Créer une offre d'emploi : 5 moyens de vous planter

22 juin 2020 - mis à jour le 07 juin 2023

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Créer une offre d'emploi : 5 moyens de vous planter

Créer une offre d'emploi, plus facile à dire qu'à faire. Surtout quand il s'agit de rédiger l'annonce la plus nulle de tous les temps. Mode d'emploi d'un échec organisé.

Une annonce d’emploi est un outil de communication important pour votre entreprise. Face à la difficulté croissante à dénicher des talents qualifiés, elle peut donc être un vrai vecteur d’attractivité. Sauf qu’aujourd’hui, on n’a pas envie de vous apprendre à bien rédiger votre offre d’emploi. On veut que vous sachiez comment la rater comme il se doit, la louper en mode expert, la foirer dans les règles de l’art… Bref, on parle bien de faire ce qu’il ne faut pas faire.

On vous voit déjà ouvrir de grands yeux ronds, vous à qui on a confié la tâche ô combien importante de créer cette offre d’emploi. Les journalistes de Welcome to the Jungle seraient-ils donc devenus fous ? Rassurez-vous, le café du matin a été ingurgité, tous nos neurones sont bien connectés et nous n’avons aucunement l’intention de faire fuir vos potentiels candidats.

Et si le meilleur moyen d’apprendre à créer une offre d’emploi efficace, c’était de savoir comment la rater ? Rien de mieux que de connaître les pièges les plus courants pour être capable de les éviter.

Optez pour un titre d’annonce rebutant et inadapté

  • Pour créer une offre d’emploi inintelligible, choisissez un intitulé de poste qui manque de clarté. Il faut éviter que le candidat puisse comprendre trop tôt de quoi il s’agit.

  • Pourquoi privilégier un titre que le plus grand nombre recherchera alors qu’on peut en choisir un qui n’a jamais été vu dans l’histoire de l’humanité ? « Faiseur de croissance virtuelle à double hélice », ça claque non ? Certes, les candidats n’auront aucune idée du type de poste dont il s’agit, mais au moins votre boss ne pourra que louer votre créativité sans limite.

  • Quand on crée une offre d’emploi, il faut aussi chercher à être mal référencé dans les bases de données. Si vous cherchez un community manager et que vous intitulez simplement votre annonce « community manager », les candidats vous trouveront trop facilement et vous risquerez de recevoir pas mal de CV, ce que l’on souhaite évidemment éviter. Partez plutôt sur des annonces de type « ninja dev » ou « grand gourou des méthodes fiscales ». De cette manière, au niveau du référencement de l’offre, quand les candidats taperont des mots-clés, ils ne vous retrouveront pas.

Ne dressez pas un portrait valorisant de l’entreprise

Pour créer une offre d’emploi vite fait mal fait, sautez l’étape de tous les descriptifs sans intérêt à propos de l’entreprise. En passant à la trappe certaines informations pertinentes telles que le secteur d’activité, la taille de la société, le CA… vous gagnerez au moins 3 minutes sur la rédaction de votre offre d’emploi, ce qui vous permettra de quitter le bureau un peu plus tôt pour rejoindre les copains au bar. En bonus, le candidat aura du mal à contextualiser et cerner le cadre dans lequel l’entreprise évolue, ce qui nous fait avancer d’un grand pas vers notre objectif de ratage d’offre d’emploi.

Par ailleurs, il faut éviter de valoriser l’entreprise dans la description de l’annonce, pour ne pas faire rêver inutilement les candidats. On ne voudrait surtout pas rendre l’environnement de travail attractif. Mentionnez le fait que la machine à café ne marche pas depuis 3 mois et que Patrick, du département marketing, n’est pas aussi sympa qu’il en a l’air sur ses photos. Ah, et puis n’oubliez pas de préciser que l’entreprise n’a pas de valeurs en particulier – ou que vous ne les connaissez pas – et que sa seule vocation c’est le profit à tout prix.

Enfin, veillez à utiliser seulement du vocabulaire qui puisse être mal compris par une personne extérieure. Plus vous mentionnerez des termes techniques et du jargon spécifique à l’entreprise, moins vous serez compréhensible par le commun des mortels. Parfait !

Expliquez les missions avec opacité

  • Le candidat n’a aucun besoin de connaître les missions et les tâches quotidiennes qu’il sera amené à réaliser, ce serait lui rendre les choses trop faciles. De ce fait, décrivez son poste de manière floue et approximative.

  • Conseil de pro anti-clarté : ne communiquez pas au candidat sa future place dans l’organigramme, le département duquel il dépendra et à quel niveau il se placera. Il n’en sera que plus perdu.

  • Encore une fois, privilégiez le jargon et les acronymes obscurs. Reformulez un maximum vos phrases de façon à les complexifier. Par exemple, « Gestion items tech-sale » vaudra mieux que « Gestion de produits techniques pour la vente ».

Créez une offre d’emploi qui s’adresse à tout le monde et personne à la fois

C’est une erreur courante qu’on retrouve chez les recruteurs qui tentent de créer une offre d’emploi de mauvaise qualité : ils se montrent trop exhaustifs quand il s’agit de préciser le type de candidat compatible avec le poste. Il est préférable de viser large, et plus tard, de perdre du temps à trier des CV qui ne correspondent pas aux compétences recherchées.

Voici quelques écueils à éviter si vous voulez attirer les mauvais candidats :

  • Indiquer le niveau d’étude attendu, le diplôme requis et le nombre d’années d’expérience exigées.

  • Inclure les prérequis pour le poste, les compétences attendues et les atouts moins importants.

  • Évoquer les qualités humaines qui correspondent au poste ainsi qu’à l’environnement de travail que vous proposez.

Par ailleurs, n’hésitez pas à rallonger la liste des compétences obligatoires, cela fermera la porte à un grand nombre de profils. Si le candidat comprend qu’il se trouve face à une annonce qui recherche un mouton à cinq pattes, cela aidera grandement à le décourager.

En prime, il peut être judicieux de cloner la description du profil candidat avec la description du collaborateur qui occupait le poste avant. En survalorisant ainsi les critères qui correspondent à la personne sortante, vous augmentez vos chances de vous priver de compétences diversifiées qui pourraient enrichir votre équipe.

Omettez les infos légales et administratives

Si vous avez suivi ces conseils, vous avez fait le plus gros de la rédaction de votre offre d’emploi rebutante et sous-optimisée. Cependant, il reste des détails à ne pas négliger.

  • Laissez planer le doute sur le type de contrat : CDD, CDI, intérim, stage, service civique, etc. Ça paraît être le b.a.-ba, mais beaucoup d’offres continuent encore à indiquer clairement la nature de la collaboration entre l’entreprise et le candidat.

  • L’affichage de la rémunération est généralement à éviter, car elle est très attractive pour la plupart des candidats, et les offres indiquant un salaire reçoivent davantage de réponses. En revanche, si la rémunération n’est vraiment pas avantageuse, il faut absolument la mettre. Si vous ne souhaitez pas communiquer un montant précis, vous pouvez indiquer une fourchette (« 150-300 € par mois, toilettes payantes »).

  • Inutile d’expliquer au candidat les modalités pour postuler : comment et à quel moment il doit envoyer sa candidature, la date limite pour postuler, le contact de la personne référente, le format du CV si nécessaire, etc. On ne doute pas qu’il saura se débrouiller par lui-même.

  • Vous pouvez également bâcler les détails sur le processus de recrutement. Vu que les candidats apprécient de savoir s’il va y avoir plusieurs entretiens, une étude de cas à faire ou une rencontre avec le dirigeant, ce serait leur mâcher le travail que de les éclairer à ce sujet.

  • Enfin, n’oubliez pas que vous êtes au-dessus de la loi, donc ne perdez pas de temps avec les règles à respecter lorsque l’on rédige une offre d’emploi : règles de diffusion, mentions légales, mentions interdites, etc.

Pour conclure, le meilleur moyen de mesurer la piètre qualité de votre offre d’emploi, c’est de voir combien de CV vous recevez. Si un nombre important de personnes candidatent, c’est que votre annonce est encore trop qualitative !


Article mis à jour par Sylvain Guillet et édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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