Comment entrer dans le radar de cette personne que vous admirez ?

30 mai 2022

6min

Comment entrer dans le radar de cette personne que vous admirez ?
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Avoir la carrière que l’on souhaite ou décrocher le poste de ses rêves tient souvent au fait de croiser les bonnes personnes en cours de route. Vos compétences et efforts professionnels n’y sont pas pour rien, bien sûr, mais en étant sur le radar du bon contact au bon moment et en faisant bonne impression, il y a des chances que l’on pense à vous quand une opportunité se présente ou que l’on soit prêt à vous filer le coup de pouce professionnel dont vous aviez besoin.

Karen Wickre, auteure, rédactrice en chef et communicante travaille depuis plus de trente ans dans la tech. Elle connaît l’importance d’avoir les bons contacts, notamment dans un monde du travail redéfini par la « gig economy » (les indépendants payés à la tâche) et la flexibilité de l’emploi. Il y a quelques années, elle a signé un article pour Wired dans lequel elle livrait ses secrets pour bâtir un réseau en béton, dont elle a ensuite fait un livre (Taking the Work Out of Networking: Your Guide to Making and Keeping Great Connections, non traduit, ndlr).

« Je suis par nature quelqu’un qui entretient les relations, et cela remonte à une époque où Internet n’existait pas, confie-t-elle depuis San Francisco, où elle vit. Plus largement, cela appartient aux réflexes humains de dire “Ah mais attends, je sais à qui te présenter !” J’ai toujours aimé ça, c’est un réflexe et un plaisir chez moi de mettre les gens en contact. D’autant que je sais que ce genre de démarche est utile pour la recherche d’emploi et c’est aussi un moyen de se renseigner sur une entreprise ou un secteur en particulier. »

Que vous espériez recevoir les conseils d’une personne qui a « réussi » ou cherchiez à prendre le pouls d’un secteur en vue d’un virage professionnel, voici quelques conseils made in Californie par Karen Wickre pour networker efficacement.

1. Demandez-vous : « Pourquoi cette personne en particulier ? »

En premier lieu, demandez-vous pourquoi vous voulez entrer en contact avec cette personne en particulier et sur quoi vous comptez la solliciter. « Quand quelqu’un me demande de faire les présentations avec une autre personne, je tiens d’abord à connaître sa motivation. Que ce soit pour en savoir plus sur la personne, l’inviter à prendre la parole à l’occasion d’une conférence, se renseigner sur un stage pour un enfant jeune diplômé ou pour toute autre raison, je réclame systématiquement quelques lignes pour en savoir plus. »

Le principe derrière cette règle ? Plutôt que de simplement vouloir entrer en contact avec une personne que vous admirez, posez-vous la question de ce que vous en attendez. En face, votre interlocuteurˑrice aura aussi par-là davantage de billes pour vous aider. « La prise de contact ne peut pas se cantonner à “Je veux faire partie de votre réseau”, pour employer le vocabulaire générique de LinkedIn. L’idée n’est pas d’avoir plus de followers sur votre compte, du moins je n’y vois pas de grand intérêt. Il est bien plus efficace d’envoyer une demande circonstanciée. »

2. Choisissez le bon canal

Rien ne vaut une mise en relation par une connaissance commune, mais il n’est pas si fréquent d’avoir la bonne personne dans son réseau pour le faire.

Si les médiaux sociaux ont grandement facilité les choses, il est important de choisir la bonne plateforme. Veillez en outre à le faire depuis un compte professionnel (pas personnel). « LinkedIn a été conçu pour ça, rappelle Karen Wickre. Vous avez la possibilité d’ajouter une note à votre invitation, afin d’en expliquer le pourquoi. Faites-le. » Mais LinkedIn n’est pas nécessairement la meilleure plateforme pour tous les secteurs : Instagram peut être plus utile pour contacter quelqu’un travaillant dans la mode ou la musique, par exemple.

Il est toujours intéressant, malgré tout, d’avoir un profil LinkedIn présentant a minima les grandes lignes de votre parcours professionnel, souligne Karen Wickre. Vos (futurs) contacts pourront ainsi se renseigner sur vous. « Complétez un minimum les rubriques, même si c’est pour renvoyer vers un portfolio ou autre. Il n’y a pas que des recruteurs sur LinkedIn. Il y a aussi des journalistes, pour qui c’est une source d’informations, des personnes qui cherchent des intervenants pour des conférences, quelqu’un pour faire partie d’un jury, etc. Il est important de faire acte de présence sur la plateforme. »

L’idéal ? Avoir les coordonnées de la personne qui vous intéresse et vous fendre d’un e-mail expliquant votre démarche, avec un lien vers votre CV. « Sinon, cette personne a peut-être un site web, avec un formulaire de contact. C’est plus impersonnel, mais si votre question est suffisamment ciblée et pertinente, cela peut donner envie d’y répondre. » Visez la concision : expliquez pourquoi ce message, résumez rapidement votre parcours, en précisant que vous aimeriez recueillir son éclairage, sa vision des choses compte tenu de son expertise dans son domaine, par exemple.

3. Renseignez-vous à son sujet

C’est le moment de montrer que vous avez bien fait vos devoirs. « La flatterie fonctionne toujours à merveille, confie Karen Wickre. La personne qui vous intéresse a écrit des articles ? Donné un TED Talk que vous pourriez regarder, signé un livre, répondu à une interview ? Renseignez-vous à son sujet, et peut-être aussi sur d’autres personnes œuvrant dans le même domaine. Montrez à cette personne que vous n’êtes pas là au hasard, que son parcours vous a inspiré ou a fait naître une étincelle en vous. »

Votre échange n’en sera que plus intéressant. « La conversation sera plus riche et ira au-delà d’un simple “J’aime beaucoup ce que vous faites, c’est la classe”. Ne vous contentez pas de demander “Dites-moi tout” : cela pourrait clairement être perçu comme un manque d’initiative de votre part. »

4. N’abusez pas de son temps

Si vous décrochez un rendez-vous, autour d’un café ou par écran interposé, il est important, ici encore, d’expliquer à votre interlocuteurˑrice pourquoi vous l’avez sollicitéˑe, insiste Karen Wickre. « Vous pouvez proposer un créneau de 20 minutes sur Zoom ou, si c’est possible, une rencontre physique. Précisez bien que ce sera pour 30-35 minutes d’échange – ne réclamez pas une heure entière. Cela peut se prolonger, et tant mieux si c’est le cas, mais je conseillerais quand même de faire court. »

Karen Wickre souligne également l’importance de se fixer des objectifs atteignables. Une personnalité publique reçoit des centaines de messages par jour : à moins de bénéficier d’une mise en relation par un tiers, attirer son attention sera compliqué. « Si vous avez une connaissance pour faire les présentations, c’est super. Si ce n’est pas le cas, il est possible que vous obteniez quand même une réponse, mais il faut que la personne en ait le temps et aime ça. S’il s’agit d’une personnalité connue, vous aurez sûrement affaire à des intermédiaires. »

Dans une certaine mesure, la pandémie a fait tomber quelques barrières. On peut plus facilement solliciter un rendez-vous de 15 minutes en visio, par exemple. Mais, un peu partout dans le monde, on note tout de même une reprise des événements physiques : pensez à vous y montrer.

Vous êtes plutôt du genre mal à l’aise dans les rencontres pros et soirées de networking ? Dites-vous que c’est l’occasion de croiser des personnalités utiles à votre carrière. « Une conférence, un événement, un cocktail sont parfois l’occasion de vivre quelques minutes décisives. Dans ce genre de moments, ne foncez pas tout droit sur la personne qui vous intéresse. Voyez plutôt si vous pouvez grappiller des informations, obtenir ses coordonnées. Dans les jours qui suivent, adressez-lui un petit mot indiquant que vous aimeriez faire (activement) partie de son réseau et pourquoi. »

5. Ne laissez pas ce contact dans un tiroir

« C’est ainsi qu’un réseau fonctionne sur la durée : en entretenant la relation avec vos contacts. Ne vous contentez pas de poser des questions ou de solliciter des coups de pouce. Il ne s’agit pas uniquement de transactions : il faut que l’on se souvienne de vous, et inversement. »

À ce titre, Karen Wickre suggère par exemple d’envoyer un lien vers un article qui pourrait intéresser votre contact ou pour prolonger un échange que vous avez eu. « Moi je le fais pour le plaisir de partager des contenus intéressants, mais aussi pour nourrir le lien. Il se peut qu’on ne vous réponde pas, c’est comme ça. Quoi qu’il arrive, faites-le avec parcimonie, plutôt que d’insister dans l’espoir d’avoir un retour. Ce n’est pas une demande de rendez-vous : vous transmettez simplement une information. Si ça se transforme en “Je serais raviˑe d’avoir de vos nouvelles”, alors tant mieux. »

Il en va de votre réseau comme des relations en règle générale : pour le construire, il faut nourrir le dialogue, faire vivre le lien – pour peut-être ensuite en récolter les fruits. « Beaucoup voient le networking comme un truc un peu horrible, solitaire, face à une masse de noms sans visage, ou l’inverse. En réalité, un réseau est une somme de relations. Nourrissez-les ! Si vous avez une connaissance, un sujet de prédilection ou une expérience en commun, c’est un vrai plus. »

Article traduit de l’anglais par Sophie Lecocq, édité par Éléa Foucher-Créteau
Photo Thomas Decamps pour WTTJ

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