à caractère ludique (comme « Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches, archisèches ? »), caractérisée par sa difficulté de prononciation. On parle aussi de trompe-oreille. « Ça permet de mettre en pratique la “règle de 3 V” du professeur américain en psychologie Albert Mehrabian, selon lequel 7% de la communication est verbale – signification et sens donné aux mots –, 38% est vocale – intonation et son de la voix – et 55% visuelle – expressions du visage et langage corporel. En somme, 93% de la communication serait non verbale ! », note Aurélie Boukerche. « Évidemment, ça ne veut pas dire qu’il faut raconter n’importe quoi dans le cadre d’un entretien. Mais il est essentiel de préparer son corps à accompagner ses dires, de se demander comment on a envie d’incarner son propos, de se muscler la langue aussi. » Par exemple, on pense à bien appuyer sur les consonnes, ce qui force à articuler correctement… Et si ça participe à donner une image plus confiante quand on n’est pas tout à fait sûr de ce que l’on raconte, on prend !

2. On voit l’entretien comme un jeu

Selon Aurélie Boukerche, « le secret de l’improvisateur, c’est de prendre du bon temps et de s’occuper de son partenaire. Le plaisir est essentiel dans cette démarche ! » La coach conseille la lecture du livre “Impro” de Keith Johnstone, dans lequel cette légende mondiale de l’improvisation théâtrale appelle à descendre de notre tête et à jouer avec notre cœur, afin d’être en mesure de se synchroniser avec la personne qui nous fait face sur les planches. « C’est la même chose en entretien ! Ça doit rester un moment agréable, où l’on parle d’un poste potentiellement important tant pour l’entreprise que pour nous. Rester dans la joie, c’est essentiel !», sourit-elle. Pendant l’entretien, la curiosité de savoir ce que va vous dire ou vous demander votre interlocuteur doit prendre le dessus sur le trac.

3. On s’adapte à celui qui nous donne la réplique

Le théâtre, et plus particulièrement l’improvisation, appelle à être ici et maintenant. C’est même sa caractéristique première. « En cultivant la pleine conscience, en s’efforçant de rester dans le moment présent, on est en mesure d’écouter véritablement le recruteur, on est actif. Lors d’un entretien, c’est fondamental, car cela permet de rebondir sur ce que la personne nous partage », détaille Aurélie Boukerche. « C’est aussi le moyen d’essayer de se calquer sur le style de la personne… À quelqu’un qui parle vite, on répondra avec dynamisme. Si les phrases sont courtes, on s’efforcera nous aussi de ne pas faire trop long. Être dans une écoute active, développe aussi l’agilité. L’improvisateur est à la fois acteur, dramaturge et scénographe. Il s’adapte immédiatement et parvient à mémoriser ce que le comédien qui lui fait face lui dit afin de rebondir avec pertinence voire mieux, avec humour. Dans le cadre d’un entretien, ces mêmes qualités vont servir à mobiliser les bonnes expériences et à comprendre d’une manière très fine le type de réponses que le recruteur attend. »

4. On respecte les silences

Vous avez certainement déjà redouté de sécher lorsqu’on vous pose une question piégeuse ou inattendue en entretien. Pourtant, prendre le temps de la réflexion ne vous disqualifiera pas pour autant ! « En improvisation comme en entretien, le silence a toute sa place », précise Aurélie Boukerche. Il permet en effet aux interlocuteurs de prendre le temps de digérer la question, avant d’y répondre de manière pertinente. Comme le disait Marguerite Yourcenar, « la musique ne devrait être que du silence. » Car ce silence donne justement le rythme, Aurélie Boukerche en est sûre : « je conseille toujours de compter jusqu’à 5 dans sa tête quand on est surpris par une question. Lorsqu’on prend le temps de faire une petite pause, miraculeusement, les idées sont plus fraîches. »

5. On visualise le moment et on pratique les power poses pour éloigner le trac avant l’entretien

Si un sujet est commun aux deux exercices, c’est bien celui-là ! Et pour canaliser cette angoisse qui peut paralyser, Aurélie Boukerche a deux astuces imparables. « La première, c’est de faire un exercice de visualisation. Environ trois semaines avant de monter sur scène, je prends le temps de fermer les yeux quelques instants et je me projette. Le cerveau ne fait pas la différence entre le réel et le virtuel. Il aura donc moins peur à l’instant T, car il aura déjà vécu la situation. »

Puis la coach met en avant une autre technique, « un peu ridicule mais tellement puissante… » Cette dernière lui vient de la psychologue sociale Amy Cuddy, qui démontre dans son Ted Talk « Your body language may shape who you are »comment les poses de pouvoir peuvent aider. « L’idée, c’est de se mettre dans une posture de Super Woman – mains sur les hanches – ou de Superman – mais en l’air – pendant environ 3 minutes devant une glace, tout en prononçant une affirmation positive. Ça permet d’augmenter la testostérone, qui est l’hormone de la fierté, et donc de renforcer la confiance en soi », ajoute Aurélie Boukerche.

6. On ancre son corps pour maîtriser son trac pendant l’entretien

Si le trac monte pendant l’entretien, avec une question qui vous déstabilise par exemple, votre corps est votre meilleure arme. On prend le temps de respirer, quitte à laisser passer quelques secondes. On peut ensuite se concentrer sur ses appuis : ancrer ses pieds dans le sol, ses mains à plat sur la table… Cela vous permettra de vous maintenir droit et d’éviter que le trac se fasse sentir. Aussi, cette posture permet de renvoyer un signal de confiance et d’assurance au recruteur. C’est infaillible !

7. On calme son ego

Dernier conseil, et pas des moindres : rester modeste en restant le plus possible dans son corps pour faire parler son cœur plutôt que dans sa tête, là où réside l’ego. « Dans le cadre d’un entretien d’embauche, c’est comme sur les planches : je ne dois pas être là pour jouer la star, je ne viens pas pour être le meilleur sans humilité. Au contraire, je suis là pour échanger autour d’un sujet qui me tient à cœur, à savoir le job en question, et surtout pour aider l’entreprise à faire son choix correctement en termes de candidats. J’évite donc à tout prix d’être dans un état d’esprit ego-centré ou prétentieux. Ça se voit tout de suite ! »

Pour résumer, pour réussir un entretien d’embauche, solliciter ces quelques techniques d’improvisation peut s’avérer payant ! Une fois qu’on apprend à mettre ses sens en éveil, à écouter activement, à gérer son trac et à positiver, on est parés pour répondre stratégiquement à des questions parfois imprévisibles. Le recruteur ne pourra qu’en être séduit !

Article édité par Sami Prieto
Photo de Thomas Decamps

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