5 peurs au travail et comment les surmonter
29 oct. 2025
8min
À l’heure où tout le monde joue à se faire peur pour Halloween, on avait envie de décortiquer les peurs les plus fréquentes chez les candidates et les candidats comme chez les salarié·es : peur de parler salaire, peur d’être ghosté·e par les RH, FOMO (Fear of Missing Out), peur de changer de job ou encore d’être remplacé·e par l’IA.
Le monde du travail est un terrain fertile pour les espoirs… mais aussi pour les angoisses. Entre les injonctions à performer, la transformation rapide des métiers et une incertitude économique omniprésente, l’angoisse et la peur s’invitent souvent dans la vie professionnelle.
Alors, prêt·e à affronter vos plus grandes peurs ?
Certaines peurs sont rationnelles, ancrées dans la réalité du marché. D’autres relèvent davantage de l’anticipation anxieuse ou du manque de confiance en soi. Dans tous les cas, elles influencent profondément les parcours professionnels et les décisions de carrière. Les nommer, c’est déjà commencer à les apprivoiser.
L’article en résumé : Parler salaire, être ghosté par les RH, craindre de rater une opportunité, se faire remplacer par l’IA ou changer de job : ces 5 peurs touchent la majorité des français. Loin d’être des faiblesses, elles reflètent les défis actuels du monde du travail. Cet article vous donne des conseils concrets pour transformer ces angoisses en opportunités de carrière.
Money money money : la peur de parler “salaire”
Pour vous aussi, parler argent est délicat, et négocier votre salaire, un véritable challenge ? Vous n’êtes pas seul·e ! Selon l’étude Stepstone (avril 2025) sur 8 600 personnes interrogées, dont un sous-échantillon de 3 800 candidats en Europe, moins de la moitié des plus de 30 ans (48 %) déclarent être à l’aise pour parler ouvertement de leur salaire, et 54 % éprouvent des difficultés à négocier leur salaire.
Cette peur est encore plus ancrée chez les moins de 30 ans : si 74 % parlent facilement de leur salaire, 61 % se sentent mal à l’aise lors de la négociation salariale.
Pourquoi cette peur ?
Si la question du salaire embarrasse, voire tétanise certains talents en entretien d’embauche, il faut avouer qu’il n’est pas facile de répondre à la question : quel est le juste prix salaire ?
Si je vise trop haut, j’ai peur de me fermer des portes ou que cela soit pris pour de l’arrogance.” “Si je vise trop bas, j’ai peur de me brader et de diminuer ma valeur vis-à-vis des recruteurs.”
Cette peur peut être amplifiée par un syndrome de l’imposteur sous-jacent : est-ce que je vaux le salaire que je demande ? Et comment le prouver ? Un manque de confiance en soi qui pénalise bien trop de talents pourtant amplement qualifiés pour le poste en question.
J’ai peur (de parler “salaire”) mais j’y vais
C’est ok d’avoir peur d’aborder le sujet du salaire en entretien d’embauche. Mais vous avez quand même tout intérêt à le faire. Heureusement, la négociation salariale est une compétence comme les autres, qui peut s’apprendre et s’entraîner.
Voici 4 conseils pour dépasser sa peur :
- Se renseigner sur les salaires du marché et au sein l’entreprise visée
- Fixer ses limites : en dessous de quel salaire refuseriez-vous le poste ?
- S’entraîner en amont à négocier
- Penser aux “à-côtés” : bonus, intéressement, avantages en nature, actions, …
Coucou, caché : La peur de se faire ghoster par les RH
Le ghosting est un vrai sujet pour les demandeurs d’emploi. D’après le baromètre YAGGO-IFOP 2024, 9 candidates et candidats sur 10 ont déjà eu une mauvaise expérience lors d’un processus de recrutement. La raison ? Près de deux tiers d’entre eux (62 %) n’ont jamais reçu de réponse suite à leur candidature, et la moitié (48 %) ont reçu une réponse négative automatique et impersonnelle.
Et les chiffres ne sont pas plus glorieux en cours de processus de recrutement : 40 % des candidates et des candidats qui déclarent avoir eu une mauvaise expérience n’ont jamais reçu de retour suite à leur entretien.
Pourquoi cette peur ?
Si les candidates et les candidats ont peur de se faire ghoster par les RH, c’est d’abord parce que ça arrive encore beaucoup trop souvent ! D’après l’enquête OpinionWay x Indeed (2023), 57 % des recruteurs déclarent avoir déjà ghosté au moins un candidat après avoir commencé à échanger avec lui. Et plus un talent est ghosté, plus cela entretient sa peur.
Au-delà de l’incertitude que cela génère, une absence de réponse risque (à tort) d’entamer la confiance des talents : “Pourquoi ma candidature ne plaît pas ?” “Qu’est-ce que j’aurais dû changer ?” “Est-ce que je “vends” mal mon profil et mon expérience ?” Ou pire : “Est-ce que j’ai de la valeur sur le marché du travail ?”
La véritable raison du ghosting est le plus souvent bien plus basique : il s’agit généralement d’un manque d’organisation de l’équipe recrutement : allongement les délais de recrutement, absence d’envoi systématique d’un email à chaque étape du processus, annonces obsolètes non supprimées, … Bref, le ghosting ne dit rien de vous et tout des recruteurs.
Petit rappel pour les recruteurs du dernier rang : 79% des candidates et candidats estiment que le délai acceptable de réponse se situe entre 3 et 14 jours.
J’ai peur (de me faire ghoster) mais j’y vais
Si vous vous faites ghoster, vous avez deux options :
- Soit vous vous cachez sous votre couette et vous rongez votre frein dans votre coin ;
- Soit vous prenez votre courage à deux mains pour contacter l’entreprise à laquelle vous avez postulé et vous renseigner sur les délais de réponse aux candidatures.
La deuxième option vous permettra de vous informer sur l’avancée du processus de recrutement, de renforcer votre intérêt pour le poste, et de remettre (virtuellement) votre candidature sur le haut de la pile. Alors, vous y allez ?
FOMO (Fear Of Missing Out) : La peur de rater quelque chose
Après les réseaux sociaux et les sites de rencontre, le FOMO gagne l’entreprise. Peur de manquer une meilleure opportunité, une proposition de salaire plus intéressante, une réunion clé ou encore des missions plus intéressantes, … Cette anxiété de ratage oscille entre moteur et source d’angoisse délétère pour les talents.
Pourquoi cette peur ?
Il existe différents types de FOMO en entreprise.
Pour les personnes en poste, le FOMO stratégique peut les pousser à douter de manière récurrente de leur poste et rester en veille permanente sur les offres d’emploi ou opportunités internes. « Et si je n’étais pas au bon endroit au bon moment ? » Selon le Cadromètre Randstad Search x Ipsos (2024), 69 % des cadres se disent « à l’écoute de nouvelles opportunités » même s’ils se sentent bien dans leur entreprise.
Toujours chez les cadres, l’étude signale que 74 % se sentent sur-sollicité·es et ressentent une surcharge cognitive au travail, ce qui peut alimenter un sentiment de « peur de manquer » ou de « ne pas être assez » dans un environnement très exigeant. C’est le FOMO de performance.
Troisième type de FOMO : le FOMO informationnel.
« Et si je ratais une info importante ? » Selon l’étude Harris research partners réalisée en 2024 pour Expedia, 82 % des actifs de la gen Z affirment être touchés par ce syndrôme. En cause, la connexion permanente aux outils numériques, tant au travail qu’à la maison, qui alimente cette peur de rater une information essentielle.
On trouve aussi le FOMO social (« Et si je ratais un moment clé avec mon équipe ? »), le FOMO identitaire (« Et si je n’étais plus assez aligné avec qui je suis ? »), ou encore le FOMO culturel (« Tout le monde le fait, je devrais aussi… » me mettre à l’IA / devenir freelance / développer un side project / me reconvertir…).
J’ai peur (de rater quelque chose) mais j’y vais
Au fond, le FOMO au travail vient d’une forme de comparaison anxieuse, poussée à l’extrême par le miroir grossissant des réseaux sociaux et des multiples outils digitaux. La meilleure manière de le désamorcer consiste à cultiver l’estime de soi et la confiance dans ses choix.
Et si vous avez besoin d’un petit coup de pouce, ces astuces concrètes peuvent vous aider à décrocher :
- Supprimer toutes les notifications, ou a minima vous accorder des plages de silence dans la journée (période de concentration, déconnexion en dehors des horaires de travail, …)
- Bloquer dans votre agenda les moments qui comptent vraiment pour vous (et lâcher le reste).
- Clarifier vos objectifs personnels de carrière.
- Pratiquer le “JOMO” (Joy of Missing Out) : trouver de la satisfaction dans ce que vous choisissez consciemment d’ignorer.
- Prendre des temps de déconnexion.
Rage against the machine : La peur de se faire remplacer par l’IA
Si vous tremblez à l’idée de vous faire remplacer par l’IA… vous n’avez pas tout à fait tort. Selon l’étude « L’IA et l’évolution des compétences en France » de l’Institut de l’Entreprise en partenariat avec McKinsey & Company (2025), 27 % des tâches en France pourraient être automatisées ou confiées à l’IA d’ici 2030. Ce phénomène pourrait même atteindre 45 % d’ici 2035 en France et en Europe, dans l’hypothèse d’un rythme d’adoption rapide selon les auteurs du rapport.
Alors que l’IA progresse à pas de géant dans le monde de l’entreprise, 44 % des salariés français déclarent qu’ils ne savent pas comment leur activité évoluera avec l’IA (Étude ADP “People at Work 2025”). Résultat : un tiers des salariés qui craignent d’être remplacés cherchent un nouvel emploi.
Pourquoi cette peur ?
Le monde du travail n’a jamais évolué aussi rapidement. Dans ce monde incertain, il est difficile de se projeter dans le futur sans ressentir a minima une légère inquiétude, voire même une angoisse sourde. Et c’est tout à fait compréhensible : la peur est une réaction normale face au changement.
Selon l’enquête « Ce que veulent les candidats » (2024) du cabinet de recrutement Robert Half, 41 % des Français indiquent ne pas savoir si l’impact de l’IA sera positif ou négatif.
J’ai peur (de me faire remplacer par l’IA) mais j’y vais
La peur de se faire remplacer par l’IA est de plus en plus présente, c’est un fait. Plutôt que de la nier, il est plus efficace de la reconnaître et de la transformer en opportunité.
Voici 4 pistes concrètes pour faire face à cette peur :
- Comprendre l’IA : qu’est-ce que l’IA peut et ne peut pas faire ? Par exemple, automatiser des tâches mais pas forcément des métiers entiers.
- Miser sur les compétences humaines “non automatisables” : créativité, pensée critique, empathie, communication, leadership, capacité d’adaptation, expertise métier fine, …
- Apprendre à utiliser l’IA plutôt que la subir : en se formant à des outils génériques (ChatGPT, Mid Journey, Notion AI, …) ou spécifiques à un secteur, en comprenant les bases d’un prompt, …
- Participer à la transformation plutôt que la subir, en proposant des idées d’intégration de l’IA dans son entreprise et en se positionnant comme référent IA dans son équipe.
Un seul mot d’ordre : intégrer l’IA comme un copilote, un appui opérationnel au quotidien, et non comme un concurrent.
L’herbe n’est pas (toujours) plus verte ailleurs : La peur de changer de job
Changer de job est un grand saut dans l’inconnu : on sait ce qu’on quitte, mais pas ce qu’on trouve. Une incertitude qui freine bon nombre de projets de reconversion. Selon un sondage de 2024 réalisé par OpinionWay pour la Fédération française de la franchise, 48 % des salariés interrogés affirment mettre en œuvre un projet de reconversion professionnelle ou sérieusement l’envisager. Pourtant, seuls 19 % pensent mener à bien leur projet dans l’année qui vient.
Pourquoi cette peur ?
Après le « job hopping », cette tendance post-pandémie qui consistait à changer de poste comme de chemise, une nouvelle expression s’impose aujourd’hui dans le monde du recrutement : le « job hugging ».
Aujourd’hui, les salariés s’agrippent à leur emploi comme une moule à son rocher, non par fidélité ni par engagement, mais par peur de l’incertitude économique.
Une tendance que confirme l’enquête OpinionWay : 37 % des salariés affirment avoir déjà envisagé une reconversion professionnelle sans être allés jusqu’au bout de la démarche. Ce nombre monte même à 48 % pour les moins de 35 ans.
Selon la même étude, 91 % des salariés désireux de se reconvertir ont cité au moins un frein à la concrétisation de leur projet.
Les principaux obstacles identifiés sont :
- Le manque de moyens financiers (33 %)
- La crainte de perdre en qualité de vie en renonçant au statut de salarié (30 %)
- Le manque de confiance en soi (26 %)
- Le sentiment d’être trop âgé pour changer de vie (25 %)
- L’absence d’un projet clairement défini (24 %)
- Un manque de formation perçu (22 %)
- La peur de l’isolement et de devoir se débrouiller seul (15 %)
De très bonnes raisons de laisser tomber, non ?
J’ai peur (de changer de job) mais j’y vais
On l’a vu, la peur de changer de job est extrêmement courante, pour tout un tas de raisons justifiées. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner pour autant.
Voici des pistes de solutions concrètes pour dompter votre ou vos peurs et mener à bien votre projet :
- Définir votre projet pour réduire l’incertitude (et identifier les étapes pour y parvenir)
- Travailler sur vos peurs et vos croyances limitantes (« je suis trop vieux / vieille », « je n’ai pas les bonnes compétences », « je vais échouer »).
- Identifier vos éventuelles compétences manquantes et les renforcer : cours en ligne, formation certifiante, stage, immersion, …
- Tester avant de basculer complètement : side project, activité en freelance, temps partiel, …
- Anticiper les aspects pratiques (et financiers) pour sécuriser la transition
- Accepter que la peur fait partie du processus
La vie professionnelle n’est pas un long fleuve tranquille. Elle est faite de transitions, de choix parfois risqués, de périodes de doute et, bien sûr, de peurs. Ces peurs ne sont pas des faiblesses : elles sont souvent le signe que quelque chose d’important se joue.
Qu’il s’agisse de parler salaire, d’affronter le silence d’un recruteur, de résister au FOMO, d’apprivoiser l’IA ou de franchir le pas d’une reconversion, chaque étape représente une opportunité de grandir, de se connaître et de reprendre le pouvoir sur sa trajectoire professionnelle.
Comme le disait Nelson Mandela : « Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. » Alors plutôt que de les fuir, faisons de nos peurs des alliées pour avancer.
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