Le monde du travail appartient à ceux qui ont développé leur assertivité !

08 sept. 2022

7min

Le monde du travail appartient à ceux qui ont développé leur assertivité !
auteur.e.s
Thomas Decamps

Photographe chez Welcome to the Jungle

Geoffroy Bresson

Journaliste

Vous sortez, la tête basse, du bureau de votre chef. Encore une fois, vous avez accepté une de ses « missions urgentes et capitales pour l’avenir de la société ». Vous savez que vous allez devoir travailler le week-end, faire des extras le soir et que son planning n’est pas tenable. Mais vous n’avez pas su dire ce mot simple en trois lettres qui pourtant change tout : NON. Comme d’habitude. Dans les couloirs, vous croisez votre meilleur collègue. Il comprend tout de suite la situation et vous lâche: « Toi, tu as encore manqué d’assertivité… » Qu’est-ce que c’est que ça « l’assertivité » ? Pas de panique, votre collègue ne vous veut que du bien. En fait, être assertif est une qualité qui peut vous apporter énormément. Surtout dans ce genre de situation. Suivez le guide pour tout comprendre de cette soft skill qui peut sérieusement booster votre carrière.

Sommaire :

  • Définition de l’assertivité
  • Pourquoi l’assertivité est-elle devenue une compétence clé en entreprise ?
  • Qui doit développer son assertivité ?
  • Comment la développer ?
  • Quelles sont les limites ?

L’assertivité, ça veut dire quoi ?

L’assertivité, c’est votre capacité à vous affirmer tout en respectant les autres. Le concept a été défini pour la première fois par le psychologue new-yorkais Andrew Salter au milieu du XXe siècle. Il a ensuite été développé par le psychiatre américain Joseph Wolpe. Quand vous êtes assertif, vous faites preuve de discernement, vous comprenez ce qui se joue pour vous-même et pour votre interlocuteur. Vous n’êtes ni agressif, ni passif. Vous avez suffisamment confiance en vous pour afficher sereinement vos convictions. L’assertivité est synonyme d’écoute, de respect, d’affirmation de soi, et de maîtrise de ses émotions. Voilà pour la théorie. Mais concrètement, comment l’assertivité se traduit-elle dans la vie quotidienne et surtout au bureau ?

Prenons des cas pratiques que l’on peut expérimenter au travail…

  • Cas n°1 : L’employé trop discret
    Vous êtes en réunion. Vous ne comprenez pas le débat dans lequel vos collaborateurs se sont lancés. Ça parle chiffres, ça baragouine, vous êtes un peu perdu mais, trop timide pour intervenir, vous n’osez pas poser de question. Ou peut-être que vous avez le sentiment de ne pas être assez qualifié… Dans tous les cas, vous restez éteint, passif, soit tout le contraire d’un assertif.

  • Cas n°2 : Le style boulet de canon
    Vous êtes salarié et vous venez d’exploser vos chiffres. Bravo ! Légitimement, vous espérez une grosse prime et une augmentation de salaire. Pour convaincre votre manager, vous lui imposez votre point de vue. De toute façon, vous détenez la vérité et les chiffres le prouvent ! Vous montrez donc une affirmation telle qu’en face, votre chef a du mal à en placer une. Votre attitude n’en est pas plus assertive : vous êtes juste agressif. Et en vous montrant aussi offensif, il y a de grandes chances que vous n’obteniez rien du tout.

  • Cas n°3 : La manipulation
    Vous êtes manager et vous avez convoqué l’un de vos employés pour son entretien annuel. Vous faites semblant de l’écouter, mais votre opinion sur son travail cette année est déjà arrêtée. Vous lui faites miroiter que l’an prochain, il recevra une promotion. Mais au fond, vous savez bien que ce ne sera pas possible. Vous n’avez ni l’envie, ni le budget pour ça. Mais vous préférez ne pas jouer cartes sur table, pour qu’il reste motivé. Un comportement manipulateur et un manque de sincérité qui ne vous rend pas assertif là encore !

Mais alors, que faire pour se montrer plus assertif au travail ?

« Faire preuve d’assertivité, c’est savoir ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas. Vous affirmez vos convictions, parfois fermement, mais sans jamais paraître autoritaire. C’est poser des questions constructives, recueillir des avis, être à l’écoute des autres et prendre en compte les points de vue différents du sien, détaille Bruno Guirado, coach carrière et fondateur de l’agence Dev&Plus. Vous ne tendez pas des pièges. Vous parlez posément en utilisant le « je » pour défendre vos idées. Ce n’est pas un « je » égoïste mais une expression de soi respectueuse de l’autre. Par opposition aux phrases qui commencent par un « tu » qui peuvent être plus agressives voire un brin accusatrices. L’idée c’est de chercher le compromis acceptable. Faire preuve d’ouverture d’esprit en restant sincère en somme. »

Pourquoi l’assertivité est-elle devenue une compétence clé en entreprise ?

L’assertivité, reine des softs skills ? On est tenté de le penser, tant elle figure désormais sur bon nombre d’offres d’emploi et autres fiches de poste. C’est que, en tant que salarié, c’est une chose de maîtriser la technique et les logiciels, mais le monde du travail est basé avant tout sur la relation humaine, la communication et l’écoute. « L’empathie, la bienveillance, le respect des autres et l’assertivité sont des softs skills très prisées par les organisations, ajoute Bruno Guirado. Toutes ces notions sont connexes. Les entreprises ne fonctionnent pas sans ses salariés, et même dans une quête de performance, il faut s’intéresser avant tout aux personnes. »

À l’heure où le télétravail et la communication à distance bouleversent les relations professionnelles, l’assertivité prend toute son importance. En effet, être assertif limite les conflits et améliore autant son bien être que celui de ses collègues. Les incompréhensions disparaissent, les relations deviennent plus sincères et donc plus saines. Un bénéfice qui s’ajoute à une liste, encore plus longue de bénéfices personnels.

Les 6 grands atouts de l’assertivité au travail :

  • Savoir agir de manière constructive et maîtriser vos émotions.
  • Affirmer ses convictions en comprenant mieux ses besoins et ceux des autres.
  • Prendre des initiatives et motiver les autres à s’engager.
  • Être moins stressé car on identifie mieux ce que l’on veut et on arrive à l’exprimer.
  • Limiter les conflits et générer à la place des débats constructifs.
  • Accepter mieux les critiques et le changement.

Qui doit développer son assertivité ?

L’assertivité est une qualité que chacun d’entre nous est invité à développer, quel que soit le poste et le secteur d’activité. Cette qualité n’est pas seulement utile en entretien d’embauche. Elle sert au quotidien à se faire respecter, à prendre des décisions, à négocier, bref à prendre les rênes de sa vie professionnelle. « Je rencontre des gens en pré ou en burn-out, enchaîne Bruno Guirado. Ils accusent le management et ils ont, bien souvent, raison. Mais en tant que salarié, c’est aussi à eux de fixer certaines limites et de prendre soin de leurs besoins, pour ne pas subir ou accepter une charge et/ou des conditions de travail lourdes et dégradées. »

Bien sûr, être assertif devient encore plus indispensable quand on occupe des postes de manager, responsable de projet, ou encore chef d’entreprise. En fait, dans tous les métiers qui impliquent beaucoup de communication et des qualités de meneur, cette capacité devient clé.

Comment développer son assertivité ?

S’entraîner à l’assertivité implique un nécessaire travail sur soi. Certains livres et/ou podcasts de développement personnel ou professionnel peuvent aider, on peut également faire appel à un coach voire se lancer dans une thérapie comportementale. Mais pour commencer, des petits exercices simples peuvent déjà vous aider à y voir plus clair sur vos attitudes et mieux cerner le chemin qu’il vous reste à parcourir pour devenir un assertif accompli. En voici quelques-uns.

Exercice 1 : Découvrez ce que les autres pensent de vous

L’image que vous avez n’est pas toujours en adéquation avec qui vous êtes. Et pour travailler sur son comportement, encore faut-il comprendre de façon objective comment les autres vous perçoivent. Sur un papier, notez donc ce que vous supposez être vos cinq principales qualités et vos cinq principaux défauts. Demandez ensuite à cinq collègues d’écrire les cinq qualités et défauts qui vous caractérisent le plus selon eux.

En comparant les résultats obtenus, vous pourrez jauger de la différence entre ce que vous pensez de vous et ce que les autres perçoivent. Une fois que vous avez cerné vos comportements, vous pouvez ensuite travailler à les corriger si besoin.

Exercice 2 : La technique du bonhomme OSBD

Si vous sentez la colère qui monte et cette envie profonde de dire à votre interlocuteur toutes les choses désabréables que vous pensez de lui, les techniques dites de communication non violente deviennent alors vos solides alliés. Pour calmer votre agressivité, forcez vous à prendre un temps de réflexion avant de vous jeter dans la discussion.

Voici un exemple concret de mise en situation :
Vous êtes furieux parce que vous trouvez que votre manager vous donne trop de travail. Vous en avez assez d’enchaîner les extras, qui plus est non rémunérés. Plutôt que de provoquer un conflit avec votre manager, réagissez en suivant les principes du bonhomme OSBD (Observation, Sentiment, Besoin, Demande) :

Observation : « J’observe que je n’ai pas le temps de terminer toutes les missions qui me sont allouées en respectant mes heures de travail ».
Sentiment : « J’ai le sentiment d’être surchargé ».
Besoin : « J’ai besoin de savoir comment terminer mon travail dans le temps imparti. »
Demande : « Parmi mes missions, y a-t-il des tâches que je pourrais prioriser par rapport à d’autres ? »

Voilà un bon moyen d’obtenir gain de cause sans partir au clash, en expliquant clairement son problème et en ouvrant la discussion.

Exercice 3 : Adoptez les principes de l’écoute active

Les principes de l’écoute active peuvent aussi être utiles pour développer son assertivité. Car pour bien s’affirmer, parler est une chose, mais bien écouter et montrer à votre interlocuteur que vous avez compris son message est au moins aussi important.

Voici quelques techniques à adopter lors l’une réunion ou d’une simple conversation qui permettent de rendre le débat plus riche et constructif :

  • Reformulez les phrases pour vous assurer que vous avez compris le message de votre interlocuteur. «Si j’ai bien compris, nous devrions donc… »
  • Posez des questions qui permettent aux autres de détailler leur propos. Vous pouvez, par exemple, demander à votre interlocuteur de donner des exemples pour mieux comprendre son opinion.
  • Pousser votre interlocuteur à “dire” plutôt que d’affirmer à sa place.

Quelles sont les limites de l’assertivité ?

Qu’on se le dise, il n’y a jamais de mal à faire preuve d’assertivité au travail comme dans les autres pans de notre vie. Dans un monde parfait, toute personne devrait toujours se montrer capable de s’affirmer tout en respectant autrui. Mais le monde parfait, ce n’est que dans les contes. Et il y a des situations où, il faut bien l’admettre, l’assertivité paraît bien difficile à appliquer : « Il y a des moments où le comportement le plus intelligent est de se taire, donc d’être passif. Dans d’autres, une pointe d’agressivité est nécessaire pour faire entendre sa voix. » Quels sont ces moments ? Faire preuve d’assertivité, c’est aussi savoir les repérer et choisir ses combats…

Article édité par Aurélie Cerffond
Photo par Thomas Decamps

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